Une discussion s'impose !

                                             

                                                                                         Harlow


— Tu peux m'expliquer ce qu'il vient de se passer Isaac ? Attaqué-je, dès que les portes battantes ont été closes, nous mettant à l'abri des oreilles indiscrètes, même si je ne doute pas que certaines aient traîné dans les parages durant notre confrontation.

Isaac lève la tête au plafond en soufflant les mains croisées derrière sa nuque.

— Isaac !

— C'est de ça dont je voulais te parler. Te prévenir que Faith travaille dans le service d'Alan. Mais je ne suis pour rien dans l'embauche de cette garce... crois moi Harlow.

Son regard perçant atteste de sa franchise.

— Oh, mais qu'elle bosse ici ou ailleurs, je m'en tape Isaac. Ce n'est pas ça le souci.

En toute franchise c'est vrai, même si j'aurais préféré être au courant et éviter l'effet de surprise qui l'a fait jubiler.

— Par contre, qu'elle m'agresse gratuitement après toutes ses années, sous le seul prétexte que je suis de retour, et que je menace hypothétiquement sa misérable vie, ça par contre ça me concerne directement.

Je fais les cent pas en fulminant et en imaginant les possibilités de la remettre à sa place une bonne fois pour toute, et l'envoyer dans un bordel à l'autre bout du monde, où est sa place.

— Princesse, chuchote Isaac tout prêt de mon oreille.

Il ne me touche pas et pourtant j'aimerais à cet instant qu'il le fasse.

C'est quoi mon problème ?

— Je sais à quoi tu penses, mais ne prends pas ses menaces à la légère... je t'assure qu'elle peut les mettre à exécution.

Je me retourne pour lui faire face. Notre proximité me déstabilise un court instant.

— De quoi tu parles ? Je ne comprends rien à rien. Faith n'est qu'une connasse d'arriviste, qui a toujours prétendu arriver à ses fins à l'aide du sexe... elle ne représente aucun danger pour moi à part celui d'être obsédé par moi... ce que je ne comprends toujours pas d'ailleurs, fais-je, plus pour moi même.

— Tu te leurres si tu penses ça !

— Kim, et maintenant Faith, ça va s'arrêter un jour ? ou bien il y en a encore de cachées ?

Isaac ne me répond pas, il se contente de sortir son paquet de cigarettes de la poche de sa veste dont il se déleste au passage, ce qui inévitablement attirent mes yeux vers sa silhouette.

— Je suis l'idiote dont on distribue les cartes de sa vie sans, que je ne sache, ni pourquoi, ni comment. Et cela depuis trop d'années. J'en ai marre Isaac... gardez vos secrets de merde et foutez moi la paix. Je n'ai pas signé pour ça en revenant vivre ici. D'ailleurs je n'avais pas l'intention de revenir.

Ses yeux me foudroient, mais c'est la stricte vérité. Si Isobel ne m'avait pas entourloupée, je serais restée à San Francisco. Ma vie là-bas n'était pas si mal, si on fait abstraction que ma meilleure amie me manquait, et que mon ex petit ami s'est avéré être un connard de menteur.

C'est certain que tes arguments donnent envie de te croire.

Énervée, et écœurée, de passer encore pour la fille ignorante, je saisis mon sac à main, me dirige vers la sortie mais c'est sans compter sur Foster qui me retient par le poignet.

— Quoi enc...

La fin de ma phrase meurt contre ses lèvres. Les mots s'envolent contre les siennes. Elles ne font que s'effleurer, et pourtant, la décharge électrique qui secoue mon corps est bien présente. Isaac me plaque contre son torse ferme, je n'ai pas d'autre choix que de laisser tomber mon cabas dans un bruit sourd et de poser mes mains sur sa chemise pour me rattraper. Les siennes englobent mon visage. Comme souvent quand je suis en sa présence, et qu'il me touche, je ne suis qu'une poupée de chiffon. Ma raison m'a quittée et mon cœur se réjouit.

— J'en meurs d'envie depuis que je t'ai vue tout à l'heure.

Sans que je puisse l'en empêcher, de toute façon je ne pense pas avoir la force, ni la volonté de le faire, malgré toutes les tensions qui polluent mon corps et mon esprit, je le laisse prendre possession de mes lèvres. C'est doux, sensuel, et possessif à la fois. Le baiser s'intensifie quand Isaac mord ma lèvre inférieure, je pousse un gémissement de satisfaction quand nos langues se retrouvent. Ses bras resserrent leur étaux sur mon corps, les miens entourent son cou, mes doigts se perdent dans sa chevelure le faisant grogner de satisfaction, il y a des années que mes rêves sont peuplés de ce moment. Isaac me pousse contre le mur, son excitation attise la mienne, une de ses mains glisse de ma taille à ma hanche, l'autre se faufile sous mon haut, nos lèvres sont toujours soudées, nos yeux ne se quittent pas, ses doigts s'enhardissent, caressent ma peau frissonnante, Isaac plonge sa tête dans mon cou, je la penche sur le côté, ferme les yeux, me délecte de ses lèvres qui butinent la peau tendre sous mon oreille.

— Tu me rends dingue Harlow.

— Tant mieux.

Nos pupilles dilatées par le plaisir que l'on ressent l'un envers l'autre, ne se lâchent pas.

Isaac sourit.

— À mon tour... alors...

Tout en me disant cela, sans jamais me quitter des yeux, Isaac déboutonne mon jean, passe une main à l'intérieur, décale mon shorty et n'attends pas pour insérer son majeur en moi. Je respire difficilement, penche la tête en arrière, mon bassin ondule en rythme, Isaac me perfore de ses iris aussi sombres qu'un soir d'orage, sa seconde main me saisit le menton et approche mon visage du sien.

— Tu es toute mouillée princesse, souffle-t-il contre mes lèvres. Toute serrée. Toute à moi.

Je devrais m'insurger, surtout à cause de sa dernière affirmation, mais ses mots susurrés tout contre moi m'excitent plus qu'il n'est raisonnable.

Son index rejoint son majeur, son pouce dessine des cercles sur mon clitoris, il me fait l'amour avec ses doigts, avec sa bouche, encore consciente, je passe mes mains sous sa chemise, trace le contour de ses abdos, remonte sur ses pectoraux, me délecte de la douceur de sa peau, m'impatiente de la sentir contre moi... m'agrippe à ses épaules alors que le plaisir monte en moi.

— Harlow, putain ! s'exclame-t-il en me soulevant.

Mes jambes entourent sa taille, sa main est toujours dans mon pantalon, ses mouvements s'accélèrent, je perds pied, Isaac le sens, mes pensées ne sont plus cohérentes, alors je me laisse envahir par ce plaisir qui circule dans mes veines, pour atteindre l'orgasme dans un cri étouffé par les lèvres de mon tourment.

Je reprends difficilement une respiration normale, Isaac ne m'a toujours pas lâchée, il nous emmène jusqu'au canapé où il m'allonge, puis sans attendre se positionne au-dessus de moi, ses coudes retenant son poids afin de ne pas m'écraser.

— Des années, que ton visage inondé par la jouissance hante mes nuits... des jours, et des nuits à vouloir le revoir... à te chercher dans d'autres visages...

Je me crispe, Isaac le sens.

— Comme la nuit dernière, persiflé-je.

Isaac baisse son visage.

— On en reparle après... s'il te plait Persephone.

— D'accord.

Faible, je suis trop faible quand il s'agit de lui.

— Je ne voulais pas te vexer, princesse, reprend-il, simplement te faire comprendre que ton absence a fait pas mal de dégâts.

J'effleure de mes doigts l'ovale parfait de son visage, remonte vers ses pommettes, son front, remet en arrière une mèche de cheveux rebelle.

— Je comprends Hadès, mais l'entendre, même si l'intention est bonne... me renvoie à ce que j'ai dû laisser de côté pour ne pas m'effondrer... à ce que j'ai sacrifié... à cette douleur qui m'a tenue compagnie durant des mois... avant de céder sa place à la colère, et l'incompréhension.

— On ne peut plus rien faire pour le passé, et j'en suis malheureux, car si je pouvais revenir en arrière et me battre au lieu d'encaisser, je le ferais... mais par contre Persephone, on peut se concentrer sur l'avenir, reprendre tout de zéro.

— Que fais-tu des menaces constantes de ta mère, et maintenant de Faith ? dis-je, en le poussant afin de me redresser et me rhabiller, sous son regard noir. Sans parler de ce que tu refuses de m'avouer sous prétexte que ce n'est pas à toi de la faire. Comment veux-tu arriver à construire quelque chose sur du sable mouvant ? On ne peut effectivement pas changer notre passé, mais il est comme un nuage noir qui nous poursuit.

— Les nuages ça s'éclate Harlow.

Isaac et moi sommes debout tous les deux face à face.

— Non, c'est là que tu te trompes, soit tu prends la foudre, soit la pluie, mais en aucun cas tu arriveras à le percer tout seul et sans conséquence.

— Alors, aide- moi, bordel !

— Je ne demande que ça Isaac, hurlé-je, à mon tour, en levant les bras au ciel, mais tu refuses de me donner tes munitions pour charger mon arme.

On tourne en rond.

— Je te le répète Harlow, tu vas certainement m'en vouloir, et j'en crève d'avance de te perdre à nouveau, mais je ne peux pas, ce n'est pas à moi d'assumer les conneries des autres... Quant à Kim, dès que tu seras au courant de toute la vérité, elle n'aura plus aucun moyen de pression sur nous.

— Que fais-tu de Faith ?

— Elle dégagera, je m'en assurais et mon père aussi. Alors je te propose une chose...

Je le fixe en attendant la suite.

— Vas voir tes parents.

— Qu'est-ce que mes parents viennent faire dans cette histoire avec Faith ?

Avec Kim, difficile de l'oublier. Mais l'autre pétasse ?

— Tout, répond-il d'un ton ferme.

— Je dois dîner chez eux ce soir justement.

— Alors c'est parfait, fait-il, en s'avançant. Après je t'attends chez moi, et suivant comment s'est déroulé ton repas en leur compagnie, on continue ce que l'on a commencé, ou alors je te servirais de punchingball ... dans tous les cas, je suis gagnant.

Isaac entoure mon visage de ses mains, dépose un baiser léger comme une brise sur mes lèvres puis recule en m'observant.

Encore une fois, il arrive à me détourner de la conversation initiale. Ce mec doit avoir un don.

Est-ce que je veux vraiment aller plus loin avec lui alors que rien n'est réglé ? Hier soir, il a refusé d'entendre mes excuses et s'est tapé deux pétasses en représailles.

Tant de secrets et de non dit nous entourent comme une bulle malveillante.

Je suis certainement maso, bonne à enfermer, mais je vais dire oui, parce que j'ai envie de connaitre la sensation de l'avoir contre moi, en moi, de découvrir enfin ce que cela procure, de donner le pouvoir à Isaac, de me laisser bercer, porter, de fondre dans ses bras comme cela aurait dû se passer il y a six ans...

— Princesse, tu es avec moi ?

— Quoi ?

Issac rit de mon manque d'attention.

— C'est d'accord ?

— Oui.

Pas d'hésitation.

— Bien.

— Par contre, commencé-je, Isaac fronce les sourcils, ne crois pas que tu vas passer outre des explications sur ta soirée d'hier soir... et ta nuit.

Isaac détourne le regard, gêné.

— Il n'y a rien à raconter Harlow, j'ai joué au con, mon impulsivité a exécuté le reste. J'étais en colère contre toi, de m'avoir repoussé après notre baiser, de t'être servi de moi...

Je m'apprête à m'insurger mais il lève un doigts me faisant comprendre d'écouter la suite.

— Mais surtout contre moi de t'avoir parlé comme je l'ai fait... et tu sais comment je suis dans ce cas là... Je déconne. Alan m'a pourtant averti, il n'a pas pu enfermer son côté moralisateur, mais mes œillères étaient bien en place. Ton premier sms m'a convaincu que mon attitude était la bonne afin de t'oublier, de respecter ton choix. Et ces deux filles étaient là. Alors l'addition a été facile. Je m'en suis voulu dès mon réveil, et encore plus quand j'ai lu ton second message. J'ai agit comme un salopard. Je te demande, encore, de me pardonner princesse.

Je suis troublée par ses mots car, oui Isaac est un impulsif. Plus jeune, il avait le foot comme défouloir en plus du sexe, aujourd'hui je ne connais pas ce qui lui sert à évacuer la pression. Enfin si, un qui n'a pas changé. Mais qu'il me demande pardon alors que nous ne sommes rien l'un envers l'autre, qu'il ne me doit rien, et surtout qu'il s'en veuille de s'être envoyé en l'air avec deux nanas est nouveau pour moi.

— Excuses acceptées. Même si cela ne me regarde pas de savoir avec qui joue bébé Foster.

Isaac part dans un grand éclat de rire communicatif.

— Je t'assure qu'il n'a rien de bébé, chez moi Harlow.

Je lève les yeux au plafond devant tant d'arrogance.

— Permets moi d'en juger par moi même.

— Ce soir, poupée.

C'est à mon tour de rire. Notre complicité qui renaît me plait de plus en plus, et surtout cela m'éclate en plein visage. Elle m'avait manquée.

— Je crois que l'on va devoir y aller, Isobel doit m'attendre.

— Tu as raison, pourtant je n'ai aucune envie de te relâcher, il argumente ses paroles de gestes. Il me saisit par la taille, butine mon cou de doux baisers.

— Hum, pourtant il va falloir.

A regret, je recule.

— A ce soir. Je t'envoie un message, lis le cette fois, j'agrémente ma pique d'un clin d'œil, quand je pars de Buckhead.

— Pas la peine, je serais chez moi, je t'attends.

— Ok.

Nous sortons de la salle de réunion, en nous séparant au bout du couloir. Isaac se dirige vers son bureau, alors que moi, je textote à ma tante pour m'informer où je dois la rejoindre. 

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