Chapitre V : Le chasseur de primes

La porte des Trois Balais s'ouvrit à l'approche de Luna et Stefen. La Serdaigle repéra bien vite Hermione, Ron, Ginny et Neville. Traînant Stefen par la main, elle les rejoignit, ravie. Son ami salua le petit groupe d'un signe de la main, puis se présenta. Tous lui sourirent. Stefen s'installa entre la sœur de Ron et Hermione, Luna, elle, s'assit à côté de Neville.

     « Harry ne vient pas ?

— Non, marmonna Ron. Il n'a pas beaucoup de temps libre.

— On a même dû déplacer la date des sélections pour le Quidditch ! », râla Ginny.

Tous se retrouvèrent bientôt face à une pinte de Bièraubeurre. Les langues se délièrent, heureuses de pouvoir partager les dernières nouvelles. Même Stefen prit part à la discussion. Son ami, les joues rougies, discutaient avec Hermione à propos de métamorphose. Soudain, la porte du pub s'écarta dans un fracas. Le silence tomba. Une ambiance pesante recouvrit les lieux, comme si un détraqueur venait d'aspirer toute la joie.

Un homme, les cheveux noirs et mi-longs, le visage ensanglanté, s'avança en direction du comptoir. Madame Rosemerta se précipita vers lui, l'air inquiet. Luna n'avait jamais vu ce sorcier de sa vie, mais il lui inspira une grande tristesse : une souffrance incandescente débordait de ses traits fatigués.

     « Je suis navrée, mais je vais devoir fermer. », tonna la voix de la propriétaire.

Sans se faire prier, les clients s'en allèrent, conscients de la gravité de la situation. Neville saisit Luna par la main et l'entraîna à sa suite. Le petit groupe se retrouva à l'extérieur : dehors, un tapis de feuilles mortes recouvrait les pavés. Le verrou résonna en même temps que des murmures intrigués s'élevaient.

     « C'était un Auror ? s'enquit Ron. Vous avez vu sa balafre ?

— Je crois que c'était un chasseur de primes, répondit Hermione, la mine sombre. Je pensais que ce n'était qu'une rumeur, mais il faut croire que le Ministère a employé les grands moyens.

— En tout cas, il n'a pas l'air d'avoir retrouvé qui que ce soit... murmura Stefen.

— Ça m'a tout l'air d'être l'inverse. », ajouta Ginny.

Sombres, ils marchèrent, silencieux, à travers les rues de Pré-au-Lard. Pour la première fois depuis la rentrée, l'avènement du Lord maléfique frappa Luna de plein fouet : cet homme défiguré... elle avait le pressentiment que bien pire attendait le monde des sorciers. Aucun sourire ne pourrait lui enlever cette sensation de l'esprit. Quelque chose allait se produire, cette année. Quelque chose de grand. De destructeur.

     « Les ténèbres se rapprochent, déclara Luna. Quelque chose de mal se prépare.

— Merci pour ces encouragements. », répliqua Ron, ironique.

Hermione lança son coude dans les côtes de son ami qui grimaça.

     « Luna a raison, dit Hermione. Nous devons nous préparer à ce que plus rien ne soit comme avant. Maintenant qu'il est revenu...

— Rentrons, lança Ginny. La venue de cet homme ne me dit rien qui vaille. »

Tous acquiescèrent. Sous le ciel déclinant de l'automne, ils prirent le chemin du retour, accompagnés d'une ambiance plus morne que jamais.

***

Harry Potter se tenait face au professeur Dumbledore, concentré. Il tentait de comprendre les explications de son directeur concernant la magie noire qu'avait utilisée Voldemort.

     « Je ne comprends pas... vous dites que les Horcruxes sont une partie de son âme ?

     — Oui.

     — Comment le savez-vous ?

     — Grâce à un souvenir du professeur Slughorn. Tu le verras bien assez tôt.

     — C'est pour ça qu'il a accepté le poste ?

     — Il avait honte de ce souvenir et espère se racheter, confia le vieil homme.

     — D'où le fait qu'il souhaite à tout prix que j'intègre son club...

     — Sans doute, Harry. Sans doute. Il était très proche de ta mère. Horace se sent coupable. »

Le cœur de Harry bondit. Il poussa un profond soupir et se prit la tête dans les mains.

     « Aujourd'hui, j'aimerais te montrer le jour où j'ai rencontré Tom. Il n'était alors qu'un jeune orphelin. »

Comme moi, songea-t-il. Harry frissonna à cette pensée : ils se ressemblaient. Quand bien même il luttait contre, leurs ressemblances s'assemblaient pour ne former qu'un tout destiné à leur affrontement.

Dumbledore versa le contenu d'un flacon à l'intérieur d'une pensine installé sur le bureau.

     « Approche, Harry. »

Sans une once d'hésitation, le Gryffondor plongea la tête dans l'eau-souvenir.

***

La salle commune de Serpentard était déserte. Drago lisait un ouvrage assis face à une cheminée. Les flammes vertes éclairaient d'une étrange lueur les pages du livre qu'il tenait entre les mains. Le garçon tentait désespérément de dénicher toutes les informations possibles sur la manière de réparer une armoire à disparaître. Il ne l'avait pas encore trouvée, certes, mais il supposait que le maître ne serait pas contre le fait qu'il prît de l'avance. La Salle sur Demande était si vaste que Drago perdait peu à peu la certitude de tomber sur ce fichu meuble. Mille et un objets trônaient au sein de la grande pièce.

Il soupira et ferma le bouquin d'un geste sec. Sa mère le lui avait donné avant qu'il ne partît pour Poudlard. Un infime espoir brûlait leur cœur, l'espoir que cet ouvrage pût aider Drago dans sa mission.

     « Tu aurais dû venir à Pré-au-Lard avec nous ! »

Il sursauta face à l'apparition de Blaise. Le garçon à la peau sombre s'installa sur le fauteuil à côté de celui de Drago, un sourire sur le visage. Sourire qui retomba bien vite lorsqu'il nota l'expression sombre de son ami.

     « Qu'est-ce qui t'arrive ? »

Une fois de plus, Drago craqua. Il se prit la tête entre les mains, essayant de masquer ses pleurs. Blaise lui pressa l'épaule.

     « Tu sais que tu peux tout me dire, Drago. Tout. »

Le jeune homme releva la tête, touché par les paroles de son ami. Son cœur s'emballa. S'il lui parlait, il le mettait en danger. Peut-être même serait-il tué. Toutefois, il agrippa le bras de Blaise, ses yeux ancrés dans les siens.

     « Tu ne dois rien dire. À personne.

— Tu... tu me fais peur. Qu'est-ce qui se passe ? »

Drago releva sa manche gauche, lentement, comme si la simple vue de la Marque le brûlait. Tremblant, il enroula le tissu jusqu'en haut de son avant-bras. Une larme roula le long de sa joue et termina sa course sur le serpent noir qui ondulait autour du crâne à la bouche béante. Les yeux de Blaise s'écarquillèrent. Le choc du garçon lui transperça la poitrine. Et alors qu'il s'attendait à du mépris, son ami le serra dans ses bras.

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