Je serai la Reine... de Pique.


                                                                    Faith
Des années plus tôt.

Harlow Jenkins.
Ma cible, ma victime, ma réussite.
Pourquoi elle ?
Parce qu'elle a tout ce que je convoite. De l'argent, des connexions, des parents aimants.
Parce que le monde est à ses pieds alors que je dois gravir des montagnes pour atteindre ne serait-ce que ses talons de douze centimètres.
Mais plus pour longtemps... je m'en fais la promesse.

Des fois, je m'écoeure toute seule, mais c'est pour la bonne cause alors je prends sur moi.
Je suis assise dans les gradins du stade du lycée où mes parents ont tenu à me scolariser, l'établissement public dans lequel j'étais, étant trop laxiste pour une fille comme moi, soi-disant... ça ce sont eux qui le jugent, moi je m'éclate chez les ploucs... un peu d'argent, de sexe et hop, j'en faisais ce que je voulais.
Bref, ce n'est pas le sujet du jour.

J'ai donc posé mon postérieur de déesse sur le siège voisin de celui de mon ennemie jurée, capitaine des cheerleaders et reine des vierges.
Harlow Jenkins.

Voilà quelques semaines que j'essaye de l'approcher, de faire amie-amie, de la suivre, de lui lecher les bottes, à défaut d'autre choses, oui oui je ne suis pas difficile, du moment que j'arrive à mes fins, et cette fille aurait bien besoin de se dévergonder... sauf que celui qu'elle convoite en secret, lui est interdit. Elle ne leurre personne en s'acharnant à démontrer qu'elle ne ressent rien pour le quaterback de l'équipe.
Pauvre d'elle.

La Juliette de Roméo sexy, badass, que je mettrais bien dans mon lit pour jouer un peu n'est autre que Isaac Foster, capitaine de l'équipe de foot, fils unique de Kim et Henry Foster, les Montaigu d'Atlanta. Une histoire de cul serait derrière tout ça, rien de bien nouveau dans ce milieu.

La demoiselle n'est pas facile à apprivoiser, elle se méfie beaucoup de ceux qu'elle ne connaît pas, et mon dieu elle a raison en ce qui me concerne... mais ça y est ! je suis enfin arrivée à mes fins. La discussion que nous venons d'avoir est loin d'être plaisante, et ne met pas en valeur, et son air compatissant, à la limite de la pitié m'a donné envie de lui attraper sa queue de cheval et de frapper son front contre le béton des gradins, mais j'ai pris sur moi, joué mon rôle à la perfection, celui de la fille volage, indépendante, sûre d'elle, n'ayant qu'une idée en tête celle de faire un mariage d'argent. Sauf que ce que je n'avais pas prévu, c'est qu'Harlow est loin de n'être qu'un corps, sans cervelle. Ses paroles m'ont atteinte plus qu'elles ne le devraient, m'ont vexée, me renvoyant à ma condition inférieure à la sienne. Dans le fond, elle n'a pas tort. je ne serais jamais vraiment indépendante, en épousant un mec à fric sans en avoir moi même, mais je sais aussi que j'ai d'autres moyens de les tenir.

Un enfant par exemple.

Après des semaines à négocier à me mettre à genoux, j'ai enfin réussi à décrocher ce qui va me permettre d'atteindre mon but. Cela n'a pas été simple de la convaincre de m'obtenir une invitation pour le gala de charité qui aura lieu ce soir, il s'agit de récolter des fonds pour les mères célibataires. J'ai failli éclater de rire devant l'ironie de la situation. Je n'ai pas l'intention de l'être, célibataire j'entends, mais sait-on jamais avec cette catégorie d'hommes qui changent de maitresse aussi souvent que le fait leurs domestiques avec leur draps de lit souillés par leur sécrétions, mais Harlow a craqué devant mon insistance. Elle n'est pas dupe quant à mes motivations, me rappelant que la plupart des hommes présents sont mariés, et bien plus âgés. Aucune des deux informations ne m'est inconnue et encore moins repoussante.

L'heure de retrouver la famille Jenkins approche alors je me glisse en silence hors de la maison, mes parents étant très à cheval sur les heures de sorties et encore plus sur les relations hors mariage... des fois je les plains d'avoir mis au monde une dévergondée comme moi, s' ils savaient ce que je fais. Je me faufile jusqu'au bord de la route où le taxi que j'ai appelé plus tôt m'attend et dès que je suis à l'intérieur je lui donne l'adresse de l'endroit où a lieu la manifestation.

Dès que je pénètre dans le hall, une hôtesse vérifie si mon nom est bien sur la liste des invités et là je croise les doigts pour que miss parfaite ne m'ait pas fait un coup de pute, mais je respire quand elle me dit que c'est bon et que je peux accéder à la soirée. Je passe par le vestiaire, dépose mon manteau, puis je me dirige vers les doubles portes battantes qui donnent accès à la salle de réception. Je repère de suite Harlow en grande conversation avec un type que je ne n'ai jamais croisé au lycée, il a l'air plus âgé que nous, au loin près du bar, ce sont ses parents qui discutent un verre à la main, et à l'autre bout, Kim et Henry Foster ont l'air d'avoir une conversation agitée. J'avance, pas trop à l'aise finalement devant tant de regards qui me scrutent, pour rejoindre Harlow, quand celle-ci vient à ma rencontre.

— Tu es très belle Faith.

Et toi très rouge, ai-je envie de lui répliquer.

— Merci, dis-je à la place. Toi aussi, comme toujours.

Mon ton doit-être légèrement désagréable, car elle hausse un sourcil.

— Serais-ce un reproche Faith ?
— Non, non. Bon, si tu me disais plus tôt qui est le mec avec qui tu parlais et qui te rends toute chose ?

Rien de mieux que de noyer le poisson en la mettant en avant.

— Un ami de la famille, que je n'ai pas croisé depuis des années.
— Et ?
—Et, rien du tout, il vient de se marier et sa femme attend leur premier enfant...
— Et alors ? Il a peut-être besoin de chair fraîche.

Si ses yeux étaient une armes, je giserai au sol dans une mare de sang.

— Tu es abjectes Faith. Comme tes intentions sont différentes des miennes, et que grâce à moi c'est open bar pour ton domaine de prédilection... faire la pute...

Ma main me démange de l'abattre sur sa joue de poupée, mais faire un scandale n'est pas envisageable si je veux atteindre ce pour quoi je suis venue, surtout qu'ils n'hésiteront pas à me foutre dehors, alors je me contente de rire.

— Ne sois pas jalouse ma belle... toi aussi un jour tu connaitras le plaisir du sexe.

Et sur ses mots je pivote, la laissant planter là, afin de rejoindre le bar, en ayant conscience que je viens de signer la fin de ma relation, faussement amicale d'avec Harlow Jenkins.

— Qu'est-ce que je vous sert ?

Le serveur me fixe un large sourire aux lèvres, puis me dévisage. Il faut avouer que ce soir je ne fais pas mon âge, j'ai mis le paquet. On a rien sans rien.
Plus le paquet cadeau brille, plus on a envie de découvrir ce qu'il cache.

— J'ai ma pause dans dix minutes, m'informe-t-il en déposant ma boisson sur le comptoir.

Son signal est clair. Je dois comprendre qu'il me propose un coup vite fait dans les toilettes ou contre mur à l'extérieur.

A mon tour de le dévisager en me saisissant du verre à cocktail, un sentiment ambivalent naît en moi ce qui m'agace prodigieusement, alors je bois une gorgée, mais cela ne passe pas. Je suis flattée qu'un homme me drague, et une petite voix me murmure que jamais un serveur n'aurait pris le risque de faire une telle proposition à Harlow. Parce qu'elle a une classe naturelle qui la place directement dans la catégorie des filles à courtiser, et non dans celles à baiser après trois mots échangés.

— Alors ? partante ?
— Quand ton porte feuille contiendra autre chose que des bons de réductions.

Estomaqué, il ne trouve rien à répondre, et puis quand il retrouve la parole un couple l'interpelle pour avoir deux flûtes de champagne.

Fière de moi, je me dirige maintenant vers la table où sont assis les Jenkins, je suppose que c'est avec eux que je vais dîner. Harlow ne m'a rien précisé à ce sujet.

Arrivée à leur table, je salue les convives qui s'y trouvent et m'installe sur la dernière chaise disponible, à la droite de John, le père d'Harlow.

Le diner passe dans des conversations décousues, la cheerleaders ne m'adresse pas un mot, contrairement à son père qui a l'air de me trouver à son goût, alors j'en rajoute, je minaude, le flatte, il mord... c'est tellement facile... il m'invite même à danser, sous le regard noir de sa femme et de sa fille. Nous flirtons toujours quand une voix au micro, Kim Foster, nous prévient que les enchères vont débuter avant de céder sa place au commissaire priseur et à l'animateur de la soirée. La musique s'arrête, les lumières se tamisent, et tout le monde rejoint  sa place.

— Il serait tant de s'éclipser, non ?

Je susurre à son oreille, et la bosse que je sens contre mon bassin m'indique que je ne lui suis pas indifférente.

— On va nous voir. Et puis je ne pense que cela soit vraiment raisonnable...
— Qui a dit qu'il fallait qu'on le soit !

Il sourit, je l'imite.

Un raclement de gorge sur notre droite, nous oblige à nous séparer.
Harlow.

Évidemment cette peste ne peut pas se trouver un mec pour s'occuper de son hymen.

— Papa, maman t'attend, elle a repéré un lot...
— J'arrive ma chérie.

Sans un regard pour ma personne, il saisit le coude de sa fille pour la guider jusqu'à notre table. Harlow me fixe par-dessus son épaule puis se détourne pour éclater de rire à ce que lui dit son père. Et moi, je reste plantée là comme une idiote, alors je prends mon courage à deux mains et emboîte le pas de ma cible.

Les heures défilent, les enchères sont terminées depuis un moment quand je me dirige vers les sanitaires, je longe un long couloir, dépasse pas mal de portes quand en passant devant la dernière on m'attrape par le bras. je manque de hurler et me débattre mais me stoppe quand je reconnais John. Je n'ai pas le temps de réaliser ce qui m'arrive qu'il me plaque contre le bureau qui trône au milieu de la pièce. La frénésie qu'il met à soulever ma robe, à m'embrasser dans le cou, attise mon excitation.

Il est doué. Très doué.

John est encore séduisant pour un homme de quarante ans, grand, les cheveux noir, les yeux aussi verts que ceux de sa fille, un corps à la musculature seche mais ferme. Mon analyse s'arrête là, car ses doigts entrent en jeu.

— Tu m'as chauffé toute la soirée Faith... es-tu disposée à en subir les conséquences ?

Je comprends qu'Amanda en soit tombée amoureuse, ce mec plus jeune devait être un aimant à gonzesses.

— D'après vous... fais-je en effleurant la braguette de mon escarpin.

Il inspire.
— Par contre Faith, je ne t'embrasserai pas sur la bouche, il n'y aura pas de seconde fois...
— C'est ce que l'on verra... pour la deuxième exigence, bien sûr. Pour la première, ce n'est pas sur ses lèvres là que je veux que vous éteignez le feu...

Il grogne, puis se jette sur moi, me forçant à m'allonger sur le ventre.

— Préservatif !
Je sors un étui de ma pochette.
— Prévoyante.
— Toujours. Espérons qu'il soit à votre taille.

Une fois équipé de la protection, John n'attend pas pour me pénétrer.
Un premier coup de rein me donne le ton.

— Monsieur n'aime pas être en compétition.
— Monsieur connaît ses atouts.

Un second m'oblige à m'accrocher à l'arête du bureau.
Un troisième allait me faire resserrer ma prise et serrer les cuisses quand dans mon champ de vision apparaît, les mains croisées sur sa poitrine, un air jubilatoire sur le visage, Kim Foster qui nous toisait de toute son arrogance.
Je ne fais pas un geste pour alerter mon amant d'un soir. Je ne suis pas loin de la jouissance, alors, elle peut attendre deux minutes et profiter du spectacle.

— Et bien John, j'aurais dû tenter ma chance moi aussi.

Le père d'Harlow se fige, s'écarte de moi comme s'il avait reçu une décharge électrique. Il remonte son pantalon, moi je me redresse en descendant le bas de ma robe, puis le silence s'abat dans la pièce. Je pouffe. Les deux me scrutent comme si j'étais devenu folle.

— Vous auriez au moins pu attendre que nous ayons terminé.
John se racle la gorge.
— Ecoute Kim, je ne vais pas te sortir le baratin habituel, c'était plus qu'explicite, alors ne perdons pas de temps et exposes moi tes conditions.

Mes yeux vont de l'un à l'autre, comprenant qu'ils sont en pleine négociation, comme s'ils étaient en train de se battre pour un bien.
Kim s'avance tout sourire.

— John, John, John, répète-t-elle en le frôlant de ses doigts au passage. Tu connais mes conditions.
— C'est non Kim.

Je n'ose plus parler ou même bouger.

Mon cerveau tourne quand même à plein régime. Qu'est-ce qu'elle souhaite ? qu'il refuse de lui donner ? Puis ça fait tilt. Kim veut sa vengeance en couchant avec lui.

— Très bien. Alors mademoiselle Porter, je vous annonce officiellement que vous êtes la nouvelle maîtresse de...
— Ça va pas ! s'offusque Jenkins.
— Tu n'as pas le choix John, Faith est mineure et...

Il se tourne vers moi si violemment que je crains pour ses cervicales.

Je fais une moue d'excuse, mais dans ma tête j'en ai rien à faire. Mon but est atteint. A savoir maintenant si je peux solliciter l'aide de Kim Foster pour mettre en place mon plan ou si elle va se la jouer solo ?

— Tu comptes me faire chanter Kim ? fait-il menaçant.
— Tu es assez grand pour trouver la réponse tout seul.

Il nous foudroie du regard, puis quitte le bureau sans un mot.
Quoi qu'il arrive, il est piégé et il le sait.

— Non, franchement vous auriez pu patienter.
— La frustration est ce qu'il y a de mieux Faith Porter.

On part dans un grand éclat de rire.

Et c'est de cette manière qu'à commencé notre plan machiavélique qui entraînerait la chute de la petite famille formidable d'Harlow. Et quand j'ai compris que je pourrais entraîner Isaac avec elle, lui qui a toujours refusé mes avances, mon excitation s'en est vue décuplée.
Je n'ai pas mis longtemps à repérer la proie qui allait me servir à éteindre ce feu qui brûlait en moi. Le serveur que j'avais remballé  dans la soirée était en train de se diriger vers le couloir qui mène à la sortie de secours... parfait. Je me promets mentalment, en le repérant plus loin, que c'est le seul coup de cutter que je mets dans ma quête de me taper que des mecs aux cartes platinum.

— Tiens, tiens... la reine de pique aurait-elle changé d'avis ?
— L'avantage avec les réductions, dis-je, en faisant glisser mes doigts le long de son buste, est que l'on en a plus pour le même prix...

Un sourire de connivence et c'est gagné.

— J'aime bien la reine de pique.
— Mais c'est toujours la reine de cœur que l'on épouse.

Je ricane, mais sa repartie a touché une partie sensible. Celle qui me ramène à ma faiblesse de n'être qu'une fille arriviste qui n'a que son physique et sa capacité à manipuler pour arriver à ses fins.

Pas comme une Harlow.

Je me reprends. Je dois me reprendre et ne rien montrer devant ce mec qui n'a rien à m'offrir à part peut-être un orgasme.

— Peut-être, mais pour le moment contente toi de profiter de ma générosité de t'autoriser à me baiser.

Il donne une impulsion pour se décoller du mur sur lequel il est appuyé, puis en me regardant dans les yeux :

— Je ne fais pas la charité et encore moins dans la mendicité... alors la reine va devoir se trouver un autre serviteur pour baiser sa chatte de salope prétentieuse.

La vulgarité de ses mots ne me touche pas. Non.

Si un  hoquet de stupeur sort de ma bouche c'est parce que c'est la première fois que l'on refuse mes avances. Et sans se retourner l'employé retourne à l'intérieur me laissant là comme une moins que rien. Comme une pute sur un trottoir. Ce que je suis en quelque sorte...

Un rire me prend. Glacial. Moqueur.

De toute façon mon assurance vie je l'ai trouvé ce soir, alors tant pis si je dois me contenter de mon sextoy pour assouvir mon désir.

                               

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