Chapitre 40
Alazaïs revenait tout juste du boudoir quand elle la vit. Elle ne comprit pas immédiatement la situation mais grâce à quelques jeunes filles restées sur le côté elles aussi, elle apprit pour la fouille. Ses yeux bleus sortirent presque de leurs orbites. Katarina n'était pas une voleuse, elle le savait. Elle devait empêcher cela, mais que faire ?
Elle se souvenue de sa conversation avec Robert et le prince quelques jours auparavant. Les deux hommes lui avaient posé des questions à propos de la jeune fille. Elle avait été choquée d'apprendre qu'ils savaient qu'elle connaissait la brune mais leur avait expliqué un peu plus en détail leur enfance au couvant. Elle avait tout de suite compris que Katrina et les deux hommes se connaissaient. Il ne lui avait pas fallu longtemps avant de comprendre qu'ils l'appréciaient. Peut-être pouvaient-ils faire quelque chose ? La jeune fille se précipita aussi vite que possible vers l'appartement privé du prince. Elle savait que Robert s'y trouvait. Il avait à faire avec le prince.
Elle ne prit pas la peine de frapper ou même d'honorer les gardes. Elle poussa les portes du bureau complètement paniqué. François, Martin et Robert sursautèrent. Ils ne s'attendaient pas à être surpris de la sorte.
- Mon dieu Robert, faite quelque chose !
- Alazaïs ?!
Robert bondit de son fauteuil et alla lui saisir les épaules. Elle pleurait à chaudes larmes.
- Ils vont lui faire du mal ! Aidez-la ! Elle ne mérite pas cela !
- Calmes-toi bon sang ! Lui ordonna Robert
- De quoi parlez-vous Alazaïs ? Demanda François.
- Mon prince, faite quelque chose. Vous seul pouvez intervenir. Votre- votre mère a ordonné une fouille dans les quartiers des domestiques ! Ils ont découvert des bijoux dans les affaires de Katarina ! Ils s'apprêtent à la châtier ! Elle hurlait désormais.
- Comment ?!
François s'était relevé si vite que son fauteuil tomba derrière lui.
- Vite ! Faite quelque chose !
- François, tu ne peux pas juste int- Commença Martin
Le prince n'écoutait déjà plus son ami. Il quitta son bureau si vite que ses amis eurent du mal à la rattraper.
- François ! Réfléchis une seconde ! Tu ne peux pas intervenir !
- Tu perds ton temps Martin, il ne t'écoute plus.
Robert n'était pas loin derrière. Il avait tenté de dissuader Alazaïs de les suivre. Il ne voulait pas qu'elle soit témoin de ce qui allait arriver à son amie d'enfance.
Dans la cour, Katarina avait été jeté au sol. Elle n'était plus qu'une loque. Elle pleurait sans pouvoir s'arrêter. La peur secouait son corps tout entier. Louise venait juste d'arriver dans la cour accompagnée d'Yselda et de Charlotte. Margueritte, elle venait tout juste d'entendre la nouvelle. Elle aussi avait rejoint la cour, comme bon nombre de nobles et quelques domestiques. Elle se tenait aux côtés de sa mère quand Katarina fut relevée par les gardes. L'un lui saisit violemment les cheveux afin de montrer son visage.
Margueritte esquissa un mouvement en arrière, surprise par la découverte de son visage. Louise était médusée. Était-ce la jeune fille qu'elle avait surprise avec François ?
Charlotte et Yselda s'avançaient vers la jeune fille. Le garde hirsute leurs tandit le bijou qu'Yselda s'empressa de saisir.
- Eh bien, cela a été rapide.
Katarina releva le regard vers Margueritte. Elle la reconnut sur-le-champ. La sœur du prince ne put soutenir son regard. La détresse qu'elle lisait dans ses lucarnes dorées lui tordit le cœur. Elle songea à son frère, comment allait-il prendre la nouvelle ? Elle se souvenait de sa réaction dans les écuries. Il allait entrer dans une rage folle.
Les larmes coulaient à flots sur ses joues tandis que son bourreau s'approchait, un fouet à la main. La peur la faisait trembler. Elle détourna le regard vers Charlotte qui baissa immédiatement les yeux vers ses pieds. Yselda, elle, lui sourit méchamment. Elle ne comprenait pas pourquoi elle se trouvait ici. Elle tenta de les supplier. Certains nobles retroussaient leur nez devant les supplications de la condamnée.
Les yeux plein de larmes, elle implora Louise de la croire. La mère du prince évalua la situation. Peut-être ceci allait-il l'éloigner de François ? Oui, il fallait qu'elle le fasse. Elle fit un signe de la main. Le garde qui tenait toujours la chevelure de Katarina la manœuvra de façon à ce qu'elle soit de dos. Les supplications de la jeune fille ne cessaient plus. Les cœurs les plus sensibles détournaient la tête. Certains se bouchaient les oreilles. Sa voix n'avait plus rien de mélodieuse. Margueritte recula jusqu'à toucher un pilier de la cour.
Dans un dernier espoir, Katarina tenta de desserrer la main qui lui arrachait les cheveux, mais il ne fit que resserrer sa poigne. Mettant un terme à l'attente, Louise ordonna froidement au bourreau de commencer :
- Allez-y.
Le bourreau se plaça devant son dos offert et brandit son fouet. D'un coup sec et précis, il donna le premier coup, extirpant un cri déchirant tout droit sorti des entrailles de la jeune fille. C'était le premier d'une longue série. Les cris de Katarina se succédaient. Entre chaque coups, elle glissait quelques supplications de plus.
- Stop !
Un coup de fouet.
- Arrêtez !
Un autre.
- Je vous en supplie !
Et encore un.
François, Martin et Robert accouraient dans les couloirs du palais. Beaucoup s'étaient posé des questions sur la direction du groupe. Heureusement, le Roi Louis n'était pas au palais. Il aurait surement empêché François d'intervenir.
Il touchait presque à son but. La cour des cachots était la plus basse, près du ravin qui se jetait dans la Loire. Le chemin était long, mais aujourd'hui, il lui paraissait interminable. Plus long encore que celui qui avait traversé à dos de cheval dans le village en feu.
Quand ils furent à quelques mètres de la cour, ils entendirent les hurlements déchirants de Katarina. Alazaïs, qui les avait bel et bien suivis, n'était pas loin derrière.
François peinait à ralentir sa course et se prit l'encadrement d'une fenêtre. Celle-ci donnait sur la cour qu'il recherchait. Il vu l'horrible scène qui se jouait en bas et reçut comme un électrochoc qui le fit se précipiter encore plus vite dans la cour. Il n'eut aucun mal à bousculer la foule. La rage venait de prendre le dessus.
- ARRÊTEZ !
Yselda fut la première à le voir arriver. Puis, toutes les femmes le dévisagèrent alors qu'il se rapprochait à grands pas. Des gouttes de sueur avaient perlé sur son front. Margueritte se rapprocha elle aussi. Elle connaissait son petit frère par cœur. Elle se doutait de ce qu'il s'apprêtait à faire.
Le bourreau ne l'avait pas entendu, ou alors il prétendait ne pas l'avoir entendu car il continuait à meurtrir le dos de Katarina qui hurlait de toutes ses forces. Martin, Alazaïs et Robert arrivaient à leur tour. Ils n'osaient bouger devant la colère de François.
Le bourreau venait de lever le bras une nouvelle fois. Alors qu'il s'apprêtait à donner le coup suivant, François intercepta le fouet avec son avant-bras. Le cuir alla découper la chair du prince tout autour de son bras et sa main. Pourtant, il ne flancha pas. La foule venait de s'exclamer à l'unisson. L'horreur se lisait sur leur visage.
- FRANCOIS !
- MON DIEU !
- AHH !
- Votre Majesté !!
De sa main intacte, il saisit le fouet et l'arracha au bourreau, qui, choqué par son acte, était pétrifié. Le sang coulait sur le bras gauche de prince tandis que derrière lui, Katarina ne bougeait plus. Le silence tomba dans la cour. Charlotte ne pouvait retirer ses yeux du bras ensanglanté de son souverain. Yselda le maudissait intérieurement. Louise semblait hors d'elle. Enfin, Margueritte, que très peu surprise se précipitait sur Katarina. Elle recouvrit ses blessures de sa cape. Alazaïs fut la seconde à sortir de sa catatonie. Elle rejoignit Margueritte. Martin et Robert n'en revenaient pas. Jamais ils n'auraient imaginé François capable d'un tel héroïsme, d'être si possessif.
Le prince se tenait droit. La posture menaçante. Son regard était glacial, plongé dans celui de sa mère. Il tentait de se calmer. La rage bouillonnait dans ses veines. Il n'était plus lui-même.
- Si vous n'étiez pas ma mère, je vous aurais déjà-
- François ! Le coupa Margueritte, outrée.
- François... Je ne comprends pas. Elle a été accu-
- Je me fiche de ce que vous pensez ! Personne ne la touche ! PERSONNE ! Aboyait-il.
- François, tu devrais te calmer. Katarina n'a pas besoin de plus d'attention sur elle, dit Robert tout bas.
- Katarina ? Demanda Alazaïs. Les trois hommes se retournèrent vers la jeune fille. Elle s'est évanouie. Conclut-elle, horrifiée.
Le prince fut le premier à réagir.
- Vous ! Il venait de désigner un garde. Faite évacuez la cour ! Tout de suite. Déclara-t-il d'un ton si calme qu'il fit trembler de peur la foule toute entière. Martin ! Celui-ci se crispa. Va trouver Cassius. Il va avoir du travail.
Martin hocha la tête pendant que les gardes exécutaient eux aussi les ordres.
- Robert, aide-moi à la retourner. Je vais la porter jusqu'à l'infirmerie.
- Bien.
Doucement, ils retournaient la jeune fille inconsciente. Le sang imbibait les vêtements du prince alors qu'il la blottit contre lui. Margueritte essayait comme elle pouvait de cacher son corps avec la cape. Alazaïs allait se cacher le visage dans le torse de Robert. Elle n'avait encore jamais vu autant de sang ni même de la chair à vif. Précautionneusement, François se releva, Katarina tout contre lui. Mais les mouvements du prince la firent gémir.
Il se retourna vers les trois femmes qui n'avaient pas bougé.
- Quant à vous deux, je m'occuperais de vous le moment venue. Nous verrons bien si elle est vraiment coupable. Mère...
Le regard que lui jeta son fils lui glaçait le sang. Elle savait que son fils pouvait se montrer dur, mais jamais il n'avait été effrayant. Sans un regard de plus pour sa mère, il quitta la cour suivit de Margueritte qui n'osa pas croiser le regard de Louise.
Voilà comment Katarina s'était retrouvée dans l'infirmerie du palais. Elle n'était pas simplement dans l'infirmerie mais dans une pièce éloignée de la salle principale où étaient normalement installés les malades. Elle s'était réveillée de nombreuses heures après. La nuit était tombée. Elle s'était senti très étrange. Cassius lui avait administré une puissante potion pour lui éviter des douleurs et pour qu'elle puisse se reposer quelques heures.
Et vers les environs de six heures du matin, Cassius était passé lui administrer à nouveau une potion. La jeune fille eut du mal à l'avaler tellement elle était aqueuse mais l'effet fut immédiat. Elle s'endormit à nouveau. Elle qui évitait de dormir pour ne pas rêver se retrouva bien embêtée. Forcée à faire face à son rêve plusieurs fois d'affiler sans même pouvoir se réveiller. Un véritable cauchemar.
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Suis-je sadique ? Oui, tout à fait !!
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