Surfer and Cocktails


                                            Harlow


La soirée avance, les verres défilent, la conversation se fait moins claire, les fous rires s'enchaînent. Kendra et moi retrouvons notre complicité. J'ai l'impression que cela fait une éternité que nous n'avons pas passé un moment comme celui-ci. Nous ne nous sommes jamais perdues de vue malgré mon éloignement, mais la distance a joué son rôle. Et ce soir je suis heureuse d'être en sa compagnie.

J'ai rencontré cette fille merveilleuse, et un peu folle, au stade de foot durant notre dernière année de lycée. Un après-midi, alors que je révisais mes cours assise dans les gradins, en attendant que mon entraînement de cheerleader commence. J'avais pris l'habitude d'y venir quand le temps le permettait et avant que l'équipe des Panthers envahisse le terrain pour leur entraînement quotidien... et dans leur sillage toutes les groupies et les cris de pintades qui vont avec. Sauf que ce jour-là, je ne me suis pas rendue compte de l'heure, et je me suis fait surprendre par des cris hystériques. La cause en était mon ennemi juré qui se pavanait sur le bord de touche, torse nu, un grand sourire au lèvres, et en faisant tellement de clins d'œil à ses fans que je me suis demandée si il n'avait pas un tic.

— Un mec à moitié à poil, et ça y est, leurs culottes sont inondées. Pathétique.

Je me suis retournée pour voir qui venait de dénoncer cette vérité. C'était une fille qui était assise un rang plus haut que moi.

— A croire qu'elles auditionnent pour un casting de film porno, ajouté-je, en fixant le spectacle affligeant de toutes se meufs en chaleur, et de l'autre vantard sur la pelouse.

On éclata de rire. Elle se leva pour venir me rejoindre et s'asseoir à côté de moi.

— Heureuse de rencontrer une fille qui ne fond pas sous le regard de braise de notre quarterback.

Je n'allais pas la contredire, mais ce n'était pas tout à fait la vérité. Isaac est un gros con mais le gris de ses iris ne me laisse pas tout à fait de marbre.

— Enchantée, je suis Kendra.

— Ravie de faire la connaissance d'une fille qui ne fait pas partie des fans d'Isaac Hades Foster. Moi, c'est Harlow Jenkins.

— Attends...tu es la Harlow Jenkins ? La capitaine des GSU ? Oh mon Dieu ! Oh mon Dieu.

Elle se tient le visage à deux mains en poussant des cris. Je regarde Kendra comme si un dédoublement de personnalité venait de la frapper.

— Heu...

— Je plaisante Harlow, se reprend-t-elle. Tu pourrais être la fille spirituelle de Scott Eastwood et Margot Robbie que ça ne changerait rien... enfin si... peut-être que je m'incrusterais souvent chez toi... Kendra réfléchit comme si c'était réellement le cas.

Cette nana est frappée. Mais elle me plaît beaucoup. Ça change des hypocrites, qui ne me flattent uniquement parce que j'ai le pouvoir de les évincer de l'équipe, ou des arrivistes comme Faith.

— Tu peux venir chez moi, mais je dois te prévenir que mon père ne ressemble en rien à Scott et ma mère ne se coiffe pas avec des couettes.

On explose de rire en même temps. Ce qui attire l'attention des joueurs qui ne sont pas sur le terrain et se concentrent sur nous. Et leurs bimbos aussi.

Forcément.

Bien sûr Isaac n'est pas en reste. D'ailleurs il me fait un clin d'œil en lançant son ballon en l'air avant de le rattraper et de recommencer.

Frimeur.

— C'est bon à savoir... mais pourquoi Ha...

Elle n'a pas le temps de terminer car un cri remplace la fin de sa phrase. Je n'ai pas le temps de me demander pourquoi, que quelque chose de dur fait un touchdown sur mon front. Je viens de recevoir un ballon en pleine tête. Un putain de ballon ovale. Le temps de retrouver mes esprits, d'y voir plus clair et non plus des étoiles, que je n'ai aucun doute sur le coupable. Isaac est éclaté de rire avec ses acolytes.

— Putain ! Mais tu es un grand malade Foster, hurlé-je une fois ma surprise passée en frottant mon front.

Le coach Haynes les rappelle à l'ordre depuis le terrain.

Kendra le fixe stupéfaite, puis sans attendre, elle range mes affaires et m'entraîne avec elle en me tenant la main.

— Il est taré ou quoi ?

— C'est une possibilité oui... Je comprends mieux pourquoi ils perdent leurs matchs avec un quarterback pareil.

Malgré la douleur de mon crâne nous rions de ma moquerie.

— Vient ! tu dois passer de la glace sinon demain tu vas ressembler à éléphant man...

— Charmant.

— Ouais. Pas top pour la capitaine des GSU.

— Il y en a dans la salle de soins, je l'informe.

En descendant des tribunes par l'escalier principal, je sens le regard d'Isaac me suivre. Son air à changé, on croirait presque qu'il regrette son geste. Mais il ne fait aucun signe. Même pas pour s'excuser. Je lève mon majeur bien haut et tourne les talons en direction des vestiaires. La vengeance est un plat qui se mange froid.

Après cette péripétie, Kendra et moi sommes devenues inséparables. Elle n'a jamais voulu faire partie des cheerleaders, malgré mon insistance, mais elle était présente à chacune de mes représentations. Quant à Isaac Foster, après cet épisode, il m'a laissé un peu de répit... un peu.

— Allo la lune, ici la terre.

— Désolée.

— Ou étais-tu cette fois ?

— Dans des gradins... pas besoin d'en rajouter Kendra comprend de suite à quoi je fais référence.

— Houla ! Tes retrouvailles avec le Diable t'ont vraiment perturbée...

Perturbée je ne sais pas, fait remonter des souvenirs ça c'est certain.

— D'ailleurs à propos de retrouvailles...

Kendra stoppe son geste de boire une gorgée de sa boisson en attendant le suite.

— Depuis quand Isaac te murmure-t-il à l'oreille ?

Elle rougit.

— Ce n'est pas ce que tu crois Harlow, se justifie-t-elle.

— Oh mais je ne crois rien, je demande juste.

— On s'est croisé quelques fois... dans des soirées après ton départ... et rien de plus.

Sa voix hésitante et la tension qui émane de son corps contredisent son affirmation.

Pour la première fois depuis que nous sommes amies, je sens qu'elle ne me dit pas toute la vérité. Mais je n'insiste pas, car après tout cela ne me regarde pas. J'ai quitté Atlanta précipitamment sans me retourner, et elle, elle a continué sa vie ici. Elle connaît l'animosité qui nous lie Isaac et moi, et surtout le pourquoi de ma fuite, alors je présume qu'elle ne veut pas s'étendre sur le sujet par à cause de l'amitié qui nous lie.

Deux mecs que je n'ai pas vu arriver s'invitent à notre table, tenant chacun de verres de shots dans leurs mains. Je reconnais un des deux que Kendra n'arrêtait pas de chauffer depuis sa place. Je crois que c'est son plan cul. Mais je n'en suis pas certaine.

— Vous permettez que l'on se joigne à vous ? Propose celui qui vient de s'asseoir à mes côtés.

— Pourquoi pas, réplique-t-elle.

Tu m'étonnes !

Son sourire en coin me confirme ce que je pensais. Je secoue la tête en lui rendant son sourire. Kendra est une bombe et elle aime le sexe. Elle en profite à fond.

Sans maîtriser quoi que ce soit, mes yeux scrutent le bar pour tomber dans ceux d'Isaac qui fusillent ceux qui sont assis à notre table. Il est accoudé au comptoir un verre à la main. Alan est avec lui en pleine discussion avec deux pimbêches qui s'évertuent à attirer l'attention du diable. Sauf qu'elle est braquée dans notre direction. Je détourne la tête pour me concentrer sur ce que me dit...

— James, enchanté, se présente-il en me tendant sa main.

— Harlow, fais-je, à mon tour.

Son pote ne prend pas la peine de faire connaissance, et pour cause, il a sa langue fourrée dans la bouche de ma meilleure amie.

— Ils n'ont pas perdu de temps ! Constate James.

C'est donc ce que regardait Isaac. Et non pas moi. Pauvre dinde. Il n'a jamais accepté que l'on marche sur ses plates bandes. Après tout, ils avaient l'air très proches quand je les ai interrompus. Même si ma meilleure amie m'affirme le contraire.

— Je vois ça !

— Et si l'on allait danser, manière de ne pas tenir la chandelle ?

Danser ? Avec le taux d'alcool qui circule dans mes veines ? Trop suicidaire...

— Tu ne tiens pas à tes pieds...

Sauf que James ne me donne pas le choix.

— Allez viens Harlow. Tout le monde est bourré... on pourra se lâcher et faire comme si l'on maîtrisait nos pas. Et je prends le risque de perdre mes orteils.

Je m'esclaffe devant sa répartie. Ce James me plait bien. En plus il est canon, si l'on aime le look surfeur. Et puis cela fait un moment que je ne me suis pas envoyée en l'air.

— D'accord, mais le bureau des réclamations ne prendra aucune plainte.

— Je note... son souffle chaud contre ma nuque me fait frissonner. On trouvera un arrangement... à l'amiable... Qu'en dis-tu Harlow ?

Que là de suite c'est une super bonne idée.

— Ça me va.

— Bien. Maintenant que nous avons trouvé un accord ... allons enflammer la piste Sandy Olsen.

— Tu me compares à l'héroïne de Grease ?

James se contente de soulever ses épaules.

Je ris tout en le suivant, main dans la main à travers la foule, jusqu'au milieu de la piste de danse. Il ne me lâche pas, au contraire, il me fait pivoter afin que mon dos soit appuyé contre son torse, et enroule ses bras autour de ma taille en posant ses mains sur mon ventre.

La proximité de nos corps, l'alcool qui réchauffe mes veines, ses doigts qui s'infiltrent sous mon haut pour caresser ma peau, ou peut-être est-ce le gris tempête du regard d'Isaac qui me mitraille par-dessus l'épaule de sa partenaire... mais je me sens pousser des ailes. Je me trouve sexy, j'abandonne mes inhibitions pour me laisser aller. Je me déhanche, appuyant mes fesses contre l'entrejambe de James, d'ailleurs je l'entends inspirer, ses doigts, à présent sur mes hanches, resserrant sa prise.

— Si tu continues... Je ne suis pas sûr de pouvoir tenir longtemps Harlow sans t'emmener ailleurs... Son timbre est plus rocailleux.

Indifférente à sa problématique, je passe mes bras autour de son cou, me cambrant au maximum, sans lâcher Isaac du regard. Je le vois serrer les mâchoires, c'est quoi son problème ? Ma poitrine pointe dans sa direction, je sens les mains de James remonter vers elle justement, j'ondule du bassin, mon surfeur grogne contre mon oreille. Mon épiderme se couvre de chair de poule.

Je danse.

Je provoque.

La fille qui danse avec Isaac, enfin qui s'en sert de barre de pôle dance plutôt, embrasse son cou, fait glisser ses ongles sur son torse, mais d'un geste brusque il la repousse et quitte la piste sans un regard pour elle, ni pour moi.

Toujours aussi salop.

Je souris pas mécontente de mon petit jeu.

Mais dans quel but ai-je commencé la partie ? Mes tergiversations vont devoir attendre.

— Harlow putain.

La plainte de James me fait détourner les yeux du diable qui s'éloigne.

Puis sans que je n'ai le temps de réagir, James me retourne se saisit de mon visage et fonce sur ma bouche. Dans un réflexe que je ne maîtrise pas, j'écarte mes lèvres, il comprend le message et n'attend pas pour y glisser sa langue. Le baiser est maladroit... rien à voir avec ceux de... Non, non, ne pense pas à ça maintenant Harlow. James incline ma tête pour lui donner l'angle qu'il veut. J'essaye de me concentrer sur ses lèvres qui butinent les miennes, sur cette langue au?? aucun métal froid ne fait tressaillir... punaise Harlow reprend toi !

La musique change, un son électro, des couples nous bousculent nous obligeant à reculer et mettre fin à ce baiser.

— Waouh ! S'exclame un James euphorique.

Je ne réponds rien.

D'une, afin de ne pas le vexer, car pour moi, il n'est pas waouh, et de deux, je ne souhaite pas l'encourager à recommencer.

— Et si l'on allait se désaltérer ? Je meurs de soif.

James éclate de rire devant ma façon peu subtile de ne pas approuver ou au contraire il pense que je suis troublée.

— C'est ta façon polie de me faire comprendre que c'était nul ?

A ben non.

— Non... c'est ma façon de te faire comprendre que tu m'as donné chaud.

Et le prix de la mauvaise fois est attribué à... Harlow Jenkins.

Les yeux de James brillent d'un éclat nouveau.

Quand nous arrivons à notre table, il n'y a plus ni Kendra ni son sextoy du soir.

— Je crois bien que mon pote et ta meilleure amie sont allés tester le confort des sanitaires.

— Ou la solidité d'un mur.

James et moi nous asseyons en riant, puis il m'abandonne le temps d'aller commander d'autres verres.

— J'ai cru que je n'arriverais pas à passer commande tellement il y a du monde.

— On est jeudi soir.

— Ouais, fait-il en se passant une main dans ses boucles blondes. J'avais oublié que c'était le soir des étudiants.

— Pas que, mais oui essentiellement.

Il me tend un verre au contenu multicolore et nous trinquons à notre rencontre.

— Je peux te poser une question ?

— Toutes celles que tu veux beauté.

Je grimace intérieurement face à ce qualificatif.

— Attention, je peux être très imaginative...

Je m'arrête en comprenant le double sens de ma phrase.

— Tu attises ma curiosité.

James pivote face à moi, un coude sur la banquette, ses doigts attrapent une de mes mèches pour jouer avec, et la remettre derrière mon oreille.

— Pas dans ce sens-là pervers, je m'esclaffe avant de boire le reste du cocktail cul sec.

Je commence à sentir les effets de mes excès, pourtant, je tends mon verre pour que James m'en serve un autre.

S'amuser, lâcher prise, ce sont les mots de Kendra.

— Tu n'es pas d'ici ? Si ?

Il fait non de la tête.

— Ça se voit tant que ça !

Je fais oui de la tête.

— San Diego. Je suis venu passer quelques jours de vacances chez Tyler.

Nous continuons de discuter tout en enchaînant les boissons, et c'est de cette manière que j'apprends que James est surfeur professionnel, qu'il fait le tour du monde pour surfer les plus gros spots et qu'il a une sœur plus jeune suite au remariage de sa mère. Je lui parle de moi, sans trop rentrer dans les détails. San Francisco est un bon sujet, puisqu'il y est déjà allé et qu'il connaît, et ça me va très bien. Pas question d'aborder le sujet Isaac ou la guéguerre entre sa famille et la mienne.

Kendra et Tyler réapparaissent au bout d'un temps qui me semble indéterminé. Ma jauge de comparaison est la carafe de ce délicieux cocktails qui est à présent vide. Leurs expressions se passent de commentaires. Le mot SEXE clignote presque sur leurs fronts. De toute façon je suis trop saoule pour sortir un truc cohérent.

La fatigue accumulée, à cause de ma journée riche en émotions, de l'alcool ingurgité, commence à mettre à mal ma concentration. Alors d'autorité je pose ma joue sur l'épaule de James, puis je ferme les yeux... il me semble entendre crier, puis sentir que l'on me soulève, mais mes paupières sont trop lourdes pour que j'essaye de les ouvrir.... et une sensation de bien-être m'envahit.

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