Chapitre 11
Les jours passaient et se ressemblaient pour Katarina. Elle se levait aux aurores pour se préparer. La seule chose dans sa routine qui changeait, était ses baignades matinales. Elle n'avait pas osé remettre un pied au lac depuis sa malencontreuse rencontre avec le Dauphin. Ce jour-là, elle était rentrée mortifié au Palais. Elle s'était imaginée toutes sortes de scénarios tournant mal pour lui faire payer son manque de pudeur ou encore de respect envers l'Homme de France. Cependant, rien ne se produisit. Elle fut simplement questionnée par Ariane et quelques autres jeunes domestique avec qui elle était amie. C'est au bout de plusieurs jours qu'elle réussit à avouer à son amie, Ariane, ce qui lui était arrivé. La réaction de la petite blonde ne se fit pas attendre, celle-ci s'était mise à hurler dans la cour des écuries. Elle hurlait au malheur et aux ennuis mais aussi à la chance de Katarina. Le prince lui avait presque souri et s'était même excusé. Il l'avait observé durant de longues minutes. C'est ensuite elle qui s'était imaginé un tas de scénarios, tous plus improbables les uns que les autres.
En ce matin de mis Avril, Katarina avait été chargée de la cueillette. Elle devait ramener en cuisine au coucher du soleil autant d'herbes aromatiques que possible. Il y avait bien un commerce d'herbes pour le Roi provenant de la route de la soie, pourtant certaines de ces herbes étaient bien meilleures sur le sol Franc. Un panier à la main, Ariane Katarina avaient pris le chemin des plaines de Blois. Le soleil était de mise. Du thym, voilà ce que recherchaient en premier les jeunes filles. Comme à son habitude, Katarina souriait et rigolait à gorge déployée. Ariane elle, fidèle à elle-même ne pouvait s'empêcher de rechigner. Elle se plaignait du soleil qui tapait trop fort pour la saison, de l'air trop sec, des insectes, du vent, de la fatigue.
- Arrête un peu de te plaindre. Préférerais-tu être enfermer au palais ?
- La reine est de nouveau malade et les préparatifs pour l'arrivée de la princesse sont épuisants. Grognait Ariane en se laissant tomber près d'un arbre.
- Eh bien, voilà une raison de plus pour sortir du Palais et profiter du beau temps.
- Hum, peut-être as-tu raison.
- Tu sais que j'ai toujours raison, Katarina souriait en tendant sa main à son amie. Allons bon. Nous devons nous dépêcher.
- Puis-je vous aidez mesdemoiselles ? Une voix masculine retentie derrière les jeunes amies. Elles se retournèrent. Vous me semblez bien loin du Palais.
- Basile ?
- Katarina !
Le jeune homme aux cheveux de jets lui souriait. Ses dents blanches paraissaient être acérées. Sa barbe naissance, noire, imberbe lui donnait un côté sauvage. Il portait des habits de cuir noirs, une épée à la ceinture. Son sourcil gauche broussailleux, était marqué d'une cicatrice, le fendant en deux. Son torse était apparent en son centre, il semblait presque posséder un pelage, tellement son torse était garni de poils.
Katarina et Ariane se jetèrent dans les bras du jeune homme à l'allure sauvage et virile. Leurs rires cristallins se mêlaient à celui de l'homme, plus roque et profond.
- Que fais-tu ici, laissait Katarina.
- Je faisais un tour quand une paresseuse et une sauterelle m'ont attiré au loin.
- Je ne suis pas une paresseuse !
- Je ne suis pas une sauterelle, lançait la brune en même temps que son amie blonde. Pour seule réponse, il éclata de rire en se grattant la nuque.
- Vous m'avez manqué les filles ! Vraiment !
- Plus sérieusement, que fais-tu ici ? Nous sommes bien à mille pieds d'Angers !
- Ma chère Katarina, c'est à Blois que tout se passe. Angers est d'un ennui mortel pour moi. J'aime l'action.
- Il n'y a rien de très intéressant par ici. Intima Ariane, reprenant son air las.
- Oui, hormis un palais royal, une cour et des petits rois en herbe. Les jeunes filles rirent honnêtement. Et vous ? Je vois que vous faites la cueillette.
- Et bien oui. Il faut bien que quelqu'un fasse le sale boulot !
- Ariane ! La reprit Katarina.
- Toujours aussi sage la sauterelle.
- Tu n'imagines pas. Plus le temps passe, plus elle devient sérieuse.
- Mais enfin, que racontes-tu ?
- Ah, l'ancienne Katarina me manque. Soufflait Basile en croisant ses mains derrière sa tête. Je me souviens de l'époque où tu venais au village pour t'amuser avec moi alors que les nones te l'interdisaient. Il n'y a pas un jour où tu n'es pas rentrée au couvant pleine de boue.
- Et à qui la faute ?!
- C'est toi qui tenais tant à te battre avec moi !
- Et c'est toi qui m'exaspérais au point que je veuille régler ça en combat.
- C'est bien vrai ! Mais j'étais jeune.
Les trois amis reprirent leur marche dans les plaines. Le sourire aux lèvres ; ils passèrent la journée à cueillir et se ressasser le passer. Basile n'avait pas expressément expliqué pourquoi il avait quitté la ferme de son père à Angers et pourquoi après toutes ces années ils avaient décidé de venir à Blois. Il était sorti de nulle-part, au beau milieu des champs. Il avait toujours été étrange. Katarina avait bien été sa seule amie plus jeune. Les enfants du village l'avaient toujours trouvé trop étrange. Même dans sa plus tendre enfance, Katarina avait fait preuve de cœur en acceptant la compagnie du petit rat du village. Basile avait toujours été plus proche des animaux et de la nature. Son père l'avait élevé dans une magnifique ferme. Il s'occupait souvent des brebis et des moutons dans les vallées d'Angers.
Tout le long de la journée fut rythmée par les plaisanteries et jeux enfantins des trois amis. Courses, traversées de ruisseaux à cloche pied, lancés de galets, devinettes... Tout y passait. Ils avaient eu l'impression, pendant l'espace d'un instant d'être à nouveau enfants.
Leur tâche achevée, Ariane dut séparer Katarina de Basile avec force. Elle comprenait bien que son amie été heureuse de revoir le jeune homme mais elles devaient rentrer. Le soleil allait bientôt se fondre à l'horizon.
Les au revoir à peine fini, Ariane tira sur la manche usée de Katarina. Chacune un panier en osier dans la main, elles courraient vers le Palais. Elles pouvaient voir de nombreuses charrettes partir du château en direction des routes de France. Sûrement des livreurs repartant vers leurs prochaines destinations.
Katarina, toujours aussi rapide, passait la première la porte. L'odeur du dîner planait dans l'air chaud. Les domestiques étaient tous autour de leur repas. Là-haut, le dîner était fini depuis longtemps. Il allait faire nuit noire dans quelques minutes. Une odeur de viande rouge et de fève, attirait les deux domestiques aux dernières places disponibles. Elles se retrouvaient l'une en face de l'autre. Katarina était assise à droite d'un des valets du Roi et Ariane à droite d'un valet de pied. Contrairement au voisin de Katarina, celui de la petite blonde ne leur était pas inconnu. Nathan était un vil garçon. Pas plus âgé que Katarina mais aussi méchant qu'imaginable.
Avec hargne, il dévorait ce qui ressemblait à un gigot d'agneau. Katarina ne put s'empêcher de grimacer face à la viande à peine cuite. Comment s'était-il procuré une viande rouge aussi coûteuse ? Il était le seul à en posséder dans la salle à manger. Ariane pencha la tête vers l'intérieur de la rangée de domestiques. Tout le monde mangeait sans une parole, trop fatigué et épuisé pour émettre le moindre son.
Les deux amies se lancèrent un regard tout en mangeant. Ils devaient s'être passé quelque chose durant la journée dans les étages. Heureusement, elles n'en avaient pas subi les conséquences. Nathan, lui, la bouche pleine, observait Katarina. Un sourire vicieux débordant de viande animale. Un rire lui passa, ses larges épaules se secouèrent sous la force du tremblement. La belle brune le toisa à travers ses longs cils. Elle détourna aussitôt ses lucarnes, trop répugné par son visage écarlate et ses gestes rustres et vulgaires. Basile lui manquait soudainement...
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top