Harlow


   Isaac

— Je ne baise jamais sur mon canapé Harlow.

Elle sursaute, ce qui fait rebondir sa poitrine ferme dans sa robe. Mes yeux sont obligés d'être attirés par ce mouvement.

Je ne suis qu'un mec après tout. Slogan pourri mais réaliste.

Elle ne l'a pas dit à voix haute, mais sa grimace et le fait qu'elle se tienne droite comme un i et au bord de l'assise se passe de commentaires.

— Co... j'ai rien...

— Dit ? Finis-je sa phrase. Pas besoin. Ton attitude parle pour toi. Une chose qui n'a pas changé chez toi.

Je fais exprès de la dévisager, comme si je voulais l'allonger sur ce canapé justement. Sauf que je ne veux pas. Enfin. Si. Mais j'ai ma fierté.

Oh tu sais une chatte est une chatte... la fierté n'a rien à faire dans l'histoire.

J'envoie balader ma conscience ou plutôt le petit diable sur mon épaule.

Bien que cela ne te regarde pas... mais je vais quand même mettre fin à tes suspicions. Mes conquêtes se contentent de passer sous mon bureau... pour le reste c'est à l'hôtel.

— Tu es répugnant, crache Harlow d'un air dégoûté.

— Aurais-je choqué la princesse ? ou alors, je fais mine de réfléchir, serais-tu jalouse Harlow ? Parce que ça peut s'arranger.

La provocation fait partie de mon ADN.

Je me suis penché pour souffler la fin de ma phrase. Mais ce que je n'avais pas prévu, c'est que le parfum qu'elle porte est toujours le même qu'adolescente, et qu'il a un putain d'effet sur moi et sur ma queue. Comme à l'époque du lycée.

— Pour que je sois jalouse Isaac...se reprend Harlow en premier, il faudrait d'abord que quelque chose me fasse envie... et là, elle fait de grands gestes avec ses mains, je ne vois absolument rien.

Nos visages sont trop proches pour que je garde un minimum de lucidité.

Je me redresse. Vexé. J'ai envie de l'étrangler. Ou de la baiser pour la faire taire. J'enfonce mes mains dans les poches de mon pantalon de costume, c'est plus prudent, je n'ai pas pour projet de troquer mes costumes sur mesures pour une combinaison orange.

Merci je suis déjà passé par la case prison.

Et puis qu'a écrit mon père déjà ? Ah oui !

Ne gâche pas tout avec la fille Jenkins. Rien à foutre de son ordre, mais le bien être de mes salariés m'importe, alors, je vais calmer le jeu. Pour l'instant.

— Bon, puisque ce point à été réglé, passons aux choses sérieuses tu veux ?

Je lui fais un clin d'œil et m'éloigne pour nous servir à boire.

Je lui tends un Perrier avec une tranche de citron, si mes souvenirs sont bons, et ils le sont, sans aucune prétention, c'est une des boisson préférée d'Harlow, après le bubble tea.

Et je vous vois venir. Un bon espion étudie tout de son ennemi.

Je souris de la voir déstabilisée par mon attention.

Isaac :1 Harlow : 0

— Merci Isaac.

Putain ! mon prénom murmuré par cette bouche, je bloque des souvenirs qui veulent s'incruster là où ils n'ont pas leur place.

— Avec plaisir.

J'avale d'une traite mon pur malt vingt ans d'âge. Faire passer cette troublante sensation que j'ai au contact de la fille que je dois haïr plus que tout au monde est la priorité.

Harlow fronce les sourcils.

— Besoin d'aide pour m'affronter, Hades ?

Rien ne lui échappe.

Hades. C'est le surnom qu'elle m'a donné dès le départ. Je l'accepte, car avec elle, je suis le roi des connards. Je ne l'ai pas toujours été, mais bref... c'est une autre histoire.

Bitch.

— J'ai surtout besoin d'un remontant pour supporter cet entretien.

Harlow n'est pas dupe, mais se contente de sortir différentes chemises de sa sacoche ainsi que d'ouvrir le laptop de son MacBook.

Deux heures plus tard, c'est un appel de Barbie m'informant que mon prochain rendez-vous était arrivé qui a mis fin à l'étude des propositions de Harlow.

Et je dois reconnaître qu'elle a fait super boulot. Quand elle a fait défiler les plans sur son ordinateur, je n'ai presque pas reconnu nos locaux. Elle a ricané un truc concernant le blanc, mais je n'ai pas tout compris alors je n'ai pas insisté.

— J'aime beaucoup la façon dont tu as travaillé toute la partie salle de pause. Ainsi que le hall... tout ce blanc me donne l'impression à chaque fois d'arriver au paradis, et de devoir confesser mes péchés.

— C'est sûr que pour le diable en personne ça doit être flippant.

Un rire nous surprend tous les deux. Quand on s'en aperçoit, on stoppe net et Harlow en profite pour ranger ses affaires.

— Je vais te laisser tous les documents et les plans, pour que tu prennes le temps de les étudier et de les valider avec ton père. Si tu as des questions, ou que vous souhaitez changer des choses, n'hésites pas à me le faire savoir assez rapidement, afin que j'en informe les fournisseurs. Sinon, j'attends que tu me recontactes.

Je passe une main dans mes cheveux. Harlow dirige son regard vers mon geste.

— Ça marche. Et si j'ai besoin de te contacter, pour...

Des coups sont donnés contre le verre de la porte qui coupent la fin de ma phrase.

J'espère que ce ne n'est pas Barbie qui s'emmène avec le futur client ! Sinon je la vire direct.

Pas le temps de me poser la question que la tête de mon meilleur ami, Alan passe dans l'entre bâillement.

— Je te dérange pas mec ? T'es habillé ?

Je lève les yeux au ciel sous le regard interrogateur de Harlow. Ma théorie de ne pas baiser ici tombe à l'eau, et pourtant je lui ai dit la vérité. Je ne couche jamais avec des meufs sur mon lieu de travail.

— Je t'ai pas menti, m'obligé-je à me justifier.

Elle allait pour répliquer.

— Harlow ? Harlow Jenkins ?

Nous pivotons vers Alan qui se tient appuyé contre le mur, un air ahuri sur son visage de con. On dirait qu'il a vu une revenante. C'est un peu le cas, mais pas au point de rester bloqué. Elle n'est partie que six ans... comment je le suis au courant ? Je sais compter jusqu'à six.

— Putain ! Si je m'attendais à te revoir ! et ici en plus.

Ouais moi aussi mec j'ai été surpris

Il se décolle du mur pour venir prendre Harlow dans ses bras comme s'ils étaient les meilleurs potes au monde. Harlow me jette un regard de détresse, que je m'efforce d'ignorer. Et pour cause, mes yeux à moi fusillent Alan et ses mains bien trop basses sur la chute de rein de miss parfaite.

— C'est moi, oui. Mais je n'ai pas le souvenir que l'on soit si proche à l'époque... si ?

Je retiens un rire en entendant la réplique d'Harlow ce qui ne manque pas de faire reculer mon pote.

— Pas à ce point, c'est vrai, excuse moi.

Alan embarrassé ? C'est une première.

— Je recommence. Salut Harlow. Comment vas-tu depuis toutes ces années ?

— Salut Alan. Très bien et toi ?

Le sourire qu'elle lui fait m'est inconfortable.

— Bon ! quand vous aurez terminé votre parade nuptiale...

Les deux me dézinguent de leurs prunelles.

— Quoi ? Tu devais partir et moi j'ai un futur client qui m'attend.

Alan m'étudie avec minutie. Je le connais assez pour être certain de passer un interrogatoire en règle dès que la revenante aura passé les portes à double battants de mon bureau.

— Je ne voudrais surtout pas faire perdre son temps à sa majesté, crache Harlow.

Je la regarde terminer de tout ranger dans sa sacoche, quand elle me tend les chemises en couleurs sans vraiment s'assurer que je les attrape.

— Ravie de t'avoir revu Alan.

— Moi de même, Harlow.

Et c'est reparti !

— On peut boire un verre un de ces quatre.

— Avec plaisir Alan. Mais à une condition... de ne pas évoquer le bon vieux temps.

Elle insiste bien sur les derniers mots.

— Promis, rit-il.

Je suis clairement visé, mais pour autant je ne réponds rien.

Mon pote la raccompagne jusqu'à la sortie, et moi j'attends comme un abruti qu'il revienne.

— Putain ! C'est une bombe cette fille, elle était déjà canon à l'époque du lycée, mais là... waouh !

— Ça va, remets toi ! Ce n'est pas non plus Miss Univers.

— Aucun doute là-dessus, pas de plastique pour elle.

— Et tu le sais comment ? M'agacé-je.

Alan se contente de me faire un clin d'œil en allant s'asseoir sur un des fauteuils qui font face à ma table de travail. Son attitude nonchalante me gonfle. Je vire ses pieds de mon bureau, mais celui-ci se saisit de ma balle anti-stress qu'il lance à intervalles réguliers contre le mur en face de lui.

— Sinon, tu voulais quoi ? Parce que je suis un peu pressé là.

— Relax mec. Je viens t'inviter à venir boire un coup avec moi ce soir.

Ça me fera le plus grand bien.

— J'ai aussi invité Casey et sa cousine Alicia.

Cet abruti remue ses sourcils maintenant. Je saisis la balle au vol pour la reposer.

— Et ? je ne vois pas. Tu as besoin de moi pour te tenir la main ?

— Ma main se débrouille parfaitement toute seule. Mais merci.

— Putain ! Je ne parle pas de ça !

Alan éclate de rire, sûrement devant ma mine dégoûtée face aux images qui envahissent mon cerveau.

— Mon petit doigt me dit, qu'après ta journée pleines d'émotions... je ne relève pas son sous-entendu, tu vas avoir besoin de te détendre, de décompresser... et Alicia est tout à fait disposée à te rendre ces services.

— Sauf que, je t'ai déjà dit qu'elle ne m'intéresse pas. Je ne la sens pas cette fille. Mais comme tu es mon meilleur pote, je vais faire un effort et t'accompagner.

— Je savais que je pouvais compter sur toi et ta générosité.

Je fronce les sourcils.

— Du coup, ça fait deux meufs pour ma queue, se justifie-t-il.

C'est à mon tour éclater de rire. Ce mec est frappé, mais c'est mon meilleur ami, un as en droit des affaires et un soutien indéfectible.

— Tu penses pouvoir y arriver ?

Je pose la question en connaissant la réponse. Car Alan est loin de son coup d'essai en ce qui concerne un plan à trois.

— Connard.

— Moi aussi je t'aime. Mais je vais devoir te mettre à la porte mon chou, fais-je, en lui ouvrant le battant.

Le reste de la journée est passée sans aucune autre surprise, si ce n'est la visite de mon cher papa qui venait aux nouvelles de ma rencontre avec la nièce de sa maîtresse présumée.

Je l'ai rassuré en lui affirmant qu'il n'y avait pas eu de bain de sang, ce qu'il a à moitié apprécié. Puis j'ai quitté les locaux de Foster Financial en début de soirée, pour rejoindre Alan dans notre bar favori.

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