Chapitre 1
Chapitre 1- PDV Ethan
Mordillant le bout de mon stylo, je coulais un regard vers le nouveau. Assis un rang devant moi sur la gauche de la salle de classe, il semblait vouloir se faire le plus petit possible. Derrière ses vêtements amples, semblait se cacher un corps frêle. Son teint extrêmement pâle lui donnait un air maladif., et ses cheveux d'un noir de jais, qui lui tombaient devant les yeux, n'arrangeaient rien. Ses yeux, j'aurais aimé pouvoir les apercevoir. C'était la première chose que je regardais chez les gens. On disait bien qu'ils étaient le reflet de l'âme, non ? Le nouveau s'enfonçât un peu plus dans son siège, lorsque Madame Hastings, notre professeur de sciences, posa une question. Elle balaya la classe de ses yeux de chouette, à la recherche d'une victime susceptible de lui décrire le processus exact de la division cellulaire. La sonnerie de fin de cours nous sauva tous. Enfin presque. Hastings nous donna un exposé à faire en groupe. A peine avais-je eu le temps de noter le sujet sur mon carnet et de ranger mes affaires, que l'objet de mon attention avait disparu. Sortant dans le couloir, j'essayais de le repérer dans la foule d'élève qui sortait des salles de cours. Rien. Il avait filé. Rapide le petit...
- Hey, mec, tu viens ?
Je me retournais. Adrian faisait un signe de la main vers moi. Je lui souris.
Adrian, c'était mon meilleur ami. Grand, athlétique, blond, yeux bleus : il était le parfait petit ami que les filles de ce lycée rêvaient d'avoir. Dans un sens, je l'étais tout aussi bien, bien qu'étant son extrême opposé. Brun, peau mate dû à mes origines espagnoles, yeux noirs. Mais j'allais oublier le plus important : je suis gay. Et oui, 100 % gay, et le revendiquant haut et fort. Ce qui, d'ailleurs, m'avait valu quelques soucis familiaux.. Mais ça, c'était une autre histoire, et je n'ai vraiment pas envie de m'étaler dessus plus longtemps.
- Ethan, bouge, j'ai faim ! Me rappela mon ami.
- Je passe aux chiottes et j'arrive ! Attends-moi dehors ! Lui fis-je.
- Pire qu'une meuf ! L'entendis-je râler.
L'ignorant, je pénétrais dans les toilettes, vides à cette heure-ci. Tout le monde était parti manger. Et ce soir étant les vacances d'hiver, la plupart des élèves séchés l'après-midi. La seule raison pour laquelle je ne faisais pas pareil, c'est qu'avec toutes les absences que j'avais déjà accumulées, c'était l'exclusion assurée. Adrian était dans la même situation que moi. Puis de toute façon, qu'aurais-je fait de plus qu'ici ? Tout le monde fuyait vers les pistes de ski et les soirées sous les flocons, confortablement installé dans l'eau chaude des sources naturelles. Moi, en revanche, je n'irai nulle part. Mon cher père avait quitté ma mère il y a quelques mois, et l'ambiance n'était franchement pas aux vacances et au vin chaud. Déposant mon sac sur le lavabo et me fixant dans la glace, je soupirais.
- Il va rester que toi et moi une fois de plus mon gars... Murmurais-je à mon reflet.
La porte d'une cabine s'ouvrit derrière moi. Dans le miroir, j'aperçus le nouveau. Me voyant, il sursauta.
- Salut ! Lui fis-je.
- Salut... Bredouilla-t-il avant de se laver rapidement les mains.
Je haussais les sourcils. On n'aurait dit qu'il avait peur de moi.
- Je n'ai jamais mangé personne, promis ! Plaisantais-je
Il ne répondit pas, gardant la tête baissée, m'empêchant toujours de voir ses yeux.
- C'est jamais facile d'être le nouveau, hein ? Si tu veux, on pourrait aller faire un tour en ville. Je peux te faire visiter si tu veux.
- Non ! S'exclama-t-il brutalement, avant de s'adoucir. Dé... Désolé, je dois y aller...
- Non, atte...
Trop tard... Il avait déjà filé. Déterminé à en savoir plus sur lui, je sortis à mon tour, décidé à le rattraper. Je me précipitais dans le couloir en direction de la sortie. Je le vis un peu plus loin et courus vers lui.
- Hey, attends, ne pars pas comme ça !
- Laisse-moi tranquille ! S'énerva-t-il en gardant toujours les yeux baissés.
Il commençait à vraiment m'énerver lui.
- Tu pourrais me regarder quand je te parle ? C'est plus poli, tu sais !
Comme il s'était à nouveau détourné de moi, je l'attrapais par le bras et le retournais vers moi. Et je les vis enfin... Ses yeux... Il n'y avait pas de mot pour les décrire. Tirant entre le bleu et le vert, avec une pointe d'ambre, je n'avais jamais vu des yeux pareils. Tu fais bien de les cacher petit ange, tout le monde n'est pas digne de voir ces yeux-là.
- Wow ! Tu as des yeux magnifiques ! M'exclamais-je, le faisant rougir.
Il me tourna à nouveau le dos, ayant très clairement l'intention de s'enfuir à nouveau.
- Attends, ne pars pas ! Je voulais juste me présenter ! Je sais que tu es arrivé il y a peu ici, et je te l'ai dit, ce n'est jamais facile d'être le nouveau. Je m'appelle Ethan, Ethan Sanchez. On est ensemble en cours de...
- Sciences. Ouais, je sais. Me fit-il en se retournant à nouveau vers moi.
- Oh, c'est qu'on m'a quand même remarqué, je vois ! Cela dit, je ne passe inaperçu aux yeux de personne ! Dis-je en souriant.
Il haussa les sourcils.
- Tu es arrivé 10 minutes avant la fin du cours et tu as prétendu comme excuse, que tu avais dû emmener ton lapin nain à la crèche.
Je ris. C'est vrai que j'avais dit ça..
- Et même pas d'heure de colle ! Fis-je, fier de moi.
- Et comment ça se fait ?!
- Accepte de boire un verre avec moi et je t'explique.
- Je... Désolé, je dois rentrer chez moi.
- Laisse-moi te raccompagner alors. Enfin si tu n'as pas de voiture, bien entendu.
- Je... On ne se connaît pas et...
- Ben justement, on apprendra à se connaître ! Lui fis-je avec un clin d'œil.
- Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée...
- Oh aller, je ne vais pas te manger.
Pas encore, pensais-je. Son regard m'enivrait. Mais au-delà de ça, quelque chose chez ce garçon m'intriguait et m'attirait. Il fallait que j'en découvre plus sur lui...
Il fut silencieux durant tout le chemin jusque chez lui, ne parlant que pour m'indiquer les directions à prendre.
- Tu peux t'arrêter là. M'annonça-t-il.
- Quoi ? Ici ?!
On se tenait devant la zone résidentielle, où des villas, toutes les plus luxurieuses les unes que les autres, s'étendaient à perte de vue.
- Ça va, tu te mets bien toi ! Ils bossent dans quoi tes parents pour arriver à se payer une baraque dans le quartier des bobos ?
- Heu... Ma mère est avocate et mon père bosse comme architecte fluvial.
- Ca paye bien visiblement ! C'est laquelle chez toi ? Demandais-je en me demandant laquelle des villas qui s'étendaient devant moi, était son chez lui.
Ma question sembla le gêner et il ne répondit pas immédiatement.
- Je ne vais pas faire de cambriolage chez toi, je te rassure !
- Heu... Oui, je sais. C'est... C'est celle-là !
Il désigna une villa en pierres blanches trônant au centre d'un immense terrain à la pelouse verte et parfaitement tondue. Les haies qui l'entouraient, taillées à la perfection, cachaient probablement une magnifique piscine.
- Et bien, ta façon de t'habiller ne laissait pas imaginer que tu étais le fils d'un bobo.
Mal à l'aise, il se tortilla sur le siège passager.
- Je n'aime pas attirer l'attention.
- J'avais cru comprendre... Mais si tu veux un conseil d'ami, ce n'est pas en ayant ce look et cette attitude, que tu vas te fondre dans la masse. Pour preuve, tu as attiré la mienne.
- Ce n'était pas voulu !
- Bah, c'est pas grave, maintenant tu vas juste m'avoir dans les pattes !
Il me fit une sorte de rictus entre le sourire et la grimace. Je n'étais pas retourné en cours cet après-midi là, et étonnamment, je n'avais pas été exclu. Enfin, ce n'était pas si étonnant que ça en fait...
Il me tardait tout de même de retourner en cours, parce que qui disait vacances, disait aussi plusieurs jours sans revoir mon bel inconnu aux yeux d'ange. J'avais traîné un peu dans son quartier mais je ne l'avais pas aperçu. Tous les volets de sa maison étaient fermés. La petite famille avait dû partir skier comme les 3/4 de la ville. Bref, je m'ennuyais à mourir, et il restait encore une semaine avant de retrouver les bancs de l'école, comme on dit. Je marchais sur la plage du lac de Saint Austin, à la recherche d'une occupation pour les longs jours à venir, lorsque je le vis. Il était recroquevillé sous ce qui semblait être une couette, au niveau du poste de garde. L'hiver était bien installé, et les températures chutaient de jour en jour, passant petit à petit au-dessous de zéro. S'il voulait faire du camping sauvage, ce n'était pas vraiment la période idéale. M'approchant de lui, je constatais qu'il dormait. Et grelottait. Sa tête reposait sur un vieux sac de voyage usé, rempli à craquer. Je retirais délicatement la mèche brune qui lui tombait sur le visage, et fus frappé par sa pâleur et ses traits tirés. Je le secouais légèrement.
- Hey, réveille-toi !
Il sursauta et s'écarta de moi, effrayé. Je levais les mains en guise d'apaisement.
- Calme-toi, c'est moi. Ethan ! Je t'ai ramené chez toi l'autre jour, tu te souviens ? On est en cours ensemble.
Il me fixa un instant avant de prendre les jambes à son cou. Je soupirais. Il croyait quoi lui ? Que j'allais lui courir sans arrêt après ? Fallait pas pousser non plus. Baissant les yeux vers l'endroit où il était couché, je remarquais qu'il avait oublié son sac. Je m'en saisis et décidais de regarder à l'intérieur, afin d'en examiner le contenu.Il était assez lourd. Ignorant la petite voix dans ma tête qui me disait de ne pas le faire, je commençais à fouiller. Mais mis à part des fringues et des livres de cours, il n'y avait rien d'exceptionnel. Je laissais un nouveau soupir m'échapper. Pourquoi dormait-il dehors avec ce froid ? Et pourquoi emportait-il ses livres de cours alors qu'on était en vacances ? Bon, il fallait que je le retrouve maintenant. Prenant la direction de chez lui, je me dis que si je le rattrapais pas sur la route, je pourrais toujours aller sonner chez lui. Ce que je fus obligé de faire... Planté devant le portail en fer forgé, je jetais un œil à l'allée menant à la maison. Des fleurs la parsemaient de chaque part. Vue d'ici, cette maison avait l'air gigantesque. Me décidant enfin à sonner à l'interphone, j'attendis patiemment que quelqu'un me réponde. Une dame assez âgée s'approcha alors de moi.
- Tu cherches quelque chose, mon garçon ?
- Heu... Bonjour. Est-ce que vous savez si les personnes qui habitent ici sont chez elles, ou si elles reviennent bientôt ? Leur fils a perdu son sac et je suis venue le lui raporter.
Je n'avais pas besoin d'être devin pour savoir qu'elle ne croyait pas un seul mot de ce que je lui racontais.
- Tu ferais mieux de t'en aller, me prévint-elle.
Ses cheveux gris coiffés en chignon lui donnaient un air sévère, et me faisaient penser dangereusement à ma mère. C'était typiquement le genre de femme qui vous réduisez au silence en un seul regard.
- Je veux juste lui rendre son sac. Il y a ses livres de cours à l'intérieur, c'est quand même important.
- Si tu ne t'en vas pas immédiatement, j'appelle la police.
- Appelez-les si ça vous fait plaisir ! Je n'ai rien à me reprocher ! M'énervais-je. Je viens juste rendre des livres à un ami !
- Les Parker n'ont pas d'enfants. Il n'y a aucun jeune de ton âge qui vit ici ! M'informa-t-elle. Alors maintenant, va-t-en, ou j'appelle la police. Et si jamais il y a des cambriolages dans le quartier, je saurais que c'est toi. Et j'ai une très bonne mémoire des visages !
Je n'avais pas écouté le reste de sa phrase, décrochant à partir de « les Parker n'ont pas d'enfants ». Pourtant, je ne me trompais pas, c'était dans cette maison que je l'avais vu entrer. C'était celle-ci qu'il avait désigné comme sa maison. Tout en réfléchissant à tout ça, je reprenais le chemin de chez moi. Mais qui était donc ce garçon ? Je me rendis alors compte que je ne connaissais même pas son prénom... Les cours reprenant dans une semaine, je disposais donc de 7 jours pour retrouver ce mec, lui rendre ses foutues affaires et exiger des explications...
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