Chapitre 43 : Confrontation


À la dureté des propos ayant franchis les lèvres d'Ethan, la respiration de la jeune femme se coupa nette. Ses yeux s'écarquillèrent, ses pupilles dilatées à l'extrême, tant le choc fut violent ; non pas car elle n'avait jamais entendu un tel discours vindicatif et si peu flatteur envers sa personne. Non, elle l'avait d'ores et déjà entendu à de multiple reprise, elle qu'on avait tant de fois accusé et condamné pour le seul crime d'être ce qu'elle était. C'était plutôt que ce réquisitoire malveillant vienne de celui lui faisant face qui meurtrie profondément la sorcière. Les battements de son cœur devinrent de plus en plus oppressants dans sa poitrine provocant la même sensation funeste que les tambours de guerre annonciateur d'un malheur imminent et inéluctable. Le heurt incessant contre sa cage thoracique résonnait dans tout son être. Quant à l'esprit de la jeune femme, il était tourmenté inlassablement par une unique question : Comment Ethan pouvait-il bien savoir ?

Ethan, quant à lui, semblait se délecter tout particulièrement de la détresse de Lorelaï. Plus encore, il appréciait tout particulièrement en être la cause. Il voulait la blesser, lui faire mal. Il voulait qu'elle souffre autant que lui avait souffert par sa faute, la détruire comme elle l'avait fait le concernant. Le sentiment de haine implacable parcourant les veines du jeune homme avait tout détruit sur son passable. Cependant la tourmente qu'il lisait en cet instant dans le regard ombrageux de la jeune femme était loin de lui suffire. Il voulait bien plus que cela, il souhaitait la briser complètement, réduire en charpie chaque parcelle de ce qu'elle était. Il avança vers elle avec détermination, son visage empreint d'une colère sourde. Lorelaï, quant à elle, se recula instinctivement, cherchant à mettre de la distance entre eux. Mais Ethan continua, avançant sans relâche, jusqu'à ce qu'elle soit acculée contre le mur. Il était dorénavant si proche qu'elle pouvait sentir son souffle sur sa peau.

« Ravis de voir que tu ne prends même pas la peine de nier ! Non pas que cela aurait fait quelque différence que ce soit... » Déclara le jeune homme, son regard glacial ancré dans celui de Lorelaï.

Malgré le désarroi dans lequel se trouvait la jeune femme, elle réussit à prononcer un seul et unique mot à l'adresse d'Ethan.

« Comment ? »

Ces deux syllabes dîtes dans un murmure à peine audible se suffirent à elles seules, transmettant toutes l'étendue du questionnement de Lorelaï.

Ethan jubilait. Un sourire carnassier vint orner son visage, ajoutant encore à la folie prédatrice qui illuminait son regard en cet instant.

« Oh Lorelaï, Lorelaï, Lorelaï... » Commença Ethan en s'éloignant légèrement d'elle afin de lui redonner un faux sentiment de sécurité. « Puisque tu semble incapable de rassembler les morceaux par toi-même, je vais accéder à ta requête et te l'expliquer... »

La cruauté et la condescendance du jeune homme transpirait dans chacun de ses propos.

« Vois-tu, suite à cette fatidique journée où tu as joué avec mes sentiments et que tu te sois servie de moi pour assouvir tes plus bas instincts pour mieux me jeter après ; j'ai voulu obtenir quelques réponses. Pire encore, j'en avais besoin. » Déclara le jeune homme, les yeux perdus dans le vague, hantés par son passé.

L'espace d'un court instant, Lorelaï crut apercevoir le spectre de celui qu'était autrefois Ethan. Elle savait qu'elle l'avait blessé de la pire des façons qui soit mais entrevoir un fragment de la douleur qu'elle lui avait infliger lui retourna les entrailles.

Ethan refoula violemment la faiblesse qu'il avait ressenti en secouant presqu'imperceptiblement la tête pour reprendre ses esprits et reprit son monologue.

« Bien entendu, c'était sans compter sur ta lâcheté ; puisque, comme à ton habitude tu as tout simplement disparu. Comme volatilisée. Tu n'as plus mis les pieds au lycée à partir de ce moment-là. Dans d'autres circonstances, j'aurais laissé couler, mais pas cette fois. Oh non certainement pas cette fois... Pas après que tu m'aies une fois de plus brisé le cœur !»

Le regard malveillant qu'il lançait en cet instant à la jeune femme véhiculait toute la férocité des émotions d'Ethan face à la trahison indicible de la sorcière et était empreint d'une rage à nulle autre pareille. Sa mâchoire se crispa et ses narines se gonflèrent sous la frénésie et l'intensité de l'explosion de sentiments tumultueux ressentis par le jeune homme. C'est au cœur de cette ouragan émotionnel qu'Ethan prit une nouvelle fois la parole.

« Alors que je n'eus d'autre choix que de me résigner du fait de ta disparition, ne voyant pas comment je pourrais obtenir les explications dont je me languissais tant ; je suis finalement tombé sur quelque chose... Ou plutôt devrais-je dire quelqu'un. J'étais dans un parc, en train de ruminer sur la peine que je ressentais par ta faute ; quand j'ai aperçu un visage qui ne m'était malheureusement pas inconnu. Ce minable de Castiel se tenait là à quelques mètres de moi. »

À la simple évocation de l'homme responsable de la mort de son père quelques années plus tôt, les poings d'Ethan se serrèrent avec force. Ses jointures blanchirent, privées de tout afflux sanguin et les muscles de son corps furent prit de spasme incontrôlable.

« Ce rebut n'était pas seul. Il semblait se quereller violemment avec un autre ''homme'', du moins si je puis m'exprimer ainsi. Liam, je crois qu'il s'appelle. L'un de tes nombreux prétendants non-humain... » Déclara Ethan avec un dégoût non dissimuler pour son interlocutrice. « Ce jour-là j'étais certes trop loin pour pouvoir distinguer leurs voix mais pas aveugle pour autant... Une femme, qui était arrivée quelques instants auparavant les avaient séparés d'un simple mouvement de la main, sans même les avoir touchés... Ils semblaient être tenus à distance l'un de l'autre par une force invisible. »

Lorelaï comprit à la simple évocation des capacités de la femme qu'il venait d'évoquer, que celui-ci parlait d'Eden, la louve qui avait transformé Castiel et qui pouvait manipuler l'air par la seule volonté de son esprit. L'évocation de l'aspect inhumain des hommes qui gravitaient autour de la jeune femme, lui permettait de supposer sans trop de difficulté qu'Ethan connaissait la véritable nature de Castiel et Liam.

« Tu te doutes bien que sur le moment j'ai essayé de rationnaliser ce que j'avais vu en tentant de me convaincre que mes yeux m'avaient joué un tour. Quel autre choix avais-je ? Soit je devenais fou, soit j'admettais qu'il existait des monstres aux capacités extraordinaire, existant au milieu de nous... Non le déni était la solution la plus douce pour mon esprit cartésien. J'en serais probablement resté là, si quelques jours plus tard le hasard n'en avait pas décidé autrement. En effet il y a trois semaines je me suis ouvert bêtement la main avec un couteau en cuisinant. Je me suis donc rendu à l'hôpital pour qu'on me recouse la plaie. C'est alors que je t'ai vu passer sur un brancard devant la salle où l'on occupait de mes points de suture. Bien que je n'aie pu t'apercevoir que succinctement, j'en avais vu assez pour me faire une idée assez précise de l'état proche de la mort dans lequel tu te trouvé. Tu étais couverte de sang et d'entailles comme si l'on t'avait poignardé à de multiples reprises. La vision de toi, ainsi agonisante, suffisait à faire taire mon ressentiment... J'étais prêt à passer outre les meurtrissures que tu m'avais infligées... »

Pendant un cours instant Lorelaï reprit espoir, peut-être pourrait-elle sauver leur relation tant mise à mal par elle et plus encore par l'épisode de la bague... Peut-être pourrait-elle réparer ce qu'elle avait brisé ? Mais c'était sans compter sur Ethan qui réduisit à néant cette perspective, l'envoyant dans le néant en reprenant une fois encore la parole.

« Quel idiot je suis. » Déclara le jeune homme la mâchoire serrée et les sourcils froncés de colère envers lui-même du fait de la faiblesse dont il a fait preuve à l'époque. « Je suis même venue te voir le lendemain pour savoir comment tu allais... Pitoyable, n'est-ce pas ? Cependant quand je suis arrivé à la porte de ta chambre, tu n'étais pas seule... Liam était là. Ce n'est pourtant pas dans mes habitudes de m'avilir à de telle bassesse mais étant donné mon besoin impérieux de réponse je n'ai pu que me résoudre à écouter votre conversation. »

À ces mots le teint de la jeune femme devînt blême. Elle se souvenait parfaitement de la discussion à laquelle Ethan faisant référence. Durant celle-ci, Liam avait clairement parlé des rapports de Lorelaï avec le « louveteau » en référence à la nature lycanthropique de Castiel. Ils avaient également abordé le sujet de la guérison accélérée de la sorcière due aux gènes vampiriques que possédaient la jeune femme. Elle déglutie péniblement, constatant avec effroi la quantité d'information compromettante qu'Ethan avait put entendre ce jour-là sur elle et son groupe d'amis.

Face à l'aphasie dont semblait être atteinte Lorelaï depuis le début de leurs interactions dans la ruelle, Ethan poursuivit.

« Encore une fois mon esprit hyper rationnel relativisa ce que j'avais entendu... Je mis toutes ces élucubrations délirantes sur le compte de ton état et de la dose probablement élevée d'opiacés qui devait saturée ton organisme à ce moment-là. Pour ce qui est du vampire, j'ai simplement supposé qu'il avait suivi tes divagations par pitié pour ta situation. Une fois encore, je me trompais... N'ayant pas eu l'opportunité de te voir à l'hôpital, je me suis donc rendue directement chez toi dans les jours qui suivirent. C'est à cet instant que je suis tombé sur elle. »

Lorelaï eût un hoquet de surprise. Comment n'avait-elle pas pu y penser ? Elle n'eût pas besoin de connaître l'identité de la femme à laquelle Ethan faisait référence pour savoir de qui il s'agissait. Les sourcils de la sorcière se froncèrent, son nez se plissa à la simple évocation de celle qui avait promis de déchaîner l'enfer sur elle.

« Keiko... » Murmura la jeune femme, pensant à voix haute à celle qui fut autrefois son amie.

« Exactement ! Et là je dois bien admettre qu'elle a comblé beaucoup de lacunes sur ce que je croyais savoir... Notamment que le fameux « louveteau » auquel avait fait référence le cadavre qui te sers d'amant n'était autre que Castiel... Castiel, sérieusement ? Et tu te le tape, juste après qu'on ait... » La voix d'Ethan se brisa à l'évocation de cet instant, qui avait été si important pour lui. Il inspira profondément pour se redonner une contenance. « As-tu la moindre idée de ce qu'il m'a fait à moi et à ma famille ? Imagines-tu le mal que ça m'a fait de savoir que de tous les hommes de cette terre, tu m'aies préféré celui-là ? Tu étais ma première... La seule. Et maintenant ce souvenir est souillé. Pire encore, le moment même où j'apprends cela, qui se pointe à ta fenêtre ? Je te le donne en mille CASTIEL ! »

Le jeune homme respirait rapidement, son souffle était bruyant et lourd. Il avait passé sous silence le baisé échangé entre la sorcière et le lycan auquel il avait assisté impuissant et meurtrie ; ne voulant en aucun cas révélée à la jeune femme, l'impact que celui-ci avait eu sur lui.

Lorelaï quant à elle, n'avait aucune idée du lourd passé qu'il pouvait exister entre les deux hommes. Elle avait simplement supposé qu'une rivalité quelconque les opposait, rien de plus. Cependant bien qu'elle était en grande partie responsable de la situation dans laquelle elle se trouvait avec Ethan, elle savait que Keiko avait bien entendu éludé le contexte dans lequel la sorcière avait fait tant de peine au jeune homme face à elle. Sans l'influence de la bague, qui lui avait causé tant de tort, jamais elle n'aurait sciemment agi comme elle l'avait fait. Elle sentit le crépitement d'une braise de colère s'insinuer dans son être, lui insufflant la force de répondre à son détracteur pour la première fois depuis le début de leur confrontation.

« Keiko t'a-t-elle seulement expliqué de la situation dans laquelle je me trouvais à l'époque ou bien s'est-elle contentée de m'étiqueter comme une garce manipulatrice ? Il est bien facile de s'ériger en juge quand on ne connaît pas les tenants et aboutissants d'une histoire mais seulement une infime partie de celle-ci ! »

À la réplique cinglante de la jeune femme, Ethan explosa. Elle, qui n'avait dit mot ou presque depuis qu'il avait révélé la présence de la jeune femme dans la ruelle, se permettait dorénavant de lui faire des réprimandes. Comment osait-elle ? 

« Ah tu veux me parler maintenant ? Tu veux enfin t'expliquer ? Tu sais quoi ? C'est trop tard, tu peux garder ta salive comme tu as si bien su le faire depuis tout à l'heure... De toute manière depuis que tu es revenue dans ma vie tu n'as su que faire preuve de duplicité ou encore de manipulation. Je ne peux plus croire un traître mot qui franchira le seuil de tes lèvres. Ils ne seraient de toutes manières que mensonges. J'aurai préféré ne jamais te connaître, n'avoir jamais laissé une personne aussi monstrueuse que toi me toucher corps et âmes. J'abhorre le jour où tu es entrée dans ma vie et plus encore celui où je t'ai laisser t'insinuer dans mon cœur et dans ma tête... J'exècre tout ce que tu es et tout ce que tu as pu représenter pour moi. Je me sens salis de t'avoir permis de me pervertir de la sorte. Plus jamais je ne serai aussi faible et pitoyable. J'en fais le serment. Tout comme je te fais la promesse que je passerai le reste de ma vie à combattre férocement toutes aberrations de la nature dans ton genre ! »

Les propos haineux d'Ethan estomaquèrent Lorelaï à un point tel qu'elle s'effondra à genoux sous leurs impacts, tant ceux-ci étaient porteur des messages de propagande fasciste et des dogmes fondamentaux de l'inquisition.

« Je voulais me confronter à toi seulement par respect pour ce que tu as pu représenter pour moi... Sache simplement que la prochaine fois que nos chemins se croiseront, je serai loin d'être aussi courtois ou bienveillant envers toi, bien au contraire ! »

Sans un regard, Ethan tourna le dos à celle qu'il avait autrefois aimé de tout son être, lui refusant toute chance de s'expliquer. Il espérait de tout cœur ne jamais revoir cette femme qu'il avait abandonné au fond de cette ruelle avec pour seule compagnie ses regrets.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top