Chapitre 37 - Sortie
Point de vue d'Auriane
Je regarde la chambre dans laquelle je suis depuis tellement de temps. Mon sac est prêt. J'attends le médecin pour qu'il me donne l'autorisation de sortie. L'autorisation de revoir le monde extérieur. Je sens mon coeur s'affoler un peu. J'ai hâte d'être loin et en même temps, j'aimerais rester ici, à l'abri du reste du monde.
Quelqu'un frappe à la porte. Je crie d'entrer pensant que c'est le docteur. C'est l'inspecteur. J'agrippe la première chose qui me tombe sous la main et sers mon poing. En parlant de signe extérieur pas très agréable, je suis servie. Néanmoins je me force à lui sourire. Il n'est pour rien dans la situation. Au contraire, il est de mon côté, je dois m'en souvenir.
- Bonjour Bruno
- Bonjour Auriane. Vous avez l'air bien mieux qu'à notre dernière entrevue.
- Merci, et effectivement je vais mieux. Surtout grâce à ma famille et aux bons soins du personnel hospitalier.
- Je vois que vous vous apprêtez à rentrer chez vous. C'est une bonne chose.
- Je vais aller vivre chez Lucas avec ma fille. Mais je suppose que vous le saviez.
- En effet, Lucas m'en a touché deux mots quand nous nous sommes parlés au téléphone. C'est un homme bien. Enfin, du peu que j'ai pu voir.
- Il est mon roc. Je ne sais pas ce que je ferais sans lui, lui répondis-je un sourire aux lèvres.
- Mon instinct me dit qu'il pense la même chose de vous.
- Possible. Pour l'instant en tout cas, il est plus solide que moi.
- Vous êtes une femme forte. Vous êtes dans un moment de faiblesse mais qui ne le serait pas? Je vous fais confiance, vous allez reprendre du poil de la bête.
- Votre confiance me touche inspecteur. Que puis-je faire pour vous? Puisque je ne pense pas que ce soit une visite de courtoisie, n'est-ce pas?
- C'est vrai. Je venais prendre part de votre décision. Si vous avez eu le temps d'en prendre une évidemment.
- N'avons-nous jamais assez de temps pour prendre pareille décision? Je dois vous avouer que je ne suis toujours pas certaine de prendre la bonne en tout cas.
- Tant qu'elle est la meilleure pour vous, c'est le principal. Avez-vous pu en discuter avec vos proches?
- Oui. Je dois dire qu'ils m'ont grandement facilité les choses. Ils sont tous d'accord. Même Joy.
- Vous lui avez demandé son avis?me demande-t-il surpris.
- Elle est plongée dans cette histoire jusqu'au cou. Il s'agit de son père. Je ne pouvais pas prendre la moindre disposition sans lui en parler. Je ne lui ai pas demandé de décider, entendons-nous bien. Je lui ai exposé les différentes possibilités et leurs conséquences. Ensuite, je lui ai fait part de ma décision. C'est encore une petite fille, Bruno. Une petite fille mêlée à quelque chose qu'elle ne devrait pas connaître. Le seul moyen pour qu'elle s'en sorte est d'écouter ce qu'elle a à dire, de la laisser s'exprimer.
- Que pense-t-elle de tout ça?
- Et bien, elle aime toujours son père, c'est une évidence et je n'irai jamais contre ses sentiments. Il a toujours été un père génial. Même depuis notre séparation il restait présent. Mais elle souffre énormément de ce qu'il est devenu. Surtout, elle ne comprend pas, comme nous tous. Je crois qu'elle a toujours l'espoir qu'il redevienne comme avant. Elle aimerait qu'il y ai une autre solution. Vraiment, et moi aussi Bruno. J'aurais tant aimé ne pas devoir en arriver là. Après tout, cet homme a partagé mon quotidien pendant 15 ans. Ce n'est pas rien.
- Je comprends. C'est toujours difficile. Nous ne savons pas comment agir quand il s'agit de quelqu'un à qui l'on tient. Alors, allez-vous finalement porter plainte?
Je repense à tout ce qu'il s'est passé, aux avis de chacun sur la question. Aux remarques de Joy, bien plus adulte qu'elle ne devrait. J'analyse encore une fois ce que je ressens et j'écoute mon instinct. Ce que je vais décidé maintenant va changer le reste à tout jamais. Mais Jordan n'a-t-il pas pris la décision pour moi au moment de passer à l'acte? Je prends une grande inspiration, je regarde Bruno dans les yeux, il attend patiemment. J'y vais.
- Je vais porter plainte.
Et là, ce n'est pas de la culpabilité que je ressens, c'est du soulagement. Un poids s'enlève de mes épaules. Les prochains mois ne vont pas être faciles mais je sais que je fais ce qu'il faut.
- Vous avez pris la bonne décision. Vous aurez tout le soutien nécessaire. Celui de vos proches mais également le nôtre.
- Merci, je vais en avoir besoin. Pratiquement, on fait comment maintenant?
- Vous allez devoir passer au commissariat afin de signer votre plainte. Tous les papiers sont déjà remplis. Après, le dossier sera aux mains de la justice. Vous devrez vous présenter devant le jury lors du procès mais il n'aura probablement pas lieu tout de suite.
- Très bien. Quand dois-je passer dans vos bureaux?
- Le plus rapidement possible. Vous avez ma carte, prévenez-moi quand vous venez comme ça je pourrai être présent.
- Merci encore Bruno.
- De rien, ce n'est que mon travail. Rentrez chez vous. Profitez bien de vos proches. Et laissez-vous chouchouter. Je vous revois très vite, me dit-il avec un clin d'oeil.
- Bonne journée.
L'inspecteur s'en va emmenant avec lui la décision la plus dure que j'ai eu à prendre. La porte s'ouvre directement. Bizarre, il a peut-être oublié quelque chose. Mais ce n'est pas lui. C'est le médecin tant attendu suivi par Lucas et ... Joy! Elle se jette sur moi et me fait un énorme câlin.
- Bonjour tout le monde. Joy tu as école normalement. Que fais-tu ici? lui dis-je secrètement heureuse de sa présence.
- Je voulais être avec toi à ta sortie. Lucas s'est arrangé avec l'école. Tant que je rattrape les cours de la journée c'est bon, me dit-elle avec un énorme sourire.
- Merci Lucas.
Il s'approche et me prends dans ses bras. Il m'embrasse sur le front et essuie une larme que je n'avais même pas conscience d'avoir verser.
- De rien ma belle et puis qui m'aurait aidé à porter tous tes sacs? me dit-il taquin
- C'est vrai que mon sac est très très lourd, dis-je en rentrant dans son jeu.
- Je vois que vous aller mieux et c'est avec un grand plaisir que je vous remets votre autorisation de sortie. Vous allez nous manquer dans le service, me dit le médecin.
- Vous aussi mais je vous mentirais si je disais que j'ai envie de revenir, lui dis-je pleine d'humour.
Tout le monde rigole. Ça fait du bien. Franchement. Il est vrai que l'équipe est géniale et que tout le monde me chouchoutait mais rien ne vaut sa famille et loin des murs de l'hôpital. Le docteur s'en va après nous avoir souhaiter bonne chance pour la suite. Lucas et Joy me regardent.
- Prête à rentrer chez nous?
Je regarde une dernière fois cette chambre puis le trio que nous formons.
- Prête.
Lucas emporte mon sac et me tient par la main. Joy est de l'autre côté, mon bras sur son épaule, elle entourant ma taille. Nous prenons l'ascenseur jusqu'au rez-de-chaussée. Nous arrivons face à la grande porte vitrée. Pour la première fois depuis des semaines, je vais pouvoir prendre l'air avec les personnes que j'aime.
Lucas va chercher la voiture et revient nous chercher. Je monte à ses côtés tandis que Joy grimpe à l'arrière. Fidèle à elle-même, ma fille se perd dans un babille joyeux qui m'avait manqué plus que tout. Lucas et moi nous regardons, un message plein de promesses dans les yeux. Après quelques secondes dans un monde qui nous est réservé, il démarre pour nous amener à notre chez nous. Notre chez nous, enfin.
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Voilà le chapitre qui clôt le séjour hospitalier d'Aurore. J'espère qu'il vous a plu.
Je suis actuellement malade mais je voulais vous écrire la suite. Il est fort probable que des fautes se soient glissées et je m'en excuse.
Chapitre corrigé - 29/03/18
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