Chapitre 2

Pov Quent :

Je fixais intensément le mur pâle qui se dressait en face de moi, celui qui m'isolait depuis de longues années, allongé sur mon matelas trop dur, les bras croisés derrière ma tête.

Amelia. Amelia. Amelia.

Ce nom revins me persécuté jour et nuit, résonnant dans ma tête comme une litanie sans fin, vibrant toujours plus fort dans mes souvenirs saccagés.

28 juin 2010.

Six ans s'était écoulés depuis la mort d'Amelia : j'avais toujours l'impression qu'il s'agissait d'hier.

Je pouvais presque sentir l'odeur rouillée de son sang, regardé l'étincelle vivace de ses yeux bleus s'éteindre.

Un coup brusque à ma porte blindé me fit détourner les yeux.

C'était l'homme.

Les yeux menaçant, le grognement audible et les sourcils froncés, celui que je surnommais "Killer" jeta mon plateau-repas contre le sol, faisant s'entrechoquer mon bol de bouillit fumante qui se renversa contre terre.

C'était Killer qui m'avait évacué ce soir là. C'était lui qui avait claqué mon corps contre la portière de sa voiture de service. Et c'était Killer qui m'attrapait grossièrement par le col pour m'emmener dans le quartier des douches.

- Lève-toi. -me dit-il sèchement.

Je m'exécuta lentement et le laissa me menotter, croisant mes bras derrière mon dos en silence.

Nous passâmes devait les autres cellules, toutes occupées, et je les laissa me hué, gardant ma posture droite, le regard toujours droit devant moi : je les connaissais tous, me rappelaient de leurs habitudes, de leurs surnoms, de leurs tempéraments... et même de leurs histoires.

Nous arrivâmes rapidement dans le quartier des douches où je fus poussé jusqu'à buter contre un savon et manquer de tomber.

Killer me détacha et s'adossa contre la porte, haussant un sourcil : les moments d'intimité m'étaient interdit ici.

Je regardais toutefois autour de moi, scrutant les environs : je savais que la gardienne de cette prison avaient pour but de ramasser ces foutus savons et je voulais lui épargner cette épreuves. Les femmes avaient beaucoup de courage.

Je me déshabilla en vitesse, passant mon corps sous le jet d'eau froide avant de frotter consciencieusement ma peau.

Une main dans mes cheveux, m'octroya un moment de répit et inspira profondément.

Amelia.

Le sol sous mes pieds semblait devenir un gouffre noire et, amère, je releva la tête : penser à elle était devenu un supplice.

Deux minutes plus tard, je me sécha rapidement, avant d'enfiler ma combinaison.

- Je me demande ce qui me retient de te passer au tabac. -me dit la voix de Killer à ma droite.

Je le regarda, lui et son rictus moqueur, lui et ses yeux noirs, lui si sûr de ce qu'il était.

- Depêche-toi le démon ! Il n'y a pas qu'une ordure comme toi dont je dois m'occuper.

Je resta de marbre, cherchant à l'agacer.

Visiblement excédé, Killer m'attrapa par les épaules et me menotta de force, broyant mes avant-bras avant de cogner ma tête contre la serrure, tirant ma tête vers le bas, faisant courber ma nuque.

C'était une position vulnérable de soumission que je n'accepterais jamais.

- Toujours aucun mot, hein ? Tu es un petit coriace toi ! Ne t'inquiète pas : j'arriverai à te faire parler. Et ce jour-là, je t'apprendrais comment supplier pour avoir tué Amelia Smith !

Mes pensées s'évanouirent.

Amelia.

"- AMELIA ! AMELIA !

- Non, je t'en supplie, non !

- AMELIA !"

Amelia. Amelia. AMELIA.

Mon corps chuta brutalement, tombant sur une surface dur : retrouvant mes esprits, je retrouva le fond de ma cellule. La trente-huitième de sa rangée.

Je ne mettais jamais vraiment débattus : je tenais à ce calme tourmenté qui me caractérisait.

"Je fus violemment tiré de la voiture de service, courant presque afin de garder le rythme infernal que m'imposait l'homme à la poigne de fer.

- Plus vite, ordure ! Avance plus vite ! -m'ordonna t-il en aboyant presque.

L'esprit presque déconnecté de la réalité, je me laissa entrainé, ébahie, les pensées rationnelles mourant sous la lame tranchante de ma raison torturée.

Tout les pores de ma peau hurlaient le nom d'Amelia.

AMELIA !

Je regardais mes mains ensanglantées, ne réalisant toujours pas, les fixant, les yeux écarquillés tendis qu'elles tremblotaient frénétiquement.

C'est un cauchemar, tu vas te réveiller. Allez, fait encore un petit effort... Réveille-toi.

J'entrais sans le savoir dans ce qui serait mon enfer éternel ; on me jeta sans ménagement derrière les barreaux, la grille se fermant dans un couinement aigu tendis que me recroquevillait sur moi-même.

Tout ce sang sur mes vêtements, cette odeur autour de moi, ce silence de mort... C'était plus que je ne pouvais supporter.

- Regarder le ! Le visage d'un ange, le cerveau dérangé d'un démon ! Un démon silencieux ! -s'écria le garde d'un ton ironique.

Une larme solitaire roula sur ma joue, s'évaporant sur mes mains écarlates.

Pardonne-moi, Amelia."

- Dis-moi petit, aurais-tu un peu d'eau pour moi ? -demanda une voix basse et rauque.

Je sursauta et porta mon regard sur l'homme qui se tenait dans la cellule d'en fasse : c'était un vieillard, amaigri, au regard bienveillant.

Robert.

Aucun des détenus ne connaissait son histoire : Robert était l'une des personnes les plus altruistes que j'avais pu rencontrer. Comment un homme comme lui avait pu atterrir dans un endroit pareil ? Il avait, dans mes souvenirs, toujours été sympathique avec moi, parlant pendant des heures même si je n'avais jamais répondu.

J'hochai la tête et me baissa, tâtonnant sous mon matelas, attrapant la petite bouteille d'eau minérale que je cachais par peur de manquer d'eau.

Je fis rouler la bouteille à moitié pleine, espérant que Robert puisse l'atteindre.

Cela ne fut pas le cas.

Killer l'attrapa avant qu'elle n'arrive à bon port.

Ricanant, celui-ci se tourna vers Robert qui le dévisageait avec crainte.

- On a soif, pépé ? On aimerait bien boire, c'est ça ?

Killer s'approcha des barreaux, dévissa la bouteille et renversa l'eau sur la tête de Robert qui se mit à hoqueter, fermant les yeux.

Ce n'était pas la première fois que j'étais témoin de ce genre de chose et cela ne serait surement pas la dernière : les gardiens de prison exploitaient la faiblesse des plus petits, ceux qui ne sauraient jamais comment se défendre.

C'était insupportable.

Ecœuré, enragé, je sauta sur mes pieds, poings serrés et m'approcha autant que le pus.

Killer qui s'esclaffait toujours, jeta un rapide coup d'œil sur le côté et cessa aussitôt de rire en me voyant.

- Un problème, le démon ?

Je ne répondis évidemment pas.

- J'ai dis : "un problème, le démon" ?

Je plissa mes yeux, l'affrontant en silence.

- Tu te crois peut-être supérieur, à l'abri dans ta petite cellule... mais rappelle-toi d'une chose : tu n'es pas à l'hôtel ici et nous ne sommes pas dans une de ses prisons moderne et sécurisé. Ici, nous sommes isolés et la ville la plus proche est à plusieurs dizaines de kilomètres. Personne ne vient vérifier l'état des détenus. Je pourrais faire de ta vie un enfer, le démon.

Je ne faiblis pas.

Killer s'avança à ma rencontre jusqu'à ce que son corps frôle le mien à travers les barreaux.

- Fait gaffe, le démon. Surveille tes arrières.

Nous nous jugeâmes en silence, cherchant à dominer l'autre. Pendant plusieurs longues secondes, rien ne se passa, aucun de nous ne voulait lâcher prise puis, les épaules de Killer s'abaissèrent et je le vis faire demi-tour, disparaissant dans l'ombre.

- Merci petit. -murmura Robert.

Je le fis un petit sourire et retourna à ma place, m'allongeant, fixant le mur.

Parfois, le visage d'Amelia se dessinait sur les murs pâles et le son de sa voix ricochait encore à travers les barreaux.

Les remords me persécutaient jour à nuit, encore et encore, jusqu'à ce que je me réveille en sursaut, les lèvres entrouvertes comme pour pousser un cri muet, le corps ruisselant de sueur.

C'était comme-ci, de là où elle était, Amelia le punissait toujours.


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Nouveau come-back, nouveau chapitre ! ^^

Comment l'avez vous trouvées ?

Je tiens à vous annoncées que je pars en voyage en Angleterre (Liverpool) pendant une semaine à partir de samedi et je ne sais pas si ma famille d'accueille aura la wifi ^^

A vos commentaires !

XOXO







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