Chapitre 5

Chapitre 4

PDV Sam

A peine la sonnerie avait-elle retenti, que je fuyais loin de cette salle de classe et partis m'enfermer dans les toilettes du deuxième étage. Les cours étant le plus souvent au 1er ou au rez-de-chaussée, rares étaient les élèves qui s'aventuraient jusque-là. J'allais peut-être pouvoir être tranquille quelques minutes. Il fallait que je me calme. Ethan n'avait pas cessé de murmurer je ne sais quoi à Adrian, tout en me jetant des regards moqueurs. C'était clairement de la provocation. J'avais repoussé ses avances et ça ne semblait pas lui avoir très plu. En soi, ce fait était le cadet de mes soucis. Sauf que le problème, c'était qu'il fallait que je récupère des informations que lui seul pouvait me donner, et pour ça j'avais reçu l'ordre de gagner sa confiance. Autant vous dire que là, c'était loin d'être le cas. Donnant un coup de pied rageur dans la porte d'une cabine, je réalisais que j'avais merdé en beauté. Au tout début, et sans que je n'ai à bouger le petit doigt, ce garçon me mangeait dans la main. Jusqu'à ce baiser... J'avais tout fait foirer. Je n'aurais pas dû le repousser, j'aurais dû le laisser faire. Alors pourquoi ? Pourquoi je ne l'avais pas laissé faire ? Pourquoi ?! Après tout, quelle importance qu'on s'embrassait alors qu'on se connaissait depuis trois jours ? Je ne comptais pas faire ma vie avec, je comptais lui coller une balle entre les deux yeux et faire brûler son cadavre ! Plus vite ça arrivait, plus vite je donnais à mes supérieurs ce qu'ils voulaient et plus vite je serai libre, alors pourquoi bon sang ?! Pourquoi ?!

- Décidément, tu es toujours là où il ne faut pas, toi ! Cracha une voix derrière moi.

Levant les yeux, je l'aperçus dans le miroir. Ah non, Ethan, ce n'était vraiment pas le moment là.

- Ton attitude de ce matin m'a vraiment particulièrement agacé. Lui répondis-je en espérant qu'il sente l'avertissement dans ma voix, et qu'il n'insiste pas.

Mais bien entendu, il fit tout le contraire. Ils avaient oublié de préciser que ce gosse était une vraie plaie. Arrogant, imbu de lui-même, opportuniste... Ouais, il avait vraiment tous les défauts du monde.

- Tu me menaces, Sam ?

Le fixant toujours à travers le miroir, je n'aimais pas la façon dont-il me regardait. Ni comment il avait prononcé mon prénom. Enfin, en tout cas celui qu'il pensait être mon prénom. Ses yeux noirs étaient plus sombres que jamais.

- Tu me menaces ? Me demanda-t-il à nouveau en faisant un pas vers moi.

Oui, Ethan, je te menace, ai-je eu envie de lui dire. Je dirais même que je suis ta plus grande menace. J'ai actuellement une arme cachée sous ce manteau que tu détestes tant, et donc les balles sont destinées à toi et ta famille. Peut-être devrais-je d'ailleurs la poser maintenant sur ton front et te faire cracher ce que je veux savoir... Sous la torture, tout le monde parle. Mais il faut poser les bonnes questions... Et je commis alors ma deuxième erreur : je me demandais ce que tu avais bien pu faire pour mériter la mort. Du peu que je connaissais de toi, je ne voyais qu'un adolescent vaniteux et capricieux. En somme, tu étais insupportable, mais quel pouvait bien être le rapport entre toi et eux ?

- Oh je t'ai posé une question ! Continua-t-il à me provoquer.

Préférant ne pas répondre, je voulus sortir mais il me bloqua le passage et me fit reculer contre les lavabos. Recule, Ethan, recule... Ne m'oblige pas à faire ça...

- Ben quoi ? Tu parles plus ? Tu refais le timide ?! Pourtant, l'autre soir tu n'avais pas l'air si... effarouché !

Il était sérieux là ?! Je faisais de mon mieux pour ne pas lui en coller une, mais avec les conneries qu'il débitait à la minute, ça devenait de plus en plus difficile.

- L'autre soir ? Répétais-je en m'efforçant de feindre une voix timide.

- Oui, quand tu étais dans mes bras...

- Je... Écoute, je te l'ai dit, ça va trop vitre entre nous et... Ce n'est pas que je ne veux pas, c'est juste que ça me fait peur !

Il eut l'air surpris et recula. Bon, la situation s'améliorait, il ne semblait plus énervé contre moi.

- Tu as peur de quoi ?

- De... de ce que je ressens... Physiquement... Pour toi...

Pour le coup, ce n'était pas un mensonge. Il était certainement le mec le plus beau du lycée. Ses cheveux d'un noir de jais, encore plus foncés que les miens, coiffés en bataille, lui donnaient un air rebelle qu'il entretenait à souhait à travers son attitude. Et je devais bien avouer que ça le rendait sexy... très sexy... En cet instant, j'avais envie d'arrêter de jouer le rôle du garçon timide et de le plaquer à mon tour contre les lavabos pour une tout autre activité... Peut-être l'avait-il lu dans mes yeux, car il s'approcha à nouveau de moi, ses lèvres à quelques centimètres des miennes. Je ressentis la même sensation que dans la piscine lorsqu'il m'avait serré contre lui, ou dans ce lit... Dans ses bras... J'oubliais tout : ma mission, mon passé, tout... C'était étrange... Il me sourit et je me surpris à le trouver magnifique. Ces lèvres frôlaient à présent les miennes. Je sentais son souffle m'effleurer... J'avais plus que jamais envie de l'embrasser...

- N'aie pas peur... Me murmura-t-il.

Je fermais les yeux, prêt à recevoir ce baiser que j'attendais avec impatience. Mais rien ne vint et je le sentis s'éloigner. Ouvrant les yeux, je croisais son regard rieur. Il me fit un clin d'œil et sortit après m'avoir lancé un « à plus beau gosse ».

PDV Ethan

Penchés sur le smartphone d'Adrian, nous regardions les photos de ses vacances à la montagne, et de ses nombreuses conquêtes.

- Un vrai tombeur ! Ris-je en lui faisant un clin d'œil.

- Il faut bien qu'un de nous remonte le niveau ! Entre ces deux-là (il désigna nos deux amis qui s'embrassaient à pleine bouche) qui se lèchent la pomme toutes les deux secondes, et toi qui n'as rien touché depuis des mois... Heureusement que je suis là pour maintenir notre réputation !

- Quelle réputation ? Demandais-je, faussement innocent.

Mon ami se pencha vers moi et baissa la voix.

- Notre réputation de tombeur bad boy !

J'éclatais de rire en secouant la tête.

- Ouais, ben le bad boy est obligé de se calmer s'il ne veut pas finir en taule !

Adrian se redressa, affichant un sourire moqueur.

- Non, sérieusement, depuis quand tu n'as pas touché à de la chair fraîche ? Les mecs veulent plus de toi ou quoi ?

Mon regard se tourna automatiquement vers Sam, qui avait été le centre de mon attention pendant ses longues et ennuyeuses vacances. Adrian capta aussitôt mon regard.

- Quoi ? Non, tu vas pas me faire ça !

Je souris. Sam venait de tourner le regard vers moi. Un bref instant. Beaucoup trop bref.

- Sérieusement, mec ? Ce type-là ? Lui ?!

Je ne répondis pas. Je l'écoutais à peine, toute mon attention étant tourné vers l'objet de mes désirs. Car oui je le voulais. Je le voulais, tout entier.

- Fais-moi plaisir, pour une fois, intéresse toi à une meuf. Parce que bon, ok, les autres étaient canons et peut-être que si j'aimais pas autant les femmes, j'aurais craqué. Mais ce gars-là ? On dirait... On dirait un gothique sortit tout droit d'un mauvais film sur les vampires !

- Tu ne peux pas comprendre... Lui fis-je.

Le reste de la journée se passa dans le calme... et l'ennuie total. Assis au fond de la classe, comme à mon habitude, je griffonnais sur ce qui était censé être mon cahier de cours. Sam était absent... Pourquoi n'était-il pas là ?

- Adrian, psst ! Adrian !

- Quoi ?

- Il est où le nouveau ?

Il haussa les épaules et me jeta un regard signifiant clairement : pourquoi voudrais-tu que je le sache ? Bon, si on résumait la situation, je m'ennuyais et l'objet de mes désirs n'étant pas sous mes yeux.. Je pris mes affaires, prétexter une fausse excuse pour pouvoir sortir et quittais la salle. Où pouvait-il bien être ?

PDV Sam

Balayant du regard la chambre en désordre d'Ethan, je me demandais si cette fouille était vraiment nécessaire. Soulevant un vieux livre de cours, je soupirais. Il semblait avoir une vie tout à fait banale. Il était évident que je ne trouverai rien de particulier ici. J'ouvris son armoire et fus surpris d'y trouver des bouteilles d'alcool en tous genres : vodka, whisky, Gin... Certaines pleines, d'autres à moitié vides. Je laissais échapper un nouveau soupir. Ouais, ce n'est pas ici que j'allais comprendre pourquoi on avait désigné sa famille comme cible. Je ne devrais d'ailleurs pas chercher à le savoir mais c'était plus fort que moi... Continuant alors à fouiller par simple curiosité, je soulevais le matelas du lit. Des dizaines de lettres y étaient cachées. J'en saisis une et la dépliais. Elle était datée d'il y a 1 an. Une écriture fine courait sur le papier. Les mots qui y étaient couchés, étaient sombres, très sombres. La mort y était mentionnée à différentes reprises. Les mots d'un jeune homme en souffrance, pensais-je. Les mots d'Ethan... Il y parlait de son père, un homme sévère et non aimant. Un homme violent. Un homme qui n'avait pas accepté que son fils ne soit pas dans la « norme » pour reprendre les mots mêmes d'Ethan. Poussé par l'envie d'en savoir plus sur lui et sa famille, j'entrepris la lecture des autres lettres. Elles devenaient de plus en plus sombres au fil du temps. La dernière datait d'il y a 3 mois. C'était la plus sombre de toutes... Du bruit se fit alors entendre dans le séjour, me tirant de mes pensées. La voix d'Ethan me parvint alors, bien que je ne pus distinguer ce qu'il disait. Une voix de femme se fit également entendre. Probablement sa mère. Je reposais précipitamment les lettres où je les avais trouvées et remis le matelas en place avant de m'enfuir par la fenêtre. Arrivé chez « moi », je me mis à faire les cent pas dans le hall. Ce que je venais de lire me rendait dingue. De rage, je mis un coup de pied dans le petit meuble de l'entrée avant d'arracher le miroir sur le mur et de le fracasser à terre. Je fis subir le même traitement à tout ce qui se trouvait sur mon passage : table, chaises, vases,... C'était une très mauvaise idée car mes supérieurs se poseraient des questions sur ce soudain accès de rage, et ce n'était jamais bon. Mais il y avait des choses que je ne supportais pas et ce que je venais d'apprendre à travers les mots d'un garçon brisé, en faisaient partie...

PDV Ethan

Allongé sur mon lit, les yeux rivés au plafond, je repensais à mon comportement avec Sam. J'avais été détestable aujourd'hui. Je lui envoyais un message d'excuse, espérant qu'il me réponde. Qu'il me pardonne... Mais les heures passèrent et je perdis espoir. Je sentis des larmes me piquer les yeux et je serrais les dents pour les empêcher de couler. Mais je finis par craquer complètement. J'avais une nouvelle fois tout gâché. Je n'étais qu'un raté, uniquement doué pour faire fuir les gens autour de moi... J'ignore combien de temps je restais là à me lamenter sur mon sort, lorsque j'entendis de petits coups, frappé à ma fenêtre. Essuyant mes larmes, je me levais et l'ouvris. Je poussais un cri mais une main vint se poser sur ma bouche pour me faire taire.

- Chut, ne fais pas de bruit !

Sam, habillé, comme à l'accoutumée, de noir de la tête aux pieds, se tenait sur le bord de ma fenêtre . Il me poussa pour entrer dans la chambre et je refermais derrière lui.

- Qu'est-ce que tu fous là ?! Chuchotais-je.

- Tu n'arrêtais pas de me harceler de messages !

- Je t'en ai envoyé qu'un seul ! Me défendis-je.

Il haussa les épaules.

- Ouais... Je crois que j'avais envie d'entendre tes excuses de ta bouche !

- Rêve pas...

Il fronça les sourcils et fit glisser ses doigts sur ma joue.

- Tu as les yeux rouges.

- Ouais, heu... C'est la fatigue.

- D'accord. Je vais te laisser dormir alors. Me fit-il avant d'avancer vers la fenêtre.

- Attends...

Je lui pris la main et la caressait du pouce.

- Tu.. Je... Écoute, je sais que tout à l'heure j'ai été un véritable connard avec toi. Je suis désolé, c'est juste qu'en ce moment c'est... compliqué... Tu... tu ne voudrais pas rester avec moi ? On pourrait regarder un film, comme la dernière fois ?

- D'accord, oui, si tu veux.

- Cool.. Merci..

Je me sentais mal à l'aise tout à coup. Ce mec arrivait à briser mon masque de bad boy sûr de lui en un claquement de doigts. Il s'allongea sur le lit avant d'enlever ses habits jusqu'à se retrouver en boxer.

- Oh, ok je vois qu'on passe à la vitesse supérieure toi et moi ! Plaisantais-je.

- Je ne vais pas dormir habillé.

- Ah parce que tu comptes dormir ici ? M'exclamais-je à la fois surpris et heureux.

- Et bien il est tard, alors oui, je vais dormir ici.

Il afficha un sourire en coin et je me mordis la lèvre pour ne pas l'embrasser. Je voulais qu'on reprenne tout à zéro lui et moi, ou du moins qu'on ralentisse un peu pour reprendre de bonnes bases.

Dans mes précédentes relations, enfin si l'on pouvait appeler ça comme ça, je ne m'en étais jamais soucié. Mais avec lui tout semblait différent sans que je ne sache expliquer pourquoi. Je m'allongeais à mon tour et il me fixa étrangement.

- Quoi ?

- Tu comptes dormir habillé ?

- Heu, ben, je...

- Tu bafouilles. Est-ce moi qui te fais cet effet-là ?

Je secouais la tête en souriant.

- Tu n'as même pas idée de l'effet que tu me fais, alors oui, il vaut peut-être mieux que je reste habillé.

Il se mit alors à califourchon sur moi et je sentis son érection naissante contre la mienne.

- Sam... Gémis-je alors qu'il commençait à mouver ses hanches.

- Quoi ?

Je croisais son regard brûlant de désir. A quoi jouait-il bon sang ?! Un coup il me repoussait, un coup il me chauffait à mort !

- Arrête ! Lui ordonnais-je en l'écartant de moi.

- Pourquoi ? Tu en as envie autant que moi !

- Ah ouais ? Aux dernières nouvelles, ça te faisait flipper et tu n'avais jamais rien fait avec un mec ! Ou tout court d'ailleurs ! Et pourtant j'ai la très désagréable sensation que tu me racontes n'importe quoi !

- Non, je ne te mens pas. Mais j'en ai envie. Là, maintenant. Mais si tu ne veux pas, ce n'est pas grave.

Il me fixait de ses magnifiques yeux et je caressais sa joue.

- J'en ai envie mais je n'arrive pas à te comprendre.

- Moi non plus. Ce que tu m'as dit aujourd'hui...

- Ce que j'ai dit, le coupais-je, était des paroles idiotes dites sous le coup de la colère. Mon.. Mon père est passé nous voir et j'ai des rapports... compliqués... avec lui. Je suis désolé de m'en être pris à toi. Et je suis désolé de t'avoir embrassé l'autre jour.

Je crus voir un éclair de colère mêlé d'inquiétude traverser ses yeux.

- Non, ne t'excuse pas pour ça... J'ai aimé que tu le fasses... Et j'aimerais bien que tu recommences...

Je souris et approchais mes lèvres des siennes. Je sentais son souffle sur moi. Le mien s'était dangereusement accéléré. Passant mes doigts dans ses cheveux, je l'attirais à moi et franchis les derniers millimètres qui me séparaient de ses lèvres. Je les frôlais d'abord des miennes, délicatement, appréciant leur douceur. Ma langue vint ensuite à l'encontre de la sienne. En moi, c'était un vrai feu d'artifice. Bon sang, je n'avais jamais ressenti ça en embrassant quelqu'un. Il agrippa à son tour mes cheveux et je le collais à moi. Il frissonna et je rompis notre baiser.

- T'as froid ? Lui demandais-je en voyant qu'il avait la chair de poule. Ou c'est moi qui te fais cet effet-là ?

- Un peu des deux... Rit-il.

Je pris son visage en coupe et caressais ses joues du pouce. Ses lèvres étaient rougies par notre baiser, ce qui le rendait encore plus sexy.

- Tu vas encore me fuir demain ou je peux espérer que tu assumes ce qui vient de se passer ?

- Si tu entends par là que je vais t'embrasser ou te prendre la main ou bien me montrer proche de toi d'une quelconque manière que ce soit, la réponse est non. Ce qui se passe entre nous, reste entre nous.

- Ça me va.. Monsieur je suis docile la nuit et insaisissable la journée.

- Docile ? Moi ?

J'acquiesçais en riant. Il frissonna à nouveau et je le fis basculer à mes côtés avant de le recouvrir de la couette.

- Tu comprends maintenant pourquoi je reste habillé ?

- Je dois reconnaître qu'il ne fait pas très chaud dans ta chambre.

- Ma mère coupe le chauffage le soir.

- Elle est écolo ou vous avez des problèmes d'argent ?

Je me contentais de lui sourire et changeais aussitôt de sujet.

- Tu veux que je te prête quelque chose ou..

- Non, ça ira.

Il me fixait étrangement et je détournais le regard.

- A propos de ta mère, elle t'a dit quoi pour l'autre jour ? Me demanda-t-il.

- L'autre jour ?

- Oui, tu sais quand je lui ai claqué la porte au nez.

- Ah.. Oui... Heu rien, elle m'a rien dit.

- Ethan...

Il attrapa ma main et me força à lui faire face.

- Tout va bien ? Je te sens ailleurs.

- Non... Enfin oui, c'est juste la fatigue.

- Viens te coucher alors...

- Avec toi ?

- Je n'ai pas trop envie de dormir par terre et je crois que ta mère n'apprécierait pas vraiment de me trouver dans son canapé.

- Non, effectivement.

Je m'allongeais à ses côtés et il entrelaça ses doigts aux miens.

- Tant que je suis là, personne ne te fera de mal... Me fit-il.

Je m'endormis presque aussitôt ne sachant pas très bien s'il avait vraiment prononcé ses mots ou si je les avais imaginés...

PDV Sam

J'avais gardé les yeux ouverts toute la nuit. Théoriquement, j'aurais dû en profiter pour fouiller la maison, fouiller dans son portable. Pourtant je ne fis rien de tout ça. Il s'agita dans son sommeil, et je caressais ses cheveux pour l'apaiser. Putain, mais qu'est-ce qui te prend ?! pensais-je. Je soupirais. Je regardais l'heure : 5h du matin. Il fallait que je parte, je ne pouvais pas rester ici. Ils allaient m'attendre pour mon compte rendu... Mais avant d'y aller, il fallait que je vérifie quelque chose. Je passais délicatement mes doigts sous son t-shirt, les faisant glisser sur sa peau. Elle était parsemée de boursouflures, et certaines paressaient récentes. Je retirais ma main. La colère que j'avais ressentie la veille refit surface. Je me levais discrètement et après avoir enfilé mes affaires, j'ouvris la fenêtre et disparus dans la nuit noire.

A peine avais-je refermé la porte de chez moi, que la lumière du salon s'alluma. Un homme se tenait dans le fauteuil du salon, dos à moi.

- As-tu obtenu des informations ? Me demanda-t-il d'un ton sec.

- Sa mère a des problèmes d'argent.

- Oui. Ça nous le savons déjà.

Je percevais l'agacement dans sa voix. Bien entendu, il espérait des informations plus... intéressantes.

- Je suis désolé mais pour le moment, je n'ai rien appris de plus.

- Cela va pratiquement faire un mois que tu es ici et tu n'as rien appris ?!

- Cela ne fait pas un mois que je suis en contact avec lui.

- Cette maison est truffée de caméras. Les petites scènes dans la piscine et dans la chambre ne nous ont pas échappé. Ni votre baiser.... Et la façon dont tu l'as repoussé alors qu'il te mangeait dans la main.

- J'étais armé et il allait mettre la main dessus, je n'ai pas eu le choix !

- Vraiment ? Écoute-moi bien, Sam. C'est bien comme ça que tu te fais appeler ici ?

- Oui, c'est exact.

- Et bien, Sam, cette mission signe la fin de tes services à nos côtés. A toi de choisir comment tu vois la suite... Sur une plage des Bahamas ou... dans une boîte six pieds sous terre. Ramène-nous des informations utiles rapidement, ou on enverra quelqu'un d'autre se charger de cette mission... et de toi. Tu comprends ce que je te dis ?

- Oui, monsieur.

- Bien. J'espère au moins que tu as fait ce que je t'ai demandé.

Je me figeais. La veille j'avais reçu un ordre qui m'avait emmené jusque chez Ethan mais j'avais échoué. A nouveau...

- Je...

- Oui ou non ? Tu étais bien chez lui ce soir ?

- Oui.

- Et donc ? Je t'ai posé une question ! Est-ce que oui ou non tu as fait ce que je t'ai demandé?! As-tu couché avec ce garçon ?!

Réfléchissant à toute vitesse sur le pour et le contre de ce que j'allais dire, je choisis de mentir.

- Oui.

Mentir, c'était une deuxième nature chez moi et je savais qu'il y croirait. Puis ils ne m'avaient pas envoyé le plus intelligent...

- Bien, voilà une bonne chose de faites. Vu comment il te regarde, il ne tardera pas à te manger dans la main. Rien ne vaut les confidences sur l'oreiller, n'est-ce pas ?!

- Oui, c'est vrai. Répondis-je froidement.

- Qu'est-ce qui t'arrive ? Tu as des remords d'avoir baisé ce gamin ?! Ce n'est pas la première fois que l'on te fait avoir recours à ces méthodes !

- Je n'ai pas de remords, tout va bien. Lui assurais-je.

- Hm... Donne-moi des détails.

- Pardon ?

- Donne-moi des détails sur la façon dont tu l'as baisé !

Je tressaillis. Même pour lui, c'était tordu. Je me rendis alors compte de mon erreur lorsque mon regard tomba sur les caméras cachées dans la maison. Si j'avais réussi à contrôler ma voix à la perfection en mentant, j'avais laissé mon visage me trahir en sachant qu'il était dos à moi. Mais j'avais oublié ces putains de caméras !

- Je... je ne comprends ce que vous me demandez de faire.

- Et bien je te demande de me dire si c'est lui ou si c'est toi qui étais en dessous, que tu me dise comment tu l'as fait jouir et comment il t'a fait jouir...

Je déglutis difficilement. J'avais envie de vomir.

- Tu ne réponds pas... M'aurais-tu menti ?

- Oui. Je vous demande pardon. Je n'ai pas fait ce que vous m'avez demandé. Il... Son père le bat et il n'était pas... Ce n'était pas le bon moment.

- Je me fous de savoir si c'était le bon moment ou pas ! Me hurla-t-il. Je t'ai donné un ordre. Tu l'appliques, de gré ou.. de force. Je me suis bien fait comprendre ?

- Oui.

- Dans ce cas tu vas y retourner et faire ce que je t'ai demandé. Et au cas où l'envie te reprendrait de nous mentir, sache que nous venons de faire installer des caméras à l'intérieur de la maison et de sa chambre en particulier. Ce jeune homme dormait vraiment comme une marmotte...

Je me forçais à rester aussi impassible que possible mais au fond de moi je bouillonnais. Bon sang mais pourquoi je l'avais laissé seul ?!

- Qu'est-ce que vous lui avait fait ?

- Tut, tut, tut... Pas de questions. Tu fais ce qu'on te demande, point.

- Pas devant les caméras.

- Au si. Mais si cela peut te rassurer, tu y auras accès aussi. Et je te rappelle que c'est toi qui aurais dû les placer depuis le début !

- L'occasion ne s'était pas présentée.

- Il y a eu plus qu'une occasion. Alors reprends-toi ou tu iras à la morgue bien avant ce garçon.

- C'est compris, Monsieur.

- Alors pourquoi es-tu encore là ?!

J'eus une envie irrépressible de m'enfuir loin d'ici, loin de tout ça... Mais je ne pouvais pas, ils me retrouveraient... Je courus en direction de chez Ethan, la boule au ventre à l'idée qu'ils aient pu lui faire du mal. Je n'aurais pas dû ressentir cela, je le savais mais c'était là et ça ne voulait pas partir.

Arrivé devant chez lui, je me cachais juste à temps pour éviter sa mère qui sortait. Une fois que je fus sûr qu'elle était parti, j'escaladais le mur et entrais par la fenêtre, restait ouverte, de la chambre d'Ethan. Il dormait à poings fermés et semblait aller bien. Je regardais autour de moi à la recherche des caméras. Elles étaient minuscules, cachées dans les lampes, dans un cadre, un objet... J'avais reçu un ordre et il valait mieux pour moi que j'obéisse. Mais ça me dégoûtait...

- Sam ?

Je levais les yeux. Ethan, assis en tailleur sur son lit, se frottait les siens d'un air endormi.

- Hey... Bien dormi ? Lui demandais-je en souriant d'un air attendri.

Les cheveux en bataille et à moitié réveillé, il était plus beau que jamais. Je chassais aussitôt cette pensée.

- Comme un bébé ! Mais pas toi visiblement... Pourquoi es-tu déjà habillé ?

Je ne répondis pas et le rejoignis dans le lit après avoir retiré mes vêtements. Tous mes vêtements. Il ouvrit de grands yeux surpris.

- Qu'est-ce que tu...

Je le coupais d'un baiser et m'allongeais sur lui.

- Sam ?

- Chut, laisse-toi faire...

- Sam ! Insista-t-il en me repoussant légèrement.

- Quoi ?! M'agaçais-je.

C'était déjà bien assez compliqué comme ça, alors si en plus il opposait de la résistance... Non, je ne voulais pas penser à ça. C'était purement hors de question.

- Tu trembles... Me fit-il d'une voix douce.

Je retirais aussitôt la main que j'avais posée sur sa joue.

- Sam, on n'est obligé de rien, tu sais. Moi aussi j'ai envie de toi, mais.. Je croyais qu'on était d'accord pour attendre ?

- Je... Ouais, mais... J'y ai pensé toute la nuit... J'ai pas envie d'attendre...

Il me sourit.

- Ok, d'accord mais... Enfin c'est ta première fois et...

- Putain ! M'exclamais-je.

Pourquoi avait-il fallu que je sorte cette connerie ? J'avais joué au mec timide et j'allais par conséquent devoir continuer dans ce rôle si je ne voulais pas éveiller les soupçons.

- Heu... Sam ? Tu es sûr que...

Je m'assis et me pris la tête dans les mains.

- Je suis nul, je fais n'importe quoi ! Je... Je voulais te donner l'impression que... Je voulais que tu oublies que je n'avais jamais... Mais j'ai tout foiré !

- Bien sûr que non ! Me rassura-t-il. Écoute, je te l'ai dit, je meurs d'envie de cou... de te faire l'amour, mais seulement si tu es prêt et que tu en as envie. Je peux attendre, rien ne presse.

- J'ai peur mais.. J'ai envie... S'il te plaît...Le suppliais-je.

Je pouvais lire l'incompréhension sur son visage ainsi que de l'inquiétude.

- Sam, il s'est passé quelque chose ? Tu n'arrêtes pas de trembler et t'as une attitude hyper étrange !

- Moi je suis étrange? Moi ?

- Ouais, toi !

- J'ai envie de toi, c'est tout ! J'en ai pas dormi de la nuit !

Il éclata de rire.

- Ah d'accord, je comprends mieux ! Il fallait le dire plus tôt !

- Dire... quoi ? M'inquiétais-je.

- Que tu as besoin d'être... soulagé, dis-on.

- De quoi tu ...

Il me fit signe de me taire et me fis m'allonger sur le dos avant de faire descendre ses lèvres d'abord sur mon torse, puis plus bas... Beaucoup plus bas... Je voulus l'arrêter mais sa bouche se referma sur mon sexe et je ne pus que gémir de plaisir.

- Putain, Ethan...

Je le sentis sourire. Il fit courir sa langue sur moi tout en me caressant. Je devais reconnaître qu'il s'y prenait bien. Pendant un bref moment, trop court, il me fit tout oublier. Seul lui, entre mes cuisses, comptait. Mais mes yeux se posèrent sur le réveil posé sur la table de chevet et je repensais aux caméras. Je ne pouvais plus supporter toutes ces choses qui me demandaient de faire... Tous ces gens que j'avais éliminés, fait torturer, tous ces gens à qui j'avais menti. Je revoyais leur visage à chaque fois que je fermais les yeux.. Ma respiration s'accéléra et je sentis quelque chose de tiède couler sur mes joues. Les doigts chauds d'Ethan vinrent l'essuyer.

- Tu pleures... Murmura-t-il.

Je levais les yeux vers lui. Les siens me regardaient avec inquiétude. Il venait de dire quoi là ?

- Tu pleures, répéta-t-il.

Je passais à mon tour mes mains sur mes joues humides. Je sentis alors la panique m'envahir.

- Non, non, non, pas ça !

- Chut, calme-toi, Sam tout va bien ! Hey...

Il prit mon visage en coupe et la chaleur dans son regard me calma légèrement.

- Est-ce que j'ai fait quelque chose de mal ? Me demanda-t-il, inquiet.

- Non... Non. Pas toi...

Il me serra dans ses bras et je lui rendis son étreinte. Je pouvais dire adieu à ma liberté... J'étais un homme mort...

A suivre

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