Chapitre 9 ( suite )
Mila commence à m'expliquer en détail le plan pour accéder au centre de données. Elle parle de codes de sécurité, de systèmes de surveillance, de chemins d'évasion. Chaque mot qu'elle prononce ajoute une couche à la complexité de la mission, mais au lieu de me décourager, cela me pousse à m'investir encore plus.
Je me concentre sur chaque mot que Mila prononce, essayant d'assimiler les détails du plan. Léo est à mes côtés, son regard fixé sur les schémas holographiques projetés sur la table, tandis que Mila continue d'expliquer les points cruciaux de notre mission. Je sens une tension dans l'air, une pression qui semble peser sur chacun de nous. Mais je refuse de laisser la peur m'envahir. Il ne s'agit pas seulement de moi. Il s'agit d'Ella, de mes parents, de tous ceux qui ont été pris au piège dans cette illusion grotesque qu'est la Beauté Égalitaire.
— Le centre de données est situé dans la zone la plus protégée du complexe, dit Mila, sa voix grave résonnant dans la pièce, tapotant sur un écran pour afficher une carte du complexe. Léo et toi, vous entrerez par la porte sud. Elle est moins gardée, mais il y a encore quelques patrouilles à éviter. Une fois à l'intérieur, vous aurez un temps limité pour atteindre le centre de données. Nous savons qu'il y a un accès par les conduits d'aération, mais ils sont surveillés par des capteurs thermiques. Il faudra les désactiver avant que vous n'entriez.
Je hoche la tête, tentant de ne pas montrer l'appréhension qui grandit en moi. Je mémorise la carte autant que possible, me concentrant sur chaque détail, chaque virage. Il n'y a pas de place pour l'erreur. Je dois réussir. Léo est là, et avec lui, je me sens plus forte.
— Et une fois à l'intérieur ? demandai-je, essayant de me concentrer sur l'essentiel.
Mila échange un regard avec Léo avant de continuer :
— Vous devrez localiser le serveur central, celui qui contient les données sur les implants. Nous avons des informations partielles, mais rien de complet. Le serveur est protégé par un système de cryptage de dernière génération. Jonas a réussi à créer un programme capable de briser ce cryptage, mais cela prendra du temps. Vous devrez garder la zone sécurisée pendant le décryptage.
Léo prend la parole, sa voix calme contrastant avec l'urgence de la situation.
— Clara, il y aura des risques, mais tu n'es pas seule. Nous avons déjà prévu des plans de secours au cas où quelque chose tournerait mal. Ce que nous faisons, c'est pour un avenir meilleur, pour que personne d'autre ne subisse ce que tu as vécu, ce qu'Ella traverse en ce moment.
Il pose une main rassurante sur mon épaule, et un frisson me parcourt. Je le regarde, et dans ses yeux bleus, je vois un reflet de mes propres peurs, mais aussi de ma force. C'est cette connexion qui me pousse à aller de l'avant, à affronter ce monde déformé par les mensonges du Consortium de la Beauté.
— Quand partons-nous ? demandai-je, sentant l'urgence grandir.
— Demain soir, répond Léo. Nous aurons une fenêtre d'opportunité de vingt minutes pendant la maintenance des systèmes de sécurité. C'est notre meilleure chance.
Je me rends compte que demain à la même heure, nous serons en plein cœur de cette mission, risquant tout pour une chance de changer les choses. Mais la peur se transforme en quelque chose de plus fort, un mélange d'adrénaline et d'espoir.
Mila se tourne vers moi, un sourire réconfortant sur les lèvres.
— Clara, je sais que c'est beaucoup à demander. Mais tu as déjà fait preuve d'un courage exceptionnel. C'est cette force qui nous inspire tous ici. Nous croyons en toi.
Je sens mes joues s'empourprer légèrement sous son regard intense. Je ne suis pas une héroïne, juste une fille qui refuse de se laisser broyer par un système qui détruit tout ce qui est humain. Mais si ces gens croient en moi, alors je ne peux pas faiblir.
— Je suis prête, dis-je finalement, la voix ferme.
Léo se redresse, un sourire approbateur sur les lèvres. Il s'approche et murmure, assez bas pour que seule moi puisse entendre :
— Je suis fière de toi, Clara. Tu es plus forte que tu ne le penses.
Ces mots, prononcés avec tant de sincérité, me réchauffent le cœur. Je lève les yeux vers lui, et pour un instant, le monde semble se réduire à ce simple échange. Il y a une tendresse dans son regard que je n'avais jamais vue auparavant, une promesse silencieuse qu'il sera là, quoi qu'il arrive. Mila s'éloigne, après m'avoir lancé un clin d'œil.
Léo me guide vers une partie plus isolée du laboratoire. L'atmosphère devient soudainement plus intime, loin des éclats technologiques qui avaient envahi la salle principale. Ici, les lumières sont plus douces, et les murs semblent absorber le murmure des conversations, nous laissant enveloppés dans un cocon de calme relatif. Il se penche sur une table, cherchant quelque chose dans ses poches. Il semble distrait, perdu dans ses pensées. J'en profite pour le regarder discrètement. La lueur tamisée met en valeur les contours marqués de son visage, accentuant les ombres dans ses yeux bleu intense. Soudain, il se tourne vers moi, un petit objet dans la main. C'est une montre en métal usé, à la fois simple et élégante. Il la pose sur la table entre nous.
— C'est pour toi, dit-il doucement, presque timidement. Je voulais te remercier pour ton courage. Cette montre appartenait à mon père. Je l'ai toujours gardée avec moi.
Je regarde la montre, touchée par ce geste. Je lève les yeux vers Léo, cherchant une réponse dans son regard. Il est si proche que je peux sentir son souffle léger sur ma peau.
— Je ne sais pas quoi dire... murmurai-je, les mots se perdant dans l'émotion. C'est trop précieux pour moi.
Léo sourit, une chaleur douce dans ses yeux qui fait battre mon cœur plus vite. Il tend la main, et ses doigts effleurent les miens alors que je prends la montre.
— Je crois en toi, Clara. Plus que tu ne peux l'imaginer, murmure-t-il.
Il s'approche encore, et la distance entre nous diminue. Dans cette proximité, je peux voir les détails de son visage, chaque ride, chaque expression gravée dans la peau comme une carte des émotions qu'il ressent. Son regard est plongé dans le mien, cherchant quelque chose que seul l'autre peut offrir. Je me sens envahie par une vague d'émotions, un mélange de nervosité et de désir. Sa main reste près de la mienne, et je suis tentée de la serrer, de maintenir ce lien fragile qui semble nous unir. Je respire profondément, essayant de calmer le tumulte en moi.
— Et moi, je crois en toi, Léo, dis-je, ma voix à peine un souffle.
Soudain, il fait un pas en avant, et je sens ses doigts se poser doucement sur ma joue. Son contact est chaud et réconfortant, un ancrage dans ce chaos. Il se penche légèrement, et je peux sentir son souffle contre mes lèvres. Le moment semble suspendu, une bulle de calme au milieu de la tempête.
— Clara... il commence, sa voix pleine de tendresse. Je veux que tu sois en sécurité, que tu sois heureuse, quoi qu'il arrive.
Avant que je ne puisse répondre, il approche ses lèvres des miennes dans un baiser doux mais chargé de toutes les émotions que nous avons partagées. C'est un baiser plein de promesses silencieuses, de peurs partagées et d'espoirs suspendus.
Je me laisse emporter, fermant les yeux et m'ouvrant complètement à ce moment fragile. Ses lèvres contre les miennes sont un réconfort inattendu, une déclaration silencieuse qui dépasse les mots. Je réponds au baiser avec une douceur égale, ressentant chaque mouvement comme une vague qui effleure le rivage de mon cœur.
Lorsque nous nous séparons, nous restons là, nos fronts presque collés, nos respirations mêlées. Le regard de Léo est plongé dans le mien, et dans ses yeux, je vois une promesse de soutien inébranlable et un amour qui, même dans cette dystopie, semble éclore comme une fleur rare et précieuse.
Nous nous éloignons légèrement, nos yeux toujours accrochés l'un à l'autre. Il me fixe avec une intensité qui me fait sentir vulnérable mais en même temps incroyablement forte. Le monde extérieur semble s'être effacé, et il ne reste plus que nous deux dans cette petite bulle d'intimité.
— Tu sais, murmure Léo, sa voix caressante, avant de glisser ses doigts le long de ma joue pour les retirer doucement, ce baiser... c'est la première fois depuis longtemps que je me sens vraiment vivant. Que je me sens... humain.
Je déglutis, les mots manquant encore, mais un sourire naît sur mes lèvres. C'est fou comme un simple échange de baisers peut apporter une telle clarté dans un monde aussi sombre. Je prends une grande inspiration, essayant de stabiliser mes émotions pour me concentrer sur ce qui doit être fait.
— Nous devons rester concentrés, répète-t-il, comme s'il voulait que je n'oublie pas notre mission. Mais avant cela, repose-toi un peu. Nous aurons besoin de toute notre énergie pour ce qui nous attend.
Je hoche la tête, consciente que demain pourrait changer nos vies à jamais. Alors que nous quittons le laboratoire pour retourner dans nos quartiers, je ne peux m'empêcher de ressentir une étrange sensation d'excitation mêlée de peur. Léo marche à mes côtés, son pas sûr et déterminé, et je me sens étrangement en sécurité, malgré l'incertitude qui plane sur nous.
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