Le vent du changement
Un tourbillon de couleurs et de sensations envahit Aurore. Le vent glacial lui fouette le visage tandis que le sol, légèrement givré, lui brûle les pieds. Elle ouvre les yeux, éblouie par les lumières des réverbères à gaz. Des calèches tirées par des chevaux trottinent sur la chaussée. Les passants, élégants dans leurs hauts-de-forme et leurs longues robes, se croisent en murmurant, leurs voix s'élevant au-dessus du cliquetis des sabots. Fermant les yeux, Aurore se pince le bras. La douleur vive la ramène à la réalité, ou plutôt à cette nouvelle réalité. Elle observe un court instant la rue, les passants et les calèches, pensante. Puis, elle doit se rendre à l'évidence : elle était bel et bien dans la rue représentée par le tableau, mais comment a- t-elle pu se retrouver là ? Un frisson la parcourt. Tout semble si réel, et pourtant...
Elle reste un moment immobile sur le trottoir, le cœur battant à tout rompre. Comment était-ce possible ? Elle venait de quitter sa chambre pour se retrouver... ici. Un frisson la parcourt, un mélange d'excitation et de peur. Le temps passait et Aurore était toujours là, sur le même trottoir à côté de la même route. Elle se rendit alors compte qu'elle avait les bras gelés. Aurore se les frotta, essayant de se réchauffer. Pendant qu'elle réfléchissait, elle prit alors conscience qu'elle n'avait ni abri, ni nourriture.
La nuit tomba et Aurore se réfugia sous un porche, tirant ses genoux à sa poitrine. De son abri, Aurore regardait les étoiles qui scintillent dans le ciel noir. D'habitude, la vue des étoiles la rassurait, mais aujourd'hui, elles ne parvenaient pas à lui apporter du réconfort. Un soupir s'échappe de ses lèvres. Elle est seule, perdue, affamée, à des milliers de kilomètres de chez elle. Elle voit un couple et une question apparaît dans sa tête : Et si elle allait leur demander où elle était ? Elle se relève et s'approche du couple, quand elle intercepte un regard de l'homme, un regard surpris et inquiet. Et l'homme s'empresse d'emmener sa femme loin, comme si Aurore est dangereuse. La jeune fille se regarde et regarde ensuite le couple. Et elle comprend : elle portait un jean noir, un pull blanc et des chaussures blanches alors que les autres passants sont habillés de robes ou de haut-de-formes. Elle portait une tenue qui n'existait pas ici, là où elle vient d'atterrir. Elle se retourne alors sous le porche, par peur des réactions d'autres passants.
Soudain, elle entend un bruit. Un toussotement dans l'obscurité. Aurore se blottit davantage sous le porche, le cœur battant à tout rompre. Ses yeux s'adaptant à l'obscurité, elle observa la personne. C'est un homme, plutôt grand et mince. Il était enveloppé d'un manteau noir taché et troué à certains endroits. Son visage, caché par un chapeau à larges bords, était impossible à distinguer. Il s'arrête à quelques mètres d'elle et toussa de nouveau.
-Avez-vous froid, mademoiselle ? demande la voix grave de l'homme.
Aurore recule un instant, surprise. Elle hoche finalement la tête, incapable de parler.
-Venez, je vais vous offrir un peu de chaleur.
L'homme lui tend la main. Aurore hésite un instant avant de la saisir. Elle se lève doucement, tremblante de froid, et le suit, se demandant où cette étrange aventure allait la mener.
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