Epilogue



                                               Harlow


Quelques semaines plus tard

Il est un peu plus de vingt heures, quand le taxi me dépose devant l'entrée du parc où Isaac m'a donnée rendez-vous par message sans autres explications.

Je remercie le taximan en le payant, puis je sors du véhicule en scrutant le ciel.

Il y a cinq ans jour pour jour, heures pour heures, Hades et moi devions nous retrouver au même endroit, pour notre premier vrai rencard.

La Skyview d'Atlanta haut lieu touristique, attraction incontournable, si l'on souhaite avoir une vue imprenable sur la ville, et indispensable pour un rendez-vous romantique

Je décide de m'asseoir sur le même banc que le soir où je l'ai attendu en vain.

— Espérons que cela ne me portera pas malheur.

Je lis les messages gravés sur l'assise et le dossier en souriant. Peu importe les générations, cette manie de déclarer son amour en le gravant dans le bois est indémodable. Peut-être que Isaac et moi l'aurions fait à l'époque. Un vent de nostalgie commence à souffler en moi, mais je me reprends vite avant qu'il ne dévaste tout et gâche mon bonheur d'être ici. Mes yeux parcourent les alentours avant de scruter mon téléphone. Déjà une demi heure que je suis là, et Isaac n'est toujours pas visible. L'inquiétude que la même scène se rejoue m'envoie des sueurs froides.

Non, Isaac ne me fera jamais ça. Pas de fois de suite et puis les dangers ont été éloigné...

Mon regard se porte de nouveau sur mon IPhone puis sur les passants.

— Si tu as décidé de me faire une blague, elle est pas marrante Foster.

Comme il y a cinq ans, je tape exactement le même message.

A Hades :

Bon Isaac, si tu as décidé de jouer au fantôme, c'est pas drôle.

Mon sms a été lu et des points s'affichent avant de disparaître. Décidant que la plaisanterie a assez durée, si tant est que cela en soit une, je me saisis de mon sac à main, m'apprête à me lever, quand un gobelet transparent laissant apparaître ma boisson fetiche surgit devant mes yeux. Je relève la tête pour tomber dans deux orbes gris qui me pourfendent jusqu'à mon âme. Isaac est debout en face de moi, une casquette des Falcons vissé sur son crane, son blouson en cuir usé, un jean brut à la coupe parfaite et un tsirt blanc à col rond. Il est parfait. Son aura dégage cette dangerosité qui indéniablement attire toute les femmes en âge de procréer. Ce mec sexy est à moi. J'en prends conscience quand ses iris s'assombrissent, me dévisagent, d'une lueur diaboliquement sauvage qui me fait resserrer les cuisses et pulser mon coeur.

— J'ai...

— Ca fait un moment que je suis là à t'observer, me coupe-t-il en se rapprochant.

— Ça fait pas un peu psychopathe ? non ?

Je n'ai toujours pas pris le bubble tea, sa main libre vient englober ma joue, mes doigts caressent sa barbe de trois jours, puis Isaac se penche et ses lèvres prennent possession des miennes.

— Pouvoir t'embrasser librement à l'endroit où j'avais prévu de t'avouer mon amour il y a des années, me donne envie de t'allonger sur ce banc et de te baiser Persephone.

Je ris. C'est tout lui. Commencer une déclaration qui fait éclater une multitude de bulles dans mon estomac pour terminer par des mots crus. Mais c'est tout le paradoxe que j'aime chez lui.

— Quel est ton programme finalement ? questionné-je en me pendant à son cou.

Issac dépose le gobelet sur le banc, entoure ma taille de ses bras musclés puis en frôlant ma bouche, il m'annonce :

— J'ai bien l'intention de te donner les deux mon cœur... mais chaque chose en son temps.

— Attends ! Tu comptes vraiment me baiser sur le banc ? m'indigné-je en posant les paumes de mains sur son torse et en reculant mon visage.

Mes yeux font des aller retour entre lui, les familles et l'assise.

— Pas nécessairement sur celui-là.

Isaac se mord la lèvre inférieure se retenant de rire.

— Ni celui-là, ni un autre Hades.

Il part dans un grand éclat de rire.

— Suis moi Persephone, je t'emmènes non pas en enfer, mais visiter le Paradis.

Je fronce les sourcils ne comprenant pas où il veut en venir, puis mon cerveau fait tilt quand je comprends que c'est vers la grande roue qu'il nous dirige. Plus nous avançons, plus le nombre de personnes se réduit jusqu'à être seul tous les deux.

— C'est normal que le parc soit désert ? on a loupé une alarme ou un truc dans le genre ?

Isaac ne répond toujours pas, récupère deux tickets de la poche intérieure de son blouson, les tends au mec dans sa guitoune, puis il me fait signe de m'installer dans une des cabines.

— Bon tu vas te décider à me dire ce qu'il se passe Isaac.

Il nous attache, je ne loupe pas son sourire vicieux.

— Même pas en rêve.

— Si tu le dis.

Il m'agace car il sait le pouvoir qu'il a sur moi. Et en toute connaissance de cause, je sais qu' expérimenter des nouveaux trucs dans un lit avec lui m'excite.

Il vérifie une dernière fois que nous sommes bien harnachés, puis la roue se met en mouvement. Et plus on monte, plus la vue est merveilleuse.

— Souhaitez-vous impressionner quelqu'un monsieur Foster ?

— Celle qui me donne l'envie de me dépasser jours après jours pour être digne d'elle... Et qui...

Isaac marque un temps d'arrêt, nos regards s'arriment.

— Et qui m'a valu aussi pas mal d'emmerdes dans le passé.
Son sourire de sale gosse allège ma culpabilité. Un peu.

Je commence à voir flou, des remords et des regrets remplissent ma tête.

— Mais mon amour pour elle est infini... alors je ne regrette pas.

Sa main englobe ma joue, du pouce il étale la larme qui se met à couler.

— Ne pleure pas ma beauté, mon intention n'était pas de te rendre triste... au contraire.

— Je suis tellement désolée Isaac.

— On en a suffisamment discuté, Harlow, maintenant le passé n'a plus la place dans le présent et l'avenir que nous construisons. Alors profite de cette soirée sans état d'âme de nos actes antérieurs... surtout que pour la majorité ils étaient motivés par des actions qui ne nous concernaient pas.

Isaac effleure mes lèvres d'une douce caresse puis recule. Il attend une réponse positive de ma part que je lui donne en hochant la tête.

La roue continue son ascension.

— C'est toujours aussi splendide, constaté-je lové dans ses bras.

— Oui.

Je détourne mon regard du paysage et Isaac à son regard planté sur moi quand il acquiesce. Aucun de nous deux ne détourne les yeux, Atlanta by night nous sert de décor, pourtant ni lui, ni moi, n'y donnons de l'importance.

— Harlow... commence-t-il d'une voix éraillée, ce soir je voulais te faire toucher du doigts le paradis, car tu l'as bien mérité.

Isaac fait une pose, retire un écrin de la poche de son jean. La couleur rouge ne m'est pas inconnue. Mes paumes contre ma bouche je retiens un sanglot.

— Mais qu'est-ce que le Paradis en comparaison de mon amour éternel ? de l'infini ?

Je ne prononce aucun mot. J'en suis incapable. Isaac m'oblige à baisser mes bras, s'empare de ma main gauche, embrasse une à une mes phalanges puis sans me lâcher de son regard brillant, fait glisser la bague Trinity de Cartier, symboles de l'amour, de l'amitié et de la fidélité. L'anneau du milieu est en diamant, les autres en or gris et or jaune.

— Ce n'est pas une demande en mariage, Persephone... pour le moment... mais avec cette bague je te prouve que plus rien, ni personne ne nous séparera. Que tu es à moi, comme je je suis à toi... pour toujours et à jamais. Je te confie mon coeur, mon âme, je t' ...

Je ne lui donne pas le temps de finir que je me jette sur ses lèvres. Le baiser est fiévreux, impatient, Isaac me détache, m'aide à grimper sur lui, une cuisse de chaque côté de son corps.

C'est dangereux mais à cet instant le danger vient de ne pas pouvoir assouvir ce besoin que nous avons de sceller cette non demande en mariage.

— Je te fais la promesse Isaac Foster de t'aimer pour toujours et à jamais... et si un jour un inconscient venait à se mettre en travers de notre route... il en subira les conséquences. Quant à mon coeur, et mon âme tu les as emprisonné il y a bien longtemps...

Mes larmes dévalent mes joues, des ses pouces Isaac stoppent leurs chutes.

— Ce n'est pas un banc, murmuré-je contre le lobe de son oreille, mais tu crois que ça fera l'affaire ?

Je recule, son regard est enfalmmé, son sexe appuie contre mon intimité. Il grogne en me rapprochant de lui.

— Peut importe le flacon mon amour... pourvu que l'on ai l'ivresse.

La suite s'est déroulée au ralentie. Quand la cabine a atteint le sommet de la Skyview, Isaac me pénétrait en me soufflant des mots doux. Nous avons fait l'amour au plus proche des étoiles.

Ma vie avec Isaac sera certainement un savant mélange de passion, de tendresse, de romantisme mais aussi de disputes, et de confrontations. Mais ce sont toutes ses raisons qui me font l'aimer plus que ma propre personne.

— A quoi penses-tu Perséphone ?

— A toi et moi... à nous... en enfer ou au paradis.

— Tu auras les deux, susurre-t-il au creux de mon cou.

Je lui souris. Car c'est exactement ce que je désire. Je le veux ange et démon.

— Alors tout est parfait Hades.

Fin

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