Chapitre 42 : Nouvel ennemi


Gabriel relâcha sa surveillance sur sa cadette dans les jours qui suivirent. Bien qu'il ne le désirât absolument pas, il n'eut cependant d'autres choix. Du fait de la gravité et de la constance des menaces qui pesaient sur Lorelaï et la nature même de la jeune femme dont l'abnégation la caractérisant, poussait la sorcière à vouloir s'éloigner une fois encore des membres de sa famille, voulant les protéger à tout prix du chaos. Cela lui était intolérable. Mais avant tout, et bien que cela coûtât au jeune homme de l'admettre, car la seule personne qui était en capacité de mettre fin à toute cette folie était celle-là même qu'il cherchait à protéger ardemment. Gabriel se résigna donc, impuissant face à la dangerosité du quotidien de Lorelaï.

La peur s'immisçait en lui, un sentiment oppressant qui le tétanisait. Il se sentait impuissant, inutile. Il tenta de se rassurer en se disant qu'en la laissant reprendre sa vie, qui était sans nul doute des plus périlleuses, il libérait d'une certaine manière l'esprit de la jeune femme du poids quant à l'inquiétude vis-à-vis de leur sécurité à lui, sa mère et sa grand-mère. Mais malgré cette tentative de réconfort, une culpabilité étouffante l'envahissait, le torturant jour après jour.

Comment pouvait-il rester ainsi, sans rien faire, alors que sa jeune sœur était en danger constant ? Et comment pouvait-il supporter l'idée que Lorelaï souffrait seule et qu'il ne pouvait rien faire pour lui venir en aide de quelque manière que ce soit ? Ces questions le hantaient, tourmentant son esprit jour et nuit. Il était pris au piège entre sa responsabilité envers sa famille et son amour inconditionnel pour Lorelaï. . Pourtant, malgré ses tourments, Gabriel savait au fond de lui que c'était la seule voie possible. Laisser Lorelaï prendre son destin en main était un acte de confiance en sa force et sa détermination. Il était prêt à tout pour la protéger, même si cela signifiait laisser la jeune sorcière partir sans lui dans l'obscurité menaçante du monde qui les entourait. C'était un pas vers l'inconnu, un abandon de contrôle qui lui déchirait le cœur. 

La douleur de cette décision le consumait, mais il gardait l'espoir que Lorelaï saurait trouver en elle-même la force nécessaire pour triompher des épreuves qui se dressaient sur son chemin. Il se raccrochait à cette lueur d'espoir, se répétant que sa sœur était plus résiliente qu'il ne le pensait. Il priait pour qu'elle puisse surmonter les obstacles et revenir vers eux, saine et sauve.

Les derniers regards échangés entre le frère et la sœur  étaient empreints d'une affection mêlée d'inquiétude. Les mots restaient coincés dans leurs gorges, les émotions trop complexes pour être exprimées. Un étreinte silencieuse, chargée d'amour et de détachement, scella leur adieu temporaire. Alors que Gabriel observait sa sœur s'éloigner, un nœud se forma dans sa poitrine. Pitié, faites qu'elle revienne ; supplia-t-il intérieurement en fermant les yeux, sentant la culpabilité lui grignoter goulument l'âme.

Dans le but de préserver au maximum les quelques membres qui constituaient encore sa famille du danger, Lorelaï déménagea et s'installa provisoirement, du moins elle l'espérait, dans l'entrepôt où elle avait failli perdre la vie quelques semaines plus tôt. Par mesure de précaution, Lorelaï limita dorénavant ses interactions avec sa famille, se protégeant ainsi qu'eux-mêmes. Elle lança un puissant envoûtement sur le domicile familial, reproduisant le même sort qu'elle avait utilisé quelques semaines auparavant sur la bâtisse qui constituait désormais son foyer d'infortune. Elle utilisa ses compétences de sorcière pour tisser des barrières invisibles, une protection magique qui devrait suffire à empêcher toute nouvelle intrusion inopinée de Keiko ou de tout autre membre de l'Inquisition. Cependant, malgré ses efforts, une légère pointe d'incertitude persistait dans son esprit, une crainte de ne pas avoir pris toutes les précautions nécessaires pour assurer la sécurité de sa famille. Son cœur était lourd de cette responsabilité.

Elle partagea avec les autres membres du groupe les détails du fiasco du rituel qui avait failli lui coûter la vie, une narration empreinte de tristesse et de douleur. Les mots décrivaient les événements tragiques, les erreurs commises et le rôle sinistre joué par Keiko dans cette sombre affaire. Les visages de ses compagnons exprimaient un mélange d'incrédulité et de colère, leurs traits se crispant tandis qu'ils assimilaient la gravité de la situation. 

Les révélations de Lorelaï firent l'effet d'une bombe au sein du groupe, provoquant une onde de choc émotionnelle qui se propagea rapidement. Les visages des compagnons de la sorcière se figèrent dans une expression de stupeur mêlée d'incrédulité. Les regards étaient empreints de tristesse et de déception, comme si le voile de l'illusion venait de se déchirer, révélant la véritable nature de Keiko. L'air était alourdi par un silence pesant, seulement troublé par le souffle irrégulier de chacun, témoignant de l'intensité des émotions qui les submergeaient.

Amadeo, en particulier, fut frappé de plein fouet par les révélations. Son cœur se brisa en mille morceaux, sa vision de Keiko étant réduite en cendres. Celle qu'il aimait, celle en qui il avait mis toute sa confiance, se révélait être une ennemie impitoyable. La trahison déchira son âme, plongeant ses pensées dans le chaos. Il se sentit trahi et trompé, aveugle face aux véritables intentions de celle qu'il avait tant chérie. Un mélange de douleur et de colère s'empara de lui, déclenchant une tempête émotionnelle au plus profond de son être. Son regard se voila de larmes, reflets de sa souffrance intérieure.

Même Liam, d'ordinaire enclin à l'impertinence, ne gratifia pas le groupe d'une de ses habituelles diatribes et conserva les lèvres closes. Son visage, d'habitude animé par des expressions taquines, était maintenant figé dans une expression grave et sombre. Ses sourcils étaient froncés, accentuant les rides de soucis qui sillonnaient son front. Le regard perçant du vampire, d'ordinaire rempli de malice, était maintenant empreint d'une lueur douloureuse et culpabilisante.

L'esprit du vampire était bien trop accablé par le remord en cet instant pour de telles futilités. Les regrets qui rongeaient ce dernier avec insistance étaient tels des serpents venimeux qui s'enroulaient autour de son esprit, lui infligeant une douleur insupportable. Chaque pensée était empreinte de culpabilité, faisant naître un sentiment de lourdeur dans sa poitrine. Le parfum métallique de l'anxiété embaumait l'air, imprégnant ses narines et rendant sa respiration difficile.

Ces regrets étaient dus au fait d'avoir sciemment ignoré son instinct vis-à-vis du comportement troublant, pour ne pas dire suspect, de Keiko. Cette erreur de jugement avait bien failli leur coûter cher. Liam revoyait les scènes dans son esprit, une à une, comme des images d'un cauchemar éveillé. Les détails se gravant dans sa mémoire avec une netteté cruelle : les regards furtifs de Keiko, ses paroles énigmatiques, tout était là, à présent, en une mosaïque déchirante.

Sa négligence impardonnable aurait pu être fatale pour Lorelaï. Une boule de douleur se forma dans sa gorge, comprimant son souffle. Il aurait pu perdre celle qui faisait battre son cœur d'une manière qu'il n'avait jamais connue auparavant. Si cela avait été n'importe lequel des autres membres de leur petit groupe bancal, il n'en aurait cure. Même la mort de son jeune frère n'aurait suscité qu'un vague sentiment d'agacement au vampire. Mais sa disparition à elle... Cela lui était intolérable.

Chaque battement de son propre cœur devenait insoutenable, tant ceux-ci étaient porteurs d'un tumulte émotionnel accablant. Liam pouvait sentir chaque pulsation comme un étau se resserrant autour de lui, rythmant sa détresse intérieure. Cette humanité qui le tiraillait, l'éprouvait au-delà des mots, résonnait dans le tambourinement incessant de cet organe désormais hostile. Les palpitations étaient chargées d'une énergie chaotique, semblable aux vagues d'une mer déchaînée.

Cette faiblesse retrouvée depuis sa rencontre avec la sorcière était la source de tous ses tourments, l'origine de la présente situation. Il l'abhorrait cette fragilité autant qu'il chérissait la douce euphorie qu'elle provoquait en lui à chacun des regards qu'il posait sur Lorelaï. La contradiction entre son désir de préserver sa nature originelle et son amour grandissant pour Lorelaï était une torture émotionnelle insupportable. Les larmes menaçaient de percer ses yeux, mais il les refoulait avec détermination, refusant de montrer une telle vulnérabilité.

Liam dut fermer les yeux sous le poids de cette douce malédiction, il n'arrivait plus à contenir la dualité de sa nature. Les ténèbres intérieures semblaient se mêler à la lumière, créant un tourbillon tumultueux dans son esprit. La lutte entre son côté sombre et sa volonté d'amour et de rédemption se jouait en lui, tel un bras de fer épuisant.

Autour de lui, les membres du groupe étaient eux aussi plongés dans leur propre tourmente intérieure. Les visages autrefois empreints de joie et de camaraderie étaient maintenant marqués par la tristesse, la confusion, la colère et la déception. Les sourcils froncés, les yeux emplis de doutes et de chagrins, ils semblaient portés par des vents contraires qui menaçaient de les disperser à tout instant. Les émotions s'entremêlaient dans l'atmosphère, créant une tension palpable, tel un orage imminent.

La tristesse planait comme un nuage sombre, faisant peser son poids sur les épaules de chacun. Elle se manifestait dans les regards fuyants, les épaules affaissées, les soupirs étouffés. La confusion s'exprimait dans les regards interrogateurs, les gestes hésitants, les murmures de voix incertaines. La colère brûlait dans les yeux étincelants, les mâchoires crispées, les poings serrés. La déception flottait dans l'air, dans les soupirs de résignation, les éclats de voix chargés d'amertume.

Les fondements sur lesquels reposait leur confiance semblaient s'ébranler, fragilisés par la trahison de Keiko. Chacun était confronté à ses propres démons, cherchant des réponses dans le chaos qui régnait désormais autour d'eux. Les liens qui les unissaient semblaient distendus, prêts à se rompre sous la pression des doutes et des reproches. L'avenir de leur groupe, autrefois précaire mais uni, était maintenant plongé dans l'incertitude, menacé par les fissures grandissantes de la méfiance.

Dans cet instant douloureux, les émotions et les sensations se mêlaient, créant une symphonie cacophonique de douleur, de désir, de regret et de colère. Les personnages étaient pris dans une tempête émotionnelle qui les secouait de toutes parts, les forçant à affronter leurs propres démons intérieurs et à trouver un moyen de se relever, soit ensemble, soit séparément, mais jamais tout à fait les mêmes qu'auparavant.

Après le choc provoqué par la trahison de Keiko, Lorelaï ne laissa pas davantage de temps au groupe pour en assimiler les tenants et aboutissants. Son visage, habituellement empreint de douceur, était maintenant tendu par la gravité de la situation.  Elle enchaîna sur la prophétie, qu'elle avait dérobée à l'inquisition, et ce sans ménagement aucun pour ses compagnons déjà fortement ébranlés par la précédente conversation. Sa voix résonnait dans la pièce, emplissant l'air d'une intensité palpable. Chaque mot était chargé d'une urgence qui étreignait le cœur de ceux qui l'écoutaient, comme les échos d'un avertissement lointain. Le ton de sa voix, d'ordinaire doux et mélodieux, était teinté d'une gravité solennelle, révélant l'ampleur des enjeux auxquels ils devaient faire face.

À l'époque de son larcin, elle n'avait que peu abordé le sujet. En effet, elle avait voulu ménager ses amis, préserver leur innocence face à la sombre réalité de leur destinée. Mais plus encore, l'affrontement entre Keiko et elle, décrit dans ce texte, lui paraissait tellement peu probable qu'elle avait simplement choisi de ne pas alimenter la paranoïa en en parlant plus avant. Ses mains, habituellement délicates et agiles, se crispaient légèrement, révélant son agacement face à son propre manque de prévoyance.

Cependant, la situation était aujourd'hui toute autre. L'heure n'était plus à la prudence. La salle était empreinte d'une tension électrique, les silences pesants se mêlant aux murmures anxieux. Les membres du groupe se regardaient les uns les autres, leurs regards empreints d'une inquiétude palpable. Les battements de leur cœur résonnaient dans leurs oreilles, tambourinant comme le rythme effréné d'une marche vers l'inconnu.

Il était maintenant évident que ce qui paraissait impensable hier était devenu la vérité d'aujourd'hui, une réalité sombre et implacable. Le parfum de l'incertitude planait dans l'air, mélange subtil d'angoisse, de poussière et de tension nerveuse. Les sensations étaient aiguisées, chaque frôlement de vêtement, chaque souffle retenu, amplifiés par l'atmosphère lourde qui enveloppait le groupe. Les muscles se contractaient, prêts à réagir, tandis que l'adrénaline montait en flèche, provoquant un frisson d'anticipation sur la peau de chacun. Ils devraient se tenir prêts pour ce qu'ils allaient devoir affronter et ce sûrement bien plus tôt qu'ils ne le pensaient.

Le changement de camps de Keiko constituait en soit un handicap majeur. Elle ne connaissait que trop bien ces anciens compagnons. Ils avaient partagé des moments de joie et de souffrance avec elle, ressenti la chaleur de son amitié et la douleur de sa trahison. Son absence laissait un vide palpable dans le groupe, comme une blessure béante au sein de leur cercle autrefois uni. Lorelaï ressenti un frisson d'effroi lui parcourir l'échine, son cœur se serrant sous le poids des implications de la traîtrise de Keiko. Plus grave encore l'inquisitrice avait partagé  les émotions, les pensées les plus intimes de la sorcière. Elle savait tout d'eux, mais plus encore d'elle. La sorcière sentait un mélange de colère et de vulnérabilité brûler en elle, dévorant peu à peu tout son être. L'inquisitrice savait qu'elles étaient leurs forces mais bien plus grave, leurs faiblesses... La jeune femme comprenait les dynamiques de ce groupe instable et ses multiples défaillances, et elle était consciente des défauts de chacun de ses membres et pourrait ceux-ci exploiter à loisir pour les détruire. Les membres du groupe se sentaient exposés, leurs travers dévoilés aux yeux de celle qui était autrefois leur amie. Chaque défaut, chaque peur, était une arme potentiellement exploitée contre eux. Ils étaient comme des livres ouverts, leurs pages déchirées et affichés, visibles pour tous les regards. 

La réciproque, cependant, était loin d'être vraie. Keiko était dorénavant aux antipodes de ce qu'elle avait pu être auparavant. Ils ne pouvaient se targuer de connaître celle qui avait remplacé leur amie. Ils étaient confrontés à une étrangère, une personne qu'ils ne pouvaient plus prétendre connaître. L'incertitude planait autour d'elle, les laissant dans une position défavorable, incapables de deviner ses intentions et de prévoir ses actions. 

Quoiqu'il en soit, et malgré le fait que les chances ne semblaient clairement pas en leur faveur, ils refusaient de se décourager. Une flamme d'espoir brûlait dans leurs yeux, illuminant leur détermination inébranlable. Ils savaient qu'ils devaient lutter, ne jamais baisser les bras. Les entraînements étaient plus fréquents, plus intenses, marqués par la sueur et la résolution. Des plans avaient été élaborés, des stratégies échafaudées pour contrer les actions de leur ancienne alliée. Ils se penchaient sur eux-mêmes avec une introspection honnête, sondant leurs propres défauts et vulnérabilités. Chaque membre du groupe cherchait à comprendre ses faiblesses, afin de les transformer en forces. Ils se tenaient prêts à affronter l'adversité, conscients que chaque pas les rapprochait de l'inconnu, mais déterminés à faire face à toutes les épreuves qui se dresseraient sur leur chemin.

Dans cet élan collectif, ils formaient un front uni contre l'adversité. Leur détermination était un bouclier, leur courage une épée. Ils étaient prêts à affronter l'incertitude et à se battre pour ce en quoi ils croyaient. Ensemble, ils se tiendraient debout, jamais prêts à abandonner, prêts à faire face à tous les défis qui se dresseraient sur leur chemin.

Deux semaines se passèrent ainsi. Semaines au cours desquelles l'inquisition s'était tenue à l'écart. Cependant Lorelaï ne le savait que trop bien, cela ne durerait pas. C'était le calme étouffant annonciateur d'une tempête à nulle autre pareille. Bien que l'inquisition se soit faite particulièrement discrète durant ce lapse de temps, la sorcière avait plus que jamais la sensation oppressante d'être suivit. 

Elle sentait chacun de ses gestes épiés. Le poids de cette surveillance invisible pesait sur elle, s'infiltrant dans chaque fibre de son être. Une sensation d'oppression grandissante prenait place dans sa poitrine, comprimant son souffle et lui donnant l'impression d'étouffer. Chaque son était amplifié, chaque bruit devenait une menace potentielle. Le silence lui-même semblait écrasant, comme s'il était chargé d'une énergie électrique prête à se déchaîner à tout moment. Les ombres dansantes sur les murs semblaient prendre vie, se transformer en des silhouettes insaisissables qui la guettaient dans l'obscurité.

La paranoïa s'emparait peu à peu de l'esprit de Lorelaï, jouant avec ses nerfs et sapant sa confiance en elle. Elle se sentait piégée, comme une proie dans une chasse sans fin. Chaque pas qu'elle faisait était empreint de méfiance, chaque regard jeté par-dessus son épaule était chargé d'une anxiété croissante. La sensation d'être constamment suivie pesait sur ses épaules, créant une tension permanente dans son corps.

Alors que la méfiance était devenue son compagnon constant, Lorelaï était sortie afin de renouveler sa réserve d'ingrédients indispensables à la pratique de la magie. Elle déambulait dans les rues bondées, se frayant un chemin parmi la foule bruyante, son regard constamment sur ses gardes. Son cœur battait un rythme effréné dans sa poitrine, une anxiété sourde qui faisait écho à l'atmosphère tendue qui régnait autour d'elle.

Alors qu'elle se dirigeait vers la boutique d'occultisme, son regard fut attiré par une silhouette familière se détachant de la foule. Son cœur manqua un battement en reconnaissant cette personne, une présence qui évoquait à la fois des souvenirs doux-amers et une crainte profonde. Terrifiée à l'idée d'une confrontation directe, Lorelaï prit la décision de suivre discrètement cette ombre de son passé, restant à distance pour s'assurer que cet être cher allait bien. 

Elle se retrouva finalement dans une impasse déserte, loin de l'agitation cosmopolite de la rue principale. La sorcière était circonspecte devant le comportement étrange de cette personne qu'elle avait suivie avec tant de précaution. Les battements de son cœur résonnaient dans ses oreilles, amplifiés par l'angoisse grandissante qui s'emparait d'elle. Que pouvait-il bien venir faire dans cet endroit insolite ? Se demanda la sorcière.

Le jeune homme au comportement des plus étrange se tenait là, dos à Lorelaï, la tête baissée et les poings serrés. La jeune femme prit quelques instants pour détailler celui qui se tenait devant elle. Se faisant, son sang se glaça, lui procurant un sentiment profond et inexplicable de gêne. Une aura sombre semblait émaner de lui, suscitant un malaise difficile à expliquer. Lorelaï était persuadée qu'Ethan n'était pas conscient de sa présence, et elle jugea préférable que cela reste ainsi. Elle commença alors à faire de lents pas en arrière, cherchant à s'éloigner discrètement de son ancien amant. Après tout, comment pourrait-elle justifier sa présence dans cette ruelle autrement que d'admettre qu'elle avait sciemment suivi le jeune homme ? Elle était presque parvenue à l'extrémité de la rue, lorsque soudain une voix grave et sévère s'éleva dans les airs, brisant le silence oppressant qui régnait.

« Tu t'en vas déjà ? » 

Le son de cette voix résonna dans l'impasse, semblant venir de nulle part. Lorelaï sentit un frisson glacé parcourir son échine, son cœur se serrant d'appréhension. Les mots prononcés étaient empreints d'autorité et de menace, perçant l'air comme des lames tranchantes. Son corps tout entier était figé, les yeux écarquillés d'inquiétude. Elle était prise au piège, témoin involontaire d'une scène qui la dépassait, craignant les conséquences de son intrusion. Les émotions se bousculaient en elle, une combinaison de peur et de curiosité mêlées, lui laissant une sensation d'urgence et d'impuissance face à cette situation inattendue.

Lorelaï ressemblait en cet instant à une biche terrifiée prise dans les phares d'une voiture roulant à toute allure dans sa direction. Son regard cherchait une issue de secours, son esprit en proie à une panique grandissante. Elle avait été extrêmement discrète dans sa surveillance, mais elle se retrouvait désormais figée, incapable de justifier sa présence dans cette ruelle sombre.  Quand son regard apeuré croisa les yeux froids de son interlocuteur un irrépressible tressaillement la traversa de part en part. L'homme se tenant dorénavant devant elle était dur et implacable. Il la toisait le menton levé en signe de défi. Lorelaï était désemparée tant par l'attitude ouvertement hostile de celui qui était d'ordinaire si chaleureux et bienveillant vis-à-vis d'elle que par l'aspect répréhensible de la situation dans laquelle elle se trouvait actuellement. Prise en flagrant délit, elle se sentait comme une enfant surprise dans une faute, cherchant désespérément une excuse valable. Malgré l'aspect peu convaincant de la chose, elle décida, à l'instar de cette enfant, de jouer la carte de l'innocence.

« Ethan que fais-tu là ? » Demanda-t-elle d'une voix tremblante, tentant de garder une certaine stabilité.

Aux mots maladroits de Lorelaï, Ethan se mit à sourire à pleine dent. Pas un de ses ordinaires sourires sincères dont il la gratifiait habituellement. Non, le sourire qui ornait le visage du jeune homme en cet instant était sinistre empli d'une funeste promesse.

« Je t'en prie Lorelaï sautons le passage où tu prétends ne pas m'avoir suivie depuis deux pâtés de maisons au moins, veux-tu ? Cela nous fera gagner un temps précieux. » Lui répondit dédaigneusement le jeune homme.

Lorelaï se retrouva une fois de plus sans voix, réalisant que sa réaction feignant de se retrouver dans cette ruelle par hasard était particulièrement peu crédible. À aucun moment elle n'avait envisagé qu'Ethan se jouait d'elle, tel un chat jouant avec une souris avant de la dévorer impitoyablement. Alors qu'elle restait muette, Ethan reprit la parole d'un ton méprisant.

« Je suis déçu je dois dire... Toi qui d'ordinaire semble avoir réponse à tout et adore obtenir coûte que coûte le dernier mot, là rien ! Tu demeure silencieuse, muette comme une carpe. Pourquoi cela ? Vu que tu sembles peu encline à me répondre voyons si je peux deviner. » Ajouta-t-il, marquant une pause théâtrale faisant mine de chercher la solution à sa question, levant la tête vers le ciel désormais orageux en se tapotant la bouche avec l'index.

« Peut-être est-ce du au fait que tu ne puisses m'expliquer ton comportement pour le moins étrange de ces derniers mois ? Mais pourquoi ne le pourrais-tu pas ? »

Lorelaï sentit son rythme cardiaque s'emballer à mesure qu'Ethan avançait dans sa diatribe. Une angoisse grandissante s'emparait d'elle, serrant son cœur avec une force oppressante. Elle avait la sensation que sa poitrine allait exploser quand Ethan la regarda avec férocité et prononça impitoyablement les mots qui firent l'effet d'un poignard en plein cœur.

« Ah oui, j'ai trouvé ! Cela doit être car tu es un être vil et malfaisant ! Une immonde sorcière à peine humaine... »

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