Falling

Le soleil dans le ciel bleu déclinait légèrement lorsque Ymir arriva au toit du lycée.

Malgré le cadre idéal et le grand espace que ce dernier offrait, c'était un lieu qui n'était pas très fréquenté à cause d'un incident qui s'y était déroulé quelques années plus tôt. En effet, deux élèves, épris l'un de l'autre mais dont les familles respectives ne désiraient pas qu'ils furent ensemble, s'étaient jetés tous les deux dans le vide, à la Romeo et Juliette. Ils étaient morts sur le coup. Depuis lors, l'endroit avait perdu de sa popularité auprès de tous les élèves.

Tous les élèves, exceptés Ymir et Viola.

C'était d'ailleurs ce fait qui rendait cet endroit si attrayant à leurs yeux, car ils savaient qu'ils ne risquaient pas d'être dérangés.

Ymir balaya le lieu du regard, à la recherche de sa « partenaire de malheur », comme ils avaient tendance à s'appeler. Il ne mit pas longtemps à la trouver. Elle était adossée à la rambarde, les mains en croix, comme si elle s'apprêtait à faire le grand saut. Sa peau était d'une blancheur très pale. En la voyant, elle semblait presque irréelle. On aurait dit qu'elle sortait tout droit d'un rêve.

Ymir sourit, d'un sourire qui se limita à ses lèvres mais qui n'atteignit pas ses yeux.

Alors qu'il marchait tout doucement vers elle, les longs cheveux blonds de Viola se mirent à virevolter sous l'effet de la brise hivernale, amplifiant davantage cette aura fantomatique qui se dégageait d'elle.

Il faisait beau mais froid, de la même manière que le monde était beau mais aussi cruel.

Ymir s'arrêta juste derrière elle. Et il attendit.

–Sais-tu pourquoi le fait d'aimer quelqu'un est si attirant ? dit Viola sans se retourner.

Voyant que Ymir ne répondait pas, elle abaissa lentement ses mains et se tourna vers lui. Ses yeux étaient d'un bleu océan, et tout comme l'océan, ils abritaient des secrets qui passaient inaperçus pour la plupart des gens. Sauf pour Ymir.

–Parce qu'aimer fait mal, dit-elle. Nous, les humains, sommes attirés par ce qui nous fait souffrir. Même si nous prétendons le contraire.

Comme si ses paroles contenaient une sorte de signal, Ymir se rapprocha. Viola fit de même.

Ils se regardèrent pendant plusieurs secondes sans rien dire, captivés, semblait-il, par l'iris de leurs yeux.

Puis, comme s'ils venaient de recevoir un autre signal, ils s'abaissèrent pour saisir leurs sacs respectifs qu'ils avaient déposé à même le sol. Ils en sortirent des perruques. Celle d'Ymir était blonde et longue, semblable aux cheveux de la fille dont il s'apprêtait à endosser le rôle. Celle de Viola, quant à elle, était courte et brune, tout comme le garçon qu'elle représentait. Ils les enfilèrent au même moment en gardant les yeux fixés sur le sol. Ensuite, d'un même mouvement, ils levèrent lentement, très lentement leurs têtes.

Ce fut Viola qui se pencha la première, mais elle s'arrêta à mi-chemin, laissant ainsi le soin à Ymir de la rejoindre.

Quand ils s'embrassèrent, leur baiser fut un comme un feu d'artifice : beau, éclatant, éphémère.

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