Retour à la realité



Isaac

La tête comme dans un étau, je me frotte le visage pour rassembler mon esprit et ma mémoire, quand je sens des doigts parcourir mon abdomen, et descendre plus bas vers le sud, dans l'optique d'atteindre ce qui se trouve dans mon caleçon. Ma main agit avant que mon cerveau lui en donne l'ordre et stoppe la main aventureuse, en grognant avant qu'elle n'atteigne son but.

— Tu comptes aller jusqu'où ?

Putain, je ne reconnais plus ma voix. Signe que j'ai vraiment déconné hier soir.

Une fois que nous avons été à poil, que chacune à leur tour, elles ont fait connaissance avec mon sexe, et l'ont honoré, j'ai commandé une bouteille de vodka au room service. Le temps de remettre la machine en marche. Les shots se sont enchaînés. Moi, parce que ma mémoire faisait des siennes en invitant Harlow, et l'émotion que cela m'a procuré de la tenir entre mes bras, et de goûter ses lèvres de nouveau, et elles, sûrement par habitude. Le spectacle qu'elles m'ont offert ensuite m'a vite remis au garde à vous et a fait son job en effaçant de mon esprit les images qui voulaient s'y inviter. Après les avoir baisé chacune leur tour, nous nous sommes endormis comme des masses. Ce qui ravive ma mauvaise humeur, car je ne passe jamais une nuit complète avec les femmes que je saute.

— Là où tu as envie d'être soulagé, me ramène dans la chambre la voix de la blonde.

Dans mon dos, un corps chaud se colle plus étroitement à moi, me faisant sentir une poitrine ferme aux pointes dressées, un bras passant par-dessus mes hanches, afin de rejoindre la première main, que je tiens toujours posée sur mon bas ventre. Les yeux toujours clos, la sensation des ongles que je ressens à cet instant, sans les effets de l'alcool sur ma peau, accentue ma nausée, et se superposent à d'autres...
Qu'est-ce que j'ai foutu bordel ?

— Une dernière fois... laisse toi faire... on gère...
Des lèvres butinent ma nuque, d'autres mon cou.
C'est le déclencheur.
— Non ! affirmé-je plus virulent en ouvrant les yeux cette fois-ci.

Je vire sans ménagement les mains des deux nanas qui m'ont tenu compagnie cette nuit, et me redresse dans le lit, dans l'optique d'en sortir, mais mon cerveau n'est apparemment pas coordonné avec mes mouvements. La brune et la blonde en profitent pour jouer les sangsues et encore une fois je les dégage.

— J'ai dit non putain !

Je m'écarte le plus possible d'elles. J'ai pas une grande marge de manœuvre dans un lit aux dimensions standards.

— C'est bon là ! Vous avez eu ce que vous vouliez cette nuit. Assouvir votre fantasme d'un plan à trois.

C'est ce qu'elles m'ont laissé entendre, même si j'ai de gros doutes quant à la véracité de cet aveux tellement leur duo était bien rodé.

— T'es vraiment un connard, s'énerve la brune en se levant sans se soucier de sa nudité.
— Ouais, c'est un fait. Cependant, j'ai pas le souvenir que ça t'ai dérangé de le savoir quand ma queue t'a pénétrée à plusieurs reprises, ou que tu l'avais en bouche, je crache en la fusillant du regard.

Elle attrape ses fringues, se retient de me les envoyer à la gueule et va s'enfermer dans la salle de bain en prenant soin de claquer la porte.

Ma migraine la remercie de cette attention.

Je m'apprête à en faire autant, m'habiller, bien qu' une douche à cet instant me ferait le plus grand bien, mais la salle de bain est déjà occupée et je n'ai pas l'intention de remettre ça avec la brune, sauf que la blonde s'octroie le droit de me saisir le poignet.

— Je vais finir par être méchant.
— Tu n'es pas obligé de nous parler sur ce ton.

Elle obtempère, je commence à enfiler mon pantalon.

— Écoute, fais-je avec une patience que je n'ai pas, on a passé un moment sympa entre adultes consentants...

Pas la baise du siècle, mais je m'abstiens d'être encore plus blessant, alors je garde la réflexion pour moi.

— ... Les règles ont été claires dès le départ ma belle... il n'y a pas de prolongation. Je ne vous ai pas promis le petit déjeuner, et encore moins le mariage, et mon corps ou ma queue ne sont pas un buffet à volonté. Je te l'ai dit hier soir, il faut savoir rester dans sa cour... donc maintenant tu vas me lâcher, et si tu as encore envie de baiser, va retrouver ta copine sous l'eau, mais moi, tu vas me laisser rentrer chez moi, car j'ai un boulot qui m'attend...

— Et une copine aussi ? me coupe-t-elle en me mitraillant du regard.

Mon corps se raidit, et ma mâchoire se crispe tellement que des crampes commencent à arriver, et mes doigts se figent sur le dernier bouton de ma chemise.
De quel droit cette garce ose insinuer que je tromperais ma petite amie avec elle si j'en avais une ?

Et elle insiste l'inconsciente.

— Elle a sacrément dû toucher ton ego pour réagir comme tu l'as fait.

Je ne lui donne pas la possibilité d'aller plus, la colère monte, froide, létale, elle n'a pas le droit de mêler Harlow à ça. Je suis assez grand et con pour merder tout seul.

— Je te croyais plus intelligente que ça, fais-je d'un ton calme, qui annonce la tempête pour ceux qui me connaissent, tout en me rapprochant du lit.

Quand j'arrive au bord du matelas, la blonde est obligée de lever la tête afin de pouvoir me regarder dans les yeux.

— Tu penses que si j'avais une petite amie je baiserais ailleurs ? Non chérie. Je vais t'énoncer une vérité. Les mecs dans mon genre, avec un compte en banque plus gros que le nombre d'habitants du bled dans lequel tu vis, une bagnole plus chère que ton ranch, et un appartement plus grand que les terres que possèdent ton père, ne vont pas chercher ailleurs ce qu'ils ont à la maison en mille fois mieux. On s'amuse avant, avec des filles dans votre genre, qui n'ont aucun scrupule à se taper des hommes en couple, en essayant de leur soutirer leurs numéros de téléphones, sous le prétexte minable d'un pari débile perdu, afin de les faire chanter plus tard... avec une grossesse, ou simplement pour leur soutirer du fric. Sauf que les hommes comme moi, on vous connaît par cœur. Et tu sais pourquoi ? parce que vous êtes transparentes, on vous voit arriver à des kilomètres. Les mots dollars et sexe clignotent en rouge sur votre cul. Alors on rentre dans votre jeu, on se laisse séduire, on fait semblant de vous donner le pouvoir, sans toutefois vous abandonner ce que vous souhaitez vraiment... on vous baise, mais... je plante mes yeux dans les siens pour plus de véracité, vous, on ne vous épouse pas. Jamais.

De la rage boue dans ses prunelles, ses poings froissent le drap, je recule par précaution.
Je vais certainement trop loin. Mais personne ne va me blâmer pour lui rappeler la réalité. Surtout qu'au départ c'est elle qui voulait me piéger en chopant mon numéro de portable. Et après ma nuit entre leurs cuisses, elles n'avaient plus rien d'innocentes, leurs manèges étaient bien huilés. Leur fantasme de réaliser un triolisme n'était qu'un prétexte pour attiser mon désir. J'en suis certain maintenant, mais je ne vais pas argumenter plus, trop pressé de quitter cette chambre.

— Chez nous, les connards prétentieux de ton acabit, on les fout dehors à coups de fourches ou pire on les émascule.
— Une chance que je ne demande pas ta main alors. Et je saisis mieux pourquoi vous venez en ville vous faire sauter.

J'évite le coussin que la blonde lance dans ma direction, pas son cri rageur qui vrille un peu plus mon mal de crâne, l'eau ne coule plus dans la salle de bain, il est temps pour moi de déguerpir, alors je récupère mon téléphone, ma veste et abandonne cette chambre qui pu le sexe et les relants d'alcool. Tout comme moi. Je n'ai qu'une hâte, c'est de rentrer chez moi pour enlever toutes traces de ma nuit de debauche.

Des mois que ça ne m'était pas arrivé. Je ne veux pas approfondir la cause, mais je me sens sale pour la première fois depuis des années. L'envie de vomir revient en force. Ma conscience se réveille et les images qu'elle m'envoie, de Harlow et moi en train de nous embrasser manque de me faire dégobiller dans l'ascenseur. Je frappe de mon poing la porte métallique en poussant un juron.

Arrivé au rez-de-chaussée, je traverse le hall de l'hôtel, sans un regard pour le personnel de l'accueil, au pas de course, et ce n'est qu'une fois dans la rue, que je prends une grande inspiration. Comme si respirer de l'air frais était nouveau pour moi après avoir été enfermé pendant des jours. Cela me ramène à des années en arrière quand je suis sorti de prison... Heureusement le soleil n'est pas de la partie, ce qui m'évite de froncer les yeux et accentuer mon mal de tête car je n'ai pas mes lunettes de soleil. Je peste contre mon manque de lucidité cette nuit, quand je réalise que je dois marcher un kilomètre pour aller récupérer ma voiture toujours garée devant le Sunset.
Cette constatation m'en amène à une autre. Alan.

— Merde Alan. Il s'est barré alors qu'on était venu ensemble. Avec lui aussi, je vais devoir m'excuser.

Je sors mon iPhone prêt à lui envoyer un message en ce sens, quand mes yeux restent bloqués sur le sms d'Harlow, que j'ai fait exprès d'ignorer la veille durant la soirée, persuadé qu'elle m'informait encore du planning des rénovations.

Persephone :
Je m'excuse pour mon geste. Je sais que tes mots ont dépassé ta pensée. Écoute, si tu veux on peut se retrouver quelque part... ou pas.
H

Je broie l'appareil, c'est ça, ou je l'envoie valdinguer contre une vitrine. Je passe mes deux mains dans ma tignasse en levant mon visage vers le ciel.

— Putain de caractère de merde.

A croire que les années ne m'ont pas apporté la sérénité et la maturité tant décrites dans les pages des magazines féminins. Je ne lis que les titres, pas d'affolement mesdames.
Harlow a mis sa fierté de côté pour faire le premier pas. Et la connaissant elle a dû prendre sur elle. Et moi, comme le débile que je suis, j'ai sauté sur la première occasion pour évacuer cette frustration qui me ronge depuis que miss Jenkins a déserté mon bureau en mode vénère.

En foulant le trottoir, une solution m'apparaît pour essayer de réparer les dégâts. Fier de mon idée, j'accélère mes pas, sors la télécommande de la poche de ma veste en apercevant mon bolide, je monte à l'intérieur et m'insère dans la circulation encore fluide en ce tout début de matinée, et je compose le numéro qui pourra m'aider dans ma quête de gagner le pardon de ma princesse.

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