Chapitre 2


Chapitre 2

J'avais passé toute la journée, et toute la nuit, là, assis sous le poste de garde à attendre qu'il revienne. Enfin, j'espérais qu'il revienne... J'observais les légères vagues sur le lac que provoquait la brise. M'emmitouflant un peu plus dans mon manteau, j'étais en train de me dire qu'il était peut-être temps que je rentre. Le soleil se couchait, baissant encore la température déjà glaciale. J'allais m'apprêter à me lever, lorsque, sortit de nulle part, il s'assit à côté de moi.

- Pourquoi tu me suis ? Me fit-il.

J'ouvris la bouche pour parler, mais ses yeux ancrés dans les miens, m'empêchèrent de parler. Les lueurs du soleil couchant, se reflétaient dans ses yeux, les rendant encore plus magnifiques.

- Bon sang, mais c'est quoi ces yeux ?!

Je me rendis compte que j'avais parlé à haute voix, lorsque je le vis sourire. Mon cœur rata un battement. Merde, son sourire était aussi enivrant que ses yeux. Je me sentis tout à coup gêné. Mais je n'étais jamais gêné d'habitude, alors pourquoi ce mec, que je ne connaissais pratiquement pas, me faisait cet effet ?

- Tu as quelque chose qui m'appartient, il me semble. Me rappela-t-il.

Je lui balançais son sac, assez brutalement je l'avoue, à ses pieds. Il baissa les yeux vers lui et sourit.

- Quelle délicatesse...

- Ouais aussi délicat que toi quand tu t'es barré en courant ! Tu semblais effrayé et là tu te pointes devant moi tout sourire, avec une attitude à l'opposé de celle que tu as adoptée jusqu'à présent ! Tu es schizo ou quoi ?! M'énervais-je. Ou alors tu aimes qu'on te coure après ?

- Je ne t'ai pas demandé de me courir après, je ne t'ai même pas demandé de me parler !

- Très bien ! De toute façon je ne parle pas au menteur ! Lui lançais-je en me levant.

Il fit alors un geste dont je ne l'aurais jamais cru capable de faire, puisque jusqu'à présent à part fuir à chaque fois que je l'approchais et décrocher trois mots toutes les heures, il ne semblait capable de rien d'autre : il me retint en saisissant ma main. Le contact de sa peau sur la mienne déclencha en moi une vague de frissons dans tout mon corps. Il la retira aussitôt. Serait-il possible qu'il ait ressenti la même chose que moi ?

- Pourquoi tu dis que je te mens ?

- Parce que quand je suis allé chez toi pour te redonner ton sac, on m'a gentiment informé que les gens qui vivaient là n'avaient pas d'enfants !

- Je vois... Tu as dû tomber sur Lydia, notre gouvernante. Elle est un peu... Spéciale...

- Sans blague... Donc tu habites vraiment là-bas ? Demandais-je d'un air soupçonneux.

Il sembla hésiter un instant, avant de me demander si je voulais bien le raccompagner chez lui.

- Avec plaisir ! Sautais-je sur l'occasion. Peut-être que sur le chemin tu me diras ton prénom !

Il haussa les épaules et je soupirais. Ouais, c'était pas gagné.

- Wow !

Je me trouvais à présent dans un immense hall de marbre, chez lui.

- Bienvenue chez moi...

- Wow ! Répétais-je.

- Mes parents ne sont pas là. Ils sont tous les deux en déplacement. Tu peux entrer sans crainte.

- Sans crainte ? Elle où la vieille folle qui te sert de gouvernante ?

Il sourit.

- Tu n'as rien à craindre d'elle.

- Elle a émis l'hypothèse de me faire jeter en prison ! Et elle avait l'air très sérieuse !

- Ouais, c'est tout à fait son genre, mais rassure-toi, elle n'en fera rien.

- Tu me protèges ? Lui demandais-je en lui faisant un sourire séducteur.

Il rougit et détourna le regard.

- Tu... Tu veux boire quelque chose ?

- Ouais, un truc chaud je veux bien !

- Tu as froid ?

- Je suis congelé !

- Je vais monter le chauffage, tu as des couvertures sur le canapé du salon si tu veux, et...

- Et je n'ai pas froid à ce point-là ! Me moquais-je. Un café suffira.

- D'a... D'accord...

Je le regardais s'éloigner, probablement vers la cuisine, et m'avançais un peu plus dans la maison, regardant tout autour de moi. Il n'y avait aucune photo, peu de décorations. Ils étaient certes riches, mais ses parents devaient sacrément manquer de fun. Il revint quelques minutes plus tard, deux tasses de café fumant dans sa main. Il m'en tendit une et porta la deuxième à ses lèvres. Ses lèvres... A cet instant, je mourus d'envie de les embrasser. Je mordis la mienne et détournais le regard.

- C'est pas mal chez toi...

- Tu n'es pas obligé de mentir, tu sais. Moi aussi je trouve cet endroit triste. Sans chaleur.

- Ouais, d'accord, j'avoue, je ne suis pas fan. Avouais-je en riant.

- Tu... Tu veux que je te fasse visiter le reste de la maison ?

- Soyons fou ! Mais tu ne voudrais pas me dire avant ce...

- Ce que je faisais à dormir sur la plage ?

- Ouais, tu lis dans mes pensées !

Il baissa les yeux vers sa tasse de café, comme si son contenu l'intéressait particulièrement.

- Je ne m'entends pas particulièrement avec mes parents. Je me suis disputé avec eux et comme je ne les supportais plus, je suis parti.

- Je vois. Tu ne pouvais pas plutôt aller, je sais pas, à l'hôtel ?

- Avec quel argent ? Mes parents sont riches, pas moi.

- Pas faux... Mais ils ne se sont pas inquiété de ton départ ?

- Ils ont l'habitude, et tu sais ils ne se soucient pas vraiment de moi.

Un éclat de tristesse passa dans ses yeux et je décidais de changer de sujet.

- Bon, tu me la fais faire la visite de ton palace ?

- Ouais, viens !

Je le suivis. Pendant toute la visite, je ne pus m'empêcher de l'observer. Ou plutôt de le mater. Contrairement à ce qu'il portait à l'école, il portait cette fois des vêtements plutôt canons : un tee-shirt noir moulant surmontait d'une veste blanche, et un jean délavé qui lui tombait sur les hanches. Arrivé dans sa chambre, il se tourna vers moi et je n'eus qu'une envie c'était de le pousser sur le lit et de le faire gémir mon prénom. D'ailleurs, en parlant de prénom...

- Dis, maintenant qu'on est plus intime, tu pourrais peut-être me dire enfin ton prénom ? Ce serait quand même plus sympa pour communiquer !

- Pourquoi ? En quoi connaître mon prénom changerait quoi que ce soit ?

- Je sais pas. C'est ce que les gens font généralement.

- Je ne fais rien comme les autres.

Il sortit, passant devant moi. Je le suivis du regard et je me mordis à nouveau la lèvre inférieure. Tout ce mystère qu'il entretenait autour de lui le rendait encore plus craquant. Retournant à mon tour au rez-de-chaussée, je posais ma tasse de café (à présent vide) sur la table basse. Il était assis en tailleur sur le canapé.

- Tes parents rentrent quand ?

- Après les vacances.

- D'ac. Si tu veux, s'ils te saoulent trop, tu peux venir dormir chez moi. Ça évitera que tu chopes une pneumonie à dormir dehors !

- Pourquoi tu ferais ça ? On se connaît à peine.

- Ah qu'est-ce que tu veux, je suis amoureux de l'espèce humaine et je déborde de charité ! Lui dis-je avec un clin d'œil.

- C'est gentil, mais je ne te connais pas et...

- Et maintenant tu sais que tu peux venir quand tu veux, si tu le souhaites. Avant il faut quand même que je te dise que... Je...

Bon sang, pourquoi était-ce si difficile de lui dire que j'étais gay ? Et très attiré par lui ? D'habitude, ça sortait facilement, comme si j'annonçais le temps qu'il faisait. Mais avec lui, les mots mouraient sur mes lèvres. Il me fixa, attendant que je finisse ma phrase. Je me perdis dans ses yeux et à nouveau, l'envie de l'allonger sous moi se fit plus grande. Je n'arrivais pas à savoir ce que lui ressentait. Avais-je un hétéro pur et dur devant moi ? Ou est-ce que lui aussi était attiré par moi ?

- Ethan, il y a un problème ?

Entendre mon prénom prononçait par ses lèvres que je désirais tant, me fit frissonner.

- Je... J'ai très envie de me baigner dans ta piscine chauffée !

- Heu... Ouais, si tu veux. Je vais te chercher un maillot !

- Un maillot ? Pour quoi faire ?

- Ben pour te baigner. Tu ne vas pas y aller...

- Habillé ? Et pourquoi pas ? Un peu de fun dans ta vie te ferait du bien ! Lui criais-je alors que je courrais déjà vers sa piscine intérieure.

Je plongeais, espérant que ça me remette les idées en place, et calme surtout l'érection bien formée entre mes jambes, et que j'espérais lui cacher. Remontant à la surface, je plaquais mes cheveux en arrière pour les retirer de devant mes yeux, et ouvris ces derniers. Mon bel inconnu se tenait au bord de l'eau, hésitant à me rejoindre.

- Tu me rejoins ou tu restes planté là ?

Il retira sa veste, la faisant tomber sur le carrelage froid. Je déglutis. Il faisait quoi là ? Il n'allait quand même pas... Et si... Et merde... Il venait de retirer son tee-shirt. Je pouvais enfin avoir une vue parfaite sur ce corps qu'il cachait derrière ses fringues immondes à l'école. Il avait un corps dessiné à la perfection. Ses vêtements du jour ne m'avaient pas trompé sur la marchandise. Mais alors qu'il commençait à déboutonner son jean, je le fis basculer dans l'eau en le tirant par le bras.

- Hey ! Protesta-t-il.

- Quoi ? Tu avais peur de mouiller ton jean de marque ?

En réponse, il m'envoya de l'eau en pleine tête.

- Ah ouais ? Tu veux te la jouer comme ça ?!

Je répliquais et ce jeu-là dura quelques minutes entre nous, avant qu'il n'éclate de rire. Son rire était la plus belle chose que je n'ai jamais entendue. Mon Dieu, mais qu'est-ce que je racontais ? On aurait dit une vraie collégienne ! Que m'arrivait-il ?

- Arrête de rire ! Lui ordonnais-je en l'attirant vers moi.

Son corps collé à présent contre le mien, j'espérais qu'il ne sentirait pas mon érection que la chaleur de l'eau, ne calmait absolument pas. Pendant un instant, il me sembla que son regard s'était posé sur mes lèvres. Ce pourrait-il qu'il ressente la même chose que moi ? Ses joues étaient rougies, mais je n'aurais su dire si cela était dû à la chaleur de l'eau ou à notre proximité. Il voulut se dégager de moi, mais je le retins.

- Lâche-moi...

- Dis-moi ton nom ! Comment tu t'appelles ?

Il essaya de se dégager à nouveau de moi, et apercevant une lueur de peur dans ses yeux, je le relâchais. Il nagea jusqu'au bord avant de sortir de la piscine. J'en fis de même et il tendit une serviette vers moi. J'aperçus alors les marques sur son torse.

- C'est quoi ça ? Toutes ces cicatrices ?

Il se crispa et enfila précipitamment son sweat et le referma, cachant sa peau nue à ma vue. Mais je ne comptais pas lâcher l'affaire. Son torse entier était recouvert de cicatrices, certaines semblaient même récentes. Je fis soudain le rapprochement avec chacune de ses réactions lorsque je le touchais.

- C'est rien. Je suis un casse coup !

- Ouais, prends-moi pour un con ! Qui t'a fait ça ?!

- Personne, je te dis ! Sors d'ici maintenant !

- Non, je... excuse-moi... Je me mêle de ce qui ne me regarde pas ! Est-ce que je peux tout de même me sécher avant de partir ? Je suis trempé et la température est glaciale dehors !

Bien qu'effectivement trempé de la tête aux pieds, ce n'était bien sûr qu'un prétexte pour rester plus longtemps avec lui, et surtout pour éviter qu'on ne se quitte sur une dispute.

- Viens avec moi, je vais te donner des vêtements propres. Soupira-t-il.

Je le suivis dans sa chambre et il fouilla dans son armoire à la recherche de vêtements propres qui pourraient être susceptibles d'être à ma taille. J'étais un peu plus grand que lui, et plus musclé. Réfléchissant aux marques sur son torse, je laissais mon regard se perdre à travers la fenêtre, au-dehors. De douloureux souvenirs que j'aurais préféré oublier, me revinrent en mémoire.

- Ethan ? Tout va bien ?

Je sursautais lorsque je sentis son pouce essuyer la seule et unique larme que j'avais laissée couler le long de ma joue.

- C'est à cause de moi ?

- Non... Je... Je vais y aller. Merci pour ton accueil !

- Hey !

Il me retint par le bras.

- Tu ne vas pas sortir comme ça, tu vas attraper la mort ! Mets ça... S'il te plaît...

Il me tendit un ensemble de jogging gris. Je m'en saisis, ma main frôlant la sienne. Aussi surprenant que ce fût, il la serra.

- Tu es sûr d'aller bien ?

- T'es mignon toi ! Tu refuses de répondre à mes questions, mais tu aimerais bien que je réponde aux tiennes ! Et ben surprise mon gars, c'est pas comme ça que ça marche ! Lui lançais-je froidement.

Je m'éloignais en direction de la salle de bain. Elle était où déjà ?

- Sam.

Je me stoppais au milieu du couloir des chambres.

- De quoi ?

- Sam. Je m'appelle Sam.

Je souris.

- Enchanté, Sam. Moi c'est Ethan.

Il sourit à son tour et m'indiqua le chemin de la salle de bain.

- Merci. Je n'aurai jamais trouvé sans toi... Sam ! Lui fis-je.

Je me changeais rapidement, mis mes vêtements mouillés dans le sèche-linge, et le rejoignis dans sa chambre. Il était allongé sur son lit, un ordinateur sur ses genoux. Il me regarda en souriant.

- Quoi ? Qu'est-ce que j'ai ?

Il tourna l'écran de l'ordinateur vers moi et je grimaçais. Une photo de moi très éméché y était affichée. Elle n'avait rien d'avantageux, mais je ne pus m'empêcher de lui lancer un «bon sang, même comme ça je suis canon ! ».

- Et je vois que tu check mon profil Facebook ! Rajoutais-je en m'allongeant sur le ventre sur le lit, la tête dans les mains, à hauteur de son torse.

- Je voulais voir à qui j'avais affaire !

Il continua à faire défiler les photos présentes sur mon compte, et je me tendis lorsqu'il tomba sur une photo de moi en train d'embrasser un mec.

- C'est ton mec ? Me demanda-t-il.

- Tu... Ça ne te surprend pas ? Je veux dire, non, ce n'est pas mon mec mais..

- Non, ça ne me surprend pas. Me coupa-t-il. J'ai vu la façon dont tu me regardais... Et... Je les sentis.. C'est pour ça que j'ai un peu fuis la piscine.

- Ça t'a dégoutté ?

- Non. Au contraire...

Nos regards se croisèrent. Ils ressentaient la même chose que moi, j'en étais certain.

- On ne se connaît pas et je... Je n'ai jamais... Ce que j'ai ressenti dans la piscine quand tu m'as collé contre toi, à chaque fois que tu me touches, je ne le comprends pas. Quand je suis arrivé au lycée, et que je t'ai vu... Tu m'as perturbé. J'avais déjà fait mes recherches sur toi avant que tu ne viennes me parler !

- Tes recherches ? Ris-je. Tu... T'es vraiment un mec surprenant ! Tu as fait comment pour savoir mon nom ?

- Madame Hastings l'a dit. Me répondit-il simplement.

- Je te plais ?

Il me sourit en rougissant et je remontais un peu sur le lit.

- Je te plais ? Répétais-je.

- Absolument pas ! Répliqua-t-il mais sa voix tremblante le trahi.

- Moi qui pensais que tu étais un garçon timide que je mettrai des mois, voire des années, à corrompre... Je suis presque déçu... Me moquais-je. Et le mec sur la photo, ce n'est pas mon mec. Je suis libre comme l'air !

Il me fit un sourire timide.

- Ça te dirait qu'on regarde un film ? Où tu dois rentrer chez toi ? Il est tard et...

- Tu veux voir quel film ? Demandais-je précipitamment, trop heureux d'avoir une nouvelle excuse pour rester plus longtemps avec lui.

Ma mère allait probablement criser, mais tant pis, je prenais le risque.

- Je sais pas... Tu voudrais voir quoi toi ?

- Un film sur les zombies ! J'adore voir la chair décomposée !

- Je vois, un psychopathe ! D'accord, je vais te trouver ça !

Je remontais sur le lit afin d'avoir les yeux sur l'écran et je me risquais à passer un bras autour de ses épaules. S'il se tendit, il se laissa tout de même aller contre moi, posant sa tête contre mon épaule. Je n'arrivai pas à me concentrer sur le film, trop heureux de l'avoir dans mes bras. C'était tout de même inespéré. Je me risquais à passer ma main dans ses cheveux et à les caresser tendrement. Il se laissa faire et ma respiration s'accéléra.

- Je peux te poser une question ? Lui demandais-je à voix basse.

Il hocha positivement la tête.

- Tu as déjà... Tu es déjà sorti avec un mec ?

- Non.

- Et tu as déjà... Embrassé un mec ?

Il hésita.

- Non.

- Ok... Le truc qui se passe, là, c'est que j'ai très envie de poser mes lèvres sur les tiennes, mais je ne veux pas t'effrayer.

Il releva la tête vers moi. Je caressais sa joue.

- Tu as des yeux vraiment magnifiques.

- Pourquoi ?

- Pourquoi ? Tu ne les as jamais vu dans un miroir ou quoi ? Ils sont... uniques.

- Tes yeux aussi.

- Tu rigoles ou quoi ? J'ai les yeux aussi noirs que mon âme !

Il rit et je passais mes doigts sur ses lèvres. Le film n'avait vraiment plus aucune importance.

- Je crois que je vais devoir rentrer avant de faire une bêtise...

- D'accord... Fit-il, déçu. Je te raccompagne.

Il arrêta le film et s'écarta de mes bras. Nous nous levâmes avant de descendre dans le hall. Il déverrouilla la porte d'entrée et l'ouvrit. Un vent glacial s'engouffra et nous fit frissonner.

- Heu... J'ai oublié mon manteau sur ton canapé.

- Je vais te le chercher.

Je refermais la porte avant de geler sur place. Il revint très peu de temps après et me donna mon manteau.

- Je te ramène tes fringues dès demain, promis ! Lui assurais-je.

- Tu seras bien obligé si tu veux récupérer les tiennes !

- C'est pas faux ! Bon, ben... Salut !

- Salut...

Je ne partis pourtant pas. Je n'en avais aucune envie. Et au vu de la façon dont il me regardait, lui non plus.

- Tu pourrais me donner ton numéro ? Si tu veux parler ou...

- Tu le notes ? Me coupa-t-il.

- Heu.. Ouais. Attends.

Je sortis mon portable de la poche de mon manteau, et enregistrais le numéro qu'il me donnait, dans mes contacts.

- Merci. Je t'envoie un message quand j'arrive !

- Une vraie midinette ! Se moqua-t-il.

- Ta gueule !

Il prit un faux air choqué et je me résignais enfin à partir. Le trajet jusque chez moi me parut une éternité. Enfin arrivé, je m'allongeais sur mon lit, tout habillé. J'avais son odeur sur moi... Je fermais les yeux. J'aurais dû l'embrasser, putain ! Il en avait envie, ça se voyait ! Prenant mon portable, je lui envoyais un rapide message, et fermais les yeux. J'étais épuisé...

- Ethan ! Ethan ! Lève toi !

J'ouvris les yeux avec difficultés. Combien de temps avais-je dormi ? Trois heures ? Quatre ?

- Ethan ! Hurla à nouveau la voix de ma mère.

Je gémis. Cette femme était toujours d'une douceur absolue...

- Ouais, minute ! Lui répondis-je.

- T'es en bas dans 5 minutes, et dépêche-toi.

Je levais les yeux au ciel. Je me rendis dans ma salle de bain, et apercevant les habits que je portais, la soirée d'hier me revint en mémoire. Je souris. Attrapant mon portable, je fus déçu de voir que je n'avais aucun message de lui. Je rejoignis ma mère dans la cuisine. Elle s'affairait à je ne sais quoi.

C'était une femme plutôt mince, coiffée toujours en chignon, et portant un tailleur blanc, perché sur des talons hauts.

- Enfin, tu es levé ! Tu as vu l'heure ?!

Je tournais les yeux vers l'horloge murale. 13H... Outch... J'allais me faire tuer.

- Désolé...

- Écoute-moi bien Ethan, ce n'est pas parce que c'est les vacances que tu dois passer tes nuits dehors !

- Je n'étais pas dehors, j'étais chez un ami !

- Un ami ?

L'air qu'elle affichait voulait tout dire. Elle n'avait jamais accepté le fait que j'aimais les hommes.

- Ouais, un ami. Je ne me tape pas tout ce qui bouge, tu sais !

- Ne me parle pas sur ce ton ! Je suis ta mère, tu me dois le respect ! Et ami ou pas ami, ce n'est pas en rentrant à pas d'heure que tu vas avoir ton bac !

Je levais les yeux au ciel. Le bac était loin de mes préoccupations.

- Enfin... C'est ta vie après tout. Je dois sortir. Je t'ai laissé à manger dans le frigo. Tu auras juste à le faire réchauffer.

Elle m'embrassa sur la joue et s'en alla. Le reste de la journée passa lentement. Je n'avais toujours aucune nouvelle de Sam, et ça me mettait de mauvaise humeur. Mon ego m'empêchait de lui envoyer un nouveau message. Si seulement Adrian était là... J'aurais pu sortir et me vider la tête.

Mais il était en vacances avec ses parents... Je passais alors la journée seul, mes seuls déplacements se limitant entre le canapé du salon et mon lit. Le soir venu, ma mère n'étant toujours pas rentrée, je décidais d'aller me coucher. Je fermais les yeux lorsque mon portable vibra. Désespéré à l'idée que ce soit Sam, je n'y jetais qu'un rapide coup d'œil. Quelle ne fût pas ma joie lorsque je vis son nom affichait sur l'écran !

- « Tu viens récupérer tes affaires? »

- « Quand ? »

- « Maintenant ? »

- « Non... »

- «... »

- « Toi, viens... »

- « Chez toi? »

- « Non, chez mon voisin... Lui aussi te veut... »

- « Je ne sais pas où tu habites... »

- « Suis ton cœur... »

Il ne me répondit pas et je lui envoyais ma position par texto. En attendant qu'il arrive, je le cherchais sur Facebook. Rien. Je soupirais. Ce mec était tout de même un mystère... Presque une heure plus tard, il arriva enfin.

- Salut... Me fit-il timidement en me tendant mes vêtements.

- Merci.. Viens...

Je l'entraînais dans ma chambre et fermais la porte à clé. Il me lança un regard inquiet.

- T'inquiète, je laisse la clé dessus. C'est juste pour éviter que ma mère entre quand elle reviendra. Elle n'a toujours pas digéré que j'aime les mecs.

- Mais nous on est juste ami.

- Oui.. Ami... Répétais-je, déçu. Bien ta journée ?

Il ne répondit pas, son regard balayant ma chambre en bordel. Des vêtements étaient roulés en boule par-ci par-là, des feuilles, objets, livres, étaient répartis un peu partout dans la pièce. Je n'étais pas vraiment le roi du rangement...

- Ouais, ça a été...

- J'ai cru que tu ne m'enverrais jamais de message.

- J'ai pas eu le temps..

Il était à nouveau froid et distant. Je remarquais qu'il portait à nouveau les vêtements amples qu'il portait au lycée.

- Tu as remis la tenue passe partout ?

- Je te l'ai dit, je n'aime pas attirer l'attention.

- Ouais.. Tu veux faire un truc ou..

- Non. Je dois rentrer.

Il passa devant moi, déverrouilla la porte, et il partit en un éclair, avant que je n'ai eu le temps de le retenir.

- Ok... Murmurais-je. Ce mec est trop bizarre !

Soupirant, je descendis à mon tour avant de me figer. Il n'était pas parti. Il se tenait devant la porte d'entrée, face à... ma mère. Mon sang ne fit qu'un tour.

- Sam, va-t-en !

Il me lança un regard inquiet. Ma mère lui lançait un regard assassin.

Je le suppliais du regard de partir, mais il fit tout le contraire. Il referma la porte d'entrée d'un coup sec et referma le verrou avant que ma mère n'ait pu réagir. Il me prit ensuite la main et on retourna dans ma chambre, où il ouvrit la fenêtre et jeta un œil en bas.

- Ça devrait le faire ! Me fit-il avant de s'apercevoir que je le fixais bêtement, ne comprenant pas vraiment ce qu'il était en train de faire.

- Il faut sauter, maintenant ! Ta mère va finir par rentrer, et ma réaction débile va sûrement la pousser à nous tuer tous les deux.

Il n'avait pas tort... Elle allait probablement me punir jusqu'à la fin de mes jours. Ou pire : me fliquer jusqu'à la fin de mes jours. N'y réfléchissant pas à deux fois, je sautais et Sam en fit de même. Heureusement, ce n'était pas très haut, mais malheureusement, ma mère ne s'occupant pas du jardin, je trébuchais droit dans les épines lorsque je voulus me relever. Gémissant de douleur, je me redressais et tournais la tête vers Sam. Il s'en était mieux sorti que moi. Beaucoup mieux... On escalada ensuite le portail rouillé du jardin, et attrapant ma main, il courut jusque chez lui. Il referma derrière nous, et après avoir échangé un regard, nous explosâmes de rire.

- Désolé... S'excusa-t-il en retrouvant son sérieux. Je ne sais pas pourquoi j'ai...

Je fis alors ce que je rêvais de faire depuis que nos regards s'étaient croisés. Le plaquant contre la porte d'entrée, je passais ma main dans ses cheveux et le fis taire d'un baiser...

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top