Chapitre 9


( N'ayant pas réussi à diviser ce chapitre en deux chapitres de taille égale, je l'ai coupé au milieu d'un moment important afin de rendre votre lecture la plus agréable possible. ) 

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Je me réveille en sursaut, le cœur battant, la couverture rugueuse serrée contre ma poitrine. Les ténèbres de la pièce m'entourent, mais ce n'est pas la pénombre qui m'oppresse, c'est la réalité. Le poids de ce que j'ai appris semble m'écraser, me forcer à m'éveiller à ce nouveau monde, ce monde où les espoirs et les rêves sont remodelés, effacés, détruits par un implant insidieux.

Léo n'est plus là, mais je remarque des vêtements propres posés sur une caisse en bois. Je me lève et change rapidement de vêtements. Mes jambes sont encore lourdes, engourdies par la fatigue nerveuse. Je sors de la petite pièce, guidée par une faible lueur qui s'échappe sous une porte à quelques mètres. Je pousse doucement la porte, et la lumière, bien que faible, me fait plisser les yeux un instant.

La pièce où je pénètre est remplie de papiers, de schémas complexes et d'équipements techniques. Au centre, Léo est penché sur une table, visiblement absorbé par son travail. Ses traits sont tirés, son regard fixé sur les documents éparpillés devant lui. Malgré la dureté de ses traits, il y a une vulnérabilité subtile, presque imperceptible, dans la manière dont ses épaules sont voûtées, comme si le poids du monde entier reposait sur lui. Il ne me voit pas tout de suite. Je reste là un moment, l'observant, essayant de comprendre cet homme qui semble porter le monde sur ses épaules.

— Léo... je murmure finalement.

Il lève brusquement la tête, me regardant avec des yeux fatigués, mais dès qu'il me reconnaît, son expression s'adoucit.

— Clara, tu devrais être en train de dormir. La journée d'hier a été longue.

Je secoue la tête en m'approchant de lui. Je me sens incapable de rester seule avec mes pensées, pas maintenant. L'idée qu'Ella puisse déjà avoir subi l'opération m'obsède, me ronge de l'intérieur.

— Je ne peux pas dormir, avoué-je. Chaque fois que je ferme les yeux, tout ce que tu m'as dit revient... et Ella... elle doit avoir subi l'opération maintenant, n'est-ce pas ?

Il acquiesce lentement, sans détourner le regard.

— Oui... c'est sûrement déjà fait.

Ces mots tombent comme une pierre dans mon estomac. Je m'effondre sur une chaise, le visage dans mes mains. Comment est-ce possible ? Comment ont-ils pu faire ça ? Ma douce Ella, toujours si optimiste, si confiante en ce que l'avenir lui réservait. Et maintenant, elle... elle n'est plus vraiment elle.

— Clara, murmure Léo, sa voix grave brisant le silence pesant. Je sais que c'est difficile, mais nous devons rester concentrés. Il y a encore tant à faire, tant de personnes à sauver. Et... peut-être que nous pourrons aider Ella aussi, si nous trouvons comment désactiver ces implants.

Je relève la tête, cherchant du réconfort dans ses yeux bleus. Il y a quelque chose dans son regard qui me donne de l'espoir, même s'il est mince.

— Il y a un groupe de chirurgiens qui travaillent dans les laboratoires secrets, ici même. Ils étaient autrefois de ceux qui pratiquaient ces opérations, mais ils ont fui quand ils ont compris l'horreur de ce qu'ils faisaient. Mila pourra t'expliquer les détails.

Je prends une grande inspiration, essayant de calmer les battements frénétiques de mon cœur. Je sens que je dois me ressaisir, que je dois être forte, non seulement pour moi, mais pour Ella et pour tous les autres qui ont été piégés par ce système monstrueux.

— Montre-moi où sont ces laboratoires, dis-je, ma voix plus assurée qu'elle ne l'était quelques instants plus tôt. Je dois comprendre ce qu'ils ont fait, et comment je peux les aider à inverser les effets.

Léo me regarde avec une nouvelle sorte de respect dans les yeux, comme s'il voyait en moi quelqu'un de différent, de plus fort que la jeune fille qu'il a rencontrée. Il me fait signe de le suivre et nous quittons la pièce, marchant en silence à travers les couloirs sombres de cette cachette clandestine.

Les laboratoires sont nichés dans une partie plus profonde du complexe. L'air y est plus frais, et l'atmosphère plus lourde, chargée de l'odeur familière des désinfectants médicaux mêlée à quelque chose de métallique, presque suffocant. Léo pousse une porte en métal qui s'ouvre sur une vaste salle remplie de machines, d'ordinateurs, et de personnes s'affairant autour de diverses stations de travail.

— Clara, s'exclame Mila, l'air ravie de me revoir.

— Léo m'a parlé de ce que vous faites ici, dis-je en jetant un coup d'œil aux équipements étranges autour de nous.

Elle s'approche de moi, un sourire bienveillant aux lèvres, mais ses yeux trahissent une fatigue similaire à celle que j'ai vue chez Léo. Sa chevelure noire et ondulée encadre son visage, accentuant l'intensité de son regard.

— Je suis contente que tu sois ici, continue-t-elle en posant une main légère sur mon bras. Nous avons besoin de personnes comme toi, qui peuvent encore penser par elles-mêmes. Léo t'a parlé des implants, mais il y a encore des choses que tu dois savoir.

Mila m'entraîne plus profondément dans le laboratoire, Léo nous suit, ses pas résonnant doucement sur le sol métallique. Les lumières fluorescentes clignotent parfois, ajoutant une ambiance étrange à cet endroit qui ressemble davantage à un sanctuaire technologique qu'à un laboratoire traditionnel.

— Ici, nous essayons de trouver un moyen de neutraliser ces implants, commence Mila en désignant les hologrammes. Le problème, c'est que ces dispositifs sont conçus pour se fondre dans les connexions cérébrales, presque comme une seconde peau neuronale. Les retirer sans endommager le cerveau est incroyablement difficile.

Je m'approche, fascinée et horrifiée à la fois. Les écrans montrent des schémas neurologiques, avec des annotations que je comprends à peine. Mais même sans une formation médicale, je peux deviner la portée de ces images. Elles représentent la manipulation de l'esprit humain, la réécriture des pensées et des émotions.

— Le Sypnatiser n'est qu'une partie émergée de l'iceberg, poursuit-elle en pointant un graphique avec un stylo. Le gouvernement a développé une version améliorée de cet implant, qu'ils appellent le "Sublimateur". C'est l'arme la plus perverse du Consortium de la Beauté. Il se connecte aux centres de la perception et de la mémoire dans le cerveau. Chaque couleur représente un type de connexion altérée par les implants. Le rouge indique les souvenirs effacés, le bleu les émotions atténuées, et le jaune... le jaune, c'est la perception de la réalité modifiée. Il crée une sorte de prison alternative, une prison mentale où tout semble parfait, même quand ce n'est pas le cas.

Je sens un frisson parcourir ma colonne vertébrale. L'idéee d'etre piégée dans une illusion permanente, incapable de discener le vrai du faux, est terrifiante.

— C'est ce qu'ils prévoient pour les citoyens qui montrent des signes de résistance ou d'individualité, continue Mila. Une fois que cette technologie sera généralisée, plus personne ne pourra jamais remettre en question le régime. La dissidence sera totalement impossible. Nous travaillons sur un moyen de neutraliser ces implants. Mais c'est complexe. Nous devons comprendre comment désactiver ces circuits sans causer de dommages permanents au cerveau. C'est un travail minutieux, et il nous manque encore beaucoup de données.

— Comment je peux vous aider ? demandais-je, la détermination perçant dans ma voix.

Mila me regarde, un sourire triste étirant ses lèvres.

— Tu es déjà en train d'aider, Clara. Ta résistance, ta volonté de savoir la vérité, c'est ça qui compte. Mais il y a une chose que tu peux faire immédiatement.

Elle se tourne vers Léo, qui acquiesce en silence avant de m'expliquer.

— Nous avons besoin d'accéder à certaines données dans les laboratoires principaux de Harmonia Perfecta. Nous savons que le gouvernement a des archives complètes dans un centre de données ultra-sécurisé, près du centre de chirurgie principale. Si nous pouvions accéder à ces données, nous pourrions peut-être trouver une solution plus rapide, plus efficace. Mais c'est extrêmement risqué.

Mon cœur rate un battement. Revenir à Harmonia Perfecta ? Là où tout a commencé, où j'ai déjà tant perdu ?

— Tu penses que je peux le faire ? soufflai-je, mon esprit tourbillonnant de doutes.

— Tu es la seule qui puisse passer inaperçue, répond Léo. Les gens te connaissent là-bas. Ils ne te soupçonneront de rien, surtout après ce que tu as traversé. Mais tu ne seras pas seule. Je serai avec toi.

Le regard de Léo croise le mien, et je sens une chaleur réconfortante m'envahir. C'est étrange, cette confiance qu'il place en moi, mais elle me donne la force de croire que je peux vraiment faire une différence.

— D'accord, je dis enfin, une lueur de détermination dans les yeux. Nous allons récupérer ces données. Ensemble.

Léo sourit, cette fois avec une assurance qui me réchauffe le cœur.

— Ensemble, répète-t-il, avant de se tourner vers Mila. Nous devons nous préparer. Le temps est contre nous.

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