9. Nicolas


Darcy revint chargé d'une pile de bois et laissa tomber le tout aux pieds de Nicolas qui alimentait soigneusement le feu. À peine plus loin, Lizzie se tamponnait délicatement la tête avec un linge humide que le zombie lui avait gentiment tendue, la mine inquiète.

— Ah décidément, les femmes ne sont bonnes à rien, lâcha Darcy avec un regard narquois mais rancunier.

Lizzie le fusilla du regard et elle s'écria, grimaçant sous la douleur :

— J'ai manqué être transformée en zombie et tout ce que vous trouvez à dire est que je suis inutile ?!

— Cela fait deux fois que vous vous assommez seule. Deux fois que je suis obligé de vous sauver la vie en risquant la mienne, répliqua froidement Darcy en retrouvant son masque glacial.

— Navrée que vous soyez obligé de remplir votre part du marché. Je vous rappelle que je n'ai pas choisi d'être ici ! S'écria furieusement Lizzie en se redressant.

— Moi non plus ! J'aurais pris une compagne de mission un peu moins empotée ! Rugit le colonel en serrant les poings.

— Un peu de pain ? Demanda timidement le zombie.

Les deux humains se tournèrent brusquement vers lui et il se recroquevilla avant d'oser poursuivre :

— C'est que... j'ai faim moi... et il ne sert à rien de se disputer, nous sommes tous sains et saufs, n'est-ce pas l'essentiel ?

Lizzie hocha la tête et se laissa tomber à côté de lui tandis que Darcy levait les yeux au ciel.

— Quel est ton nom ? Demanda la jeune fille en arrachant un morceau de pain, affamée.

— Nicolas. Je vis dans un petit village, tout près du bourg voisin.

— Vivais, marmonna Darcy en mordant à belles dents dans sa tranche.

Nicolas le regarda d'un air étonné et Lizzie lui fit les gros yeux.

— Oui... vivais... disons que... je ne me sens pas mort.

— Comment cela ? Vous êtes un zombie pourtant. Physiquement, c'est indéniable.

— Je sais bien. C'est... c'est compliqué. Les zombies ont un jour attaqué mon village, et n'ont laissé aucun survivant. Je me suis réveillé dans la forêt et j'ai erré seul pendant des mois. C'est seulement en voyant qu'ils ne m'attaquaient pas que j'ai compris que j'étais comme eux...

Nicolas baissa les yeux et un long silence empli de tristesse s'installa. Le jeune zombie pleurait encore son passé humain. Lizzie fit un geste pour le réconforter mais renonça devant l'air courroucé de Darcy.

— Je sais bien que je suis un zombie, reprit Nicolas en regardant pensivement le feu. Mais je ne me considère pas comme un zombie. Je réfléchis, je ne mange pas les autres, et je suis capable de bouger tous mes membres.

Et il agita vigoureusement ses doigts pour confirmer ses dires. Lizzie sourit, posa délicatement sa main sur son épaule et demanda à voix basse :

— Combien de temps es-tu resté ici, dans ce bois ?

— Trois mois je crois... j'ai vite perdu le fil du temps ici. Je sais seulement que les zombies sont arrivés en masse ici il y a quelques jours.

— Quelques jours ? Répéta Darcy, soudain intéressé. N'étaient-ils pas là avant ?

— Il vient de le dire, siffla Lizzie, l'air mauvais.

Le colonel ouvrit la bouche pour la remettre à sa place mais Nicolas intervint promptement :

— Non, ils sont arrivés il y a trois jours, en masse. Je n'ai pas compris pourquoi et les zombies ne parlent pas quand ils sont à un stade avancé de décomposition...

— Allez-vous... vous décomposerez-vous à votre tour ? Demanda Lizzie à voix basse.

— Je... Je ne sais pas... Je pensais que oui, mais je n'ai toujours rien d'entamé.

Darcy lui jeta un regard incisif : non, le zombie avait l'air normal. Si l'on exceptait son teint cadavérique, ses habits souillés de terre et les pustules qui parsemaient sa peau grise et verte, il était normal. Mais Nicolas avait raison : il aurait dû aider les autres à les tuer, pas s'interposer pour sauver Elizabeth.

— Comment peut-on savoir que vous ne finirez pas par devenir fou et par nous manger ? Reprit-il sans détourner le regard.

— Eh bien... euh... rougit seulement Nicolas.

— Laissez-le tranquille ! Ne voyez-vous pas ? Il m'a sauvée, nous a dit la vérité et veut simplement nous aider !

— Je me méfie des gens généreux. Leur altruisme cache souvent quelque chose de moins avouable, rétorqua Darcy.

— Ah je ne suis absolument pas généreux ! Une fois, j'ai laissé accuser mon petit frère d'un vol de poule que j'avais moi-même...

— Ne vous inquiétez pas Nicolas, l'interrompit Lizzie en dardant un regard courroucé sur Darcy qui haussa les épaules. Nous vous faisons absolument confiance.

Les épaules du jeune zombie s'affaissèrent. Il était manifestement soulagé que l'on croie en lui et sa parole.

— Puis-je vous accompagner ? Demanda-t-il avec une note d'espérance dans la voix. Je n'ai plus personne à part vous, et où que vous alliez, je saurai m'en accommoder et me faire discret.

— C'est que... hésita Lizzie.

— Savez-vous qui est Margaret ? Intervint Darcy, faussement nonchalant.

Nicolas se retourna violemment vers lui, des mèches de cheveux voletant autour de sa tête, et il répliqua aussitôt :

— C'est la reine des zombies. Elle nous a créés pour s'emparer de l'Angleterre et vit au Nord, cachée dans un château. Une minute, comment sais-je tout ça ?!

— C'est bien ce que je pensais, analysa le colonel anglais avec un sourire glacial. Margaret, en créant les zombies, leur a donné à tous les informations vitales expliquant leur apparition. Chacun sait implicitement où et comment trouver leur créatrice en cas de problème, même s'il ne leur viendrait pas à l'idée de le révéler. Sauf si on en interroge un. Elle pensait ne rien avoir à craindre étant donné que les zombies ne peuvent pas parler, mais manifestement, notre camarade ici présent a échappé à la règle.

Nicolas baissa les yeux, honteux de ne pas respecter le règlement, mais Lizzie lui sauta au cou, insouciante de son caractère de zombie.

— Merci Nicolas ! Oui, mille fois oui ! vous pouvez venir avec nous. Vous ne vous ferez pas remarquer parmi la masse de zombies, et vous nous serez même un précieux allié dans le château de Margaret !

— Le château de Margaret ? La masse de zombies ? Mais... où allez-vous ? Demanda Nicolas, complètement perdu.

— Nous allons au château de Margaret tuer cette masse de zombies pour rendre la paix à l'Angleterre.

Et Darcy rangea ses épées soigneusement propres dans les fontes de sa selle avant de se tourner vers ses compagnons.

— J'accepte qu'il nous accompagne. Mais si je surprends ne serait-ce qu'un indice qu'il poursuit sa transformation en zombie, je le décapite moi-même.

Nicolas déglutit et Lizzie leva les yeux au ciel. Cet homme !

Darcy revint chargé d'une pile de bois et laissa tomber le tout aux pieds de Nicolas qui alimentait soigneusement le feu. À peine plus loin, Lizzie se tamponnait délicatement la tête avec un linge humide que le zombie lui avait gentiment tendue, la mine inquiète.

— Ah décidément, les femmes ne sont bonnes à rien, lâcha Darcy avec un regard narquois mais rancunier.

Lizzie le fusilla du regard et elle s'écria, grimaçant sous la douleur :

— J'ai manqué être transformée en zombie et tout ce que vous trouvez à dire est que je suis inutile ?!

— Cela fait deux fois que vous vous assommez seule. Deux fois que je suis obligé de vous sauver la vie en risquant la mienne, répliqua froidement Darcy en retrouvant son masque glacial.

— Navrée que vous soyez obligé de remplir votre part du marché. Je vous rappelle que je n'ai pas choisi d'être ici ! S'écria furieusement Lizzie en se redressant.

— Moi non plus ! J'aurais pris une compagne de mission un peu moins empotée ! Rugit le colonel en serrant les poings.

— Un peu de pain ? Demanda timidement le zombie.

Les deux humains se tournèrent brusquement vers lui et il se recroquevilla avant d'oser poursuivre :

— C'est que... j'ai faim moi... et il ne sert à rien de se disputer, nous sommes tous sains et saufs, n'est-ce pas l'essentiel ?

Lizzie hocha la tête et se laissa tomber à côté de lui tandis que Darcy levait les yeux au ciel.

— Quel est ton nom ? Demanda la jeune fille en arrachant un morceau de pain, affamée.

— Nicolas. Je vis dans un petit village, tout près du bourg voisin.

— Vivais, marmonna Darcy en mordant à belles dents dans sa tranche.

Nicolas le regarda d'un air étonné et Lizzie lui fit les gros yeux.

— Oui... vivais... disons que... je ne me sens pas mort.

— Comment cela ? Vous êtes un zombie pourtant. Physiquement, c'est indéniable.

— Je sais bien. C'est... c'est compliqué. Les zombies ont un jour attaqué mon village, et n'ont laissé aucun survivant. Je me suis réveillé dans la forêt et j'ai erré seul pendant des mois. C'est seulement en voyant qu'ils ne m'attaquaient pas que j'ai compris que j'étais comme eux...

Nicolas baissa les yeux et un long silence empli de tristesse s'installa. Le jeune zombie pleurait encore son passé humain. Lizzie fit un geste pour le réconforter mais renonça devant l'air courroucé de Darcy.

— Je sais bien que je suis un zombie, reprit Nicolas en regardant pensivement le feu. Mais je ne me considère pas comme un zombie. Je réfléchis, je ne mange pas les autres, et je suis capable de bouger tous mes membres.

Et il agita vigoureusement ses doigts pour confirmer ses dires. Lizzie sourit, posa délicatement sa main sur son épaule et demanda à voix basse :

— Combien de temps es-tu resté ici, dans ce bois ?

— Trois mois je crois... j'ai vite perdu le fil du temps ici. Je sais seulement que les zombies sont arrivés en masse ici il y a quelques jours.

— Quelques jours ? Répéta Darcy, soudain intéressé. N'étaient-ils pas là avant ?

— Il vient de le dire, siffla Lizzie, l'air mauvais.

Le colonel ouvrit la bouche pour la remettre à sa place mais Nicolas intervint promptement :

— Non, ils sont arrivés il y a trois jours, en masse. Je n'ai pas compris pourquoi et les zombies ne parlent pas quand ils sont à un stade avancé de décomposition...

— Allez-vous... vous décomposerez-vous à votre tour ? Demanda Lizzie à voix basse.

— Je... Je ne sais pas... Je pensais que oui, mais je n'ai toujours rien d'entamé.

Darcy lui jeta un regard incisif : non, le zombie avait l'air normal. Si l'on exceptait son teint cadavérique, ses habits souillés de terre et les pustules qui parsemaient sa peau grise et verte, il était normal. Mais Nicolas avait raison : il aurait dû aider les autres à les tuer, pas s'interposer pour sauver Elizabeth.

— Comment peut-on savoir que vous ne finirez pas par devenir fou et par nous manger ? Reprit-il sans détourner le regard.

— Eh bien... euh... rougit seulement Nicolas.

— Laissez-le tranquille ! Ne voyez-vous pas ? Il m'a sauvée, nous a dit la vérité et veut simplement nous aider !

— Je me méfie des gens généreux. Leur altruisme cache souvent quelque chose de moins avouable, rétorqua Darcy.

— Ah je ne suis absolument pas généreux ! Une fois, j'ai laissé accuser mon petit frère d'un vol de poule que j'avais moi-même...

— Ne vous inquiétez pas Nicolas, l'interrompit Lizzie en dardant un regard courroucé sur Darcy qui haussa les épaules. Nous vous faisons absolument confiance.

Les épaules du jeune zombie s'affaissèrent. Il était manifestement soulagé que l'on croie en lui et sa parole.

— Puis-je vous accompagner ? Demanda-t-il avec une note d'espérance dans la voix. Je n'ai plus personne à part vous, et où que vous alliez, je saurai m'en accommoder et me faire discret.

— C'est que... hésita Lizzie.

— Savez-vous qui est Margaret ? Intervint Darcy, faussement nonchalant.

Nicolas se retourna violemment vers lui, des mèches de cheveux voletant autour de sa tête, et il répliqua aussitôt :

— C'est la reine des zombies. Elle nous a créés pour s'emparer de l'Angleterre et vit au Nord, cachée dans un château. Une minute, comment sais-je tout ça ?!

— C'est bien ce que je pensais, analysa le colonel anglais avec un sourire glacial. Margaret, en créant les zombies, leur a donné à tous les informations vitales expliquant leur apparition. Chacun sait implicitement où et comment trouver leur créatrice en cas de problème, même s'il ne leur viendrait pas à l'idée de le révéler. Sauf si on en interroge un. Elle pensait ne rien avoir à craindre étant donné que les zombies ne peuvent pas parler, mais manifestement, notre camarade ici présent a échappé à la règle.

Nicolas baissa les yeux, honteux de ne pas respecter le règlement, mais Lizzie lui sauta au cou, insouciante de son caractère de zombie.

— Merci Nicolas ! Oui, mille fois oui ! vous pouvez venir avec nous. Vous ne vous ferez pas remarquer parmi la masse de zombies, et vous nous serez même un précieux allié dans le château de Margaret !

— Le château de Margaret ? La masse de zombies ? Mais... où allez-vous ? Demanda Nicolas, complètement perdu.

— Nous allons au château de Margaret tuer cette masse de zombies pour rendre la paix à l'Angleterre.

Et Darcy rangea ses épées soigneusement propres dans les fontes de sa selle avant de se tourner vers ses compagnons.

— J'accepte qu'il nous accompagne. Mais si je surprends ne serait-ce qu'un indice qu'il poursuit sa transformation en zombie, je le décapite moi-même.

Nicolas déglutit et Lizzie leva les yeux au ciel. Cet homme !

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