Deciding

A la fin de cette journée éprouvante, Ymir suivit sa partenaire de malheur chez elle, n'ayant aucun autre endroit où aller.

Le trajet dans la voiture fut silencieux. Perdus dans leurs pensées, ils observaient les gens sans vraiment les voir. Le ciel était semblable à leur humeur : morose et terne.

A quelques rues de la maison de Viola, il se mit à pleuvoir. Faiblement d'abord puis de plus en plus fort.

Lorsqu'ils émergèrent de la voiture, ils prirent leur temps pour entrer dans la maison. Le chauffeur leur avait proposé un parapluie mais Viola lui avait répondu que cela irait. Ce dernier avait quand même tout fait pour les déposer le plus près possible de la porte d'entrée.

La mère de Viola n'était pas encore rentrée. Généralement, elle arrivait tard le soir, sauf dans de rares cas. Son cabinet d'avocats était très réputé et son poste d'associée très convoité, ce qui l'emmenait à travailler d'arrache-pied pour conserver sa position mais aussi pour préserver la bonne réputation de son cabinet.

Viola soupçonnait que c'était une autre des raisons qui avaient poussé son père à les abandonner. Elle était très souvent absente et les rares fois où elle était là, elle voulait toujours tout contrôler au point que son père avait fini par en avoir marre.

Viola commença à monter les escaliers tout doucement, Ymir sur ses talons.

Ils laissaient tous les deux de petites gouttes d'eau sur leur passage et ni l'un ni l'autre n'en avait cure.

Viola entra dans sa chambre et laissa la porte ouverte. Ymir qui était resté un peu en retrait la rejoignit quelques secondes plus tard. Il marchait la tête baissée.

Il referma la porte derrière lui et leva les yeux.

Viola se tenait devant lui, vêtue en tout et pour tout de ses sous-vêtements.

-Viens, lui dit-elle en lui tendant sa main droite.

Sa voix était un doux murmure et agit sur Ymir comme une sorte d'enchantement. Il ôta sa chemise bleu ciel, son jean noir et les déposa à même le sol.

-Ferme la porte à clé.

Ymir s'exécuta.

Il s'approcha d'elle, le son de ses pas masqués par le bruit infernal que faisait la pluie dehors.

Il prit la main qu'elle lui offrait. Sans plus attendre, elle se jeta sur lui et l'embrassa. C'était la première fois qu'ils se retrouvaient quasiment nus l'un en face de l'autre.

-Attends..., dit Ymir en se dégageant doucement. Et les perruques ?

-Plus besoin, lui dit Viola les yeux larmoyants. Ils ne veulent pas de nous...

Ymir lui caressa le visage et en profita pour essuyer ses larmes.

-Tu veux vraiment le faire ?

-Oui, dit Viola. Je veux ressentir autre chose que ce que je ressens en ce moment.

-Mais... je ne suis pas... tu n'es pas...

-Je sais, le coupa-t-elle. C'est justement pour ça que je veux le faire avec toi. Tu es celui qui me comprend le mieux, mon partenaire de malheur... De toute façon, qu'est-ce qu'on a à perdre... ?

Elle sourit alors que ses yeux se remplissaient de larmes à nouveau.

-Rien, répondit Ymir.

Et il entreprit d'explorer la bouche de son amie un peu plus en profondeur.

*

La dysphorie post-coitale.

Beaucoup de gens l'expérimentent juste après un rapport sexuel. Chez certains, elle se manifeste par de l'anxiété, chez d'autres elle prend la forme d'un dégoût ou d'un coup de blues.

Pour Ymir et Viola, cependant, leur premier rapport sexuel eut l'effet totalement opposé.

Ils expérimentèrent une sorte de paix qu'ils n'avaient jamais connu auparavant. Viola se rappela un verset de la Bible que sa mère lui lisait souvent quand elle était plus petite :

« Et leurs yeux s'ouvrirent et ils virent qu'ils étaient nus... »

Ses yeux s'étaient, en effet, ouverts et elle était sûre que Ymir, de son côté, ressentait la même chose.

Pour s'en assurer, elle tourna la tête vers lui. Il tourna la sienne au même moment. Il sourit. Elle lui sourit en retour.

Tout était clair.

Il lui prit la main qu'il serra doucement. Elle lui rendit son étreinte.

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