Chapitre 50
Louis venait de franchir les portes du palais. Une myriade de Nobles s'était accumulé près des portes afin d'accueillir leur souverain. Le pas rapide et fière, le roi de France avançait dans les couloirs de son palais. Une horde de conseillers et de gardes l'accompagnait. Pas un bruit ne s'était fait entendre dans les couloirs depuis son arrivée. Un silence religieux courait dans les couloirs depuis la mort de la reine. Tous étaient en deuil. Bien sûr, bon nombre de nobles ne faisaient que semblant de pleurer la reine par pure crainte de la potence.
A sa suite, François, Robert et Martin suivaient le groupe d'hommes dans les couloirs. Ils entrèrent dans la salle du conseil où chacun prit une place autour de l'immense table en bois d'acajou. Le roi, lui, alla se poster à la fenêtre. Le verre reflétait sa mine froide et tirée. Il pouvait voir les lueurs des bougies dans la pièce ainsi que les visages de ses conseillers.
- Voilà que mon voyage en Bretagne s'écourte. Un rire jaune lui échappa. Cela n'arrange pas mes affaires. La reine meurt sans même prévenir. Quelle ingratitude.
François haussa le sourcil. Il savait le roi sans grand intérêt pour sa femme mais de là à l'insulter alors qu'elle était décédée relevait de la cruauté.
- Bien. Les funérailles auront lieu à la Basilique de Saint-Denis. Tout a déjà été préparé par Louise d'Orléans et le dauphin. Il se retourna vers François. J'espère qu'elle ne vous aura pas trop embêté.
- Bien évidemment que non. C'était une grande reine, il est normal que j'ai voulus organiser moi-même ses funérailles. Claude le mérite.
- Vous m'envoyez ravi. C'est une bonne chose de faite.
Robert lança un regard surpris à Martin. Le roi faisait preuve d'un tel manque de respect envers sa défunte femme qu'ils la prirent en pitié. François lui, ne montra rien. Il regardait la table devant lui. L'attitude du roi ne le choquait pas vraiment. Il connaissait Louis mieux que ses conseillers.
- Enfin, il reste encore beaucoup à faire. Les préparatifs ne font que commencer. La date vous sera communiquée à vous et au peuple dans les jours qui viennent.
- Bien votre majesté. Dit le duc de Bourbon.
François lui lança une œillade mauvaise que le Duc rata. Plusieurs autres membres du conseil hochèrent la tête, approuvant la décision du roi.
- En attendant, j'ai à vous parler. L'Angleterre, ahh... Ce voyage en Bretagne m'a permis d'en savoir plus sur la soi-disant menace que représentent les Anglais. C'est pourquoi je souhaite vous parler de cela aujourd'hui. Nous avons bien mieux à faire qu'organiser des funérailles, vous ne croyez pas messieurs ?
A nouveau, la plupart des membres du conseil acquiescèrent vivement. François se contenta d'expirer silencieusement. Le retour du roi annonçait des heures d'ennuis et de discussions vaines et inutiles. Il avait appris à ses dépens que le conseil du roi Louis XII était de loin le plus avar et inefficace de l'histoire de la royauté Française. Il avait hâte de devenir roi et de remettre les choses à leur place.
Au-delà des hommes, l'humeur était tout aussi joyeuse que celle de palais de Blois. Dans un accès de colère, Prodosia jeta sa boule de cristal au sol. Des cris de hargne sortaient de sa grande bouche violacée. Ses cheveux prenaient vie. Les mèches de cheveux se dressèrent au-dessus de son visage pour se transformer en serpents.
- Elle ne m'échappera pas longtemps ! Fantine ! L'œil dorsal de son araignée s'ouvrit dans un bruit rappelant des os qu'on écraserait.
- Oui maîtresse ?
- Que fais-tu ! J'attends encore ! LE SEIGNEUR ATTEND !
- Maîtresse, moi et Chose faisons de notre mieux...
- Eh bien ce n'est pas assez ! Je veux voir sa tête sur un piquet avant le trente-sixième jour de ce mois ! Est-ce bien clair ?!
- Oui maîtresse... Cependant, il semblerait que l'humain nous devance.
- QUOI ?! C'est hors de question ! Elle m'appartient ! Sa tête m'appartient !
- Que faire ?
- Vous êtes déjà dans le palais. Les chevaliers n'ont pas encore trouvé notre cher être d'or. Nous avons de l'avance ! Nous sommes plus forts !
A mis chemin entre les Terres Natives et plus au sud, l'archipel des Monts Dragonis, la cité survivante de Tazelug vivait comme toujours. Un antre pour tous les habitants. C'était une zone grise, là il n'y avait pas de guerre, pas de camps, pas de clans. Tazelug était connu avant tout pour Tamazight, le plus grand souk de ce monde et ses milliers de forains.
L'endroit était idéal pour qui voudrait trouver n'importe quel produit venant de n'importe quelle région. Les couleurs les plus orientales recouvraient Tamazight dans son entièreté. Tapis, épices, produits, aliments, objets en tous genres, vêtements, animaux sauvages, et même, dans les temps les plus durs, ventes d'esclaves.
Parmi la foule, un homme à la silhouette dissimulé par une robe noire et un turban s'avançait. Il n'était pas rare de voir ce genre de bandit à Tazelug. Ils constituaient le pilier de l'économie et de la société des tazelugas, habitants de Tazelug. Presque tout le zouk était recouvert de chemin de tissus de toutes les couleurs, tenant à l'abri les coureurs et les marchands du soleil de la région. L'air désertique n'effrayait pas les visiteurs, loin de là.
Les yeux sombres de l'homme bondissaient de marchands en marchands. Sur sa droite, un marchand bien particulier. L'homme ralentit sa course pour s'approcher des stands de la créature poilue.
- Toi, l'énorme chat gris ! Combien pour ces fruits ? Il pointa un panier plein de fruits noirs parsemés de taches vertes et roses.
- Ô beau voyageur, laisse-moi me présenter. Je suis Coriaux, esprit félin, dit-il d'une voix ronde et très profonde. Ces fruits sont des Zildags. Fruits défendus par les habitants de Cheïle. Je suis allé les cueillir moi-même, ô voyageur.
- Je te donne trois kapiez et demi pour l'un de ses fruits.
- Trois kapiez et demi ? Me prends-tu pour un malheureux ? Ces fruits valent au moins un stater !
- C'est ma dernière offre, gros chat ! L'homme secoua sa bourse pleine de pierres.
- Va pour trois kapiez et demi ! Allez, donne-moi mes pierres !
L'homme sortit de sa bourse en cuir une pierre précieuse ; un saphir ovale et taillé de taille moyenne. L'esprit félin lui donna son fruit et s'empressa de croquer les kapiez pour s'assurer qu'ils n'étaient pas faux.
- Doucement gros matou, tes crocs risquent de marquer la pierre.
Le vendeur le regarda à nouveau avant de lui sourire de tous ses crocs.
- Merci ô voyageur. Coriaux sera ravi de faire affaire avec toi dans l'avenir.
- Plutôt mourir !
Il ne perdit pas un instant. Il dévoila sa fine bouche et croqua le fruit. Le vendeur observa la dentition de son acheteur. Un nouveau sourire le gagna.
- Au revoir lycanthrope.
- Ne m'insulte pas !
L'homme cracha la tête du fruit encore vivante et quitta le stand du gros chat.
- Tiens donc, ce n'est pas un lycanthrope mais un métamorphe. Nous n'en voyons plus trop de nos jours. Murmura Coriaux.
L'homme l'entendit mais ne fit rien. Il continua sa route jusqu'à arriver devant une auberge d'où se dégageait l'odeur forte de l'orfèvre de Tazelug, le Nil. L'endroit était bondé de danseuses et de buveurs de Nil. La fumée spécifique au breuvage embrumait l'auberge.
Dans un recoin de la salle principale, un groupe de trois hommes jouaient paisiblement à un jeu de cartes tandis qu'une jeune fille leur servait à chacun une fameuse tasse de Nil. L'homme, discret de nature, se faufila entre danseuses, serveuses et buveurs. Dans un autre coin de la salle, l'homme vit un joueur de flute de pan, sa jeunesse n'était qu'une illusion, l'homme le savait. Tout joueur dans une auberge de Tazelug était damné à jouer à vie sans un jour pouvoir s'arrêter. Il était comme figé dans le temps. C'était l'une des mille punitions attribuées aux minables voleurs de Tamazight.
L'homme s'installa enfin à la table. Immédiatement, les têtes se tournèrent vers lui. Chacun d'entre eux souriaient à leur façon. Elijah n'esquissa qu'un fin sourire. Zadig, un magicien à l'allure astrale lui fit un grand sourire accompagné d'un mouvement de la tête en salutation. Enfin, Rade, un bouffon au visage moitié peint lui fit l'un de ses sourires les plus charmeurs.
- Te voilà enfin, lâcha ce dernier. Je commençais à m'impatienté.
- Rulia ! Ma jolie, apporte à notre ami un verre de Nil.
- Tout de suite Zadig !
Une seconde plus tard, un verre apparut devant l'homme couvert de noir. Il observa la boisson un instant puis la porta à ses lèvres. La menthe sauvage que contenait le breuvage ainsi que les fleurs d'ibiscus et les graines de dragons firent monter la fumer dans son nez. Difficilement, il toussa, tentant de faire sortir la fumée par ses narines. Les trois hommes se mirent à rire.
- Tiens, tu t'es ramolli mon ami pendant ton temps là-bas. Se moqua le bouffon.
- D'ailleurs, comment vont les choses ? questionna Elijah.
- Pour le moment, c'est sous contrôle. Cependant, les choses bougent très vite. J'ai peur de ce qui peut se passer pendant mon absence.
- Et la renarde ? Que t'a-t-elle dit ? Retorqua Zadig.
- Pas grand-chose. Si vous voulez savoir si elle est en sécurité, oui elle l'est.
- Bien, c'est l'être d'or qui compte plus que tout. Murmura d'une voix rauque Elijah.
- Tu disais avoir besoin de nous ? Reprit Zadig.
- Oui, je veux que vous m'aidiez quand nous devrons venir ici.
- Compte sur nous ! dit le magicien.
- J'ai hâte de voir si la prophétie dit vrai ! S'extasia Rade, le bouffon.
- J'aurais besoin de toute l'aide possible. En attendant, ne dites rien à personne.
Ils hochèrent tous la tête. L'homme en noir était satisfait. Il s'organisait petit à petit. Tout devait être prêt pour l'arrivée tant attendue des héros.
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Salut ! Je suis particulièrement fière de cette dernière partie. J'ai absolument adoré crée Coriaux, ce bon vieux matou ! Puis Tamazight... Ahhhh je l'imagine tellement bien *-* Ça change du domaine royal des Terres Natives que je vous montre à chaque fois. Statera est un monde très diverse et vaste ! Vous vous en rendrez compte avec le temps ;)
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