𝒯𝓇𝑒𝓃𝓉𝑒-𝑒𝓉-𝓊𝓃

























J'observe la salle autour de moi et m'avance vers un gigantesque tableau accroché au mur du musée.

- Miroir de l'eau, de Johan Axel Gustav Acke.

Je souris très discrètement et me tourne vers lui.

- La thématique de ce tableau repose sur l'osmose du corps humain nu et la nature.

Moi : C'est pas une blague t'es vraiment calé en art ? -sourire-

- C'est l'une de mes plus grandes passions.

J'hoche lentement la tête et me tourne vers un autre tableau juste à côté. Un léger silence prend place et je lui pose enfin ma question qui me brûle les lèvres depuis notre arrivée ici.

Moi : Je peux te poser une question Aslan ?

Il se décale légèrement et ne dit rien, prêt à m'écouter.

Moi : Pourquoi tu m'a invité à cette exposition ?

Aslan : J'avais envie d'en savoir un peu plus sur toi après la fête chez les Velasquez.

Moi : Pourquoi ?

Aslan : J'ai besoin de me faire mon propre avis sur toi, pas à travers les paroles de Siyah.

Je hausse les yeux au ciel en sachant pertinemment qu'Allan n'a pas dû faire des éloges de moi auprès d'Aslan.

Moi : Qu'est-ce qu'il t'a dit ? Que j'étais chiante, insignifiante et trop débile pour comprendre quoi que ce soit ?

Aslan : Tu crois qu'il parle de toi en te dénigrant ?

Moi : Quoi d'autre ? Il ne sait faire que ça.

Il met ses mains dans ses poches et porte son regard sur le tableau.

Aslan : Il ne t'a pas dénigré. Enfin pas auprès de moi en tout cas.

Moi : Il n'a pas besoin de parler pour dénigrer les gens, tu le connais mieux que moi.

Aslan : Il t'a fait quelque chose ?

Je ris intérieurement et secoue la tête en m'efforçant d'oublier les révélations d'Allan et Yaël.

Moi : Non oublie.

Il se doute sûrement de quelque chose mais il ne dit rien.

Moi : Vous avez un lien familial tous les deux ? J'avoue ne pas trop comprendre les statuts de chacun.

Aslan : Seuls Siyah et Ivána ont véritablement le même sang. Mais on est tous une « famille »depuis qu'on est gamin.

Je hoche la tête ne voulant pas en savoir davantage sur eux malgré ma curiosité naturelle.
Je suis tellement tombée de haut l'autre jour avec Allan que je ne cherchais même plus à en savoir un peu plus sur sa véritable vie en dehors de son personnage d'Allan.

Allan est déjà assez fourbe pour moi alors découvrir Siyah serait le summum.

L'exposition enfin finie je reste complètement crispée et gênée à bord de sa voiture. Je ne le connais pas si bien que ça après tout.

Qu'est-ce qu'il me prend de monter avec un inconnu ?

Le trajet se fait encore très calmement comme à l'aller mais c'est un calme qui n'est pas forcément gênant. Son téléphone vibre et il répond rapidement avant même que je ne tourne la tête pour lire le nom sur l'écran de la voiture.

Aslan : Je t'écoute ?

- T'es où ? On t'attends là !

Allan

Aslan : J'étais à une expo', je te l'avais dit.

Allan : Ouais j'avais oublié. Tu rentres direct et ensuite on prend la route.

Aslan : Je fais un petit détour et ensuite je te rejoins à la maison.

Allan : Un détour ?

Aslan : Je vais déposer Delilah.

Je tourne vivement ma tête et écarquille légèrement les yeux.
Le garçon ne passe pas par quatre chemins.

Allan : ... Qui ça ? Je crois que j'ai mal entendu.

Aslan : Delilah Kevork, l'amie de Mia.

Je me retiens de rire alors qu'il avait vraiment l'air sérieux.

Allan : T'es avec Delilah ? Tu l'as ramené à ton exposition d'art là ?

Aslan : Oui, je ne pensais pas que tu y verrais un inconvénient. Je voulais apprendre à la connaître un peu plus.

Je l'entends prendre une grande inspiration au bout du fil et reprendre la parole d'une voix grave.

Allan : Dépêche toi de rentrer Aslan.

Il raccroche aussitôt sans attendre de réponse. J'étais à la fois gênée et perdue.
Je ne connaissais pas vraiment les réelles intentions d'Aslan même s'il paraissait sincère dans ses paroles. Mais il est de la même famille qu'Allan alors il faut vraiment que je sois
beaucoup plus méfiante que d'habitude.

J'ai baissé ma garde avec Allan et voilà comment j'ai été remercié.
Avec une humiliation pure et dure.

Moi : Tu peux me laisser devant une gare je sais rentrer seule tu sais ?

Aslan : Non, ce n'est pas respectueux.

Moi : Ça ne me dérange pas, surtout que t'es attendu je ne veux pas te mettre encore plus en retard.

Aslan : Siyah et les autres m'attendront, rien ne presse vraiment.

J'hoche légèrement la tête en lâchant l'affaire. Je déballe l'emballage de ma sucette et la mets en bouche sous le regard d'Aslan.
Malgré que je ne voulais rien entendre sur Allan je me demandais bien où ils allaient.

Moi : Où est-ce que vous allez pour qu'il soit aussi pressé ?

Aslan : Nous descendons dans le sud pour trouver une villa.

Moi : Pour l'acheter ?

Aslan : Oui c'est ça.

Seuls les riches peuvent se permettre de posséder plusieurs villas.

Moi : Vous avez gagné au loto ? Si quelqu'un ne veut pas sa part du gâteau je suis preneuse au cas où...

Il esquisse un très très léger sourire et secoue la tête.

Aslan : Ce n'est pas l'argent du loto malheureusement.

Moi : Dommage, j'aurai pris des vacances bien méritées après mon bac.

Aslan : Tu ne vas pas souvent en vacances ?

Moi : Non pas vraiment, à part l'Arménie je n'ai pas eu l'occasion de voir d'autres paysages.

Aslan : Qu'est-ce que tu comptes faire après ton bac ?

Moi : Je pensais à faire une année sabbatique avant de reprendre les études, le temps de réfléchir à ce que je veux vraiment faire.

Aslan : Tu as des projets pendant cette année ?

Moi : Profiter, voir d'autres horizons, d'autres cultures...

Il continue de me poser quelques questions avant de s'arrêter à quelques minutes de mon quartier pour ne pas délier les mauvaises langues.

Moi : Merci pour l'invitation c'était très gentil et agréable de ta part.

Aslan : Merci à toi d'avoir accepté. J'espère qu'on pourra se revoir d'ici peu.

Moi : Tu as mon numéro de toute manière.

Il hoche doucement la tête et m'observe longuement pour je ne sais quelle raison.

Moi : Bon bah je vais y aller.

Aslan : Bonne journée Delilah.

Je lui fais un petit sourire et sors de la voiture. Je marche vers mon quartier et souffle pour relâcher toute cette pression. Je ne sais pas ce que cherche à faire Aslan mais je ne vais pas tarder à le savoir je le sens.
Je mords le bâtonnet de ma sucette et à peine un pied mis chez moi que j'entends une voix mêlée à celle de ma mère qui me fait vomir intérieurement.

Maman : Delilah tu es rentrée viens !

Je retire mes chaussures et entre dans le salon où je vois ma mère accompagnée de Yaël. Je souris automatiquement en voyant ma mère et m'approche d'elle pour l'embrasser et caresser son joli petit ventre.

Maman : Ça va ?

Moi : Oui ça va et toi maman ? T'es pas trop fatiguée ?

Maman : Non ça va mieux mon cœur.

Elle me caresse doucement les cheveux avec un petit sourire. Depuis ma réconciliation avec ma mère j'avais l'impression qu'on était encore plus proches qu'avant et c'est tout ce que je voulais.

Maman : Je te laisse avec ta cousine je vais prendre un petit bain.

Elle m'embrasse puis embrasse Yaël en passant avant de nous laisser seules. J'attends que ma mère ferme la porte de la salle de bain à clé avant de partir dans la cuisine sans un regard pour Yaël.

Yaël : Delilah s'il te plaît...

- ...

Yaël : Je voudrais qu'on parle de tout ça...

Je lave mes mains et me tourne vers elle un sourcil relevé.

Moi : Y'a rien à ajouter.

Yaël : Je ne veux pas te perdre. Je tiens énormément à toi t'es comme ma sœur.

Moi : Je ne vais pas me battre contre toi pour un garçon sache-le. J'ai de la dignité si tu en doutais.

Yaël : Je le sais parfaitement mais je ne veux pas que ça change quelque chose entre nous, qu'il y ait de la rancoeur ou n'importe quoi d'autre...

Mademoiselle est culottée.

Moi : Est-ce que tu te rends compte de l'ampleur des paroles qui sortent de ta bouche ?

Elle se décompose et semble légèrement gênée.

Moi : T'es fourbe comme fille Yaël, je te le dis, je ne vais pas te mentir.

- ...

Moi : Le truc qui m'a le plus dérangé dans cette histoire ce n'est pas l'attirance que tu as envers lui, tu ne peux rien faire ça ne se contrôle pas.
Mais que tu me mentes droit dans les yeux ça ne passe pas.

- ...

Moi : Tu me dis que je ferais un joli couple avec lui alors qu'au fond tu transpires de jalousie parce que tu voudrais être à ma place.

- ...

Moi : Et le pire c'est que tu fais tes petits plans de conquête en cachette comme une petite chipie.

Yaël : J'avais peur de ce que tu pouvais penser de tout ça. C'est la première fois que tu t'amusais autant avec une personne extérieure à la famille et surtout un homme, je ne voulais pas te faire redescendre de ton nuage.

Moi : Donc je suis trop bête et faible pour entendre ce que tu avais à me dire ? Je n'ai tellement pas de lien social que tu voulais que je profite de mes derniers instants avant que tu ne mettes le grappin sur lui ?

Yaël : Je n'ai jamais voulu de tout ça, je sais que j'ai mal agi et que j'aurais dû être sincère avec toi mais j'avais peur, j'étais perdue...

Moi : T'es pas la seule escroc dans cette histoire sache-le. Il est aussi fourbe et menteur que toi. Au moins vous avez un point commun.

Elle baisse les yeux les yeux larmoyants et un long silence prend place. Je m'adosse au plan de travail et la regarde vaguement dans mes pensées.

« Tu me plais Delilah »

C'est cette phrase qui revient sans cesse en boucle dans ma tête.
C'est tout simplement cette phrase car j'y ai cru, j'ai voulu croire que je plaisais enfin réellement à un homme.
J'ai cru ses jolies paroles à mon égard,
J'ai cru l'étincelle qui brillait dans ses yeux quand il me l'a avoué,
J'ai cru ses gestes affectueux à mon égard pour me montrer que mon physique ne le dérangeait pas,
J'ai cru à tout ça car il a réussi à combler le vide que je ressentais en moi pendant quelques minutes.

Mais c'était les minutes les plus bienfaisantes de ma petite vie.

Je ravale mes larmes de honte et papillonne des yeux pour ne pas laisser une larme s'échapper pour ce rat d'égout.

Moi : Je ne veux plus rien entendre à propos de cette histoire. Le sujet est clos.

Yaël : Delilah je...

Moi : Il est clos. Va faire du shopping ou va le voir tant que t'y es j'sais pas mais laisse moi aller me reposer je suis fatiguée.

Je la contourne et sors de la cuisine sans un mot de plus. Je ferme la porte de ma chambre à clé, la gorge nouée.
Je me déshabille et regarde mon reflet à travers le miroir.

Horrible
C'est le mot le plus adéquat.
Des cuisses qui se frottent.
Des hanches disgracieuses.
Un ventre graisseux.
Des bourrelets dans le dos.
Mes seins qui tombent à cause de mon surpoids.
Des vergetures le long de mon ventre et de mes hanches.

Je me dégoûtais moi-même.
Alors à quoi je m'attendais avec Allan ?
Qu'il préfère mon physique à celui de Yaël qui était 1000 fois plus avantageux ?
Même à sa place je ne me choisirais pas.

Elle est resplendissante, élégante et svelte.

Elle a absolument tout pour elle.

L'émotion prend le dessus et je laisse quelques larmes couler sur mes joues.
Mon manque de confiance grandissait toujours de plus en plus et le vide était toujours plus présent au fond de moi.








x
















Je prends mon mal en patience et attends le retour d'Aslan de pied ferme. Je ne sais pas ce qu'il cherche avec Delilah mais leurs petites mascarades à tout les deux commencent à me faire monter en pression.

- Tu comptes me mentir droit dans les yeux encore combien de temps ?

Je relève la tête et regarde ma mère qui vient de s'assoir en face de moi sur le canapé d'angle. Elle avait l'air assez contrariée ce qui est assez rare venant d'elle.

Alma : Je te parle.

Moi : Qu'est-ce qu'il y a ?

Alma : Je suis au courant, pour la fille.

Moi : Quelle fille ?

Alma : Delilah Kevork.

Je me redresse vivement et l'observe attentivement. Elle se penche légèrement en avant et me regarde durement.

Alma : Tu crois quoi ? Que je suis assez bête pour ne pas avoir remarqué ton regard ?

Moi : De quoi tu parles maman ?

Alma : Il n'a suffit que d'un regard pour que je sache que tu la connaissais bien avant la fête de Wassila !

Moi : Qui te l'a dit ?

Alma : Tu crois que ta cousine ou Wassila t'a balancé ? Je n'ai aucunement eu besoin d'elles.

Moi : Papa est au courant ?

Alma : Non mais ça ne vas pas tarder si tu continues. C'est qui cette fille ? T'as le temps de côtoyer des filles avec tous les déplacements que tu fais ?!

Moi : C'est une longue histoire mais papa ne doit rien savoir.

Alma : La prochaine fois qu'elle viendra ici tu évitera de regarder ses moindres faits et gestes.

Moi : Je la surveillais rien de plus. Elle est maladroite.

Alma : C'est ta copine ?

Moi : Jamais de la vie maman.

Alma : Elle est très jolie et à l'air d'avoir beaucoup de caractère vu comment elle a parlé à ton père. Elle m'a l'air sensible en plus de ça, je l'ai bien aimé.

Moi : Oui bah tu ne la reverra plus.

Alma : Ne sois pas aussi sûre de toi. Wassila a supplié ton père pour qu'elle vienne à la maison un jour pour lui jouer un morceau de guitare.

Je passe nerveusement une main dans ma barbe et me lève prêt à exploser, littéralement.

Moi : Et je pari qu'il a accepté ?

Alma : Tu te doutes bien qu'il ne peut rien refuser à Wassila.

Moi : Il va la tester et la pousser à bout. C'est sa passion de faire ça !

Alma : Qui est cette fille pour toi mon fils ?

Je me calme et tente de reprendre une respiration régulière. Je retire ma veste et me rassois sur le canapé.

Moi : Une fille dans le quartier dans lequel j'habitais pour la mission afin de retrouver l'informaticien, celui qui vendait des informations sur nous.

Alma : Tu l'a utilisé pour la mission ? Comme cette Ambre autrefois ?

Moi : Non pas elle. C'était différent.

Alma : Je ne comprends pas explique moi clairement. -enthousiaste-

Moi : Elle... Elle est différente des autres filles. Elle n'est pas à mes pieds, elle me déteste presque et j'aime ça. Elle me pousse sans cesse dans mes retranchements.

Alma : C'est...

Moi : Mais c'est fini tout ça, ne te fais pas de fausses idées.

Ses yeux qui brillaient il y'a quelques secondes s'éteignent instantanément après ma révélation. Elle s'attendait certainement à ce que je lui avoue que j'avais enfin trouvé une fille qui avait suscité mon intérêt et qui aurait pu combler le vide que j'ai en moi depuis mon enfance.

Mais non.

Alma : J'ai vraiment cru qu'elle était spéciale, qu'elle était unique...

Moi : Non maman.

Alma : Je me suis sûrement fait encore trop d'idées -déçue-

Elle se lève en dépoussiérant sa jupe droite et m'offre un faible sourire qui cachait sa tristesse de me voir toujours avec ce même caractère.

Alma : Ton père n'en saura rien. Je te laisse fils.

Elle m'embrasse le front et s'en va dans le jardin pour se retrouver seule. Après quelques minutes dans mes pensées Aslan fait son apparition au salon. Je l'analyse de haut en bas pour voir ne serait-ce qu'un indice ou une odeur qui prouverait qu'il était vraiment avec Delilah.

Moi : A quoi tu joues Aslan ?

Il pose sa veste sur le porte manteau et m'observe un petit instant toujours aussi calme.

Aslan : Tu m'a demandé de m'ouvrir un peu plus aux gens.

Moi : Et tu veux t'ouvrir à Delilah ? Si tu veux parler à une fille y'en a des milliards.

Aslan : Des filles comme elle il faut les chercher toute une vie.

J'hausse un sourcil et me retrouve rapidement perdu. Aslan est très rarement dans la provocation alors s'il le dit il le pense vraiment.

Moi : Elle te plaît ?

Aslan : Et toi ?

Moi : Tu sais très bien ce que je pense d'elle. T'es le seul à le savoir d'ailleurs.

Aslan : Entre ce que tu dis et fais il y a une énorme différence.

Moi : Elle t'a dit pour sa cousine ?

Il hausse un sourcil l'air de ne pas comprendre.

Je venais de me griller tout seul comme un débutant.

Aslan : Qu'est-ce que tu as fait ?

Je m'avachi sur le canapé et souffle alors qu'il s'assoit en face de moi prêt à m'écouter.

Moi : Delilah n'arrêtait pas de faire des éloges de toi après la fête. Elle aime bien me provoquer alors quand elle a vu que je tombais dans son piège elle en rajoutait toujours plus.

Aslan : Des éloges de moi ?

Moi : Bref. Elle m'a énervé alors j'ai parlé de sa cousine et je lui ai dit que je reprendrais contact avec elle.

Aslan : T'étais en contact avec sa cousine ? -surpris-

Moi : Non juste au ski elle a tenté un truc mais je l'ai dégagé. Alors j'en ai profité pour en parler à Delilah à ce moment là.

Il me fixe longuement et je sais qu'il ne va pas mâcher ses mots.

Aslan : Tu viens de détruire le peu de confiance qu'elle avait en elle.

- ...

Aslan : Tu préfères vraiment sa cousine ?

Moi : Non.

Aslan : Et pourquoi est-ce que tu l'a laissé croire ça ? Sachant qu'elle n'a pas confiance en elle d'après tes dires l'autre fois.

Moi : Elle a voulu jouer j'ai répondu de la plus simple des manières.

Aslan : Tu as choisi sa cousine plutôt qu'elle, ce n'est pas rien.

Moi : Je ne l'ai pas choisi. Il n'y a aucun choix à faire.

Aslan : Je ne pense pas qu'elle l'ai compris de cette manière.

Moi : On n'est pas en couple Aslan.

Aslan : Tu n'as pas attendu d'être en couple
pour avoir des gestes affectueux envers elle.

Je prends une grande inspiration et masse légèrement mes tempes en sentant la tension monter petit à petit.

Aslan : Tu n'es pas en couple avec elle et pourtant tu ne veux pas qu'elle me côtoie et inversement.

Moi : Tu me prends pour qui là Aslan ? Tu crois que je vais vous laisser vous fréquenter sous mes yeux sans rien faire ? Respecte moi.

Aslan : Pourquoi pas ?

Son calme, ses questions inutiles et sa nonchalance m'énervais au plus haut point.
L'espace d'une seconde j'ai l'impression de voir Delilah.

Moi : Je vais te dire qu'une seule chose Aslan. T'es mon frère, mais fais très attention à ce que tu comptes faire avec Kevork.

Il se redresse du canapé et m'observe de haut en bas avec un regard foudroyant.

Aslan : Je n'ai qu'une réponse face à tes menaces non dissimulées : continue de la négliger et de la mettre de côté en attendant de régler tes histoires et tu verras qu'un autre n'hésitera pas une seule seconde à voir son réel potentiel et la garder juste pour lui.
Et là tu n'auras que tes yeux pour regretter Velasquez.

Il me toise du regard et se lève avant de se diriger vers une chambre. Je me mords violemment la lèvre et me contiens pour ne pas le rejoindre dans la chambre et lui faire regretter ses paroles. Ma jambe tremble sous la frustration et la colère, je prends les clés sur la table basse et sors faire un tour avant de réellement mettre mes menaces à exécution.

Je prends la voiture et roule jusqu'au quartier à vive allure. Je me gare à une place libre à l'arrière des bâtiments et monte rapidement sur le toit en espérant la retrouver là-bas. Je ralentis légèrement le pas en entendant un morceau de guitare que je n'avais jamais entendu auparavant.
J'ouvre doucement la porte et remarque rapidement sa silhouette au fond, assise sur une des chaises longues avec sa guitare en mains. Elle gratte délicatement les cordes de sa guitare à l'aide de ses doigts dans un rythme lent. Les battements de mon cœur reprennent un rythme régulier en l'entendant jouer.

Elle est douée et personne ne peut le nier.

Elle tourne légèrement la tête en remarquant ma présence et s'arrête de jouer en reportant son regard droit devant elle. Je m'avance un peu et m'assois sur une chaise à côté. Un silence pesant prend place et je l'observe longuement alors qu'elle ne m'accordait aucun regard.

Moi : Delilah ?

- ...

Moi : Ça va ?

Elle pose sa tête contre la chaise et observe le ciel bleu sans aucun nuage à l'horizon. Elle caresse du bout des doigts les bords de l'instrument et semble perdu dans ses pensées.

Moi : Qu'est-ce que t'as ?

- ...

Je tire doucement sa chaise vers moi et observe le moindre de ses faits et gestes pour tenter de savoir ce qui lui passe par la tête.
Elle m'accorde un regard bref avant de se lancer.

Delilah : Suis-je un pion pour toi Siyah ?

Je me fige et recule légèrement en entendant mon vrai prénom sortir de sa bouche pour la toute première fois. L'entendre m'appeler par ce prénom me fait immédiatement revenir à la réalité et je me pose pas mal de questions.
Elle a toujours refusé de m'appeler comme ça alors pourquoi maintenant ?

Moi : Siyah ?

Delilah : C'est ton prénom n'est-ce pas ?

Moi : Le prénom que mon père m'a donné après que je sois devenu un monstre par sa faute.

Delilah : Qu'est-ce que ça change ? Il avait peut-être raison de t'appeler comme ça.

- ...

Delilah : Les pions sont les plus faibles sur un échiquier, ils sont en premières lignes pour protéger le roi d'une attaque de l'adversaire.

-...

Delilah : Les pions, malgré qu'ils soient faibles sont en réalité les plus dangereux, mais peu de gens voient en eux un réel potentiel.

- ...

Delilah : Cependant depuis Philidor, un grand joueur d'échecs «  le pion est l'âme du jeu d'échecs »

Delilah : Ainsi malgré leur force réduite, l'importance du pion est déterminante et une différence d'un seul pion peut faire pencher la balance.

- ...

Delilah : Alors dis moi Siyah. Quelle place j'ai sur ton échiquier, le premier pion que tu vas sacrifier pour le roi ? Ou un pion que tu vas faire avancer jusqu'à le sacrifier en traître ?












Au dessus des nuages le soleil brille

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