chapitre 5
En attendant leur retour, elle s'assit contre la rambarde et ne quitta pas l'entrée de l'île des yeux.
« J'aurais dû comprendre qu'il s'agissait de vous. » dit Gibbs alors que le navire était plongé dans un silence anxiogène.
« Je vous demande pardon ? »
Esmée se tourna vers lui et l'interrogea du regard.
« Quand j'ai rencontré Jack, il m'a parlé d'une femme qu'il avait perdue avec le Pearl. Il n'a jamais voulu me dire son nom. Aujourd'hui cela me paraît clair : il s'agissait de vous. »
Esmée baissa les yeux. Jack avait donc pensé à elle, il ne l'avait pas complètement oubliée. Cette idée lui réchauffa le cœur et elle camoufla son maigre sourire.
« Et qu'a-t-il dit à mon sujet, exactement ? »
« Jack ne m'a pas raconté grand-chose de ses années de capitaine. Simplement qu'un membre de son équipage, une femme, était restée à bord contre son gré lorsqu'il avait été abandonné sur l'île. Je lui ai demandé s'il tenterait de la retrouver, mais il m'a expliqué qu'elle était sûrement perdue, emportée par la malédiction. »
« Il croyait que j'étais restée à bord du Black Pearl. »
Bien évidemment. Comment aurait-il pu savoir qu'elle s'était enfuie seulement quelques jours après la mutinerie ? Cela expliquait donc peut-être pourquoi il n'était pas parti à sa recherche toutes ces années. Il la croyait condamnée.
Esmée secoua la tête. Non. Jack était un homme solitaire. Il l'avait oubliée aussitôt qu'il s'était extirpé de l'île. Il n'avait eu besoin d'elle qu'un temps, et cette époque était désormais révolue. Tous deux avaient pris des chemins différents qui ne se croisaient jamais, ou du moins qui ne suivaient plus la même direction.
Esmée ferma les yeux et imagina quelques secondes la vie qu'elle aurait pu avoir si Jack avait su, s'il était venu la chercher. Serait-elle toujours pirate, voguerait-elle encore à ses côtés ? Où seraient-ils aujourd'hui ?
Elle prit une longue inspiration et chassa ces idées idiotes de ses pensées. Elle n'était plus pirate : elle était une couturière renommée de Port-Royal qui respectait la loi. Elle aimait sa nouvelle vie et ne l'échangerait pour rien au monde. Maintenant qu'ils étaient sur le point de sauver Elizabeth, elle allait enfin pouvoir rentrer chez elle et faire comme si elle n'avait jamais croisé Jack. C'était mieux ainsi.
...
1 heure passa sans nouvelle de Jack ou Will. Hormis les vagues, rien ne bougeait autour d'eux. Anamaria proposa d'aller jeter un œil, et bien qu'elle commençât à s'inquiéter, Esmée refusa : s'ils se faisaient remarquer, ils étaient tous morts. Jack savait ce qu'il faisait, ils devaient prendre leur mal en patience.
Enfin, après une autre heure qui parut durer une éternité, Esmée aperçut une barque s'approcher doucement du navire. Elle reconnut la silhouette de Will et celle d'une jeune femme. Jack ne semblait pas les accompagner. Esmée se leva aussitôt, poussée par le soulagement, et trouva Gibbs et Anamaria.
« Will est là ! » s'exclama-t-elle. « Vite, remontez-le ! »
Elle aida Gibbs à jeter l'échelle par-dessus le bastingage et lorsque Will eut mis pied sur le navire, elle se jeta dans ses bras. Le garçon la serra contre lui et lui sourit.
« Tu as réussi à t'en sortir ! » dit-elle.
« Tu avais raison, Jack avait l'intention de me livrer à Barbossa. Heureusement que tu m'as prévenu. »
Esmée se tourna vers la demoiselle qui l'accompagnait et lui sourit. Elle comprit pourquoi Will avait succombé à son charme : ses longs cheveux blonds et ses traits du visage qui semblaient avoir été sculptés par un artisan amoureux de sa muse lui donnaient un air de princesse.
« Bienvenue à bord, mademoiselle Swann. » lui dit Esmée.
« Je vous reconnais, vous avez essayé de me sauver à Port-Royal ! » s'exclama cette dernière.
« En effet. » sourit Esmée.
« Hé, Will ! » coupa Gibbs. « Où est Jack ?"
« Jack ? Jack Sparrow ? » s'exclama Elizabeth.
Will jeta un coup d'œil à Esmée qui hocha la tête. C'était mieux ainsi pour lui, Elizabeth et elle.
« Resté sur place. »
Will serra Elizabeth contre lui et l'emmena se reposer dans les appartements. Les visages atterrés des matelots se tournèrent vers Esmée. Celle-ci les interrogea du regard, puis comprit. Ils attendaient qu'elle donne les ordres.
« Quoi ? On applique le Code ! On rentre à Port-Royal. »
Un lourd silence se fit, puis Anamaria cria les premiers ordres et l'équipage s'activa. Esmée se dépêcha d'aller rejoindre Will au fond du navire. Celui-ci était en train de soigner la main entaillée d'Elizabeth.
« Vous ont-ils blessée ? » demanda Esmée en s'asseyant à côté d'eux.
« Très légèrement. Je m'attendais à pire. »
« Que s'est-il passé là-bas ? »
« J'ai assommé Jack avant qu'il ne me livre et réussi à m'échapper avec Elizabeth. » expliqua Will en couvrant la blessure de sa bien aimée d'un bandeau noué.
« Ils se sont rendu compte que je n'étais pas la personne qu'il leur fallait, alors Barbossa m'a frappée et Will est arrivé à ce moment-là. » poursuivit Elizabeth.
« Pourquoi s'en sont-ils rendus compte que maintenant ? Cela fait des jours que vous naviguez avec eux. »
« Je leur ai dit que je m'appelais Elizabeth Turner. »
Esmée hocha la tête.
« Ils ont cru que vous pourriez les libérer de la malédiction. »
« Pourquoi avoir dit mon nom ? » s'exclama Will d'une voix dure.
« Je ne sais pas. J'avais peur qu'ils me fassent du mal s'ils découvraient que j'étais la fille du Gouverneur. »
« Ça n'a fait qu'aggraver les choses. »
« Elle ne pouvait pas savoir. » dit doucement Esmée pour apaiser la colère de Will.
Un silence s'abattit sur le trio. Will gardait le silence, comme muet par la colère. Elizabeth lui jeta un regard désolé, dégagea sa poitrine et lui tendit un collier au bout duquel pendait une pièce dorée. Esmée le reconnut aussitôt : c'était la dernière pièce qu'il fallait à Barbossa pour conjurer la malédiction.
« J'avais ça avec moi. Ils en avaient besoin pour se libérer de la malédiction. »
« La dernière pièce. »
« C'est à toi, Will. »
Le garçon le prit et le regarda comme s'il lui était étranger.
« Je croyais l'avoir perdu pour toujours le jour où on m'a sauvé. C'était un cadeau de mon père, il me l'avait envoyé. » dit-il avec un sourire nostalgique. « Pourquoi l'avoir pris ? »
« Parce que j'avais peur que tu ne sois un pirate. Ça aurait été épouvantable. »
Le regard du garçon s'assombrit. Il avait réalisé que Jack lui avait dit la vérité : son père était un pirate, et son sang coulait dans ses veines. Par conséquent, il était aussi un pirate. Il était tout ce qu'il avait toujours détesté.
« Will, c'était le sang de ton père qu'ils voulaient, le sang... »
« D'un pirate. Ils voulaient le sang d'un pirate. » coupa Will d'une voix tranchante.
« Ça n'a aucune importance. » dit Elizabeth.
« Ça en a une pour moi. J'ai toujours cru que... »
« Esmée, le Pearl gagne sur nous ! » s'écria Gibbs depuis l'escalier.
Le trio se leva aussitôt et rejoignit l'équipage sur le pont. Derrière eux, les voiles noires du Black Pearl les menaçaient et semblaient à seulement quelques minutes de les rattraper.
« Ils sont venus pour le médaillon. » dit Esmée à Elizabeth qui l'accompagnait.
« On a le bateau le plus rapide des Caraïbes ! »
« Tu leur diras ça quand ils nous auront rattrapés ! » lui cria Anamaria derrière la barre.
« Il faut alléger le bateau ! » dit Esmée.
« Comment ça ? »
« Notre ligne de flottaison est basse : il faut qu'on essaie de les semer sur les hauts fonds ! »
« Et comment saurais-tu ça ? » demanda Anamaria avec un ton suspicieux dans la voix.
« J'ai été entrainée par les meilleurs pirates ! Allez ! On ne peut pas se permettre de perdre du temps ! »
Anamaria fit signe à Gibbs d'obéir et il alla répéter les ordres à l'équipage. Esmée aida Elizabeth à jeter à la mer les caisses de nourriture, les boulets de canon et le matériel qui les ralentissaient. Lorsqu'elle jeta un coup d'œil au Pearl, celui-ci s'était considérablement rapproché et les talonnait presque.
« C'était un bon plan. Jusqu'ici. » dit Anamaria, un ton défectueux dans la voix.
« Il faut qu'on se défende ! » s'écria Will. « On doit se battre ! Chargez les canons ! »
« Et avec quoi ? »
« N'importe quoi ! Tout ! Tout ce qu'il nous reste ! ».
« C'est de la pure folie... » murmura Esmée.
« Nous n'avons pas le choix ! »
Les quatre compagnons gardèrent le silence, puis Gibbs hocha la tête.
« Chargez les canons ! Cartouches, clous et verres pillés ! Et que ça saute ! » cria-t-il à l'équipage.
« Si on meurt je te tue, Will ! » dit Esmée à ce dernier.
Esmée descendit au sous-sol prêter mains fortes aux matelots et jeta dans les canons vaisselles et bouteilles de rhum. Lorsqu'elle eut fini, elle remonta retrouver Anamaria.
« Jette l'ancre à tribord ! » lui cria-t-elle.
« Ça les surprendra ! » renchérit Will.
« Tu es folle ! Vous êtes tous les deux complètement fous ! »
« Aussi fous que Jack ! » s'exclama Gibbs. « Allez ! »
Aidée de Will et Elizabeth, Esmée jeta l'ancre qui heurta un rocher. Elle fit signe à Anamaria de lâcher le gouvernail et soudain, le navire vira de droite. Esmée s'accrocha à une corde pour ne pas passer par-dessus le bateau et regarda le Pearl se rapprocher. Bientôt, les deux navires se faisaient face.
« Maintenant, on fait nos prières... » murmura-t-elle.
Une fois que les deux bâtiments furent situés à la même hauteur, Will fut le premier à donner le feu vert.
« FEU ! »
« FEU ! » répéta Elizabeth.
« FEU ! »
Les canons explosèrent aux oreilles d'Esmée et vinrent démolir le bateau. Évitant les corps projetés contre elle et les bouts de bois qui manquaient de l'atteindre, elle attrapa un fusil, s'agenouilla et tira sur les adversaires avec précision.
« Trouvez d'autres idées ! » s'écria Gibbs à ses côtés.
« A votre tour ! »
« Livrons-la, elle ! » rugit Anamaria en empoignant violemment Elizabeth.
« Ce n'est pas elle qu'ils veulent... » dit Will.
« Attendez ! Où est le médaillon ? » s'écria Esmée.
Will réagit au quart de tour et partit à la recherche du bijou. Au même moment, un canon du Black Pearl s'écrasa sur l'un des mâts et celui-ci pencha, puis s'écroula sur le Pearl dans un vacarme assourdissant. Lorsque les premiers membres de l'équipage adverse abordèrent l'Intercepteur, Esmée troqua son fusil pour une épée et s'élança à la charge. Elle abattit ses premiers adversaires avec une habilité qu'elle ne se connaissait plus. Autour d'elle, l'Intercepteur était devenu un véritable champ de bataille : les canons détruisaient le navire tandis que les pirates se livraient un combat éprouvant.
Quelqu'un attrapa violemment le coude d'Esmée ; elle se retourna pour lui donner un coup, mais quelqu'un avait été plus rapide et bloqua la main qui tenait l'épée destinée à frapper Esmée.
« Ce n'est pas très galant. » dit Jack.
Esmée profita de la surprise du pirate pour le frapper en plein visage et le pousser par-dessus l'Intercepteur. Elle se tourna vers Jack et dissimula son soulagement derrière un visage renfermé.
« Comment as-tu fait pour t'échapper ? »
« Où est le médaillon ? » dit-il à la place.
« C'est bien tout ce qui t'importe ! »
« Où est-il ? »
« J'en sais rien... Eh, où vas-tu ? Jack ! Lâche ! »
Le pirate s'était sauvé de l'autre côté du navire, à la poursuite du singe de compagnie de Barbossa. Esmée jura et reprit le combat, mais les pirates étaient bien trop nombreux. Bientôt, elle se sentit dépassée par le nombre et battit en retraite. Les survivants de l'Intercepteur furent encerclés par les membres de l'équipages du Pearl et attachés au mat. Esmée et Jack, eut, furent retenus par un des pirates. C'est là qu'elle remarqua que Will n'était pas parmi eux, et fut prise d'inquiétude : était-il resté sur l'Intercepteur, était-il... mort ?
« Si l'un de vous pense seulement au mot « pourparlers », je porte ses tripes en jarretelles ! » dit Pintel en les menaçant de son pistolet.
De l'autre côté, l'Intercepteur explosa. Esmée lâcha un hoquet et dut faire violence pour ne pas se jeter au cou du capitaine qui se retourna.
Esmée retint sa respiration : Barbossa n'avait pas changé, hormis qu'il avait le visage tiré par les années et le regard froid, il était le même que celui qu'elle avait fui. Mais elle ne trembla pas : il ne lui avait jamais fait peur.
Elizabeth se libéra et tenta de le frapper, mais le pirate fut plus rapide et l'immobilisa.
« Heureux de vous revoir ! Vous avez abusé de notre hospitalité, il est logique que nous fissions de même ! » dit-il avec un sourire carnassier sur le visage.
Le pirate la poussa contre son équipage qui s'empressa de toucher son visage et ses vêtements comme des animaux dans des grognements sauvages. Elizabeth se mit à crier et une colère explosa dans le ventre d'Esmée.
« Lâchez-la ! » hurla-t-elle.
Les matelots interrompirent leurs mouvements et Barbossa fit volte-face. Lorsqu'il la reconnut, un petit sourire amusé se dessina sur ses lèvres. Esmée garda le visage fermé, habitée par une colère noire. Cela faisait des années qu'elle ne l'avait plus vu, et maintenant qu'il se trouvait devant elle, elle comprenait seulement ce que signifiait haïr un homme.
« Esmée... Cela fait longtemps. Tu n'as pas changé... » dit-il en s'approchant d'elle.
Comme tout réponse, elle lui cracha au visage. Le pirate perdu aussitôt son sourire, s'essuya la joue et fit un signe à son équipage.
« Si c'est comme ça, tu subiras le même sort que mademoiselle Swann ! »
Les matelots se mirent à ricaner et l'empoignèrent. Esmée agita les mains et les jambes pour se débattre dans des cris effrayés tandis que Barbossa l'observait avec un sourire satisfait sur les lèvres.
« Barbossa ! Libère les ! »
La voix de Will interrompit les pirates. Esmée souffla, soulagée : elle avait craint que la mort ne l'ait emporté avec l'Intercepteur. Celui-ci se tenait droit devant le capitaine du Pearl, pistolet pointé dans sa direction.
« Qu'as-tu en tête, petit ? » ricana Barbossa.
« Libère-les ! » répéta-t-il d'une voix ferme.
« Mais tu n'as qu'une balle et on ne peut pas mourir. »
Esmée sentit Jack s'agiter à côté d'elle.
« Ne fais rien de stupide... » souffla-t-il à Will en joignant les mains.
« Vous, non. Moi, si ! » reprit Will en pointant l'arme contre sa tempe.
Esmée lâcha un hoquet de surprise, Jack leva les yeux au ciel.
« ... de ce genre... » marmonna-t-il.
« Qui es-tu ? » demanda Barbossa.
« Personne ! » s'exclama Jack en se plaçant entre le pirate et Will. « Un lointain cousin du neveu de ma tante... au 2ème degré... Un chanteur divin. Un eunuque. »
Esmée roula des yeux. Voilà qu'il recommençait !
« Je m'appelle Will Turner. Mon père était le bottier Bill Turner ! Son sang coule dans mes veines ! »
Il eut des exclamations parmi l'équipage.
« C'est le portrait craché de Bill, revenu nous hanter ! » s'exclama Ragetti.
« Obéissez à ce que je dis, ou alors j'appuie sur la détente et rejoins l'Antre de Davy Jones ! »
Barbossa considéra son offre quelques secondes : sans lui, il ne se libérerait jamais de la malédiction. Il était obligé d'accepter.
« Vos revendications, monsieur Turner ? » demanda-t-il.
« Libérez Elizabeth ! »
« Nous l'avions compris, ça. Autre chose ? »
Esmée vit Jack se pointer du doigt avec insistance.
« Ne touchez pas Esmée ! »
« Très bien, si c'est tout... »
Jack recommença.
« Et l'équipage ! Qu'on ne leur fasse aucun mal ! »
« Entendu. »
Esmée n'apprécia pas le sourire qui se dessina sur les lèvres de Barbossa ; cela n'augurait rien de bon.
Effectivement, une heure plus tard, alors qu'ils étaient toujours retenus, ils approchèrent d'un îlot perdu et les pirates sortirent la planche. Esmée comprit : ils allaient abandonner l'équipage au milieu de l'océan.
Barbossa fit signe à son équipage d'amener Elizabeth. Celle-ci tenta de se débattre, mais leur prise était trop serrée : elle se trouva les deux pieds sur la planche, pratiquement dans le vide, poussée par les armes des pirates.
« Barbossa, sale menteur ! Vous aviez promis de la libérer ! » hurla Will, bloqué par les pirates.
« N'attaque pas mon honneur ! J'ai accepté de la libérer, mais tu n'as pas dit quand ni où. » répliqua celui-ci avec un amusement dans la voix.
Les ricanements des pirates suffirent à faire taire Will. Esmée était emportée par une telle rage que si l'un des truands ne la maintenait pas avec une telle poigne, elle se serait jetée au cou de Barbossa.
« Quel dommage de perdre pareille merveille, n'est-ce pas ? » reprit le capitaine. « Je vais donc récupérer la robe. »
De mouvements secs et d'un regard froid, Elizabeth se débarrassa du vêtement et l'envoya au visage de Barbossa qui le passa à son équipage. Elle se retrouva en robe à dentelle blanche, sous les sifflements des pirates.
« Elle est assortie à votre cœur. » lança-t-elle d'une voix sèche.
Elle s'avança de nouveau doucement sur la planche, encouragée par les ricanements et les cris moqueurs. Soudain, l'un des membres du Black Pearl perdit patience, donna un coup dans la planche, Elizabeth perdit l'équilibre et tomba dans les vagues. Esmée s'agita, dévorée par la colère.
Ce fut au tour de Jack. Lorsqu'il arriva au niveau de la planche, il se tourna vers Barbossa.
« J'espérais vraiment qu'on avait dépassé ça. » dit-il.
Barbossa eut un ricanement et s'approcha de lui.
« Jack ! N'as-tu pas remarqué ? C'est l'île dont nous t'avons nommé Gouverneur la dernière fois. »
« J'avais remarqué. »
« Tu concocteras peut-être une autre évasion miraculeuse, mais j'en doute... »
Barbossa brandit son épée et obligea Jack à avancer sur la planche.
« Saute ! »
« L'autre fois tu m'as laissé un pistolet et une balle. »
« C'est pourtant vrai ! Où est le pistolet de Jack ? Apportez-le ! »
« On est deux. Un gentleman nous laisserait deux pistolets. »
« Un seul ! A toi d'être gentleman en tuant la dame et en te laissant mourir de faim... »
Barbossa jeta le pistolet par-dessus bord : Jack plongea aussitôt et disparut dans les eaux. Le cœur d'Esmée se serra dans sa poitrine, et elle fusilla Barbossa du regard. Comme elle avait la bouche ligotée, il lui était impossible de l'insulter, mais elle n'en pensait pas moins.
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