L'homme conduit Aurore à travers les étroites ruelles de la ville, jusqu'à une petite maison de briques rouges. Il ouvre une porte en bois et ils pénètrent dans un couloir sombre et humide, éclairé par deux ou trois bougies vacillantes. Au bout du couloir, une porte s'ouvre sur une pièce chaleureuse et accueillante. Un feu crépite dans la cheminée, et une odeur de pain frais et de vin embaume l'air.

-Bienvenue chez moi, mademoiselle, dit l'étranger en enlevant son chapeau. Je suis Edward.

Aurore, surprise, regarde Edward. Son visage, éclairé par la lumière du feu, est plus jeune qu'elle ne l'avait imaginé. Ses yeux sont d'un marron foncé et son sourire est doux. Elle se demande, malgré son accueille et son doux regard, si elle peut lui faire confiance.

-Je sais que vous devez avoir beaucoup de questions. Asseyez-vous et je vais essayer d'y répondre.

Aurore s'effondre presque dans le fauteuil moelleux indiqué par Edward, les muscles tendus. Le crépitement du feu et la chaleur réconfortante qui l'enveloppait lui procurent un bref instant de répit. Elle ferme les yeux, tentant d'oublier le frisson qui la parcourt. Malgré la gentillesse apparente d'Edward, un doute tenace persiste.

Edward regardait Aurore, certainement attendant qu'elle pose des questions. Devant le regard insistant de l'artiste, Aurore demande :

-Qui es-tu ?

-En voilà, une bonne question ! Je m'appelle Edward Shield, j'ai 36 ans et je suis peintre.

-Peintre ? Mais où sont vos tableaux, monsieur Shield ? demande Aurore en parcourant la pièce des yeux. Je n'en vois nulle part !

La prudence qui l'avait guidée jusqu'alors s'évanouissait, emportée par un flot de curiosité. La curiosité apparente de la jeune fille arracha un sourire au peintre. Aurore regarde Edward d'un air interrogateur, attendant sa réponse. Le peintre se lève sans rien dire. Il se dirige vers un coin obscur de la pièce et s'arrête devant une grande armoire en bois. Il se tourne vers la fille et lui dit :

-Tu as raison, ils ne sont pas ici. Viens donc, je vais te les montrer.

D'un geste délicat, il déplace l'armoire, révélant une porte dissimulée. Il se tourne de nouveau vers Aurore, l'invitant à le suivre du regard. Aurore s'avance donc vers lui, la curiosité grandissante. Derrière la porte, une pièce était éclairée par une seule bougie. Sur les murs se trouvaient des tableaux, de nuances différentes. Certains étaient tristes avec leurs couleurs froides et d'autres, peints avec des couleurs vives, étaient joyeux. Certains représentaient des paysages étranges, venant d'un autre monde, tandis que d'autres représentaient des portraits d'hommes, femmes et enfants. Aurore se tenait devant un tableau représentant une femme aux yeux noirs, d'une beauté envoûtante et mélancolique. Son regard semblait vivant, le suivant où qu'elle aille. Un frisson parcourut la jeune fille, elle avait l'impression de connaître cette femme, comme si elle l'avait déjà vue quelque part. Soudain, un détail attira son attention : une petite marque, une tache de couleur sombre, au coin de l'œil gauche. Aurore se pencha en avant, l'œil plissé. Elle avait l'impression d'avoir déjà vu cette marque...