Le viol
La fête battait son plein. La musique résonnait non seulement dans les oreilles mais également dans les cages thoraciques. Je ne sais pas combien de verres j'avais bien pu boire. Trop sûrement. Je riais fort. Mes mouvements étaient incertains. Je titubais en tentant de m'agiter au rythme de la musique.
J'étais bien. Je me sentais sexy dans ma robe bustier et Jean me tenait contre ses hanches.
Nous avions flirté toute la soirée sous les regards gentiment moqueurs de nos amis. J'aimais son rire,ses mains fermes sur mes hanches, ses cheveux ni trop courts, ni trop longs que je pouvais saisir à pleine main. Des pensées confuses me traversaient l'esprit comme l'embrasser ou lui proposer de sortir avec moi.
Pourtant je n'en fis rien. Une part de moi refusait que notre histoire commence alors que j'étais complètement bourrée.
C'est pourquoi, plusieurs heures plus tard, je me retrouvais à lui faire une simple bise avant de rentrer avec Margot. Comme elle ne buvait que très peu d'alcool, c'était elle que je chargeais de veiller à ce que je rejoigne mon lit en sécurité. Quand cela arrivait, elle dormait généralement avec moi. Nous rentrions presque toujours bien trop tard pour qu'elle retourne chez elle après m'avoir raccompagnée.
Alors qu'elle me soutenait, je ne pus retenir un méli-mélo de pensées alcoolisées de s'échapper de mes lèvres.
« T'as vu, Jean comme il était trop beauuuu. C'est fou ce que son jeans lui moulait bien les fesses.Je comprends pas les nanas qui ne le trouvent pas sexy. Ses lunettes le rendent trop chouuu. Au fait j'ai vu Bastien qui te regardait.Regarder... ouaiiis... Il te bouffait du regard, grosse. Pas que tu sois grosse heiiiin. J'ai toujours trouvé que tes poignées d'amour étaient adorables. Ça donne trop envie de poser les mains sur tes hanches et d'en épos...péhou... épou... épouser les formes.J'comprends pas que tu restes seule, t'es trop classe comme fille. La meilleure. En plus d'être sexy t'es adorable, toujours là pour moiii. »
Et ainsi de suite.
Dans le brouillard dans lequel je voguais, je crus entrapercevoir de la colère sur le visage de ma chère Margot. Mais j'avais dû rêver. Margot était le calme incarné. C'était d'ailleurs ça le plus flippant, même quand elle était folle de rage son visage restait neutre et elle n'élevait pas la voix. Je reconnaissais sans mal ne pas vouloir la mettre dans cet état.
« P'tain, il m'a trop chauffée, Jean... »
Le coin des lèvres de Margot se crispa tandis que je m'accrochais un peu plus à elle pour ne pas tomber.Nous arrivions chez moi. Me voyant trop malhabile à chercher mes clés, Margot me tint plus fermement d'une main tout en fouillant mes poches de l'autre. Ses effleurements involontaires me tirèrent un gémissement incontrôlé. Mes sensations étaient exacerbées par l'alcool et le flirt avec Jean. Le moindre contact me faisait frémir et pourtant jamais, au grand jamais, je n'avais désiré ma meilleure amie.
Je la sentis d'ailleurs se crisper.
« Désolée... Ça va redescendre, t'inquiètes », bafouillais-je.
Elle ouvrit la porte sans mot. Ça ne lui ressemblait pas d'agir ainsi. Elle n'avait rien dit du trajet.D'habitude, elle riait, se moquant de mes discours sans queue, ni tête, tout en essayant de me convaincre de boire moins. « Un jour,il va t'arriver une merde, Sophia, » me disait-elle. Mais je ne l'écoutais pas. J'aimais trop boire.
Soudain je fus propulsée sur le lit sans délicatesse. J'ouvris alors de grands yeux. Même fortement alcoolisée, je me rendais compte que l'attitude de mon amie n'était pas normale. Elle était emplie d'une violence contenue que je peinais à comprendre. L'avais-je blessée ?
« Euh Margot ? Il s'passe quoi ?Je t'ai dit un truc pas cool ? »
Elle me retira mes chaussures comme elle le faisait toujours et j'essayais de me rassurer quant à son attitude.
« Non, pas du tout Sophia. »
Faux, faux, cent fois faux ! Alerte rouge ! Elle était furieuse. Pourtant quand elle releva les yeux,ils n'étaient colériques mais chargés de... désir ? Je frissonnais et sentis une sueur froide descendre le long de mon échine.
« Pas. Du. Tout. Tu as frappé à ma porte dans ta petite robe noire dont le bustier donnait une apparence fort avantageuse à ta poitrine, la bouche en cœur et appuyée contre le mur dans un déhanché comme tu sais si bien les faire. Ensuite, tu as bu, bu et encore bu. J'ai dû subir tes danses lascives toute la soirée. J'ai dû supporter la vue de ce connard se frottant à toi sans la moindre grâce. J'ai dû te regarder te mordiller les lèvres de désir tout ce temps. Et ensuite il a encore fallu rentrer, te sentir tout contre moi, t'entendre me dire que j'étais sexy, te voir gémir à mon contact.
Mais. Tout. Va. Bien. »
Tout en parlant, elle avait grimpé à son tour sur le lit, se plaçant ainsi au-dessus de moi. J'aurais dû réagir. J'aurais dû ! Mais la petite voix en moi qui me hurlait de la pousser à terre et de fuir cogner à la porte des voisins oud'appeler les flics fut bientôt engloutie par le spectre terrifiant de la peur. Chacune de mes pensées disparut l'une après l'autre,l'effet de l'alcool s'estompa légèrement, pourtant j'étais toujours incapable de bouger. J'étais tétanisée face à elle comme un lapin dans les phares d'une voiture.
Elle posa sa main sur ma joue, je frissonnais encore. Et pas d'excitation.
« Tu m'as dit que tu étais excitée, hein ? Ne t'inquiète plus, je vais m'occuper de toi.
- N-non... » murmurais-je,incapable d'élever plus la voix.
« Shhh... Tu as bu ma puce, tu ne sais plus ce que tu dis, tu vas voir... »
Tout en parlant, elle me défit ma robe et la baissant d'un geste brusque, mettant ainsi mon torse à nue.Son regard s'illumina d'une admiration bestiale alors qu'une de ses mains prenait l'un de mes seins en coupe. Je me mis à trembler et mes yeux s'humidifièrent.
« ... Tu vas adorer.
- Pitié... »
Elle se pencha, prit mon mamelon entre ses lèvres et se mit à le titiller. Ses mains, elles, caressèrent mes flans, ses gestes étaient contrôlés et pourtant emplis de désir et de violence. Elle m'explorait contre mon gré. Je tournais la tête, dégoûtée et elle me mordit, désapprobatrice. Un cri sortit de mes lèvres et elle sourit, probablement fière de m'arracher une réaction. Soudain, je sentis ses doigts se rapprocher dangereusement de mon entrejambe. Je me débattis alors, ayant miraculeusement retrouvé le contrôle de mon corps.
« Non. NON ! »
Elle me gifla alors. La violence du geste me laissa hébétée, une main sur la joue, le regard emplit de toute l'incompréhension qui grandissait en moi. Pourquoi ? Pourquoi moi ?Qu'avais-je fait pour mériter ça ?
Margot me plaqua de nouveau contre le lit, la tête dans mon cou, ses mains enserrant fortement mes poignets. Entendant sa respiration lourde dans mon oreille et sentant son corps tout contre le mien, je me mis à sangloter.
« S'il-te-plait, je t'en supplie.Laisse-moi.
- C'est de ta faute. Tout est de ta faute. »
Sa voix était déchirée, elle semblait tellement souffrir. Était-ce vraiment ma faute ? Non ! Ça ne pouvait pas ! Non ! Pitié, faites que ça ne soit pas de ma faute.
« Pourquoi faut-il que tu fasses tout ça ? »
Elle ne me laissait pas l'opportunité de répondre, de me défendre. Me mordant violemment le cou, elle reprit son cheminement vers mon sexe. Repoussant ma culotte, ses doigts s'enfoncèrent en moi, provoquant un haut-le-cœur.
« Oh mon dieu... Sophia, tu es tellement mouillée... Ne me dis pas que tu n'aimes pas quand tu es dans cet état. »
Mais je n'aimais pas. Vraiment pas ! Ce contact me soulevait le cœur et je ne comprenais pas ma réaction physique. Elle me dégoûtait. Je me dégoûtais. Je ne pouvais pas y prendre du plaisir non ? Pourtant mon corps avait l'air d'apprécier le traitement puisqu'il y réagissait.
Je ne me souviens pas vraiment de la suite. Je crois que mon cerveau a choisi de déconnecter, de prendre de la distance, pour me préserver. Je ne sais pas vraiment. Je me souviens qu'à force, elle a réussi à obtenir une contraction plus violente que les autres, comme si j'avais joui. Alors elle a enfin relâché sa pression sur moi, s'est écroulée à mes côtés avant de s'endormir en me murmurant un « je t'aime » que je n'aurais probablement jamais dû entendre, qu'elle n'aurait jamais dû dire.Elle n'avait fait que me toucher, ne s'était pas occupée d'elle.C'était presque pire je crois. J'étais « coupable »non ?
Et me voilà désormais. Je me suis réfugiée dans la salle de bains. D'abord, je suis restée prostrée pendant un temps qui m'a paru infini sur le carrelage, les yeux grands ouverts, à tenter de comprendre, d'analyser. Mais mon cerveau se contentait de repasser l'événement en boucle, insistant particulièrement sur le fait que je n'avais pas réagi, que j'avais« aimé ».
C'est à ce moment-là que j'ai vomi,je crois. Je me suis relevée précipitamment pour atteindre le lavabo et j'ai vomi tout l'alcool que je n'avais pas encore eu le temps d'absorber. Ça semblait ne jamais vouloir s'arrêter. Puis,relevant la tête, je me vis dans le miroir : cheveux en bataille,maquillage qui avait coulé, suçon dans le cou. Effrayée, je me suis détournée de cette réalité et j'ai réussi à me traîner jusqu'à la douche, un goût rance sur la langue. J'ai voulu me laver. Parce que j'étais sale. Elle m'avait salie. Je m'étais salie. L'eau coula sur moi tandis que j'empoignais le savon et mon gant de toilette. Je commençais à frotter, à frotter. Encore et encore. Sans m'en rendre compte, les larmes se mirent à couler de nouveau. Cette fois-ci, il s'agissait de gros sanglots, lourds,semblables à ceux d'un enfant innocent. Sauf que je n'étais plus innocente. J'étais souillée. Et ça ne partait pas. J'avais beau frotter, la souillure restait. Je finis par m'avachir au fond de la baignoire, sous l'eau qui coulait toujours, sans m'apercevoir que j'y avais mêlé mon sang.
« Un jour, il va t'arriver une merde, Sophia. »
******
A la base, je comptais poster le texte sans commentaires de ma part mais vu la sensibilité du sujet, je vais me permettre une précision. Un viol n'est JAMAIS de la faute de la victime.
J'ai volontairement choisi la première personne pour montrer que c'est la victime qui ressent ce genre de chose mais en aucun cas ça n'est la réalité !
Que pensez-vous du texte ? Vous parait-il plus réaliste que ce qu'on croise majoritairement ?Et peu importe la réponse à la précédente question :pourquoi le pensez-vous ? C'est important si je veux espérer m'améliorer.
Lyraelina
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