𝒞𝒾𝓃𝓆𝓊𝒶𝓃𝓉𝑒-𝒸𝒾𝓃𝓆
- Delilah ? Faut que tu partes maintenant.
Je me tourne dans le lit épuisée et ouvre légèrement les yeux pour le voir debout habillé tout en noir prêt à sortir.
Moi : Il est quelle heure ?
Siyah : 05h. Rentre chez toi je dois partir.
Je me redresse surprise et le regarde mieux pour voir un énorme sac à ses pieds, différent de celui de la veille rempli d'armes.
Il me vire vraiment de chez lui à cette heure-ci ?
Moi : Où est-ce que tu vas ?
Siyah : J'ai pris un billet pour la Turquie.
Moi : Mais ton voyage était prévu dans quelques jours non ?
Siyah : Je viens d'avancer la date.
Je le regarde incrédule et ne comprend vraiment pas son attitude.
Moi : Pourquoi tu as fait ça ? Qu'est-ce qui se passe ?
Siyah : Delilah. -durement-
Moi : T'as eu des nouvelles de ton père ? Tu lui a parlé ?
Son regard noir et son ton menaçant me font frémir et je comprends qu'il ne rigole vraiment pas.
L'évocation simple de son père suffit à le faire complètement changer d'humeur et je préfère éviter d'être à nouveau son souffre-douleur lorsqu'il est dans cet état.
Il est à nouveau ce que je déteste le plus.
Menaçant, nerveux, impatient et surtout antipathique.
Siyah : Prends ton téléphone et tes clés je te raccompagne chez toi.
Il me montre d'un coup de tête la table de chevet avant de me tourner le dos et prendre son sac.
Je passe une main dans mes cheveux pour me donner le courage d'affronter cette nouvelle épreuve.
Encore une euphorie de courte durée, encore une fois je me sens si perdue et incomprise face à Siyah.
« Donne moi de la haine et de l'amour »
Je le suis de près alors qu'il éteint tout dans l'appartement. Il prend un deuxième sac avec lui avant de me laisser passer devant pour ensuite refermer la porte à double tour. Je frissonne face à la brise du petit matin et le suis à nouveau en le voyant descendre les escaliers toujours sans un mot.
Plus je voyais son corps bouger au rythme de sa marche charismatique et plus mon cœur se fissurait n'étant pas prête à une nouvelle plaie au cœur.
Laisse le faire Delilah, ça ne sert à rien de demander des explications il ne t'en donnera pas et finira forcément par encore plus te blesser.
Il passe son temps à faire ça...
Il rabat sa capuche sur sa tête avant de déposer ses sacs sur les sièges arrières d'une voiture qui n'était pas à lui. Je ne me pose pas plus de questions et m'avance d'un pas rapide vers mon bâtiment pour fuir le léger vent qui venait de se lever.
Je sens qu'il me suit jusqu'à entrer dans le bâtiment avec moi et refermer la porte.
Ne craque pas devant lui Delilah.
Moi : Est-ce que je dois m'attendre à des nouvelles de toi là-bas ou non ?
Siyah : Je t'enverrai un message une fois là-bas.
Un message seulement à son arrivée, rien de plus.
Je serre fortement mes clés dans ma main jusqu'à me faire mal pour calmer mes nerfs.
Je ne préfère même pas lui demander quand il compte revenir ce serait remuer le couteau dans la plaie.
Moi : Fait attention à toi.
Je le regarde une dernière fois alors qu'il fuyait le mien, toujours silencieux.
Il n'a visiblement rien à ajouter.
Je lui tourne rapidement le dos et monte les escaliers en refoulant ma douleur et ma peine. Arrivée devant ma porte je tremble légèrement en essayant de trouver la clé de chez moi parmi les quelques clés qui ornaient mon trousseau. J'entends ses pas monter les escaliers et je tente de me dépêcher pour ouvrir la porte et l'éviter à tout prix mais je m'arrête net en sentant ses mains me retourner pour me prendre dans ses bras.
Siyah : A chaque début d'appel je te demanderai comment tu vas. Si ça va tu me réponds par une couleur, si y'a le moindre souci tu me réponds « oui ».
On est dans quoi là ? Dans un film de Liam Neeson ?
Si je commente je risque d'être désagréable.
Siyah : Delilah.
Moi : Ok.
Il dépose un long baiser sur ma nuque avant de se redresser pour me regarder.
Siyah : Je t'oublie pas, t'es mon objectif final. Je dois juste dégager le passage pour t'atteindre.
- ...
Siyah : Dans deux jours je te ferais parvenir un carnet. Je veux que tu le lise seule et que tu gardes le contenu pour toi.
Je fronce les sourcils et le regarde un peu paniquée en sentant la tornade arriver.
Siyah : Je te demande juste de le lire une fois que tu reviens de tes vacances avec Lyam.
Moi : Y'a quoi dans ce carnet?
Siyah : Du jour où je suis devenu Siyah Velasquez jusqu'à aujourd'hui.
Mon cœur rate un battement et je comprends qu'il me permets enfin de connaître son histoire, de le connaître lui.
Siyah : Sache que malgré tout ce qu'il se passera ensuite j'ai aimé t'avoir à mes côtés et surtout recevoir ton amour et toute ta bienveillance.
Moi : Pourquoi tu me dis ça Siyah ?
Siyah : Plus rien ne sera pareil après ça -sourire forcé-
Moi : Je ne te lâcherais pas Siyah, même après ce carnet...
Il s'humidifie légèrement les lèvres avec un sourire en coin l'air certain que je changerais de discours après la découverte de son histoire.
Siyah : Si un garçon t'approche en Croatie dis lui que le plus grand Sicario viendra lui faire la peau.
Je lâche un petit sourire triste et sens l'angoisse me prendre aux tripes en voyant son regard complètement vide.
Siyah : Je te lâche pas et je t'oublie pas.
Moi : Je te lâche pas et je t'oublie pas.
Il dépose un chaste et douloureux baiser sur mes lèvres avant de s'éloigner et partir en me jetant un dernier regard rempli de doutes.
Si j'avais su tout ce que ce carnet contenait avant que tu ne partes je ne t'aurais jamais laissé prendre ce vol pour aller voir ton père.
x
18 juillet
En ce 18 juillet Lisandro et Alma Velasquez ont accueilli leur tout premier enfant dans une maternité délabrée du sud de Madrid : Vallecas.
Lisandro : Bienvenu dans notre monde Siyah.
Mais avant de te raconter l'histoire de Siyah Velasquez, prends le temps de connaître un peu mieux mes parents Bella.
Lisandro Velasquez
&
Alma Tekin
Lisandro Velasquez, espagnol d'origine a grandi dans une famille modeste de tueurs à gages au sud de Madrid. Les hommes de sa famille ont été de grands tueurs à gages pour subvenir aux besoins de leurs familles. Leur renommée était telle que la simple évocation de leur nom faisait trembler n'importe quel être humain sur Terre mais surtout à travers l'Espagne et la Turquie où ils opéraient principalement à leur début.
Lisandro a suivi cette tradition de Sicario à la lettre en commençant par son éducation basée sur la violence et les participations aux meurtres dès son plus jeune âge.
Il est devenu rapidement plus connu et respecté que ses aînés à cause de sa soif de meurtre et de vengeance.
Le Sicario le plus connu et dangereux d'Espagne & de Turquie.
Alma Tekin, turc d'origine a grandi dans une famille assez pauvre en Turquie avant de déménager à Madrid pour trouver un travail et aider sa famille en Turquie. De nature calme mais avec un tempérament de feu, Alma Tekin n'hésite pas à imposer ses idées et ses convictions quand il le faut.
Deux opposés mais pourtant le destin a fait que ses deux êtres se rencontrent pour former le couple à la fois le plus improbable et le plus dangereux de Madrid.
La belle et la bête
Tout ses surnoms reflétaient parfaitement les deux caractères distincts de ces êtres diamétralement opposés mais similaire.
Mais peu importe les critiques, les horreurs dites face à leur union, rien ni personne n'a réussi à les séparer.
Pas même les hommes de la famille Velasquez qui ont mainte et mainte fois empêchés l'union de leur meilleur Sicario avec cette femme qui avait réussi là où personne n'avait réussi.
Atteindre le cœur de Lisandro Velasquez.
Entre les menaces, la mise sous surveillance constante du couple et bien d'autres moyens de pressions barbares Lisandro n'a jamais cessé de protéger Alma au détriment de sa propre vie.
Il était prêt à mettre sa famille à dos pour ce petit bout de femme.
Car elle était sa seule lumière dans ses ténèbres.
Et c'est cette détermination qui lui a permis de faire accepter Alma dans la famille Velasquez.
Ce n'était pas une simple amourette, une simple rébellion de jeunesse non c'était son unique et éternel grand amour.
Maintenant que tu connais un peu mieux mes parents je vais te raconter mon histoire.
Comment j'ai détrôné le palmarès de mon père et de mes aînés en accumulant les tortures et les meurtres à travers toute l'Europe.
Comment je suis devenu si froid, imperturbable et si assoiffé de vengeance et de meurtres au point que j'en effraie même parfois ma propre mère.
Je vais te raconter tout ce qui m'est arrivé depuis que je suis né...
Je vais te faire découvrir l'homme que ton petit cœur a choisi Bella...
Car ce que je te montre en privé, seulement à toi, c'est tout ce que je ne suis pas en réalité...
x
Je ferme brusquement le carnet en sentant mon cœur se serrer de douleur juste en lisant cette première page. Je lui ai promis de lire le contenu de son carnet à mon retour de vacances mais je n'ai pas pu m'empêcher de l'ouvrir aujourd'hui en sentant de plus en plus le manque de son absence.
Déjà 1 semaine qu'il est parti et j'ai l'impression que ça fait déjà une éternité. Sa présence, ses mots doux, son odeur, ses baisers et même son caractère de cochon me manque atrocement.
Et même le soleil et l'ambiance en Croatie ne réussissent pas à me faire penser à autre chose que lui.
Lyam : Delilah ! Ton téléphone !
Je sursaute légèrement en reprenant mes esprits et attrape mon téléphone sur la table de chevet.
Moi : Allô ?
- Ça va ma princesse ?
Moi : Papa ! Ça va et toi ?
Papa : Ça fait un vide sans vous.
Moi : Oh papa... On revient bientôt t'inquiètes pas !
Lyam : Coucou papa ! -criant-
Papa : J'espère qu'elle ne fait pas trop de bêtises !
Moi : T'inquiètes je la surveille au doigt et à l'œil.
Je lance un regard moqueur à Lyam qui grimace en haussant les yeux au ciel.
Moi : Et maman elle va bien ? Et le bébé ? Et Waël ?
Papa : -rire- Ta mère n'a envie que d'une chose c'est d'accoucher et Waël va bien. Tout le monde va bien.
Moi : Pauvre maman. Elle dort je parie ?
Papa : Oui je lui dirais de t'appeler à son réveil. Et comment ça va avec ton homme ?
Moi : -gênée- Ça va, ça se passe bien.
A vrai dire pas vraiment.
Papa : Dommage qu'il ne soit pas venu au barbecue, il ne manquait plus que lui.
Le fameux jour où je l'ai vu pour la dernière fois.
Heureusement que j'avais la présence de ma famille toute la journée pour m'éviter de me morfondre même s'il était constamment dans mes pensées.
Moi : Une prochaine fois promis.
Papa : S'il y a un problème tu peux m'en parler tu sais ?
Moi : Oui je sais papa...
Papa : Alors dis moi la vérité.
Comment te dire que ma vie est en jeu chaque seconde qui passe et que Siyah s'est absenté pour aller convaincre son père que j'en vaux la peine ?
Moi : Il me manque beaucoup c'est tout...
Papa : Ce n'est pas parce que je suis ton père que tu dois avoir honte de me parler de ce genre de choses. Je suis là pour ça.
Je sens mes joues rougir malgré qu'il a tout à fait raison.
Moi : Je peux te poser une question ?
Papa : Dis moi.
Moi : Comment il a réussi à te mettre dans sa poche ?
Je l'entends rire légèrement l'air amusé de ma question.
Papa : Tu veux vraiment la vérité ?
Moi : S'il te plaît, j'aimerais comprendre.
Il se tait quelques secondes comme pour chercher ses mots. Des mots que j'ai attendu de longs mois. Ma mère n'a rien voulu me dire de concret alors je ne pouvais compter que sur mon père.
Papa : Je n'ai jamais rencontré un homme aussi déterminé.
Moi : Comment ça ?
Papa : Cet homme est prêt à absolument tout sacrifier juste pour que tu poses un simple regard sur sa personne.
- ...
Papa : Il éprouve tellement de respect et d'amour pour toi que s'en ai presque flippant d'un point de vue extérieur. N'importe qui pourrait prendre ça pour de la folie en l'entendant parler de toi de cette manière.
Je m'allonge sur le lit pensive en buvant chacune des paroles de mon père me parlant de Siyah.
Papa : Ce que j'ai tout de suite aimé chez lui c'est son franc-parler.
Moi : Qu'est-ce qu'il t'a dit ?
Papa : Lors de notre première rencontre tu sais ce qu'il a fait ?
Moi : Non... -paniquée-
Papa : Il nous a remonté les bretelles à ta mère et moi pour t'avoir envoyé en Arménie. Et surtout pour la manière dont on te traitait depuis ton retour.
Je me redresse surprise et reste complètement figée en entendant cette révélation.
Moi : Il a fait quoi ?!
Papa : -rire- J'ai failli l'encastrer dans un mur pour son insolence et son audace, malgré que je savais qu'il avait pertinemment raison.
Je suis en train de rêver n'est-ce pas ?
Siyah est fou mais pas au point de faire la morale à mes parents ?
Moi : Dis moi que tu me fais une blague.
Papa : J'aurais aimé mais c'est la stricte vérité. Il nous en voulait tellement que j'avais même l'impression qu'il s'était passé quelque chose de grave pour qu'il réagisse de cette manière.
Je déglutis difficilement et des flashs de cette nuit refont surface.
Fahim...
Papa : Delilah ? -inquiet-
Moi : Allô ? Désolée j'ai reçu une notification en même temps. Alors comment il a réussi à te convaincre aussi rapidement ?
Papa : Il m'a dit entre quatre yeux qu'il t'aimais plus que sa propre vie.
Je frissonne à l'entente de cet aveu et mon cœur se serre malgré moi.
Il avait donc avoué à mon père depuis le début qu'il était amoureux de moi ?
Il m'aime depuis aussi longtemps ?
Papa : Je suis un homme Delilah et je sais à quel point il faut du courage et vouloir du concret pour aller plaider sa cause chez le père de la fille qu'on aime.
Plus le temps passe et plus je me rends compte à quel point Siyah se démène pour moi depuis le début. J'ai une chance énorme de l'avoir et mon père ne fait que confirmer ce que je ressens pour lui.
Papa : Un homme sait quand il veut du sérieux avec une femme ou non. Et quand il veut du sérieux il est prêt à tout pour que ça fonctionne.
Siyah est prêt à affronter son père pour moi.
Comme son père a affronté sa famille pour Alma...
Moi : Je comprends mieux pourquoi tu lui fais autant confiance maintenant...
Papa : Tu penses vraiment que je t'aurai abandonné dans les bras du premier venu ?
Moi : Non je sais... C'est juste que j'étais un peu dans le flou parce qu'il refusait d'aborder le sujet.
Papa : Je suis heureux de te savoir épanouie à ses côtés. Il est venu au bon moment.
Pile poil au bon moment.
Même si j'aurais aimé le connaître avant le début de mon harcèlement, avant que je ne commence à psychoter sur mon poids et mon corps et surtout avant ma tentative de suicide...
Il m'aurait très certainement épargné certaines de mes souffrances que je traîne avec moi depuis plusieurs années maintenant.
Papa : Je dois répondre à un appel, dis à Lyam que je l'appelle plus tard.
Moi : D'accord bisous papa.
Lyam : Bisous !
Il raccroche aussitôt alors que je serre doucement le téléphone dans ma main.
Lyam : Ça va ?
Moi : Oui t'inquiètes. Va t'habiller on sort.
Lyam : On va manger dans le resto que j'ai repéré l'autre jour ? -surexcitée-
Moi : Oui celui-là.
Lyam : Trop bien !
Elle se lève brusquement et s'enferme rapidement dans la salle de bain pour aller se préparer. Je caresse du bout des doigts le carnet et décide de relire tous les messages que je lui ai envoyé depuis 1 semaine déjà.
« Tu pourras m'appeler ou m'envoyer un petit message quand tu auras le temps ? »
« J'espère que tu vas bien, tu as oublié mon message ? »
« Je suis bien arrivée en Croatie avec Lyam, l'hôtel est vraiment comme sur les photos Lyam est super contente ! »
« Siyah je m'inquiète énormément, pourquoi tu ne réponds pas ? »
« On a fait de la tyrolienne pour la première fois avec Lyam, j'aurais aimé que tu sois là, je sais que tu aimes aussi les sensations fortes 💞 »
« Tu me manques énormément, je veux juste que tu me donnes de tes nouvelles »
« Siyah ? »
« Est-ce que tu m'ignore ? »
Je sens ma gorge se nouer en voyant tous mes messages sans réponses. Je tente une nouvelle fois de lui envoyer un message avec peu d'espoir qu'il me réponde.
« Je sais que je t'harcèle depuis une semaine et je suis désolée. T'as peut-être besoin d'espace et de te retrouver avec ta famille en Turquie et surtout discuter avec ton père. Je ne t'embêterais plus, tu me contacteras quand tu en auras envie. Je t'aime. »
Envoyé
Je sais que je n'ai plus aucune fierté quand il s'agit de Siyah et je ne veux pas avoir de fierté en amour. Je n'ai pas envie de vivre avec des regrets parce que j'ai eu trop d'orgueil pour lui envoyer un simple petit message.
Lyam : T'aimes pas tes vacances avec moi Delilah ?
Je sursaute légèrement en la voyant à l'entrée de la salle de bain habillée d'une jolie robe fleurie avec ses petites sandales d'été.
Toute belle mon petit cœur...
Moi : Qu'est-ce que tu racontes ? Ce sont mes meilleures vacances !
Lyam : T'es tout le temps triste depuis qu'on est arrivée, j'ai l'impression que tu te forces à faire des activités pour me faire plaisir.
Moi : Tu as tout faux Lyam ! J'adore faire des activités avec toi !
Lyam : Alors c'est Siyah ? Il te manque trop ? C'est pour ça que t'es triste ?
Moi : C'est juste la distance qui est un peu compliqué rien de grave -sourire-
C'est surtout le manque de nouvelle qui est compliqué.
Lyam : Bah appelle le avant qu'on parte, ça va vous faire du bien.
J'en ai tellement envie si tu savais Lyam...
Moi : T'inquiètes pas je vais l'appeler plus tard. Je vais m'habiller je reviens vite.
Je range le carnet entre mes vêtements dans ma valise et m'enferme rapidement dans la salle de bain pour me préparer. Je passe un coup de brosse rapide dans mes cheveux et enfile une longue robe d'été dans laquelle je me sentais assez à l'aise. J'applique un peu de mascara et de gloss avant de sortir.
Moi : Alors ?
Lyam : T'es trop belle comme d'habitude ! Viens !
Elle m'entraîne face au grand miroir de la chambre pour prendre quelques photos de nous deux.
L'amour des photos c'est de famille chez les Kevork.
Lyam : Tu veux pas en envoyer à Siyah ?
Moi : Envoie les moi j'en enverrais une.
Aucune plutôt
Il ne répond à aucun de mes messages, ni de mes appels alors il ne va certainement pas réagir à mes photos de vacances.
Lyam : Quand il saura les ravages que tu fais ici auprès des hommes il va prendre un vol direct pour la Croatie -rire-
Moi : Tu racontes n'importe quoi.
Lyam : Tu lui a rien dis avoue ?
Moi : Lui dire quoi ?
Lyam : Que des hommes sont intéressés par toi.
Moi : Ils ne sont pas intéressés. Ils posent juste trop de questions.
Lyam : Comme ton numéro ? Si tu as un copain ou non ? Tu veux que je continue ?
Moi : Va prendre ton sac et ton téléphone et on y va avant que je ne change d'avis.
Elle ricane à nouveau alors que je hausse les yeux au ciel en sortant de la chambre, la laissant refermer derrière elle.
x
- Elle s'inquiète beaucoup pour toi visiblement... Tu as reçu un énième message et je pense que ce sera le dernier.
Je serre doucement mes poings derrière mon dos pour me contenir et calme mon souffle pour ne rien laisser paraître.
- Tu veux que je te le lise ? Écoute moi bien :
« Je sais que je t'harcèle depuis une semaine et je suis désolée. T'as peut-être besoin d'espace et de te retrouver avec ta famille en Turquie et surtout discuter avec ton père. Je ne t'embêterais plus, tu me contacteras quand tu en auras envie. Je t'aime. »
Je sens ma rage augmenter au fur et à mesure en imaginant son état actuel. Je la connais par cœur je sais qu'elle se pose un tas de questions et qu'elle commence à douter.
- Tu vois cette fille n'est pas si bête finalement, elle sait que tu as besoin de parler franchement avec ton père pas vrai Siyah ?
Il marche lentement autour de moi avec sa corde en main et mon téléphone de l'autre. Je sens mon cœur se serrer en attendant la prochaine salve. Je ferme les yeux et l'image de Delilah apparaît avant chaque coup comme pour me rappeler pourquoi et surtout pour qui je luttais depuis une semaine déjà dans cette cabane.
- C'est l'occasion de lui répondre et lui dire que tu ne veux plus d'elle.
Moi : Jamais.
1er coup de fouet dans le dos.
Je me tends immédiatement et me mords la lèvre jusqu'au sang pour ne pas gémir de douleur face à la brûlure du coup.
- Tu sais à une période j'étais à ta place, assis dans cette cabane à me faire torturer de toutes les manières possibles pour les mêmes raisons.
Moi : ...
Papa : Je devais prouver à ma famille que ta mère en valait la peine pour l'intégrer dans la famille. Alors ils m'ont fouetté, brûlé avec leurs cigares, mutilé et tellement de choses plus affreuses les unes que les autres...
- ...
Papa : J'ai encaissé pendant plusieurs semaines leur tentative pour que je lâche ta mère mais rien ni personne ne pouvait me faire abandonner.
Je ne t'abandonnerais pas Delilah...
Papa : Et je vois que toi aussi tu es tout aussi déterminé pour cette fille.
2ème coup
Je gémis surpris de la douleur et laisse ma tête retomber en avant à bout de force.
Papa : J'ai voulu t'éviter tout ça mon fils...
Moi : Ne parle pas comme une personne qui veut mon bonheur alors qu'il n'en ait rien.
Papa : J'ai toujours tout fait pour que tu sois un vrai homme, que tu sois notre digne héritier. Regarde ce que tu es devenu grâce à moi.
Moi : Oui regarde ce que je suis aujourd'hui. Je suis qu'un simple assassin sanguinaire et sans cœur pour tout le monde. Les gens n'osent même pas respirer quand je suis à côté d'eux tellement ils me craignent.
Papa : Si les gens ne te craignent pas, tu ne régnera.
Moi : Je n'ai jamais dit que je voulais régner.
3ème coup
Je gémis doucement de douleur et sens mon sang couler le long de mon dos suite aux nombreuses lacérations.
Papa : C'est pour ça que j'ai toujours refusé que tu tisse une quelconque relation avec les autres et surtout les femmes. Elle nous rendent extrêmement faible.
Moi : Alors maman t'as rendu faible toutes ces années ?
Papa : J'ai arrêté d'être Sicario une fois marié avec elle.
Moi : T'as arrêté parce que tu l'aimes et non parce qu'elle te l'a demandé.
Papa : L'amour est un poison mortel pour chaque Velasquez... Tu le sais mieux que moi mon fils...
Il arrête de tourner autant que our de moi et se plante juste en face de moi me regardant droit dans les yeux.
Papa : Les premières semaines, voir les premiers mois tu étais intéressé mais tu pensais que c'était juste ta curiosité qui te jouait des tours. Tu l'épiais discrètement de temps à autre, tu analysais ses faits et gestes et sa manière de parler mais sans plus.
- ...
Papa : Puis les jours passent et tu commences à comprendre son caractère et quelques points faibles alors tu en joues, tu la provoques doucement avant de monter crescendo.
La faculté qu'il a à lire en toi comme dans un livre ouvert je l'ai pris de lui, c'est indéniable.
Papa : Tu la vois dans tous ces états ça ne te touche pas tout de suite mais tu te sens un peu obligé d'être là pour elle. Et petit à petit ses émotions vont venir pourrir ton cerveau car tes émotions dépendront des siennes.
- ...
Papa : Il suffit qu'elle soit heureuse pour que tu le sois aussi. Mais il suffit d'un sourire triste ou d'une larme pour que tout ton monde s'effondre car tu n'arrives pas à supporter de la voir dans le mal.
- ...
Papa : Tu n'arrives pas à comprendre pourquoi tu es aussi touché, pourquoi tu es aussi impliqué...
- ...
Papa : Alors tu commences à prendre tes distances car tu as peur de ces nouveaux sentiments qui te submerge.
Des sentiments que je n'avais jamais eu l'occasion de ressentir.
Papa : Elle ne comprend pas et se méfie de toi encore plus mais ça touche ton ego alors tu essaie de revenir dans sa vie mais elle met des nouvelles barrières.
Il résumait parfaitement ma relation avec Delilah...
Papa : Ton ego est encore touché alors tu continues de faire ta vie de ton côté, tu continues de vivre dans ton monde dénué de sentiments.
- ...
Papa : Mais tu as toujours cette petite conne dans un coin de ta tête peu importe ce que tu fais. Elle commence à remplir tes pensées sans aucune raison et ça t'énerve encore plus alors quand tu la revois t'es distant et tu la blesses pour te prouver à toi même que tu ne ressens rien pour elle.
- ...
Papa : Mais tu regrettes juste après en voyant sa tristesse mais c'est trop tard. Et pourtant tu recommences encore et encore le même scénario parce que t'es un mec qui ne connaît rien à l'amour et qui n'a grandi qu'avec la haine des autres.
Je sens mon corps se crisper de colère car il énumère parfaitement tout ce par quoi je suis passé durant ces longs mois aux côtés de Delilah.
Papa : Mais plus le temps passe et plus tu comprends que tu commences à ressentir tout sauf de la haine et du mépris pour cette femme et c'est à partir de là que le poison mortel se répand dans ton organisme...
L'obsession de l'autre.
Papa : Tu découvres ce nouveau sentiment plaisant alors tu veux être à l'affût de ses moindres faits et gestes, tu veux constamment être à ses côtés au cas où il lui arriverait quelque chose, tu ne vis plus que par elle et son avis sur ta personne.
- ...
Papa : Tu es obsédé par cette personne car elle t'apporte du bien pour une fois dans ta vie, elle t'apporte la paix intérieure que tu cherchais depuis ces longues années.
- ...
Papa : C'est comme une drogue alors tu veux l'exclusivité. Et pour avoir cette exclusivité il faut faire ressortir ta vraie nature. La possessivité maladive, la jalousie, l'envie de tout contrôler, l'autorité et surtout la manipulation mentale.
Ma jambe tremble de nerfs en entendant toutes ces vérités qui me montrent à quel point je peux faire preuve de violence même dans ma façon d'aimer.
Papa : Tu aimes être le centre de sa vie, le centre de son attention. Tu aimes qu'elle ne regarde que toi parce que tu es le seul à pouvoir la rendre heureuse. T'aime la manière dont elle a baissé ses barrières pour toi, la manière dont elle te fait tellement confiance maintenant qu'elle s'est même donné à toi.
Alors ça te flatte, ça te met bien et surtout ça te rend heureux pour la première fois de ta vie.
- ...
Papa : Et quel pied de se sentir vivre après tant d'années noyé dans les ténèbres. Et c'est pour ça que je te dis que l'amour est un poison mortel pour les gens comme nous Siyah...
- ...
Papa : Parce qu'on est constamment dans l'extrême. On hait les gens dans l'extrême jusqu'à les tuer ou les torturer et on adore ça. Qu'est-ce que tu crois qu'on serait capable de faire en amour ?
Je serais prêt à tout.
Papa : Regarde à quel point on est prêt à souffrir pour ces femmes... Juste pour qu'elles posent un simple regard sur des pauvres personnes comme nous.
Il pose son fouet au sol et pour la première fois de toute ma vie je vois une légère lueur traverser les pupilles de mon père.
Papa : J'ai essayé par tous les moyens de te dissuader de continuer avec cette fille mais il faut croire que tu es aussi buté que ton père...
Moi : ... Tel père tel fils.
Il se met derrière moi et je sens les liens se défaire de mes poignets.
Papa : Tu es véritablement amoureux de cette fille j'en ai le cœur net aujourd'hui. Et je sais que tu ne craqueras pas peu importe ce que je te fais.
Moi : Ça doit te faire chier de voir que ton digne héritier est lui aussi tombé pour une femme malgré tous les efforts que tu as fait pour que je sois un homme sans cœur ?
- ...
Moi : T'as pas réussi à être cet homme rempli que de haine alors t'as remis toute ta frustration sur moi et t'as voulu me façonner comme ce que tu n'as jamais réussi à devenir.
- ...
Moi : Tu t'es acharné sur moi parce que t'étais qu'un échec alors t'as essayé de redorer ton image en créant un fils assoiffé de vengeance et de meurtres.
- ...
Moi : Mais la vérité papa, c'est que même ça t'as pas réussi à le faire. Regarde moi, je suis assis à la même place que toi après plus de vingt ans à rejouer la même scène que t'as vécu.
- ...
Moi : Et je sais qu'à cet instant précis tu te dis que tout ce que tu m'as fait subir depuis que je suis enfant n'a servi à rien.
- ...
Moi : Tous ces efforts entrepris à me forger pour qu'une petite lycéenne réduisent tes efforts à néant.
- ...
Moi : T'avais raison sur un point par contre.
- ...
Moi : Delilah est un poison mortel c'est vrai. Elle m'obsède, elle me rend malade mais si c'est par elle que je dois mourir je l'accepte avec plaisir.
Son regard se brise légèrement sous toutes mes paroles et en plus de 20 ans de vie j'ai réussi à blesser mon père pour la première fois.
Il s'essuie les mains d'un geste lent avant de se tourner dos à moi.
Papa : Ramène la ici, je veux lui parler.
Je sens mon corps entier se crisper à l'entente de cette phrase et il s'en va sans un mot de plus.
Le roi fait son entrée dans l'arène.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top