𝒮𝑒𝓅𝓉
Je regarde l'écran de mon téléphone totalement désemparée. Je ressentais comme un vide au fond de moi. Certains me déteste mais je ne pensais pas que c'était à ce point là. Je reçois pleins de messages provenant de Facebook, Twitter, Snap, absolument partout.
« Ah ça suce hein ! » , « Elle graille toute sorte de saucisse la salope » , « quelle chienne en chaleur »
Et encore pleins de messages tous plus dégradants les uns les autres.
Je sentais mon cœur battre anormalement vite je sentais la crise de nerfs arriver. Je tente de me calmer en vain, ma respiration se faisait de plus en plus forte et mes larmes ruisselaient sur mes joues. Je fracasse mon téléphone contre le mur et balance ma lampe au sol ainsi qu'un des cadres photos posé sur ma table de chevet.
- Les fils de pute !
Humiliation sur humiliation, tout s'enchaînait, tout montait crescendo...
J'avais peur de la réaction de ma famille quand ils allaient apprendre ça, j'espérais de tout cœur qu'ils ne tomberaient pas dans le panneau aussi bêtement.
x
- Mais comment tu fais pour que les gens te déteste aussi facilement ?! C'est incroyable ça ! -crie Waël-
- Parle bien à ta sœur Waël ! -crie aussi mon père-
- Comment les gens vont nous regarder maintenant ?!
- Tu dis ça comme si c'était elle sur la vidéo imbecile ! -lance méchamment ma mère-
Je ne m'étais jamais sentie aussi mal de toute ma vie. J'avais l'impression d'être dans un cauchemar et que je pourrais bientôt me réveiller mais c'était bel et bien réel.
Mes yeux étaient gonflés à cause de mes pleurs incessants.
Entre mes parents qui ne savaient pas comment réagir et Waël qui me criait dessus comme si j'avais déshonorée notre famille j'étais au plus bas.
- Tu sais qui a lancé cette rumeur Delilah ? -me demande ma mère-
J'hoche la tête négativement.
- J'm'appelle pas Ryad Kevork si je trouve pas la pute qui a inventé ça !
Et je vois mon père enfiler sa veste et sortir en trombe de la maison suivi de Waël tandis que ma mère tente de les retenir en vain.
Je m'effondre dans les bras de Lyam qui tentait de me réconforter par tous les moyens possibles.
Je n'avais strictement rien fais pour mériter tout ça, absolument rien.
- Sirts aylevs ch'i artasvum ... Amen inch' lav klini ... -Mon cœur ne pleure plus ... Tout va s'arranger-
- Maman ... Je n'ai rien fais je te le jure ... -pleure-
Elle se met de l'autre côté et me prend elle aussi dans ses bras.
Ce n'était que le début de la fin.
x
x
- Mademoiselle Kevork ! Restez concentrée.
Je lève la tête et regarde le prof puis les quelques élèves qui me regardaient en chuchotant. Je détourne le regard et replonge aussitôt dans mes pensées.
- T'es sûre que ça va Delilah ? -me demande doucement Lynda-
- Oui.
Question bête réponse idiote.
Comment ça pouvait aller ? Voilà déjà une semaine que la rumeur à mon sujet avait fait le tour des quartiers et du lycée. Je mettais à peine un pied dehors que je me sentais épiée ou jugée...
Ma journée était rythmée par les moqueries, les regards insistants, les insultes et j'en passe.
Je ne disais rien, absolument rien, je n'avais pas la force de tous les affronter.
- Le cours est fini Delilah, il est 12h ...
Je reprends mes esprits à nouveau et vois que presque toute la classe avait quitté la salle. Lynda m'informe qu'elle doit vite rentrer manger avec ses parents pour le déjeuner mais je ne la calcule pas plus que ça et la laisse partir sans broncher. Je range mes affaires et sors de la salle puis me dirige vers la cours pour m'installer sur un banc.
C'était l'heure de manger mais je n'avais pas faim et surtout il était hors de question d'aller manger à la cafétéria autour de tout ce monde.
Voilà mon quotidien depuis 1 semaine.
Je cogite la nuit en pleurant, je vais en cours sans être réellement présente, je passe une sale journée, je rentre chez moi et je m'enferme dans ma chambre.
Et c'était tous les jours comme ça.
- Hey ? C'est toi sur la vidéo là ?
- ...
- Tu suces pour combien ?
Je relève la tête et le regarde salement. C'était deux mecs que je n'avais jamais vu au lycée.
J'accumulais ... j'accumulais ... mais un jour je vais craquer c'est sûr et certain.
- Elle fait la timide parce qu'on est au lycée.
J'avais des envies de meurtres.
- Rejoins-moi aux toilettes si t'as besoin de t'entraîner.
Il me fait un clin d'œil en riant avant de partir avec son pote.
Bande de fils de pute
Je prend violemment mon sac et sors du lycée complètement sur les nerfs. Je marche de longues minutes jusqu'à arriver dans mon quartier, j'esquive les regards de tout le monde et monte jusqu'au toit du bâtiment voisin au mien.
Je m'assois sur le rebord et laisse mes jambes pendre dans le vide.
J'appréciais particulièrement cette sensation de vide ...
Je venais souvent ici pour jouer de la guitare ou pour prendre l'air quand ça n'allait pas.
- Qu'est-ce que tu fous ici ?
Je me retourne brusquement et vois Allan assis sur une chaise un peu plus loin. Je ne l'avais même pas remarqué...
- Rien.
Je sentais son regard insistant sur moi mais je l'ignore complètement. Je balance mes pieds dans le vide et sens le vent frais taper mes joues, c'était juste divin.
Je regarde au loin la vue imprenable que j'avais sur toutes les infrastructures de la ville...
- Tu joues à quoi là ?
Je déglutis difficilement quand je remarque que je m'étais un peu trop avancée du rebord en balançant mes jambes.
- Vas-y descends de là.
- Non.
- J'ai pas envie d'aller annoncer à ta mère que t'es morte bêtement.
- Ça fera pas mal d'heureux -en chuchotant-
J'hausse les yeux au ciel et descends finalement du rebord, prend mon sac et me dirige vers la porte de sortie mais il m'interpelle.
- T'as envie de mourir ?
Je le regarde longuement et hausse des épaules en ayant jamais réfléchie à la question.
- Je sais que je serais plus en paix.
- ... Et tu crois que tes proches seront en paix ?
- Clairement, j'suis un poids dans les deux sens du terme. Regarde la honte qu'ils doivent ressentir à chaque fois qu'ils sortent à cause de moi.
Il fronce les sourcils face à ma réponse puis me jette un sale regard.
- Ils pensent que c'est toi sur la vidéo ces cons ?
- Qu'ils y croient ou non la rumeur a déjà été lancé donc bon.
- Tu veux pas te défendre ?
- Dans quel but ? Même si je dis aux gens que c'est pas moi y'en a toujours qui vont dire que je mens ou trouver autre chose pour me salir. -voix brisée-
- ...
- Les gens s'en beurrent de la vérité. Ils veulent me faire passer pour ce genre de fille bah qu'ils continuent, un jour ou l'autre ils se rendront compte du mal qu'ils font autour d'eux et là ce sera trop tard pour les regrets.
Effectivement beaucoup trop tard
Au dessus des nuages le soleil brille
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top