III

































- Désolé de t'avoir fais attendre.

Je me lève du fauteuil et plonge mon regard dans son regard gêné.

Moi : Bonjour Amaël.

Amaël : Bonjour Delilah.

Je m'avance et lui claque une bise chaude sur les joues. Je le vois rougir sûrement surpris par mon geste.

Dans une autre vie j'aurais choisi Amaël sans aucune once d'hésitation...

Amaël : On y va ?

J'hoche simplement la tête et le suis dans l'ascenseur menant jusqu'au parking privé de son entreprise.

Je remarque son regard observateur à travers le miroir et le laisse me dévisager.
Depuis mon retour il n'arrêtait pas de m'observer longuement, parfois perdu dans ses pensées.

Moi : Est-ce que je t'obsède Amaël ?

Les portes de l'ascenseur s'ouvrent au même moment. Il sourit légèrement gêné avant de passer devant moi pour me guider jusqu'à sa voiture.

Amaël : Tu m'as toujours obsédé Delilah... -murmurant-

Un léger frisson hérisse mes poils et je reste légèrement surprise de l'effet de ses mots sur moi.

Mon choix aurait été Amaël sans aucune hésitation, j'en suis certaine.

Il ouvre ma portière et me laisse m'installer tel le gentleman qu'il a toujours été. Il s'installe côté conducteur et je ne peux m'empêcher de remarquer son petit sourire plaqué sur son visage.

Moi : Qu'est-ce qu'il y a ?

Amaël : Tu m'as vraiment manqué...

Il entremêle doucement sa main droite à ma main gauche gantée. Je me crispe surprise par ce contact soudain.

Il apporte ma main à sa bouche d'un geste délicat.
Je le regarde surprise et reste complètement tétanisée.

Amaël : J'ai toujours pour projet d'avoir une place dans ton cœur de ice mon ange.

Il émet un rictus amusé avant de déposer un dernier baiser sur ma main et la laisser.

Définitivement mon choix final.

La suite du trajet se fait dans un silence apaisant. Plus on roulait et plus on s'éloignait de la ville et de son agitation.

Il finit par se stationner devant une maison entouré de bois avec quelques maisons voisines à plusieurs mètres.

L'endroit parfait.

Il sort de la voiture et je l'imite impatiente de découvrir l'intérieur de la maison. Il glisse sa main dans la mienne et je le laisse faire pour lui faire plaisir.

Il me fait visiter mon nouveau chez moi et je suis sûre d'avoir fait le bon choix.

Un salon avec cuisine ouverte, une cheminée, un garage, deux chambres, une salle de bain et un magnifique terrain dans les bois.

Tout pour que je sois complètement indépendante.

Amaël : Tu es vraiment prête à vivre seule dans ce coin perdu ?

Moi : Sûre et certaine.

Il sort le double des clés de la poche de sa veste et l'agite sous mon nez comme un trophée.

Mon trophée.

Le début de mon indépendance.

Le début de ma vengeance.

J'attrape les clés avec un petit sourire satisfait.

Le premier sourire sincère depuis mon retour.


Moi : Cash ou virement pour le loyer ?

Amaël : Delilah on en a déjà parlé...

Il retire sa main de la mienne l'air gêné.

Moi : Je ne compte pas vivre dans ta maison à titre gratuit Amaël.

Amaël : C'est une maison secondaire qui ne me sert à rien Delilah.

Moi : Cash ou virement pour le loyer ? -l'ignorant-

Il me regarde longuement pour me faire flancher mais c'est lui qui finit par flancher en me voyant soutenir son regard sans ciller.

Amaël : Comme tu veux.

Moi : Ce sera cash. Je te donne déjà 4 mois d'avance.

J'ouvre mon sac et sors les liasses de billet pour payer l'avance des prochains mois à venir. Il écarquille les yeux et semble de plus en plus curieux.

Amaël : ... Cet argent tu...

Moi : Moins tu poseras de question et plus on s'entendra Amaël.

Amaël : ... Je m'inquiète juste pour toi Delilah. Tu as l'air tellement différente...

Je m'approche doucement et pose les liasses entre ses mains, ne le lâchant pas du regard.

Moi : Je ne veux pas que tu sois un dommage collatéral alors reste en dehors de ça tu veux ?

Je passe une main rassurante sur sa joue et mon geste le fait légèrement lâcher prise.

Je n'ai pas envie de profiter des sentiments que tu as pour moi pour parvenir à mes fins Amaël.
Mais si tu m'y obliges je n'hésiterai pas à le faire.

Amaël : Je veux juste ton bien Delilah. T'as juste à m'appeler et je suis là.

Moi : Ne t'en fait pas pour moi.

Son regard dévie légèrement sur mes lèvres l'air désorienté avant que je ne le force à reprendre ses esprits en m'éloignant brusquement de lui pour imposer une distance raisonnable.

Moi : Tu m'as dit qu'il y avait des caméras à l'extérieur et un système de sécurité renforcé ?

Amaël : Oui plusieurs caméras autour de la propriété, visibles sur ton téléphone ou sur ordinateur. Et le système de sécurité peut se régler à distance et être paramétré selon tes envies.

Moi : C'est parfait.

Je sors pour m'avancer vers le jardin qui s'étendait sur des dizaines de kilomètres dans les bois. Un frisson désagréable me surprend tandis que des flashs des nombreux mois passés dans les bois humides et terrifiants de l'Arménie me reviennent en tête.














Flashback











3 jours après l'accident











Mes membres engourdis me font énormément souffrir. Je tente de me redresser du lit sur lequel j'étais allongée depuis 3 jours mais gémis douloureusement en m'appuyant inconsciemment sur mon bras fracturé. Je retiens ma respiration une longue minute en espérant apaiser la douleur lancinante que je ressentais jusque dans mes jambes.

La porte s'ouvre doucement pour laisser place à une infirmière que je n'avais encore jamais rencontré.

Moi : Bonjour -faiblement-

Elle referme la porte derrière elle sans m'accorder un seul regard. Je ne m'attarde pas sur son comportement et lui pose la question ridicule que je posais à chaque personne qui passait dans ma chambre depuis que j'étais réveillée.

Moi : Excusez-moi mais est-ce qu'un homme est passé lorsque je dormais ? Il... Il s'appelle Siyah et je... Enfin... Il n'est pas venu me voir et je m'inquiète vraiment...

Quelle pathétique je fais...


C'est moi qui suis dans ce lit d'hôpital mais je m'inquiète quand même pour lui...

Depuis le coup de fil que je lui ai passé en panique avant de me faire renverser je n'ai eu aucune signe de vie de lui, même en essayant de le contacter avec le téléphone de Lyam je n'avais pas réussi à l'avoir...

Je crois que j'essayais surtout de me rassurer...
Je ne voulais pas croire qu'il ne venait pas me voir de son propre grès, surtout après mon coup de fil...

Malgré qu'il m'ai laissé me faire humilier par son père sans rien faire je ne pouvais pas croire qu'il soit aussi cruel à mon égard...

Je ne pouvais pas croire qu'il ai aussi peu d'estime pour moi...

Mon regard s'attarde sur les gestes de l'infirmière qui préparait soigneusement une seringue.
Je fronce les sourcils en la regardant perplexe.

Moi : Qu'est-ce que vous faites ? C'est pour quoi ?

Elle continue de remplir la seringue de liquide  en veillant à ne pas créer de bulle.
L'angoisse commence rapidement à me prendre et j'attrape rapidement le boîtier pour appeler quelqu'un mais je me décompose en voyant que celui-ci ne fonctionnait plus.

Moi : Qui êtes-vous ?! Sortez d'ici ou je...

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase qu'elle appuie fortement sur ma cuisse bandée et me menace avec la seringue.
Je gémis de douleur les yeux larmoyants alors que son regard bleuté me glace le sang.

Il ne suffisait que d'un moment où je croise son regard pour que je sache que cette femme était une femme de l'est, précisément une Arménienne et qu'elle était là pour une bonne raison.

Elle était reliée à Fahim je le sais au plus profond de moi et les pièces du puzzle se forment  malheureusement très rapidement dans ma tête.

Les photos et vidéos reçues du corps de Fahim , mon accident de voiture, cette femme ici dans ma chambre....

On ne m'avait pas seulement démasqué...
C'était beaucoup plus gros que ça.
On savait depuis très longtemps que j'avais commis ce meurtre et aujourd'hui ils mettaient leur plan à exécution pour me faire payer la mort de Fahim.

Ça fait des semaines ou peut-être des mois qu'on prépare ce coup contre moi et je n'ai rien vu venir...

- Patrastvek' ink'nerd dzez dzer mnats'ats kyank'i arrajin orva hamar...

Mon sang se liquéfie et je comprends que mon âme n'allait pas s'en sortir aisément face à cette épreuve.

« Prepare toi au premier jour du reste de ta vie... »






L'humidité et l'air froid me font frissonner alors que j'émerge lentement en sentant mes membres complètement courbaturés.
J'ouvre brusquement les yeux en me remémorant mes derniers instants avant d'être inconsciente.

Et voyant le ciel étoilé au dessus de ma tête je crois être dans un cauchemar.
Je me redresse vivement et hurle de douleur en sentant une douleur aiguë me broyer la jambe gauche.
Je pose ma main sur ma cuisse et me rend compte avec horreur qu'une lame était plantée dans ma cuisse.
Mais le décor face à moi me fait presque oublier quelques secondes la douleur que je ressentais.

Je pousse un énorme cri d'effroi et de panique en voyant que j'étais dans une forêt à perte de vue.
Le sol était recouvert de feuilles mortes et de branches humides.

Je m'affole en voyant que j'étais seule au beau milieu de cette immense forêt.

Un énorme sanglot me prend à la gorge et j'espérais au plus profond de mon âme que j'étais dans un simple cauchemar.

Mais lorsque j'entends un craquement de branche à plusieurs mètres de moi je sais que ce qui se passe est la pure réalité.

Je retiens ma respiration alors qu'un énième bruit de branche se fait entendre.
Je tente de reculer à l'aide de mes bras mais mon bras blessé me rappelle à l'ordre et les larmes ne cessent d'augmenter en sentant la crise d'angoisse pointer le bout de son nez.

Et même dans une situation pareille mes pensées sont toujours tournées vers lui...

- Je t'en supplie Siyah... J'ai besoin de toi...

Et ce sont mes dernières paroles avant que je ne m'évanouisse sur ce sol humide.





- Delilah ?

Je sursaute violemment en sentant les mains d'Amaël sur mes épaules.
J'essaie de toutes mes forces de m'éloigner de son contact mais mon corps est comme figé.

Exactement comme lorsqu'ils m'administraient cette drogue pour qu'ils puissent s'amuser avec moi sans que je ne puisse essayer de me défendre.

Amaël : Delilah reste avec moi !

Son cri me fait sursauter et me plonge à nouveau dans une angoisse profonde.

Amaël : Delilah regarde moi...

Sa voix se fait beaucoup plus douce et mon regard plonge directement dans le sien malgré mon envie de fuir loin de lui et surtout de ces bois terrifiants.

Amaël : Suis ma respiration... Doucement...

Il inspire et expire lentement pour me montrer comment faire.
Je le fixe complètement tétanisée en essayant tant bien que mal de suivre le même rythme que lui.

Amaël : Ne laisse pas tes pensées te faire prendre le contrôle.

Cette phrase résonne en moi comme une libération et je sens mon angoisse s'amenuiser au fil des minutes.
Il tapote le haut de ma poitrine de son index et de son majeur pour imiter les battements réguliers de son cœur et du mien.

Amaël : C'est parfait championne -sourire-

Mon cœur se gonfle d'un sentiment étrange alors que je reprends pleinement conscience de la réalité.

Il y a encore quelques semaines c'est Lorna qui gérait mes crises d'angoisses.
Et aujourd'hui je refuse qu'Amaël soit le nouveau témoin de mes cauchemars éveillés et de mes plus grandes faiblesses.

Je ne laisserais plus aucun homme contrôler la moindre de mes émotions et de mes réactions.

Je l'avais fait une fois et j'en paye encore le prix.

Moi : Merci...

Je m'éloigne brusquement de lui et retourne à l'intérieur de la maison pour chasser totalement mon angoisse.
Je savais que le terrain de la maison était une énorme forêt mais je pensais pouvoir gérer la situation mais visiblement non.

Lorsque je l'entends refermer la baie vitrée derrière lui je sens à quel point il semble mal à l'aise.
Il ne sait pas comment réagir et je ne lui facilitais pas la tâche en agissant de manière aussi imprévisible.

Amaël : ... Tu veux que je te laisse seule quelques minutes ?

Moi : Non on peut y aller -fermement-

J'ouvre la marche et sors de la maison en sentant ma peau frissonner légèrement à cause de la température fraîche de l'extérieur.
Il referme la maison avec ses clés à lui et nous entrons tous les deux silencieusement dans la voiture.

Il démarre et je ne peux m'empêcher de fermer les yeux en sentant ma haine profonde envers Siyah refaire surface.

Je le haïssais car j'avais basé tous mes espoirs sur lui lorsque j'étais là-bas.
J'avais passé de nombreux mois à croire qu'il se donnait corps et âmes pour pouvoir me sauver des griffes de ces hommes.

Mais lorsque j'avais appris toute la vérité j'avais compris que je ne devais compter que sur moi-même.

Que Siyah ne viendrait jamais et que je n'étais qu'une distraction de plus dans sa vie.

Amaël : Je suis désolé d'avoir haussé le ton tout à l'heure.

J'ouvre les yeux et reste silencieuse.

Amaël : Si tu veux je pourrais t'aider à déménager tes affaires...

Il veut me changer les idées en changeant de sujet...

Moi : Je ne compte ramener aucune de mes anciennes affaires. Je vais aller m'acheter de nouveaux vêtements à ma taille.

Amaël : Je pourrais t'accompagner si...

Il secoue la tête les joues légèrement rouges de gêne.

Amaël : Excuse-moi d'être aussi insistant.

Il finit par se taire définitivement en me voyant aussi silencieuse. Le trajet se finit assez rapidement et je regrette presque d'être déjà devant chez mes parents.

J'entendais déjà leurs tentatives désespérées pour m'empêcher d'aller vivre seule à l'autre bout de la ville à peine revenue.

Moi : Trouve toi une femme qui pourra te donner l'amour que tu mérites Amaël. Ne fonde pas d'espoirs irréels sur moi, je ne suis pas celle qui te faut et surtout celle ce que tu crois.

Amaël : Tu es la seule qui arrive à me faire sentir complètement vivant Delilah... Je... Même si tu n'éprouveras jamais rien pour moi je crois que juste le fait que tu me regardes est déjà une énorme récompense pour moi...

Les sentiments d'Amaël était beaucoup plus profonds que ce que je pensais.
Il éprouvait de l'amour pour moi, j'en reconnaissais parfaitement les signes car j'avais le même discours à l'époque.

Un regard de Siyah suffisait à me combler d'un bonheur inexplicable.

Et savoir qu'Amaël éprouvait cela pour moi me comprimait le cœur d'une étrange chaleur.

Moi : Je n'ai rien de bon à t'apporter. Plus tu restes avec moi et plus je vais finir par t'utiliser pour arriver à mes fins.

Amaël : ... Je crois que je suis prêt à prendre le risque...

J'écarquille les yeux profondément surprise.

Amaël : Je suis désolé de te charger de tous mes sentiments alors que tu viens tout juste de revenir d'une épreuve épouvantable. C'est purement égoïste mais je n'arrive juste pas à gérer mes émotions depuis ton retour et...

Je pose un doigt sur ses lèvres pour le faire taire. Je ferme les yeux un instant profitant de ce silence avant de plonger mon regard dans le sien.

Moi : Pas aujourd'hui Amaël je t'en prie...

Je ne suis pas prête de t'entendre me dire que tu m'aimes. Ni aujourd'hui, ni les autres jours.

Il hoche la tête en comprenant qu'il allait trop loin.

Moi : Je te recontacte.

Je sors de la voiture sans un regard de plus en le laissant en proie à la déferlante de sentiments qui se manifestait en lui.

Je ne veux pas subir ses sentiments, je ne veux pas être empathe.

Je ne veux plus jamais ressentir de près ou de loin ce que l'amour provoque.

Je ne veux plus ressentir quoi que ce soit s'apparentant à de la dépendance.



















Siyah














- On arrive dans quelques minutes.

Le regard rivé sur mon hublot, j'observe les milliers d'infrastructures illuminées en cette soirée froide d'hiver.

La dernière fois que je suis venu ici elle était toujours en captivité quelque part dans ce monde et j'ai dû faire face à la peine et l'incompréhension immense de sa famille.

- Tu appréhendes de la revoir ?

Je détourne le regard lentement et le plonge dans le regard de Kayla, mon bras droit.
Elle fixe inconsciemment ma balafre récente sous mon œil au lieu de me regarder dans les yeux.

Moi : Je n'en sais rien.

Mentir à Kayla serait inutile, elle est l'une des seules autour de moi à savoir à quel point j'ai Delilah dans la peau.

Et à quel point j'ai vrillé depuis plus de seize mois maintenant.

J'observe une des photos que mon contact a réussi à prendre d'elle le jour de son retour.
Et j'ai presque cru ne pas la reconnaître sur ces photos.

Elle est complètement différente mais toujours aussi belle et attirante.

Kayla : Tu penses que ce qu'elle ressent pour toi est toujours intact après ce qu'elle a vécu ?

Je contracte ma mâchoire et reporte mon regard sur l'extérieur en sentant qu'on s'approchait de plus en plus de la piste d'atterrissage.

Moi : Non.

Parce que je n'ai pas réussi à te sauver Delilah.
Je n'ai pas réussi à te protéger et anticiper ce qui se tramait derrière ton dos.
Je n'ai pas pu te défendre face à mon père.

Et je sais que la seule chose que tu ressens aujourd'hui pour moi est de la pure rancœur et du dégoût.

Mais ton absence m'a fait prendre conscience d'énormément de choses.

Et je suis prêt à tout pour me racheter auprès de toi.

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