𝒬𝓊𝒶𝓇𝒶𝓃𝓉𝑒-𝓉𝓇𝑜𝒾𝓈
J'attache mes cheveux en une longue queue de cheval et m'observe un court instant à travers le miroir. Je regarde la baignoire positionnée juste derrière moi et sens mon corps se tendre en me remémorant les événements passés d'hier.
« Que tu me suces pour me réveiller »
Je secoue la tête et reprends mes esprits. Toutes ses phrases, ses manières, ses gestes étaient ancrés en moi.
Je me parfume légèrement et sors pour aller le réveiller à nouveau.
Monsieur ne daigne toujours pas se lever malgré toutes mes tentatives.
J'entre et le découvre allongé sur le ventre endormi comme tout à l'heure. Je m'assois sur le rebord du lit et opte pour la manière douce cette fois-ci. Je regarde son tatouage qui recouvrait le long de sa colonne vertébrale et le caresse doucement tout le long. Je le sens frissonner et émerger peu à peu.
Moi : Siyah ? Aller lève toi, ton téléphone n'a pas arrêté de vibrer.
Siyah : Je m'en fou.
Moi : S'il te plaît... Il est super tard ça suffit !
Siyah : J'ai faim.
Moi : Bah il faut que tu te lèves si tu veux manger.
Il se tourne agacé en se mettant sur le dos et me regarde longuement et fronce les sourcils.
Siyah : J'aime pas ta coupe.
Moi : Tu dis ça à chaque fois que je m'attache les cheveux.
Siyah : J'aime vraiment pas.
Moi : C'est bien je m'en fou.
Je me lève et tire les rideaux puis ouvre la fenêtre pour aérer la chambre et surtout le faire bouger une bonne fois pour toute.
Moi : Je t'attends en bas.
Je sors rapidement pour qu'il évite de me retenir et l'attends en cuisine où j'avais préparé un repas assez simple qui fera l'affaire.
Son téléphone n'arrête toujours pas de vibrer et ma curiosité prend le dessus. Je me penche vers le téléphone et vois plusieurs appels manqués et messages d'Andrès mais aussi d'une certaine Leïla. Je défile un peu les notifications et je crois tomber des nues en lisant les messages que cette fille envoyait à Siyah.
« Siyah je t'en supplie répond moi »
« Siyah je peux tout t'expliquer... »
« Je ne sais pas ce qui m'a pris mais je suis sincèrement désolée, je regrette d'avoir mis cette drogue dans ton verre. »
« Rappelle moi quand tu verras ces messages »
C'est cette fille qui a drogué Siyah ? Mais si c'est elle... Ça veut dire qu'il était en compagnie de cette fille hier.
Il aurait donc écourté notre journée à deux pour cette Leïla ?
Je me rassois sur mon siège pensive et sens mon cœur battre un peu plus rapidement en imaginant Siyah faire des choses avec cette fille.
Je sens mon cœur se tordre de douleur et mes jambes trembler sous le poids de la crainte.
Au même moment je le vois descendre et venir me rejoindre dans la cuisine. Il s'installe devant son plat et commence à manger l'air assez fatigué. Je l'observe perdu dans mes pensées et mon envie de le tabasser me prend avant même que je ne connaisse l'histoire.
Moi : Où est-ce que t'es allé hier ?
Il se fige un instant et pose son regard sur moi. Je n'arrivais pas à savoir ce qui lui passait par la tête mais peu importe j'avais juste besoin de réponses à mes questions.
Siyah : Chez une fille qui s'appelle Leïla.
Il n'essaie pas de mentir c'est déjà ça.
Moi : Leïla ?
Il avale sa bouchée et souffle légèrement en posant sa fourchette dans son assiette pour me fixer du regard.
Siyah : C'est une fille que j'ai pris sous mon aile il y a quelques années de ça. Elle était dans une sale situation quand je l'ai connu pendant une de mes missions que mon père m'avait confié et j'ai décidé de lui apporter mon soutien quand elle en a besoin.
- ...
Siyah : Hier c'est elle qui m'a appelé en urgence car elle pensait que quelqu'un essayait de rentrer chez elle tard la nuit alors je suis allé m'assurer que tout allait bien.
Moi : C'est quoi ton passif avec cette fille ? Ou même ton présent je ne sais pas ?
Siyah : Quoi ?
Moi : Vous avez quel genre de relation ? C'est ton ex ?
Siyah : Non qu'est-ce...
Moi : Vous vous êtes déjà embrassé ?
Il se calme et me regarde longuement dans les yeux en essayant de lire en moi. Il faisait tout le temps ça quand il savait que ça n'allait pas me plaire.
Moi : J'écoute.
Siyah : Oui mais...
Moi : T'as couché avec elle ?
Siyah : Non tu...
Moi : Vous êtes allés plus loin que les bisous sur la bouche alors ?
Siyah : Non je t'ai dit ! Elle m'a embrassé il y a quelques temps mais je l'ai repoussé.
Moi : « il y a quelques temps » c'était hier ?
Siyah : Non Delilah... Avant même qu'on ne soit ensemble. Hier elle a essayé de me piéger en mettant de la drogue dans mon verre mais j'ai réussi à partir avant que je ne sois complètement K.O.
Je secoue la tête complètement écœurée et passe une main sur mon visage pour tenter de me calmer.
Moi : Donc t'es allée chez cette fille et tu allais passer la nuit chez elle en sachant pertinemment qu'elle avait un faible pour toi et tu trouves ça normal ?
Siyah : Elle avait besoin de moi et...
Moi : Je n'avais pas besoin de toi moi ? Je suis quoi pour toi ? Ton second choix quand il n'y a pas moyen avec elle ?
Siyah : Mais t'es complètement à côté de la plaque !
Moi : T'es allée chez une fille qui est limite amoureuse de toi Siyah ! Tu ne t'es pas dit que c'était sûrement une excuse pour t'avoir dans son lit ?! Et bien elle a presque réussi son coup parce que t'as foncé tête baissée comme un gros débile !
Il prend une grande inspiration et je sais que la tournure de la discussion ne lui plait pas du tout.
A qui la faute ?
Moi : T'as osé me dire que c'était pour le travail en plus. C'est plutôt elle que t'allais travailler non ?
Il se lève brusquement et s'approche de moi alors que je me lève à mon tour et recule rapidement.
Siyah : Ça suffit Delilah ! Tu comptes largement plus à mes yeux que cette fille. C'est toi que je veux et personne d'autre alors arrête un peu de t'imaginer des choses complètement absurdes.
Moi : Je n'imagine rien. Les faits sont là. Tu as écourté notre petite journée à deux pour aller au secours de cette pauvre fille en détresse. Je sais maintenant à quoi m'attendre la prochaine fois.
Siyah : Delilah... Tu veux bien m'écouter une minute.
Moi : Je suis vraiment trop trop conne. Si j'avais su toute cette histoire quand tu es venu dans cet état hier soir je n'aurais jamais passé ce moment intime avec toi, jamais.
Il me retient avant que je ne parte et fait légèrement pression sur mon poignet.
Siyah : T'es sérieuse Delilah ? Tu remets tout en question comme ça ?
Moi : J'ai plus envie d'en parler ça me dégoûte.
Je retire brusquement mon poignet de son emprise et sors de la cuisine mais il me suit jusqu'au salon et me rattrape à nouveau.
Siyah : Delilah s'il te plaît... Je n'ai pas envie qu'on s'éloigne encore...
Moi : C'est de ta faute pas de la mienne.
Siyah : Je comprends ce que tu ressens... J'aurai réagi pareil, voir pire si tu l'avais fait...
Moi : Alors pourquoi tu l'as fait ? Parce que Delilah pardonne toujours tout facilement ?
Siyah : Mais pas du tout...
Il essaie de poser ses mains sur mes joues mais je recule et le menace du regard.
Moi : Tu ne me touches pas. Si t'as envie de toucher quelqu'un va voir Leïla elle va être ravie.
Je monte m'enfermer dans ma chambre et m'assois sur mon lit déçue de tout ce que je viens d'apprendre.
Passer une simple journée avec moi est trop compliqué pour lui ?
x
Quelques jours plus tard
Je boucle ma valise et essuie les larmes qui ne cessaient de couler sur mes joues depuis ce matin. Je n'arrivais pas à croire que je rentrais en France pour de bon. Les cours reprennent dans deux jours alors il faut absolument que je sois au taquet dès la rentrée pour obtenir mon diplôme. Les événements de ces derniers jours avec Siyah m'ont heureusement fait penser à ma vie qui était en France et non ici.
Nous étions retourné dans la villa auprès des autres et depuis c'est le silence radio de son côté comme du mien.
Je ne lui adresse plus la parole à cause de l'histoire avec cette Leïla mais lui au lieu d'essayer d'arranger les choses avant mon départ et bien il préfère m'ignorer complètement.
Comme si j'étais la fautive dans l'histoire.
Et je crois que mes pleurs sont aussi dûs à ça...
- Kevork ?
Je regarde Andrès qui venait d'entrer dans ma chambre et essuie comme je peux mes larmes mais en vain.
Andrès : Kevork...
Il s'approche précipitamment et me prend doucement dans ses bras. J'enroule mes bras autour de son corps et le serre contre moi en pleure. Je déteste pleurer devant quelqu'un mais là je n'arrive vraiment pas à me retenir.
Moi : Je suis désolée... Pour tout...
Andrès : Pourquoi tu t'excuses ? C'est normal de pleurer pour un départ, ça arrive à tout le monde...
Moi : Merci d'avoir été là pour moi, sincèrement... Tu m'a soutenu durant ce séjour et je te remercierais jamais assez...
Andrès : C'est rien petit cœur... J'ai été heureux d'apprendre à te connaître même si c'était court.
Je sens mon cœur se resserrer et mes pleurs redoubler d'intensité mais je lutte intérieurement et me détache de lui en essuyant à nouveau mes larmes. Il prend la relève et passe un doigt sur mes joues en les essuyant avec un petit sourire.
Andrès : Tu vas tellement me manquer, à tout le monde d'ailleurs même s'ils ne te le diront pas. On s'est habitué à toi nous, même Ivàna nous parlait de toi pendant ton absence quand tu étais au chalet.
Moi : Ah bon ?
Andrès : Elle disait que ça faisait un léger vide sans toi.
J'écarquille les yeux touchée de ce que je viens d'entendre et vraiment je me rends compte à quel point la situation a changé de ma toute première fois avec eux.
Je souris légèrement tandis qu'Andrès descend avec ma valise et mon gros sac rempli de petits cadeaux pour mes proches.
Plus j'approchais de la voiture et plus mon cœur se serrait dans ma poitrine. Ivàna, Aslan et Isaac m'attendaient devant la voiture pour me dire au revoir et je suis sincèrement touché de leur geste malgré tout.
Arseni n'était pas là pour mon plus grand bonheur.
Isaac est le premier à me prendre rapidement dans ses bras en me souhaitant un bon retour suivi d'Aslan.
Aslan : On a pas eu l'occasion de se parler durant ton séjour mais je t'expliquerais tout plus tard... Rentre bien Delilah. -doucement-
Moi : Merci Aslan...
Et enfin au tour d'Ivàna.
Ivàna : Ça va faire bizarre sans toi je te l'avoue. On ne se connaît pas vraiment mais j'espère que la prochaine fois qu'on se verra ce sera différent. Prend soin de toi et on reste en contact de toute manière.
On se fait un réel sourire franc pour une fois et mes pensées négatives sont vraiment derrières moi concernant Ivàna. Elle essaie vraiment de repartir à zéro avec moi, comme elle l'a promis.
Je regarde la voiture et vois Siyah installé côté conducteur le regard fixé sur le volant. Je me tourne une dernière fois vers eux en les remerciant et prend une dernière fois Andrès dans mes bras.
Moi : On garde contact hein...
Andrès : T'as juste à m'appeler et je débarque pour tout casser.
Je souris doucement tout en sachant que ce qu'il dit est vrai. Il me fait un long baiser sur les cheveux avant de me pousser vers la voiture. Je tremble et ferme les yeux un instant pour reprendre mes esprits et monter côté passager. Je les regarde une dernière fois avant de les voir disparaître de mon champs de vision après le démarrage de Siyah.
Il ne parlait pas et ça pendant de très longues minutes.
Il allait vraiment me déposer à l'aéroport et puis c'est tout ? Aucune réconciliation ? Aucun mot sur notre relation ?
Mon cœur subissait depuis notre dispute à propos de Leïla mais s'il continue comme ça je ne pourrais pas supporter cette énième salve.
Moi : Tu ne comptes pas me parler ?
Son visage était impassible. Il était fermé comme jamais, son visage et son expression ne reflétaient ni tristesse, ni colère.
Absolument rien.
J'ai l'impression d'être assise à côté d'un chauffeur de taxi qui va me jeter à l'aéroport et ensuite retourner à ses occupations.
Siyah : Tu pars Delilah qu'est-ce que tu veux que je te dise ?
Mon cœur se serre à nouveau et je crois qu'il essaie clairement de m'achever pour de bon cette fois-ci.
Moi : ... Tu n'as rien à me dire ? On va se quitter comme ça ?
Siyah : Qu'est-ce que tu attends de moi ?
Je tourne vivement la tête vers lui et j'espère au plus profond de moi qu'il se paie ma tête mais visiblement non.
Moi : ... Tu t'en fous en fait ?
Siyah : Je m'en fou pas.
Moi : Comment tu veux que je crois en tes paroles Siyah ? Je te parle j'ai l'impression de te soûler plus qu'autre chose...
- ...
Je sens les larmes me monter aux yeux et mon cœur se briser en milles morceaux. Je craque pour la première fois devant lui et je ne suis pas en mesure de freiner le flot d'émotions que je ressentais à ce instant.
Est-ce que j'ai trop idéalisé cette relation ? Est-ce que j'ai trop mis Siyah sur un piédestal ?
Je ne sais pas mais j'ai l'impression d'avoir tout raté encore une fois dans ma vie. Pourtant tout allait à peu près bien mais je n'arrive vraiment pas à comprendre ce qu'il se passe depuis ces derniers jours.
Est-ce qu'il s'est rendu compte après le moment intime qu'on a passé tous les deux que j'étais une erreur ? Qu'un simple plaisir éphémère ?
Je me mords violemment l'intérieur de la joue pour ne pas éclater en sanglot. Je pleurais tellement depuis ce matin que j'en avais mal à la tête. Il tourne la tête vers moi et j'essuie mes larmes honteuse de pleurer devant lui. Il se gare à une place de libre devant l'aéroport et me regarde l'air interloqué de me voir pleurer.
Siyah : Delilah écoute.
Moi : Laisse tomber, vraiment cette fois-ci. Ça ne sert à rien, ça n'a jamais servi d'ailleurs.
Je sors précipitamment de la voiture et sors rageusement ma valise du coffre ainsi que mon sac que je pose sur la valise. Ma vue est complètement flou tellement les larmes ne cessent de couler encore et encore.
Je tire violemment ma valise vers moi et me dirige rapidement à l'intérieur pour aller m'enregistrer. Il me rattrape rapidement par le bras et se met en face de moi.
Siyah : Attends ne pars pas comme ça.
Moi : ...
Il essuie maladroitement mes larmes et me regarde si profondément que je sens d'énormes frissons parcourir mon corps tout entier.
Siyah : ... Je pense qu'on a besoin d'un peu de distance pour mettre les choses au clair chacun de notre côté et mieux se retrouver...
Je m'attendais à tout sauf ce genre de départ. C'est vraiment ce qu'il voulait ?
Mettre les choses au clair signifie que tout n'est pas défini dans sa tête, il doute de ce qu'il ressent pour moi ?
Siyah : Ce séjour ne s'est pas vraiment passé comme prévu et je sais que j'en suis le plus grand fautif. On s'est plus disputé que réellement parlé.
- ...
Siyah : Je n'ai pas envie de te perdre Delilah mais...
Moi : T'as besoin de plus d'espaces.
Juste prononcer ces simples mots je sens mon cœur se tordre de douleur et je veux juste partir vite avant de craquer à nouveau.
Moi : Prend soin de toi Siyah, je te souhaite énormément de bonheur et ne te force pas pour moi, vis ta vie.
Je le regarde une dernière fois comme pour ne pas oublier son visage. Et des flashs de tous mes moments passés avec lui me reviennent en tête, les bons comme les mauvais, absolument tout.
J'ouvre la petite poche de mon sac et en sors la petite photo que j'avais imprimé de nous deux. Notre toute première photo ensemble.
Il prend la photo entre ses mains tout en gardant ma main dans la sienne. Il ne me lâche pas du regard et dépose un dernier baiser sur mes lèvres. Je m'éloigne doucement pour le regarder une énième fois avant de partir. Je baisse le regard et me retourne les yeux embués de larmes en tirant ma valise.
C'est donc ça ? On se quitte comme ça ?
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