Bulles d'extase
Harlow
— Je t'aime Harlow Jenkins
Deux jours se sont écoulés depuis que Isaac m'a susurrée cette phrase pendant que nous faisions l'amour.
Deux jours et je n'ai toujours pas répondu.
Isaac n'a pas l'air d'en être offensé, il m'a rassurée en me disant qu'il n'attendait pas de réponse de suite, que mes actes suffisent... et vu le sourire railleur qu'il a affiché en m'affirmant cela, j'ai bien compris de quels actes il s'agissait.
— Hey oh ! tu m'as écoutée ?
Pas un mot.
La réalité me rattrape quand Kendra passe sa main aux ongles impeccables et... rose Barbie, devant les yeux.
— Tu étais encore avec Foster ?
Son sourire d'un chat qui aurait mangé un canari, retrousse ses lèvres et fait briller son regard.
— Quelque chose comme ça oui.
Je suis au Sunset en compagnie de ma meilleure amie. Après avoir écouté mon message où j'insinuais avoir passé la nuit avec Isaac, et comme je l'avais prévu, Kendra m'a harcelée au téléphone pour que je lui relate toute la situation. J'ai réussi à la faire patienter en lui vendant du rêve...à savoir que je lui raconterai tout mais pas au tel. On s'est donné rendez-vous deux jours plus tard.
Bon, elle m'a raccrochée au nez pour me rappeler de suite après en me traitant de sadique dépravée.
Quand j'en ai informé Isaac, il m'a proposée de se joindre à nous avec Alan, en arguant que cela nous ferait du bien de décompresser.
Entre les travaux qui avancent comme je le souhaite, mais qui me prennent une bonne partie de mon temps, les nombreux projets en attente, ma tante m'en inonde, allez savoir pour quoi ! Ah si, c'est parce que Isobel s'octroie du bon temps en décidant de vivre comme une adolescente. Sur le coup je n'ai pas tout compris. Puis ça a fait tilt un soir que je ralais en le racontant à Isaac. Des images de ma tante et Henry complices sont apparues. Et Isaac m'a raconté toute leur histoire.
Mes soirées en compagnie d'Isaac ainsi que mes nuits et le temps s'est considérablement raccourci.
Sans parler de la journée de demain qui va être un vrai fiasco. Isaac a réussi à convaincre ses parents de passer le voir, sous un prétexte bidon, en insistant que cela devait se faire chez lui et non chez Foster Financial. Sa mère a râlé, mais son père ne lui a pas donné le choix. Isaac m'a rapporté que Henry en avait paru presque soulagé... d'après ce que j'ai cru comprendre, lui aussi a des aveux à faire. Et maintenant que je suis au courant, ça risque d'être comique... ou pas.
Quant aux miens, j'ai demandé à maman qu'elle transmette le message à mon père, je ne suis pas encore prête à lui pardonner, ni à lui parler, j'ai simplement indiqué l'adresse en lui spécifiant qu'ils n'avaient pas d'autres solutions que de ne pas venir. Elle a paru intriguée, mais quand j'ai remis ma conversation avec John dans la balance, elle n'a pas insisté.
Bien sûr, aucun d'eux ne savent qu'ils se retrouveront en préference les uns des autres.
D'où mon sentiment que cette soirée va tourner au pugilat. Mais comme le dit si bien Isaac :
— Si il faut en passer par là pour enfin enterrer toute cette merde et vivre heureux ensemble, ça vaut le sacrifice...
Il reste encore le problème Faith et son enfant...
— T'es encore dans les bras de Foster ?
Je fais ma moue d'excuse.
Kendra lève les yeux au plafond.
— Je te préviens juste, qu'un mec assis un peu plus loin n'arrête pas de te fixer depuis tout à l'heure... C'est limite gênant et flippant.
Intriguée par sa remarque, je détourne mon regard de celui de ma meilleure amie pour suivre la direction qu'elle m'indique du menton.
— Il ne manquait plus que lui, soupiré-je.
Kendra fronce ses sourcils attendant que je développe.
— C'est mon ex...
— Le gynécologue trés trés doué mais aussi trés trés marié ?
— Lui-même.
Je souffle d'agacement par avance, car je le vois se lever en s'excusant auprès de ses collègues, et venir dans notre direction. Il respire la suffisance dans son costume sur mesure, ses cheveux plaqués en arrière, son rictus au coin des lèvres et son regard perçant. Je ne compte pas le nombre de nanas qui bavent sur son passage... si elles savaient. En aucun cas, je n'ai envie de taper la cosette avec lui, surtout que l'on ne s'est pas quitté en bon termes et que je n'ai absolument rien à lui dire.
— Bonsoir Harlow.
— Bonsoir Dan.
Voilà, maintenant tu repars d'où tu viens.
— Salut, moi c'est Kendra.
Evidemment. J'ai été naïve de penser que ma folle d'amie aller ce contenter de rester à sa place.
Je lui fais les gros yeux, mais celle-ci est trop concentrée à détailler mon ex pour le remarquer. Pas pour le mettre dans son lit, noooon, mais pour juger le personnage.
— Salut Kendra.
Dan lui tend une main, qu'elle accepte, contrairement à moi qui n'ai pas esquissé un geste pour me lever et lui dire bonsoir comme il l'attendait.
Je l'ai assez côtoyé pour savoir qu'il est en mode paon.
— Je mets enfin un visage sur...
— Kendra, je la coupe en signe d'avertissement, Dan est sûrement attendu.
— J'ai cinq minutes, Harlow.
Super !
— ... Le mec qui voit plus de vagins que Rocco Siffredi.
Je reste coit. La bouche ouverte et les joues sûrement cramoisies.
J'aurais dû me douter que Kendra allait me la jouer fille sans pudeur.
J'ose poser mon regard en biais vers Dan et je constate que lui aussi est rouge comme la banquette sur laquelle je suis assise.
Il se racle la gorge.
— On peut dire ça... c'est mon métier, répond-il méfiant.
Et il a raison d'être sur la défensive, car Kendra peut être un crotale.
— Oh mais à lui aussi...mais dis moi Dan ?
Ça y est, le gynécologue est charmé, il ne lâche plus du regard mon amie qui se délecte de la situation. Elle agit pour moi, mais quand même je dois mettre fin à cette partie perdue d'avance pour mon ex, pas que cela me dérange, mais je suis indifférente à cette partie de ma vie, je l'ai avalée, digérée, donc inutile de perdre du temps et de la salive pour cet enflure.
Je sens la catastrophe arriver, alors je me dépêche d'intervenir.
— Dan ? je pense que tu devrais partir...
Kendra se renfrogne, je lui lance un baiser.
Puis :
— Je suis d'accord sur le principe, tonne une voix dans mon dos qui réveille les papillons dans mon ventre.
On touche le fond.
Naturellement, je me relève pour aller enlacer Isaac qui m'a terriblement manqué aujourd'hui. En retour, il me serre contre lui, une main sur ma nuque et l'autre autour de ma taille comme il a pris l'habitude de le faire, il m'embrasse sur le front sans lâcher du regard Dan qui le maintient à son tour. Je dépose un baiser sur sa mâchoire.
— Hello la compagnie ! nous surprend Alan.
Alan débarque inconscient du malaise ambiant, ou plutôt si, vu le sourire ultra bright qu'il me décerne, assorti d'un clin d'œil, un plateau dans les mains avec tout un tas de trucs dessus. Des boissons mais aussi de la nourriture.
— Tu ne fais pas les présentations H ? m'interroge Alan en dévisageant Dan.
— Dan, un ex ami et ex petit ami...
— Ça fait beaucoup d'ex pour un seul mec non ?
Ca c'est Isaac.
Les rires qui fusent ce sont Kendra et Alan.
Je n'ose pas regarder Dan, alors je pose mon front sur le torse de mon mec en soupirant.
— Je vais vous abandonner... on m'attend.
— Bonne idée mec.
Dan ne tient pas compte des paroles d'Isaac et s'adresse directement à moi.
— A bientôt Harlow.
— Je ne pense pas non, riposte Isaac à ma place.
— Je t'ai connu beaucoup plus affirmé...
Je sens Isaac se tendre face à la provocation de mon ex, si bien que je me redresse, en le tenant par le bras afin de l'empêcher d'avancer et de faire une connerie.
— Et moi avec beaucoup moins de couilles. Comment va ta femme, Dan ?
C'est à son tour de se crisper. Un sourire gêné étire la commissure de ses lèvres.
— Bien. Elle est restée à Frisco... je suis venu ici pour un séminaire.
Inutile qu'il aille plus loin dans son dévelopement. Des ricanements se font entendre sur ma droite. Je sais d'emblée à quoi tout le monde pense, y compris moi, particulièrement parce que je connais le phénomène.
— Je ne sais pas comment ton épouse passe encore les portes.
Isaac s'esclaffe, Alan me fait un higt five, oui comme un ado, et Kendra crie un - Yep ça c'est ma copine.
Dan ne bronche pas, de toute façon que peut-il ajouter de plus ? me contredire ? il sait que j'ai raison. Sans un mot de plus, Dan hoche la tête puis se détourne de notre groupe afin de retrouver les personnes qui l'attendent.
— Je plains son épouse.
Kendra et moi nous jetons une œillade avant d'éclater de rire. Isaac et Alan nous observent comme si l'on avait perdu la tête. Après nous être calmées, je me décide à vider mon sac et retracer mon histoire d'avec Dan. Je passe sur certains détails, qui sont intimes, je perçois les muscles des bras de mon mec se contracter quand il comprend ce que je ne dévoile pas, mais à aucun moment il ne m'interrompt. Je sais que lui avoir avoué des jours plus tôt que je me réservais pour lui il y a cinq ans, l'a profondément affecté, mais il est lucide aussi sur le fait que je n'allais pas rester vierge toute ma vie... si j'avais su par contre que l'on se retrouve, les choses auraient pu se dérouler différemment...
— Tu n'as rien perdu, H ,conclut Alan, à la fin de mon discours.
— Je ne regrette pas de l'avoir largué, Al, seulement de m'être fait avoir comme une gamine.
— Tu pouvais pas savoir princesse... j'ai qu'une envie c'est d'aller lui éclater sa gueule de premier de la classe et...
— Rien du tout. Ce qui est fait est fait, mon coeur.
Isaac me perfore d'un regard si intense que je me noie. Je passe un bras derrière son cou pour l'approcher de moi et sans attendre je prends ses lèvres en otages. J'ai l'impression de respirer à nouveau. Nos langues ne tardent pas à se retrouver, Isaac prend le dessus, et tout devient plus fiévreux. Tout s'efface autour, il ne reste que lui et moi. La chaleur de son corps, la douceur de ses doigts, la fébrilité de ma peau...
— Vous ne voulez pas vous trouver un coin tranquille ?
La voix d' Alan nous fait sursauter.
Isaac et moi levons notre majeur dans une parfaite synchronisation, ce qui nous provoque un éclat de rire général.
Nous continuons à parler, manger, boire, puis arrive le moment où Isaac et moi présentons l'idée qu'il a eu de convoquer les Montaigu et Capulet pour un affrontement. Cela fait l'unanimité, car de l'avis de tous, il est plus que temps d'enfermer cette histoire qui nous pourrit la vie depuis des décennies. Vient ensuite ma confession sur Faith et mon père et mon passage de fille unique à demi-sœur. Le mot racle ma gorge quand je le prononce pour la première fois. J'en prends conscience petit à petit, mais je ne suis pas encore en mesure de l'inclure dans ma vie, car cela va impliquer que je cotois sa mère et ça, j'en suis incapable.
— Tu verras avec le temps ma chérie, me réconforte Kendra.
— Oui, rien ne presse H. C'est principalement ton père que ça concerne. D'ailleurs tu...
— Non, je ne lui ai pas reparlé, demain sera la première fois depuis ses aveux.
Décidant à l'unanimité qu'il est temps de faire la fête, on délaisse pour ce soir, tout ce qui n'est pas alcool, danse torride et amitiés.
— On rentre princesse... j'ai une furieuse envie de découvrir ce que tu cache sous cette putain de robe.
Isaac susurre contre mon cou, ses lèvres parcourent ma peau, déposent des baisers, ses mains descendent le long de ma colonne vertébrale enflammant mes terminaisons nerveuses.
— D'accord.
Sans attendre, je le tire par la main alors que nous sommes au milieu de la piste improvisée. Isaac ne proteste pas, seul un rire perce la musique, le sien.
Nous récupérons nos affaires et quittons le bar sans dire au revoir à nos amis qui sont collés serré en bord de piste.
— Je leur enverrai un message après, me prévient Isaac alors que nous montons dans sa voiture.
— Je ne suis pas certaine qu'ils pensent à nous.
Nos regards se croisent et nous pouffons.
Oui, oui.
Le retour me paraît interminable, pour Isaac aussi car il serre tellement le volant que ses phalanges sont blanches.
Agissant sans vraiment réfléchir, je me penche vers mon activateur d'hormones et commence à l'embrasser dans le cou, en posant mes doigts sur sa cuisse à la frontière du convenable.
— Harlow, grogne Isaac.
— Hum.
Toujours envahie d'une frénésie de le sentir contre moi et en moi, je m'applique à le rendre dingue.
— Si tu n'arrêtes pas de suite princesse, l'attentat à la pudeur nous guette ou l'accident.
— Alors trouve un coin tranquille...
Je l'entends prononcer des mots incompréhensibles.
Puis je sens qu'il accélère et je souris comme une imbécile... quand tout s'arrête.
Je relève mon visage pour constater que nous sommes arrivés devant son appartement.
— Maintenant, princesse, je suis tout à toi.
Isaac se détache j'en fais de même avec ma ceinture, puis il ouvre la porte en m'invitant à faire pareil et la suite n'est que course dans le couloir,entrecoupée de baisers enfiévrés, de préliminaires dans la cabine d'ascenseur et vêtements qui volent à peine la porte de l'appartement ouverte.
Nous nous retrouvons dans une bulle d'extase que nous refusons d'éclater.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top