Chapitre 3 : Premier jour
Lundi 14 août
Je me suis réveillée avec pleins d'idées noires. Heureusement, mon copain est venu me faire un câlin et ça m'a aidée à aller mieux.
J'ai réussi à m'activer. Dans la dépression c'est difficile de s'activer et de faire du rangement. Mais j'y suis parvenu.
Nous sommes allés en ville chercher un cadeau pour le bébé d'un ami. Demain je fais une soirée jeux avec les amis. Quand je leur ai dis que j'allais être hospitalisée ils se sont rendus immédiatement disponibles pour venir me voir avant. Ça m'a beaucoup touchée. Demain va être chouette.
Puis en fin d'après midi on a regardé Les Misérables, le film de 2019. C'était très violent.
Je regarde beaucoup de films en ce moment. C'est bon signe, ça veut dire que j'arrive à vaincre les troubles de l'attention.
Puis j'ai écouté de la musique et une d'elle m'a fait pleurer. Elle m'a rappelé mon père avant son décès. Mon copain est venu me consoler. Il est très présent pour moi. J'espère ne pas l'embêter avec mes problèmes.
On a commandé des burger, c'était très bon et réconfortant. Ensuite, j'ai préparé mon sac pour l'hospit. Des habits, des puzzles, des casses têtes et des livres. Ça devrait aller.
Mardi 15 août
Mes amis sont venus me voir. On a mis des vinyles tout l'après-midi et on a joué à des jeux de société. Ma soeur Mady est venue aussi. On a offert le cadeau à l'ami qui est récemment devenu papa, il semblait content. Ils sont tous repartis progressivement, les deux derniers sont restés jusqu'à minuit.
J'ai peur de l'hospitalisation de demain. J'appréhende, mais je ne sais pas quoi.
J'ai pleuré un petit peu le soir.
Mercredi 26 août : J1
Ca y est. Je suis arrivée à la clinique. Le matin, j'ai encore pleuré avant de partir. Mon copain m'a déposée et a attendu avec moi le temps de faire les inscriptions administratives. C'est la 3e fois que je viens dans cette clinique, je commence à connaître. j'ai donné ma carte vitale et ma carte de mutelle, on a vérifié mon identité, et enfin on m'a laissé le temps de dire au revoir à mon copain.
Une infirmière brune avec des grandes lunettes m'a montré ma chambre. Chambre seule. Comme les dernière fois, tout est niquel et propre. Les murs sont toujours aussi colorés.
Un lit, un bureau, une chaise, une table de nuit et une salle de bain privée. C'est parti.
J'ai déposé mes affaires et je me suis assise sur le lit. L'infirmière a pris place sur la chaise :
- Vous permettez que l'on discute ?
- Oui, assurai-je.
J'étais là pour ça en même temps.
- J'ai lu votre dossier, me dit-elle. Vous avez donc un trouble bipolaire depuis 2017 ?
- C'est drôle que vous me disiez cette année. Non, j'ai un trouble bipolaire diagnostiqué en 2020, mais en 2017 c'est l'année où mon père est décédé. J'imagine qu'il s'agit là du début du trouble bipolaire en effet, ça a été l'élément déclencheur de tout le reste.
- Comment se manifestent vos passages à l'acte ?
- En général je suis dans phase de pente glissante. Puis, survient un élément déclencheur (une rupture, une dispute, une remontrance...) et sur un coup de tête je me mets à prendre pleins de médicaments. Je perds le contrôle de moi-même dans ces cas-là.
- C'est ce qu'il s'est passé en octobre ?
- Oui, lors de la dispute avec la conductrice de voiture.
- Et en ce moment, vous avez des idées noires ?
- Non, pas aujourd'hui. Mais je sais que si je laisse faire et qu'on ne change pas le traitement, elles vont revenir.
- Très bien. Je vais en parler au psychiatre, et il viendra vous voir dans la matinée.
Quand l'infirmière fut partie, j'ai sorti mon casque et ai lancé ma playlist du moment. La musique m'a fait pleurer, encore une fois. Un trop plein d'émotions qui doit sortir. Le fait de se retrouver encore une fois dans cette clinique, dans cette chambre jaune et face à moi-même, cela me rend triste.
J'ai sorti de mes affaires un petit puzzle. J'étais en train de finir le cadre du puzzle quand le psychiatre est entré.
Il paraissait vraiment jeune. Normal, c'est un remplaçant. La vraie psychiatre revient dans deux semaines.
- Avez-vous des symptômes dépressifs ? demanda-t-il.
- Pas vraiment, j'ai plutôt des phases mixtes où j'alterne entre idées noires et envie de faire pleins de choses en même temps puis envie de rien.
- Et votre traitement, vous pensez qu'il est efficace ?
- Non.
- On va le changer alors. Je vous propose de la Quétiapine et du Lamictal.
Je connais ces noms. La première chose qui me vient à l'esprit quand il prononce le nom de Quétiapine, c'est "ça fait grossir". Je me souviens de ma toute première hospitalisation, où j'avais refusé les médicaments par peur de grossir. Ca semble si loin maintenant. Aujourd'hui, je suis prête à prendre le risque si c'est pour aller mieux.
Le Lamictal aussi je connais. C'est un antiépileptique que ma psychiatre de ville m'avait déjà proposé. Ca aide à réguler les troubles de l'humeur.
- J'accepte.
Il écrivit sur sa tablette ses mots de psychiatre, et partit.
Le reste de la journée se déroula comme je m'y attendais. A onze heure trente, je suis descendue dans la salle à manger. Je suis allée dehors rencontrer du monde. J'ai dis bonjour, je suis arrivée ce matin. On m'a accueillie. Une dame d'une quarantaine d'année vêtue de orange me sourit :
- Enchantée Alba, je suis Martine.
Martine me présenta à tout le monde, je ne retins évidemment aucun nom. Il y avait cette jeune à peine majeure aux bras remplis de scarification, cet homme père d'une petite de neuf ans qui venait pour cure de désintoxication à l'alcool, et des tas d'autres gens.
Soudain, un homme me parut familier. Son prénom me revint immédiatement : Maxime. Entre trente et quarante ans, il était déjà là lors de ma première hospitalisation. Il vint vers moi et me fit la bise "Je ne me souviens plus de ton prénom", m'avoua-t-il.
Le repas se déroula sans problème. Nous sommes placés pendant les repas, toujours au même endroit. ma table était composée de 4 filles, moi incluse : deux femmes de quarante ans dont j'ai oublié les prénoms et une dame assez âgée aux long cheveux blancs, Bernadette.
Tout le monde était sympa avec moi. Bernadette me souriait et répondait succinctement à ce que je disais. Finalement, c'était pas si terrible.
L'après midi, j'ai eu rendez-vous avec la médecin généraliste. Le rendez-vous a duré une heure, le temps de faire le point sur tous mes problèmes secondaires : mes infection urinaire à répétition, mes fourmillements dans les mains et mes malaises occasionnels. Elle me découvrit une hypotension orthostatique. Ca veut dire que si je me lève trop vite, j'ai des vertiges.
J'ai ensuite appelé Zack pendant une heure. Il me raconta les mésaventures d'un de ses meilleurs amis qui s'était disputé avec sa copine.
- Au fait, expliquai-je. Il y a un atelier d'ergothérapie à 15H, ça te dirait que je te fasse un bracelet brésilien ?
- Oui avec plaisir !
- Quelles couleurs ?
- La même couleur que ton maquillage préféré : orange et bleu.
Et ainsi je filai à l'ergothérapie et me lançai dans ce projet de bracelet, qui m'occupa tout l'après-midi.
Puis le repas du soir, avant quoi l'infirmière vint me donner mes médicaments. La Quétiapine, et des antibiotiques pour mon infection urinaire.
Mon nouveau traitement commence.
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