Chapitre 8

Je suis confortablement installée sur le rockincher sur la terrasse à la peinture blanche qui s'effrite doucement au gré des années. L oscillement continuel du fauteuil me rassure et me calme, je ferme les yeux et inspire cette brise légère et sucré qui remplie mes poumons en apaisant mon esprit ... Relâchant mes muscles, calmant ma respiration. Je prends le mug à mes côtés et bois une gorgée de tisane, j'observe le paysage mes mains se réchauffant progressivement sur ma tasse. Je viens de faire un footing car je m'ennuie : personne n'est là et une maison gigantesque sans rien, ni de bruits, de gestes, de discussions ... Est pire qu'un mauvais rêve pour moi ...
Je hais la solitude, je n'aime pas le silence, de pas sentir une présence ... Avant quand je rentrais de la primaire ma mère et mon frère n'étant pas là, je flippais ... Jusqu'au jour où j'avais eu ce fameux chat : Maïe, un magnifique maincoon noir avec une délicate tâche blanche sur le museau. Il m'attendais chaque jour devant le portail et me suivait partout dans la maison, miaulant pour demander des caresses ou jouer. Cette compagnie m'avait soulagé de cette peur. Puis je me souviens encore de cette journée affreuse pour moi. Le 25 décembre, à Noël, il avait disparu, des semaines, des mois se sont passés sans nouvelles. Puis un jour un coup de téléphone ... Un seul qui a détruit mon espoir de revoir ma boule de poils noirs que j'aimais tant : Maïe, écrasé par une voiture. Juste le temps de l' amener chez le vétérinaire. Avant qu'il ne meure dans les mains de l' homme qui l'avait percuté. Le souvenir du lendemain de cette nouvelle est gravé dans ma mémoire : l'homme pleurait en s' excusant mille et une fois, ma mère le pardonnant mille et un fois aussi, mon frère me regardant inquiet mille et une fois, et moi impassible je n' avais rien dit, ne faisant couler aucune larme trop occupé à haïr cette homme et trouver d'autres solutions pour ne plus me sentir seule ...
Plus tard dans la soirée ma mère m'avait promis de me racheter un chat, j'avais refusé et m'était enfermé e pour pleurer la mort de mon adorable compagnon, qui avait toujours été là pour moi ...

Je secoue la tête pour ne plus penser à ça. Ma journée n'a pas été très mouvementée : dormir, manger, regarder la télé et flâner sur youtube pour voir des vidéos drôles. Jusqu'à cette envie presque menaçante de courir, de m' enfuir de cette solitude, alors j'étais partie ! J'avais enfilé mes baskets et était partie sans même un regard à la bâtisse solitaire. Je suis maintenant là essoufflée comme un boeuf, je n'ai même pas tenu 20 min et suis rentrée à la résidence crevée, frigorifiée et assoiffée. Je me calme, descend ma pression artérielle m'amusant à poser mon doigt contre ma gorge pour sentir mon coeur se ralentir peu à peu. Je remarque un immense nuage gris qui s' approche de moi et décide alors de rentrer, mais en me levant du rockincher mon pied trébuche contre une des marches en bois éventrant alors la planche ... Sous cette planche une étrange de cavité assez grande pour y mettre une valise. Comment je le savais ? Parce qu il y avait une valise, un frisson me parcourt sans pouvoir distinguer clairement ce sentiment ... Je sors la valise et l'ouvre pour trouver des lettres : une multitude de lettres de différentes couleurs, aux innombrables timbres sublimes et atypiques, un peu élimé ou en parte état ... La valise en est remplie à ras bord !

Mes mains tremblent quand j attrape alors le premier papier qui vient à moi : le bout de l enveloppe extrêmement abimé, un timbre aux couleurs passés devinant une lune et une partie d'un visage, les mots effacés par le temps presque illisible ... : Ma..mois.el.. C.ro..ina et soudain un souvenir d'enfant, revient à moi, un souvenir que j'avais oublié mais qui était pourtant resté dans ma mémoire ...

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Flashback :

Je joue dans le jardin, saute, cours, crie, je m'amuse comme une folle près de mes jouets aux tresses de travers et aux visages décoré de terre. Et puis soudain le moteur du vieux scooter du facteur se fait entendre au loin, pour s'entendre de plus en près de chez nous. Je me précipite à la grille j'adore ce bon vieux facteur à la grosse moustache blanche et son vêtement jaune fluo qui me fait penser à un poussin. Puis je pense à maman qui travaille dur comme fer en ce moment, si je lui amène ses lettres ça pourrai sûrement l'aider ! Aussitôt je me précipite vers le facteur qui me tends avec un petit sourire une jolie lettre couleur blanc cassé, elle est toute douce et je l'a caresse du pouce observant le magnifique timbre rouge où est dessiné une superbe lune qui sourit à un enfant endormi.

Je suis comme hypnotisé par ce dessin quand je remarque alors des mots, j'ai un mal fou à le lire mais heureusement que ma gentille maîtresse m'a appris à écrire et lire parce que rapidement j'arrive à déchiffrer : Mademoiselle Carolina. Je reste perplexe Mademoiselle ? Ça veut dire quoi ça ? Carolina lui je le reconnais ! C' est mon nom de famille, je souris toute heureuse ! Et si c'était pour moi ?! Une excitation que je connais quand j'ai un cadeau ou une surprise s'empare de moi, je vais pour l ouvrir quand une main m'arrache la lettre ... Ma mère ... Elle crie, hurle, faisant des gestes dans tous les sens sans lâcher la lettre des mains, me regardant avec angoisse et stress. Aussitôt je pleure, demandant pardon à ma mère, lui promettant de plus jamais faire ça. Puis certaines questions me viennent vite oublier par le câlin de ma mère. Je souris et pars en courant heureuse que maman prépare des crêpes pour le goûter. Je vois alors un magnifique papillon et lui cours après pour découvrir où il va aller.

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Mademoiselle Carolina ... C'est moi ! Je respire un bon coup et ouvre délicatement l'enveloppe qui ne laisse aucune résistance, je sors alors le papier bien conservé protéger par l'enveloppe et la valise, mais en lisant les premières lignes je pousse un cri. Paniquée, je remets la lettre dans son enveloppe, l'enveloppe dans la valise, la valise que je ferme à toute vitesse pour l'a remettre dans le bois, replaçant la planche dessus ... Comme-ci ce trou n'avait jamais existé ! Je me lève d un bond et m'éloigne de cette marche. Non ! Ce n'est pas possible ! Pourquoi après tout de temps je dois revenir sur LUI ? Pourquoi les lettres de LUI sont ici ? Pourquoi ma mère m'aurait caché qu'IL tentait de me parler ? Pourquoi IL devait réapparaître dans ma vie ? Je n'ai plus besoin de LUI ! Les larmes aux yeux l' envie pressante de m'écarter de cette maison devient indispensable pour survivre ...

(Vous pouvez mettre la musique que j'ai mis tout en haut comme fond si vous voulez c'est très beau selon moi)

Je prends mon casque et mon téléphone dans la maison, évitant de marcher sur cette planche, et repart en courant ! Cette fois je sais où aller ... : La mer.
Je parcours l'étroit chemin de petits galets, jusqu'aux escaliers de bois qui m'amène directement au sable. J'enlève mes baskets que je délaisse là pour pouvoir enfoncer avec délice mes pieds nus dans les douces vagues. Les nuages gris se sont déplacés maintenant pour laisser place à un ciel remplis de bandes de couleurs différentes : rouge, jaune, orange, bleu turquoise, il y a même des endroits tirés jusqu'au violet ou au gris métallique. Décorant la mer qui comme un miroir reflète ce ciel si beau, laissant le soleil se coucher dans ce paysage beau à en mourir. Je ferme les yeux et ouvre grand les bras en respirant cette odeur de sel, de fleurs et de je ne sais quoi. Je me délecte de cette beauté qui me laisse en osmose avec la plage. Je me tourne pour faire face aux falaises pleines de sables derrière moi, regardant quelques crabes rouges passés doucement, des herbes ayant réussi à pousser dans ce paysage qui se balance sous la tranquille brise du soir. Pourtant dans cette endroit je pense encore à cette lettre ...

Soudain mon esprit ne contrôle plus mon corps : qui prends son casque le branche à son téléphone et laisse défiler des musiques : inconnu ou familière, triste ou joyeuse, française ou d'une autre langue. Les chansons passent et ne se ressemblent pas, mes muscles prennent la folie de courir en hurlant déversant : joie, peur, stress, amour, amitié, détresse, trahison, mort, vie ... Milles émotions s'entremêlent dans mon esprit tel les couleurs dans le ciel, tel les vagues dans la mer. Tout ce qui me tracassait, me tracasse et me tracassera encore longtemps sort en cette soirée, comme un raz de marée que je ne peux plus contrôler ! Je hurle à en perdre la voix, je sens un poing de côté qui se forme près de mes poumons, mais je m'en fous ! Je continue déchirant le silence de paroles de chansons, d'appels au secours, de cris ... Mes pieds ne touchent presque plus le sol, tandis que le bord de la mer m'envoie parfois quelques gouttes sur mes mollets nus. Je me sens libre ! J'ai alors l'impression de voir tout plus puissamment ... Mes sens se sont aiguisés pour profiter de chaque détail, de chaque instant ici ...

Je deviens hystérique, une montée d euphorie m'envahit et je ne peux l'a contenir : je danse les mains levés au ciel, les pieds jettant du sable un peu partout, mon corps se déhanchant comme un diable. Les notes dans mes oreilles se mélangent, s'embrouillent, deviennent floues, mais me donne encore plus envie de sauter partout. Sans contrôle je pleure et ris, mes membres font la fête : désordonnée et lourds, mais je suis heureuse même si je sais que je ne danse pas très bien. Je tombe alors par terre essoufflée mais légère ... Je regarde le ciel qui commence à s' obscurcir et souris doucement, je ferme les yeux et me rends compte que j'ai enfin réussi à faire le vide dans mon esprit. Puis je rouvre les yeux et tombe sur ...

Une étoile vivante : minuscule, légère, fragile mais si éclatante de beauté, elle tourne autour de moi comme un immense ballet artistique ... Une luciole ... Elle tourbillonne autour de moi, comme si elle imitait ma danse d avant, je me mets à genoux et vois alors d'autres lucioles qui se rassemblent, se réunisent ... Tournant, illuminant, volant, montant, descendant, se posant parfois sur moi, tournoyant, zigzaguant ... Tel une scène bien organisé elles semblent être des ballerines pleine de lumière devant son public, qui n'est d autre que moi ... Des larmes ruissellent tandis que mon casque me sort une chanson en parfaite harmonie avec le spectacle de ses minuscules étoiles ...

Ici les lucioles sont tellement rares ... Elles vivent plutôt dans les marais, les champs ... Évitant souvent tout ce qui est salée et pourtant j'ai la chance ce soir d' en voir ... Ici : dansant pour moi, enfin je le pense et y croit. Rapide comme une étoile filante, fluide comme un roseau, fragile comme du brindille, étincelant comme un soleil ... C'est comme si je voyais le ciel se rapprocher, venir jusqu'à moi et m'encercler de ses constellations ...
Et comme inciter à les rejoindre je me lève doucement et commence à danser : avec douceur, délice. Je tournoie le regard vers la Grande Ourse qui je suis sûre et émerveillé par ce ballet de luciole entourant une jeune fille enfin libre de tout malheurs ...

Enfin reviens le calme : mon téléphone n'a plus de batterie, les lucioles sont partis, laissant place aux réelles étoiles qui brillent dans le ciel. Me sentant mieux je repars vers les marches de bois et remets mes chaussures. En haut des marches je me tourne une dernière fois vers la mer invisible seulement présente par le son des vagues et quelques fois le reflet de la lune se perdant dans l'horizon. Une étoile filante passe et je pense alors à une promesse demandé par la nature elle même ... Je chuchote alors :

<< C' est promis, personne ne saura rien de cette nuit ! Excepté moi, les lucioles, la mer et la nuit. >>

Et je repars vers la résidence délaissant les vagues, le goût de sel, les petits crabes, la Grande Ourse et le ballet d étoiles vivantes derrière moi. Pour me tourner vers le rockincher, la solitude, les souvenirs avec Maïe, la planche, les enveloppes. Enfin prête à ouvrir cette valise et lire les lettres venant de SA plume ... : Mon père ...

Je me sens prête, ressourcée, unique et libre ... Avoir vécu cette soirée a été si belle, si bénéfique, si parfaite ... Que je me demande comment j aurai fait si je n avais pas eu cette idée folle de partir vers la mer ! Je sens mon coeur battre de joie et force prête à toute recommencer ...!

J espère que ça vous aura plu 😆 et aussi que vous avez mis la musique pour lire la fin parce que vraiment c est très beau avec ! ❤ Après c est comme vous le voulez ! Enfin bref bisous ❤ en espérant lire des petits commentaires 😉

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