III
Heather
Caleb, réagissant immédiatement, me prend par le bras et m'entraîne hors de la pièce. « Ça va ? » demande-t-il, son visage marqué par l'inquiétude.
Encore sous le choc, je hoche la tête, mais une vague de culpabilité m'envahit. « Je suis désolée, mais je dois y aller, » je balbutie, me détachant de lui avant qu'il ne puisse prononcer un mot.
Je me retrouve nez à nez avec Savannah, qui m'attrape par le bras avec une force inattendue. « Qu'est-ce que tu faisais là ? » me demande-t-elle , son ton accusateur me faisant frémir.
Je plisse les yeux, agacée. « Je ne vois pas de quoi tu parles. »
« Ne fais pas semblant. J'ai ressenti ton énergie, »insiste-t-elle, son ton se faisant plus sérieux. « C'était toi, je le sais. »
Je sens mon estomac se nouer. « C'était peut-être une autre personne » je murmure, espérant échapper à l'interrogatoire.
Elle s'approche, son regard devenant plus menaçant. « Ne joue pas avec moi, Heather. Je sais parfaitement que c'était toi. Tu veux vraiment que tout le monde apprenne notre secret ? »
À ce moment-là, Emily et Olivia font leur apparition. « Qu'est-ce qui se passe ici ? » demande Emily, visiblement inquiète, tandis qu'Olivia scrute Savannah avec suspicion.
Savannah les toise, puis, sans un mot, reprend son chemin, me laissant dans un état d'incertitude.
Je me tourne ensuite vers mes amies, mon cœur encore en émoi. « Ça va, ne vous inquiétez pas, » je les rassure, bien que la tension dans ma voix trahisse mon état d'esprit.
Olivia, toujours méfiante, répond: « Savannah avait l'air de te menacer. Comment pouvez-vous être cousines ? »
Je soupire, me sentant submergée par la situation. « Laissez tomber, » je dis, tentant de balayer mes préoccupations.
À ce moment-là, nos téléphones vibrent simultanément, attirant notre attention. Ketsia Hill, la fille agressée à la bibliothèque, vient d'envoyer un message. « Elle a fait le portrait de son assaillant, » annonce Olivia, la voix tremblante d'excitation.
Le cœur battant, je me penche sur l'écran de mon téléphone. En voyant le visage sur le portrait, une vague de reconnaissance m'envahit. C'est le jeune homme blessé que j'ai aidé la veille, celui que j'ai ramené chez ma tante. Un frisson parcoure mon échine alors que je réalise l'ampleur de la situation.
« Non, ça ne peut pas être vrai, » je marmonne, la peur et l'angoisse se mêlant en moi.
Les yeux de mes amies s'écarquillent en voyant mon expression. « Qu'est-ce qui se passe, tu vas bien Heather ? » demande Emily, alarmée.
« Oui, tout va bien, » je mens, la voix trahissant une légère hésitation. Je sais que mes mots sonnent faux, mais je ne peux pas partager le poids de mes pensées.
« On dirait que quelque chose te tracasse, » insiste Emily, son ton empreint de préoccupation. « Tu ne reconnaîtrais pas l'agresseur de Ketsia, par hasard ? »
À cette mention, une vague de colère et de frustration monta en moi, les yeux s'illuminant d'une lueur indignée. « De quoi tu parles ? Comment je pourrais connaître l'agresseur de Ketsia ? » Ma voix était plus forte que je ne l'avais prévu, et je peux sentir le regard surpris d'Olivia sur moi.
« Calme-toi, Heather, » dit Olivia doucement, posant une main apaisante sur mon bras. « Emily s'inquiète juste pour toi. »
Réalisant que j'ai laissé les émotions prendre le dessus, je ferme les yeux un instant. « Pas la peine, » je réplique, mon ton se radoucissant. « Je suis juste fatiguée. Je vais rentrer dormir. »
Olivia propose de m'accompagner, mais je secoue la tête, un sourire forcé sur les lèvres. « Non, profitez de la soirée. Je vais bien. »
Je me dirige vers la sortie, laissant mes amies derrière moi. En sortant de l'appartement, je sens le besoin de m'éloigner de la fête, de la musique et des rires. Je marche lentement vers le dortoir, mon esprit toujours accaparé par le portrait sur mon téléphone. Une fois à l'intérieur de la chambre, je me laissa tomber sur le lit, le téléphone toujours en main. Je rouvre l'image, me demandant si c'est vraiment lui.
Le lendemain matin, je me lève avec un sentiment d'anxiété qui pèse sur mes épaules. J'attrape mon téléphone et, après quelques hésitations, compose le numéro de ma tante. Sa voix familière douce mais ferme, résonne à l'autre bout du fil.
« Heather, que se passe-t-il ? »
Je prends une grande inspiration avant de tout lui raconter. Elle m'écoute attentivement, puis, après un silence pesant, me dit d'une voix grave : « Ne parle de ça à personne, d'accord ? »
Je sens mon cœur s'emballer. « Mais... le jeune homme, il ne s'est toujours pas réveillé, c'est normal ? »
« Je ne sais pas, mais nous aurons toutes les réponses à nos questions quand il se réveillera, »
J'acquiesce, bien que l'inquiétude me ronge. « D'accord, je comprends. »
Après avoir raccroché, je regarde Olivia, qui est toujours endormie dans son lit. Je me prépare ensuite rapidement pour mon cours de management. En marchant vers l'amphithéâtre, j'entends des murmures autour de moi. Des étudiants parlent de Ketsia Hill, de son retour sur le campus après l'agression. Les mots résonnent dans mon esprit, amplifiant mon anxiété.
Le cours de management commence, mais je peine à me concentrer. Les mots du professeur flottent dans l'air sans vraiment m'atteindre. Je me demande si l'inconnu que j'ai aidé est vraiment dangereux. Et si c'était lui ? Cette pensée me hante.
À la fin du cours, une impulsion me pousse à me rendre au laboratoire de biologie. Je sais que Ketsia y passe beaucoup de temps. En entrant, je sens déjà l'odeur de produits chimiques. Elle est assise à une table, concentrée sur ses notes. Lorsqu'elle me remarque, sa surprise est palpable. « Tu cherches quelqu'un ? » me demande-t-elle, son ton froid tranchant l'atmosphère.
J'hésite. J'ai l'impression de déranger quelque chose d'intime. « Je voulais juste voir si... si tu allais bien. » Je marque une pause, cherchant mes mots. « Je m'inquiète pour toi. »
Elle me fixe, son visage impassible. « Oui, je vais bien. » Sa réponse est presque automatique, comme si elle répétait une phrase apprise par cœur.
Me sentant maladroite, je poursuis. « J'ai vu ton portrait... je voulais savoir si... si c'est vraiment lui l'agresseur ? »
Sa réaction est immédiate. Son regard se durcit, et elle s'exclame: « Je te demande pardon ? »
Je sens mon cœur s'accélérer, réalisant que j'ai peut-être franchi une ligne. « Je suis désolée, je ne voulais pas te brusquer. Mais... es-tu vraiment certaine que c'est lui ? »
Elle plisse les yeux, la méfiance se lisant clairement sur son visage. « Rappelle-moi qui tu es déjà. »
« Je suis Heather Moore. Nous faisons toute les deux partie de l'association Campus Tout Propre. » Ma voix tremble légèrement, trahissant mon malaise.
Elle hausse un sourcil, comme si mon nom ne lui évoque rien. « Je ne te connais pas. Et je n'ai pas l'intention de répondre aux questions d'une inconnue. »
Mon cœur se serre. « Je suis désolée, je voulais juste voir si tu allais bien. Si tu as besoin de parler à quelqu'un, je peux être là pour toi. » Je marque une pause, observant Ketsia qui semble de plus en plus impatiente. « Ça n'a pas l'air de t'intéresser, n'est-ce pas ? Peut-être que tu veux que je m'en aille. »
Ketsia lève de nouveau les yeux vers moi, son regard perçant. « Tu comprends très vite, » dit-elle d'un ton glacial.
Je lâche un soupir et tourne les talons, me dirigeant lentement vers la sortie. En passant la porte, je me retourne une dernière fois pour voir l'observer, assise là, avec cet air glacial. Mais derrière ce masque, je devine une peur, une douleur que je ne peux certainement pas comprendre.
Je me tiens, quelques heures plus tard, au bord du terrain de football, le vent frais caressant mon visage, mais je ne ressens rien d'autre que l'agitation qui tourbillonne en moi. Les événements des derniers jours me reviennent en mémoire comme des éclats de verre, tranchants et douloureux. Depuis cette nuit où j'ai trouvé l'inconnu, tout a basculé. J'ai découvert non seulement que je suis une sorcière, mais que ma famille l'est aussi. L'homme que j'ai aidé, ce mystérieux inconnu, est-il vraiment un danger, ou ce n'est qu'une erreur ?
Je se mets à courir, les pieds frappant le sol avec une intensité qui reflète mon état intérieur. Chaque foulée est un moyen de libérer la pression qui s'accumule en moi. Alors que je fais le tour du terrain pour la énième fois, je ressens le besoin de souffler, de libérer toute cette tension qui pèse sur mon cœur.
Je m'arrête finalement, le souffle court, et lève les yeux vers le ciel, comme pour chercher des réponses parmi les nuages. J'aperçois alors l'entraîneur des pompom girls, qui m'observe avec curiosité. À ses côtés, une équipe de filles, toutes en tenue de cheerleading, me dévisage également. Je détourne le regard, mal à l'aise sous leur attention, et décide de m'éloigner, le cœur encore lourd.
Je me dirige vers la maison de ma tante. En entrant, l'air frais de l'intérieur me réconforte un peu. Je monte les escaliers, ses pas résonnant sur les marches en bois, et pousse doucement la porte de la chambre de ma tante. Il est là, allongé sur le lit, le visage paisible contrastant avec l'agitation qui règne en moi.
Je m'approche de lui, mon cœur se serrant à la vue de son expression sereine. Pourquoi ne se réveille-t-il pas ? Je me penche pour examiner son pouls, et un soupir de soulagement échappe à mes lèvres : il est normal. « Pourquoi a-t-il fallu que je tombe sur toi ? » je continue, une pointe de désespoir dans la voix. « Ma vie était tranquille jusqu'à présent. « Est-ce que tu es vraiment dangereux ? » je murmure, plus pour moi-même que pour lui. Je me remémore la scène de notre première rencontre, son corps blessé, la douleur dans ses yeux. Qui lui avait fait cela ? Ketsia ? Non, impossible, je chasse cette idée de mon esprit.
Mes pensées dérivent vers les paroles qu'il a prononcées lorsque je l'ai amené chez ici: "Les sang-nés sont de retour." Cette phrase résonne dans mon esprit comme une écho menaçant, une ombre qui pèse sur mon cœur.
Soudain, la porte de la chambre s'ouvre. Ma tante entre, un regard inquiet sur le visage. « Heather, qu'est-ce que tu fais ici ? » demande-t-elle, une note de surprise dans la voix.
« J'étais juste... » je commence, mais elle m'interrompt.
« Euh, est-ce que tu veux descendre avec moi ? Je pense que nous devons discuter, » propose-t-elle, jetant un regard significatif vers le jeune homme endormi.
Ensemble, nous nous dirigeons vers la cuisine. À notre arrivée, je remarque que Savannah est également présente, assise à la table, les bras croisés, une expression fermée sur le visage.
« Ta cousine m'a parlé, Heather, » annonce ma tante d'un ton calme. « Elle a mentionné que tu avais essayé d'utiliser tes pouvoirs. »
Je me redresse, le cœur battant. « Je n'ai pas essayé d'utiliser mes pouvoirs ! Ça s'est déclenché tout seul, et je n'ai pas pu les contrôler. »
« Et c'est exactement ça le problème, » répond Savannah, la voix pleine de reproche.
Sa mère, réalisant la tension, intervient rapidement.
« Savannah, laisse-nous, s'il te plaît. Je veux parler à Heather en privé. »
Savannah soupire, mais obéit, quittant la cuisine avec un regard méfiant. Une fois seules, ma tante prend un moment avant de parler. « Ne fais pas attention à Savannah. Elle essaie juste de vous protéger toutes les deux. » Je hoche la tête, mais dans mon cœur, je savait que Savannah a un problème particulier avec moi, quelque chose que je ne comprends pas encore.
« Est-ce qu'il y a d'autres sorciers ici en ville ? » je demande, ma curiosité piquée.
Ma tante acquiesce, un sourire énigmatique aux lèvres. « Oh, tu serais surprise de voir combien il y en a, et pas seulement ici. »
« Ça fait bizarre tout ça, » je murmure, la confusion s'intensifiant. Je me sens comme un étranger dans ma propre vie. « Depuis cette nuit-là, j'ai l'impression que tout en moi est plus intense. Mes émotions, mon corps... Je ne sais pas comment gérer ça. » Je me sens à la fois vulnérable et forte, un paradoxe que je n'arrive pas à comprendre.
Voyant mon agitation, elle s'approche et me prend la main. « Tu vas t'habituer, je te le promets. »
« Et les sang-nés, c'est quoi ? » je demande, l'inquiétude se lisant sur mon visage. La surprise se peigne sur celui de ma tante, mais avant qu'elle ne puisse répondre, un bruit provenant de l'étage attire notre attention. Nous échangeons un regard inquiet avant de monter rapidement.
En haut des escaliers, nous trouvons le jeune inconnu, debout, tentant de sortir de la chambre, l'air désorienté.
« Attendez ! » je m'exclame , courant vers lui. « Vous devez vous reposer ! »
Il se tourne vers moi, ses yeux perçants cherchant des réponses. « Où suis-je ? Qui êtes-vous ? » demande-t-il, sa voix rauque trahissant son état ...
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