Chapitre 27 - Un secret trop lourd à porter


Point de vue d'Auriane

Je discute avec Jordan. Nous sommes assis à une table dans un café. Il voulait discuter de nous, de Joy. Je n'avais aucune envie de venir mais il est assez persuasif. Je dois avouer que je suis encore un peu sous son influence. J'étais dépendante de lui, comme un alcoolique est dépendant de l'alcool. Au fur et à mesure de la conversation, il parvient à me faire douter. Je lui dis que je dois y réfléchir même si je n'en n'ai pas envie. Je dois penser à Joy.

Il propose de me raccompagner. Je suis un peu réticente mais je ne suis jamais parvenue à lui dire non. Le trajet en voiture est assez court. Je descend, claque la portière mais plutôt que de démarrer il me suit. Je ne me sens pas bien. J'ai un mauvais pressentiment. Je lui dis au revoir mais au moment où je veux fermer la porte il la bloque avec son pied. Il m'attrape et m'embrasse violemment. Je sens ses mains sur moi.

- Non! Je hurle.

Je me réveille, je suis en sueur. Je regarde autour de moi. Il n'est pas là. Je ferme les yeux, soulagée. Je ne peux plus rester avec ce secret mais comment je vais pouvoir lui expliquer. Comment dire à Lucas que Jordan était sur le point de me... je ne suis même pas capable de me prononcer le mot. Je ne peux pas le croire.

La porte s'ouvre sur un Lucas affolé. Il me regarde et soupire de soulagement.

- Tu es réveillée...

- Je dors depuis longtemps?

- Ça fait deux jours.

- Tant que ça?

- Oui, tu nous as fait peur, me dit-il en se rapprochant. Je t'ai entendue crier. Ça va?

- Pas vraiment.

- Tu veux en parler?

- ...

- J'ai discuté avec le médecin. Pour lui, ton épuisement n'explique pas ta réaction d'hystérie d'avant-hier.

- ...

- Tu peux tout me dire tu sais. Je ne te jugerai jamais. Ça te ferait même du bien d'en parler.

- Dis-moi d'abord comment va Joy?

- Elle est perturbée mais c'est une gamine solide. Elle voulait rester près de toi mais Alice s'est dit que ça lui changerait les idées d'aller à l'école. Je ne peux pas lui donner tort.

- Merci...

- Je m'inquiète pour toi, tu n'es pas du genre à faire de telles crises.

Il me tient la main. Un silence un peu pesant s'installe. Je dois lui dire. Mais comment? Jordan ne mérite pas mon silence. Au bout d'un moment, je me lance tant bien que mal.

- Tu sais que je suis allée discuter avec Jordan.

Je le sens se crisper mais il ne dit rien. Il attend la suite. Il me laisse parler à mon rythme.

- Ce soir-là, il m'a raccompagnée. Je le sentais mal mais tu me connais, je ne sais pas lui dire non...

J'ai la gorge nouée, je sens les larmes qui commencent à rouler sur mes joues. Il sert ma main de plus en plus.

- J'allais fermer la porte mais il l'a bloquée d'un coup. Je n'ai pas eu le temps de comprendre qu'il m'a tirée de force et m'a embrassée violemment.

Je hoquète, je sens la panique revenir, mes larmes coulent toujours de plus en plus nombreuses. Je l'entends retenir sa respiration. Il faut que je finisse, ça fait trop de mal de garder ça pour moi. Je continue dans un murmure.

- Il a commencé à promener ses mains sur moi...Je voulais qu'il arrête mais il m'a serrée encore plus fort contre lui. J'ai fait la seule chose à ma portée, je lui ai envoyé mon genou dans ses bijoux de famille et je suis rentrée aussi vite que j'ai pu. J'ai fermé la porte à clé. J'avais peur qu'il ne veuille forcer la porte mais après quelques minutes, je l'ai entendu partir.

Je m'écroule. Je sens un poids en moins sur mes épaules. Je n'ose pas regarder Lucas. Et s'il m'en voulait? S'il ne me croyait pas? S'il pensait que je l'ai cherché? Tout d'un coup, je sens des bras m'entourer et me serrer tendrement. Je tourne la tête et la dépose sur le torse de Lucas.

- Si je l'avais devant moi, je te jure qu'il passerait un mauvais quart d'heure. Donc pendant tout ce temps, ce n'est pas à cette absurde demande en mariage à laquelle tu pensais?

Je bouge ma tête de gauche à droite. Qu'ai-je fait pour mériter quelqu'un comme lui?

- Tu aurais dû me le dire ma puce.

- Je ne voulais pas que ton regard sur moi change. J'avais peur que tu me dises que je l'avais chercher en allant boire un verre avec lui.

- Je t'arrête tout de suite. J'ai confiance en toi et jamais, je dis bien jamais je ne penserais une telle chose. Je m'en veux de ne pas avoir compris que la situation était plus grave et de t'avoir laissée seule. Maintenant, je comprends beaucoup de choses. Il ne t'approchera plus, je te le promets.

Je mets mes bras autour de sa taille et le serre très fort.

- Je t'aime tant Lucas, lui dis-je dans un sanglot. J'ai cru que je t'avais perdu.

Il ne dit plus rien. En même temps, je me rends compte que de ce que je lui ai dit. Je ne lui avais pas encore avoué mes sentiments mais là, c'est sorti tout seul.

- Je t'aime aussi Auriane, j'entends un sourire dans sa voix.

Je me calme petit à petit, grâce à lui. Soudain, nous entendons la porte s'ouvrir. Je me crispe, il me s'en rend compte et me sert un peu plus contre lui.

- Bonjour Madame Dubois, je vois que vous êtes réveillée.

C'est l'infirmière, je me détend automatiquement. Lucas me lâche et se met sur le côté mais nos mains restent en contact.

- Bonjour.

- Je vais prévenir le médecin. Vous nous avez fait une belle frayeur en tout cas.

- Ce n'était pas mon intention, lui dis-je presque en m'excusant.

- Je m'en doute, me dit-elle en me faisant un clin d'oeil.

Elle s'en va, et revient quelques minutes après avec le médecin qui s'est occupé de moi.

- Comment vous sentez-vous?

- Je suis épuisée mais je me sens mieux.

Je regarde Lucas qui me fixe. Il a l'air sombre.

- Très bien, nous allons faire des examens pour vérifier que tout est en ordre. En tout cas, il va vous falloir beaucoup de repos. Je vais vous mettre en arrêt maladie pour deux semaines et après nous aviserons.

- Cela veut dire que je peux rentrer chez moi?

- Nous devons d'abord avoir les résultats des examens mais si tout est en ordre alors je signerai les papiers de sortie. Si vous me promettez de vous reposer et de prendre soin de vous.

- J'y veillerai, ne vous en faites pas, lui répond Lucas.

- Très bien, dans ce cas, je vous revois tout à l'heure.

Il s'en va, nous laissant seuls. J'ose enfin regarder Lucas. Sa main libre est fermée. Il sert son poing si fort que ces jointures sont blanches.

- Il est hors de question que je te laisse retourner avec ce fumier.

- Je n'en ai pas l'intention. Il n'est plus le Jordan que j'ai connu. Et puis, maintenant, mon coeur t'appartient mon ange. Je l'ai compris il y a bien longtemps mais je ne voulais tout simplement pas voir la vérité en face.

Je vois qu'il se calme. Il s'approche de moi, se penche et ses lèvres viennent effleurer les miennes.

- Je suis désolé de m'être énervé, tu n'as pas besoin de ça en ce moment.

- Pas grave, je comprends.

Nous sommes interrompus par un infirmier qui vient me chercher pour passer mes examens.

- Je reviendrai plus tard, je vais passer chez moi pour régler quelques détails que j'ai laissés en suspens. Je reviendrai tout à l'heure.

- Très bien, et merci pour tout. À tout à l'heure.

Il m'embrasse et s'en va. L'infirmier qui s'était fait discret m'interpelle.

- À nous deux maintenant. Plus vite vous irez, plus vite vous aurez fini, me dit-il en souriant.

- J'ai hâte de rentrer chez moi, c'est sûr.

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Qui s'attendait au comportement de Jordan? On comprend mieux les crises d'Auriane.

Chapitre corrigé - 28/03/18

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