𝒯𝓇𝑒𝓃𝓉𝑒-𝓈𝑒𝓅𝓉





















Je l'observe longuement siroter son jus de fruit à l'aide de sa paille tout en observant la vue qui lui était offerte sur ce bateau que j'avais réservé spécialement pour l'occasion.
J'avais promis d'honorer mes trois promesses :
Lui faire quitter le quartier,
Faire une escale en Bosnie,
Et enfin la ramener avec moi en Turquie.

Moi : M'ignores-tu Delilah ?

Elle me jette un regard furtif du coin de l'œil et reporte son regard sur la vue dégagée face à nous.

Delilah : Je préfère t'ignorer au risque que tu ne penses que tout est beaucoup trop « facile » avec moi.

Le répondant et la résistance.
Tout ce que j'aime chez elle.
J'ai justement fait exprès de lui dire ces mots dans le parking car je savais qu'elle cogiterai et ferai absolument tout pour me fuir davantage.

La tester encore et encore.

Mais cette fois-ci j'attends d'elle qu'elle ne tombe pas aussi facilement dans le panneau.


Moi : M'en voilà peiné, mon but n'était pas de te rendre muette mais simplement de te faire ouvrir les yeux sur ce qui t'entoure.

Delilah : Mes yeux sont dorénavant bien ouverts et ont remarqué que tu aimes quand je te fuis Siyah n'est-ce pas ?

Dans le mille.

Je me redresse en la regardant de plus près alors qu'elle me fixe droit dans les yeux avec dédain. Je passe un doigt dans ses cheveux mais elle me repousse en me frappant violemment la main.
Je souris légèrement et mets mon visage juste en face d'elle.

Moi : Ta résistance et ton insolence me divertissent plus que tes mots doux qui me rendent...assez nerveux.

Elle balance ses cheveux en arrière et s'avance un peu plus vers moi.

Delilah : Tu as tout simplement peur de voir que les gens s'attachent réellement à toi. Ce n'est pas devenu trop facile avec moi, c'est juste devenu plus sérieux mais tu n'assumes rien et tu préfères jouer à ce jeu.

- ...

Delilah : Sache une chose mon chère et tendre Siyah...

Elle passe une main tendre sur ma barbe avant de me tenir fermement par le menton à l'aide de ses doigts.

Delilah : Je continuerais à te tourmenter nuits et jours s'il le faut car je ne rentrerais pas dans ton stupide jeu. Tu ne me feras pas regretter tous les efforts que j'ai jusqu'ici entrepris pour toi.

- ...

Delilah : Maintenant laisse moi profiter de la vue et de mon jus de fruits frais.

Elle me lâche en me repoussant comme un vulgaire déchet et se rallonge sur le transat comme si de rien n'était.

Un test réussi haut la main.

Je l'observe sur son transat et souris en voyant à quel point cette femme n'avait peur de rien. Je me lève et retire mon haut pour rester en short de bain. J'arrête le bateau au milieu de l'eau et le bruit du moteur laisse place au bruit des vagues de la mer Adriatique.

Moi : Tu viens te baigner ?

Delilah : Non merci.

Moi : T'es sûre ?

Delilah : Oui.

Je n'insiste pas plus et saute dans l'eau assez froide pour la saison. Je reprends mon souffle à la surface et la vois dans le bateau l'air un peu gênée.

Moi : Qu'est-ce qu'il y a ?

Delilah : Rien.

Moi : Pourquoi tu ne veux pas te baigner alors ? T'es pas obligée de te mettre en maillot, tu nages avec ta robe.

Delilah : Ce n'est pas le problème, je n'ai pas envie c'est tout.

Moi : Tu ne sais pas nager ?

Elle marque une pause et relève un sourcil surprise.

Delilah : Comment tu...

Moi : Je l'ai deviné c'est tout.

Delilah : ... J'esquivais la plupart des cours de piscines alors...

Elle détourne le regard et passe une main stressée dans ses cheveux.

Moi : Tu veux que je t'apprenne ?

Delilah : Non c'est trop profond.

Moi : Il y a un gilet derrière toi, enfile le et viens me rejoindre.

Delilah : Non et puis t'as pas que ça à faire.

Moi : -en l'ignorant- Tu ne risque rien avec le gilet, je te le promets.

Elle semble vraiment hésitante mais prend le gilet posé à l'arrière et le met par-dessus sa longue robe d'été. Elle s'approche des petits escaliers et je vois ses jambes légèrement trembler en descendant les marches.

Siyah : C'est bien vient dans l'eau maintenant.

Moi : Je...

Elle s'apprête à remonter mais je la tiens fermement par les jambes pour l'empêcher de remonter.

Moi : Je suis là je te lâche pas.

Elle me regarde complètement stressé et hoche doucement la tête pour se donner du courage. Je lui tends mes mains auxquelles elle se tient pour ensuite être complètement dans l'eau. Elle frissonne et sort un gémissement plaintif.

Moi : Regarde moi et écoute ce que te dis ok ?

Elle obéit et je vois sa poitrine se soulever anormalement vite sous la peur. Elle s'agrippe à mes bras et semble tétanisée dans l'eau.

Moi : Reprends ton souffle, arrête de paniquer.

- ...

Moi : Inspire doucement et expire. Je ne te lâche pas Delilah tu le sais.

Elle me regarde droit dans les yeux et à l'air de s'apaiser petit à petit. Je la tire avec moi à quelques mètres du bateau et la rassure comme je peux en même temps.

Moi : Je vais te lâcher les mains mais tu ne couleras pas grâce au gilet d'accord ?

Delilah : Non s'il te plaît...

Moi : Tu me fais confiance ?

Elle ancre son regard au mien et hoche la tête.
Je me défais de son emprise et la lâche complètement. Elle semble légèrement paniquée mais reste à peu près calme en voyant qu'elle flottait simplement.

Moi : Tu vois ?

Je passe une main dans ses cheveux et les plaque à l'arrière.

Moi : Aller viens ça suffit pour aujourd'hui.

Je la prends par la main et nage en la tirant doucement à mes côtés jusqu'au bateau.

Moi : Monte.

Je la fais passer devant et la laisse monter les marches et je la suis juste après. Elle retire son gilet et grelotte un peu de froid.

Delilah : ... Je reviens...

Elle s'éclipse rapidement vers la cabine et referme la porte. Je me sèche rapidement et remet le bateau en route vers la terre ferme avant qu'il ne fasse trop nuit. Elle ressort avec une nouvelle robe et les cheveux presque secs attachés en chignon haut. Je la regarde de haut en bas dans sa robe qui lui allait parfaitement encore une fois.

Delilah dans les robes c'est quelque chose.

On venait à peine de faire l'escale en Bosnie qu'elle avait déjà pris un peu de couleur, je n'imagine pas à la fin de notre séjour en Turquie.
Elle me regarde les joues légèrement rouges et les lèvres pincées.

Delilah : Merci... De m'avoir mis en confiance...Et surtout pour ce que tu fais pour moi...

Je hoche simplement la tête alors qu'elle se tourne et se tient à la rambarde pour admirer les vagues. Je baisse le regard sur sa nuque à découvert puis analyse les fines bretelles de sa robe qui mettait en valeur son dos et sa poitrine. Je m'attarde plus particulièrement sur ses courbes qui m'appelaient sans cesse ces derniers temps.

Remonter sa robe et la prendre sur cette rambarde voilà ma seule pensée à cet instant.

Delilah : Tu ne m'as toujours pas dit comment tu à pu convaincre mes parents de me ramener ici, seule avec toi et aussi loin d'eux.

Moi : J'ai dû jouer franc jeu mais tant que t'es là c'est le plus important non ?

Delilah : Pourquoi tu ne veux pas me dire ce qui les a convaincu ?

Moi : C'est entre tes parents et moi.

Elle tourne légèrement la tête vers moi et me regarde amusée.

Delilah : Excuse moi le négociateur.

Je refoule un sourire et fait le tour du bateau pour la rejoindre. Je me faufile derrière elle et retire l'élastique qui retenait ses cheveux.

Delilah : Qu'est-ce que tu fais ?

Moi : Je te préfère les cheveux lâchés.

Delilah : Et alors ?

Moi : Et alors c'est tout.

Delilah : Redonne moi mon élastique.

Moi : Non.

Elle se retourne face à moi et je la bloque en mettant mes mains de part et d'autre de la rambarde. Son souffle s'accélère légèrement et elle pose un regard timide sur mon torse et plus particulièrement mes cicatrices. Elle pose timidement sa main sur mon pectoral gauche et je frissonne sous le contact froid de sa main.

Delilah : Tu ne me parle jamais Siyah...

Moi : De ?

Delilah : Je ne connais rien à ta vraie vie à part ton prénom...

- ...

Delilah : Tu ne me crois pas capable de garder le silence ?

Moi : Je sais que tu garderas le silence mais je ne sais pas si tu pourras supporter la vérité.

Delilah : Tu ne peux pas savoir si tu ne me dis rien...

Elle caresse du bout des doigts la cicatrice sur mon pectoral avant de descendre vers mon ventre. Je me tends et tiens fermement la barre en frissonnant à nouveau.

Moi : Une fois que tu seras au courant il n'y a plus de retour en arrière. Je te garde avec moi Delilah.

Elle écarquille les yeux et semble complètement chamboulée.

Delilah : ... Tu me gardes ?

Moi : Ce sont mes conditions.

Elle me regarde les yeux légèrement brillants et caresse une autre cicatrice sur mon torse.

Delilah : Ta vie est aussi compliquée que ça pour que tu veuilles me garder auprès de toi après tes révélations ?

Moi : Si tu savais Delilah... J'aurai aimé te connaître dans une autre vie...

Elle frissonne et pose ses mains sur mes épaules l'air stressé.

Delilah : Pourquoi tu me dis tout ça Siyah ?

Moi : Tu ne sais pas ce qui t'attends Delilah et ça rend la chose encore plus triste.
Je suis loin d'être celui que tu crois que je suis.

- ...

Moi : Tu vas me détester au début et pendant longtemps mais tu finiras par t'y faire avec le temps et la patience....

Je prend son visage en coupe et colle mon front au sien pour capter son regard jusqu'au bout.

Moi : Si tu me suis c'est jusqu'au bout Delilah, je ne te laisserai pas partir même si tu me supplies...

La peur rempli son regard mais sa réponse ne se fait pas attendre plus longtemps.

Delilah : ...J'accepte.










x



















Allongée depuis une vingtaine de minutes sur le seul lit deux places dans la cabine du bateau je ne parviens pas à trouver le sommeil malgré la fatigue présente. Mes pensées étaient quotidiennement tournées vers Siyah pour mon plus grand désespoir. J'ai toujours envie de le voir, être dans ses bras, savoir ce qu'il fait et s'en est devenu presque addictif.
Alors depuis qu'on est seul ici en Bosnie, dans ce bateau c'est de plus en plus dur de lui résister.

Siyah : T'es toujours éveillée ?

Moi : ... J'ai un peu de mal à m'endormir.

Siyah : Tu stresses parce qu'on va dormir ensemble ?

Moi : Quoi ? Non c'est pas ça...

Bien évidemment que ça jouait aussi sur mon état actuel.

Il enlève son haut avant de s'allonger sur le lit à mes côtés. Je frissonne en sentant son nouveau parfum flotter dans l'air. Un long silence prend place et ma seule envie à ce moment là est d'être à nouveau dans ses bras. Je me sentais en sécurité et surtout appréciée dans ses bras, c'était spéciale...

Mais ma fierté m'empêchait de le lui demander.

Les minutes défilent et je ne parviens toujours pas à trouver le sommeil. Je me redresse brusquement et mets un pied hors du lit pour aller prendre l'air sur le bateau mais un bras ferme me remet sur le lit et je me retrouve à moitié allongée sur lui.

Moi : Siyah !

Siyah : Où est-ce que tu vas comme ça ?

Moi : J'allais juste prendre l'air.

Siyah : Il fait trop froid, tu vas tomber malade.

Moi : Mais non c'est...

Siyah : Tais-toi et dors.

Mon corps entier était crispé et il l'a senti car je sens sa main me caresser la nuque comme il avait l'habitude de faire. Il enroule une jambe autour de la mienne pour m'empêcher de partir où que ce soit. Je ferme les yeux un instant sous la douceur de ses doigts sur ma nuque et me détends immédiatement. Un long silence apaisant prend place pendant de nombreuses minutes avant qu'il ne le brise.

Siyah : Mon premier meurtre était à l'âge de 11 ans dans la cabane de ma maison au sud de Madrid.

Je me fige et ouvre brusquement les yeux le cœur battant à la folie.

Siyah : Avant de le tuer je tremblais de peur mais une fois fait je n'ai rien ressenti de particulier et j'ai recommencé à chaque fois que c'était nécessaire jusqu'à devenir un Sicario comme mon père.

Une énorme boule au fond de ma gorge m'empêche de parler et je sens l'ensemble de mon corps se liquéfier en face de lui. Ses doigts sur ma peau me brûlait dorénavant et le doute et la peur s'installent maintenant au fond de moi.

Siyah : Ton...

Il passe ses doigts sur mes lèvres l'air écoeuré avant de me regarder droit dans les yeux.

Siyah : ...ami Sohane avait bien raison sur un point. J'ai bien été un tueur à gages pour le compte de mon père.

Ce qu'il me dit me donne des haut-le-cœur au plus haut point. Je retire ses mains de mes lèvres mais il me tient fermement par la mâchoire pour que je le regarde.

Siyah : Je te dégoûte déjà ? Tu n'as encore rien vu Delilah, absolument rien.

- ...

Siyah : Je voulais juste te donner un très léger avant goût avant d'arriver en Turquie.

Moi : ... Qu'est-ce qu'il y a en Turquie ?

Siyah : Ma vraie nature.

Le regard qu'il me portait ne me rassurait plus du tout, être dans ses bras me faisait à présent tellement peur que je l'imaginais me tuer dans ce lit sans aucune raison.

Moi : ... Est-ce que...

- ...

Moi : Est-ce que tu finiras par me tuer un jour ?

Il se remet sur le dos et passe une main sous sa tête avant d'observer longuement le plafond.

Siyah : Tout dépendra de toi.

Je me redresse et stresse de plus en plus en entendant sa réponse.

Moi : En quoi cela dépend de moi ?

Siyah : Si tu oses me trahir ou si tu penses seulement à me trahir Delilah. Je te jure sur ce que j'ai de plus chère que je n'hésiterai pas à te tuer peu importe les circonstances.









x







3 jours plus tard






Il tire à trois reprises sur le corps qui était attaché au poteau et range son arme toujours avec cet air impassible. Je ne le reconnaissais plus du tout, je faisais face à une toute nouvelle personne depuis ces trois derniers jours. Il enchaînait les meurtres de sang froid et les actes de violences extrêmes sous mes yeux sans aucun remords, aucune remise en question.

Je tremble d'effroi quand il se tourne vers moi et je ravale comme je peux les larmes qui menaçaient de couler. Il me regarde longuement avec froideur tout en essuyant ses mains remplies de sang.

Siyah : Tu pleures encore ?

- ...

Siyah : J'ai toujours su que tu étais faible mais en trois jours tu m'as montré pire que ce que je pensais de toi.

Mon cœur se serre à l'entente de ses paroles et mon envie de pleurer ne cesse de s'accroître un peu plus.

Siyah : Être faible ne t'apportera jamais rien de bon dans la vie. Tes ennemis s'en donneront à cœur joie de te détruire.

Moi : Être quelqu'un dénué de sentiments comme toi c'est mieux c'est ça ?

Siyah : Dois-je te rappeler la signification de mon prénom ? Tu ne fais que pleurer, me supplier d'arrêter mes massacres et te plaindre à longueur de temps Delilah.

J'essuie rageusement les larmes qui venaient de couler et recule d'un pas pour mettre de la distance avec lui.

Moi : Je suis désolée d'être une personne normale qui ne supporte pas de voir des gens mourir sous mes yeux sous d'atroces souffrances.

Siyah : Je t'avais prévenu Delilah.

Moi : Non ! N'essaie pas de retourner la situation encore une fois en me rejetant la faute. Oui tu m'avais prévenu mais je n'ai donc plus le droit d'avoir des sentiments ? De ressentir des choses ?!

Siyah : Tu...

Moi : Tu as constamment quelque chose à redire sur moi Siyah ! Peu importe ce que je fais rien ne te va ! Trop faible, trop peureuse, trop gentille, trop naïve, trop débile, trop sensible... Tout est toujours de trop avec toi !

Siyah : Si ce n'est pas moi qui te le dit ce sera qui ?

Moi : Ce n'est pas la question !

Siyah : Je t'écoute alors.

Moi : Je ne laisserai plus aucune émotion me trahir quand je serai avec toi Siyah. Tu veux que je sois aussi impénétrable que toi ? -rire- Challenge accepté.

Siyah : Je ne t'ai jamais demandé de...

Moi : C'est quoi la suite ? Qui est la prochaine personne à tuer ?

La colère se lit sur son visage et il me tire violemment par le bras avant de m'entraîner de force loin de cet entrepôt.
Je me détache brusquement de son emprise et tiens mon bras douloureux.

Siyah : Qu'est-ce que tu cherches à faire ?!

Moi : Suivre mon nouveau rythme de vie à tes côtés, rien de plus.

Siyah : Il n'y aura aucune suite, on va rejoindre les autres à la maison.

Moi : Les autres ?

- ...

Moi : Ah, tu as ramené ta « famille » ici ?

Il me pousse à l'intérieur de la voiture et monte rageusement de son côté en claquant la porte.

Mon seul but est de lui faire payer les trois jours horribles qu'il venait de me faire passer.

Moi : Moi qui pensais que ce serait des vacances qu'entre toi et moi, qu'on apprendrait à se connaître un peu plus dans le calme loin de tout, que tu me ferais découvrir les jolis paysages de la Turquie...

- ...

Moi : Je t'avoue que ce nouveau programme est pas mal non plus. Des meurtres et du sang la journée et pour finir la journée en beauté une soirée au complet avec ta « famille » . Si c'est pas un programme de rêve ça...

Sa veine du front était prête à exploser d'ici quelques minutes s'il ne se calmait pas. Je ne l'avais jamais vu dans une colère aussi noire. Il se retient de me faire du mal ça se voit et ça se sent.

Il est à bout.

Moi : Pour le moment je ne regrette vraiment pas d'avoir voulu en apprendre plus sur toi. Ça me permet de te voir sous un angle différent du personnage d'Allan que tu jouais encore quotidiennement avec moi avant qu'on arrive ici.

Seule sa patience me permettait d'être encore en vie à cet instant.
Sa prise sur le volant est si violente que je vois les jointures de ses mains blanchir et son souffle s'accélérer tellement la rage prenait le dessus sur toutes ses émotions.

Je le trouvais plus ridicule qu'autre chose à cet instant. Ma peur et mon angoisse avaient laissé place à l'affront le plus total venant de ma part. J'étais heureuse de voir à quel point je pouvais aussi l'atteindre avec de simples mots bien placés.

Il roule pendant une bonne heure les nerfs à vifs avant de ralentir et se garer devant une propriété privée.

Toujours plus ce mec.

Il décharge les sacs noirs du coffre et les dépose à peine devant le pallier que la porte d'entrée s'ouvre sur Isaac et Andrès. Andrès me lance un sourire moqueur alors qu'Isaac me regarde simplement sans rien dire pour cette fois.
Les revoir ne m'enchante pas du tout mais je ne suis pas d'humeur à ouvrir à nouveau un débat là-dessus.

Andrès : T'es déjà là ? T'as roulé super vite.

Siyah ne daigne même pas lui répondre et préfère refermer le coffre avant d'entrer dans la maison sans un regard de plus.

Isaac : Qu'est-ce qu'il a ?

Je hausse simplement des épaules et les suis à l'intérieur de la demeure.

Ils ont sûrement dû être mis au courant de mon arrivée.

Je retire mes chaussures et à peine relevé que je sens tous les regards sur moi.
Je regarde leurs pieds et les vois tous avec leurs baskets aux pieds dans le salon.

Quelle saleté 

Andrès : Mademoiselle est polie.

Je ne m'attarde pas sur lui et observe les autres face à moi tous assis dans des canapés différents. Sur le une place sur trouve Aslan et sur le deux places au centre se trouvent Ivána et Arseni.

Arseni : Tu n'es pas heureuse de nous revoir Kevork ?

Moi : Au contraire vous étiez constamment dans mes pensées.

Arseni : Toi aussi même si tu prenais pas mal de place.

Quelques rires se font entendre et je vois un large sourire étirer ses lèvres, fier de sa petite vanne à propos de mon physique.

Moi : C'est tout ce que tu as dans ton registre de vannes ? Sur mon physique seulement ?

Il se lève de son canapé et se met à tourner tout autour de moi en m'analysant de haut en bas comme un lion qui attend avant d'attaquer sa proie.

Arseni : Tu as encore plus de caractère que la dernière fois. Pourtant je pensais que te faire trancher la gorge par la jeune Velasquez te ratatinerait.

Un frisson désagréable me prend et je lutte pour ne pas replonger dans ces souvenirs douloureux d'il y a plusieurs semaines.
Je me tourne vers lui pour qu'il arrête de me tourner autour comme un vautour et lui offre l'un de mes magnifiques sourire d'hypocrite.

Moi : Me voir ici te frustre Arseni ? Dans mes souvenirs, lors de notre première rencontre tu me léchais les pattes, qu'est-ce qu'il s'est passé entre temps ?

Arseni : Il s'agissait simplement d'une tentative d'approche pour aborder l'ennemi.

Moi : Je suis ton ennemie maintenant ? Tu as peur de moi Arseni ?

Arseni : Peur de toi Kevork ?

Il fait un pas en avant et caresse doucement ma nuque. Je lui gifle violemment la main et recule d'un pas.

Arseni : Tu ne sais pas où tu es tombée ma jolie. Une deuxième cicatrice irait parfaitement avec ton teint bronzée.

Siyah : Arseni, retourne t'asseoir.

Je bouillonne de l'intérieur et mon envie de tout brûler autour de moi ne cesse de grandir. La haine et la frustration que je retenais en moi depuis ces derniers jours n'allaient pas tarder à me faire exploser.

Arseni : J'accueille notre nouvelle invitée comme il se doit, étant donné que personne ne daigne le faire.

Siyah : En la menaçant ?

Arseni : Menacer ? Ce sont de grands mots que tu emploies ici mon frère.

Siyah : Arrête ta comédie deux minutes. Toi, viens.

Je hausse un sourcil en comprenant qu'il s'adressait à moi de cette manière. Je me retiens de faire une scène et le suis les nerfs tendus. On monte les escaliers et traverse le couloir pour arriver devant une porte fermée un peu isolée des autres que j'ai pu croiser sur le chemin.
Il ouvre la porte et je découvre une très belle chambre avec une coiffeuse, un dressing de l'autre côté, alors qu'un lit deux places se tenait contre le mur. Je regarde en face et vois une baie vitrée qui permettait d'accéder à un petit balcon.

Siyah : Ta chambre pour le moment.

Pour le moment ?

Je ne dis rien et un léger silence prend place, il attend sûrement une réaction de ma part mais il n'aura rien.

Siyah : Si tu veux une autre chambre il y en a d'autres de libres.

Moi : Non ça me va.

Je sens son regard sur moi mais je fais mine de rien et m'assois sur le lit assez confortable. J'étais à bout de cette journée et j'avais besoin d'être seule pour réfléchir et surtout me calmer.

Siyah : Tu ne descends pas ?

Moi : Pas pour le moment.

Siyah : Tu ne te sens pas à l'aise ici ?

Moi : Je ne...

Je me rétracte et réfléchis à deux fois avant de répondre. Il a le don de me faire parler de ce que je ressens sans avoir à creuser trop loin.
Mais je ne peux plus le laisser avoir accès à mes sentiments aussi facilement à présent.

Moi : Non c'est parfait, tout le monde m'a bien accueilli.

Siyah : Arseni a sous-entendu des choses et tu trouves que c'est un bon accueil ?

Moi : Bienvenu dans ton monde Siyah. -faible sourire-

Je sens a nouveau son regard insistant sur moi mais il finit par me laisser seule en voyant mon mutisme. A peine sorti je me lève et verrouille la porte avant de retourner sur mon lit en soufflant.



Ce n'était pas parfait, loin de là.
Je me sentais plus seule que jamais à cet instant précis, et c'est bien la première fois que je ressens ça alors que Siyah n'est pas loin.














Au dessus des nuages le soleil brille

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