Chapitre 4 : Conséquences

Avertissement, ce chapitre contient une ou plusieurs scènes choquantes pouvant heurter la sensibilité.


« NON NON NON ! Pas ça ! » Hurlait Castiel saisissant le corps sans vie de sa petite sœur avec tendresse, le ramenant contre lui.

Son innocente et gentille petite sœur, pensa-t-il. Pourquoi avait-il eu fallu que cela soit-elle ?

Les larmes envahirent ses joues. Il caressait son doux visage ensanglanté, obnubilé par les jolis yeux bleus de la petite fille désormais vitreux, vides de toutes expressions.

« RAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHH ! »

Le cri d'agonie poussé par Castiel était assourdissant. Le désespoir du jeune homme était palpable, sa détresse étouffante.

Il venait de perdre sa raison d'être, sa lumière, son âme. En cet instant il aurait tout donné pour prendre sa place ou entendre une fois encore la douce mélodie de son rire.

Le souvenir du reste de cette journée où Castiel avait perdu une partie de lui était vague. Les voisins ayant appelé les autorités, alertés par les bruits de fracas et les cris provenant de la maison ; la police était donc arrivée rapidement sur les lieux. Son père avait été arrêté et emmené loin de la scène du crime.

Castiel quant à lui refusait catégoriquement de lâcher Aria pendant plusieurs heures. Pour parvenir à emmener le cadavre de la petite fille, les officiers avait dû utiliser la force.

Les jours qui suivirent, Castiel avait dû être admis à l'hôpital des suites des blessures infligés par son père et de son état psychologique des plus précaire. Il passait la majorité de son temps sous tranquillisant tant la douleur que provoquait la perte de l'être qu'il avait le plus aimé en ce bas monde lui était insupportable.

Il était dans un état second quand l'enterrement eu lieu. La culpabilité qu'il ressentait de n'avoir rien su faire pour éviter ce drame le dévorait de l'intérieur, lui tordant les entrailles sans lui laisser le moindre répit. Il était prisonnier de son propre corps, enfermé dans son esprit torturé par ses pensées inlassablement. Il était apathique concernant ce qui se déroulait devant lui.

Il ne réagit pas quand une main pourtant familière se fit sentir sur son épaule. Ce ne fut que quand il entendit les mots et reconnu la voix de son ami qu'il fut arraché violemment de sa torpeur.

« Je suis tellement désolé pour toi... » Avait murmuré doucement Ethan

« NE ME TOUCHE PAS! » Avait répondu Castiel avec dédain la mâchoire serrée, repoussant son touché d'un geste sec et brutal de l'épaule.

Ethan eut un mouvement de recul quand son regard croisa celui de son ami. L'hostilité qui émanait de celui-ci était évidente. L'aversion qu'il lisait dans les yeux de Castiel à son égard était pour lui incompréhensible. Les prunelles froides de l'homme lui faisant face semblaient dépourvues de toute familiarité, comme si un étranger avait pris possession de son être. Ce dernier tremblait de colère les poings serrés le long de son corps. Ethan était désormais confronté à un être perdu dans la tourmente, submergé par les ténèbres. Il ne pouvait en saisir ni le sens ni la profondeur de l'abîme qui avait engloutît cet être rongé par le deuil. Il ignorait tout des démons qui assaillaient l'esprit tourmenté du jeune homme en cet instant. Il ne savait pas qu'il avait l'étincelle qui avait tout déclenché.

« Castiel, calme-toi ! » L'implora-t-il.

Castiel toisa son interlocuteur pendant de longues secondes. La noirceur qui l'habitait l'engouffrait entièrement. Il reprit la parole la voix posée et dure.

« Je ne te poserai la question qu'une seule fois. As-tu ou non, d'une manière ou d'une autre, déclenché l'enquête des services sociaux sur ma famille ? »

« Je... Je... » Balbutia Ethan « Laisse-moi t'expliquer... » Commença-t-il à dire.

« Oui ou non ? » Le coupa fermement Castiel.

« Oui... » Avoua-t-il finalement à demi-mot.

Suite à la confession forcée d'Ethan, une haine féroce et irrépressible traversa le corps de Castiel.

« DÉGAGE ! » Hurla-t-il.

Ethan sursauta à ces mots, baissa la tête honteusement ses épaules affaissées.

« Je voulais seulement t'aider... » Déclara tristement Ethan.

Un rire sinistre s'échappa de la bouche de Castiel.

« M'aider tu dis ? »

Il s'esclaffa à gorge déployée devant l'ironie de la chose.

« Putain ça c'est la meilleure ! As-tu seulement idée de ce que toi et ton aide avez provoqué ? »

Voyant le regard perdu de celui qu'il considérait autrefois comme un frère, Castiel reprit de plus belle :

« Ta précieuse aide a détruit ma vie ! TU M'AS TOUT PRIS ! MA MÈRE ! MA SŒUR ! À cause de ta stupidité je n'ai plus rien ! Tu m'entends, plus rien ! »

« Je n'ai pas... Je... Comment ? » Bégaya Ethan toujours incapable de comprendre de quelle manière il pouvait être à l'origine des malheurs de son ami.

« Sais-tu pourquoi ma petite sœur est morte Ethan ? »

Ethan ne répondit pas, il ne savait que ce que son père et les journaux avaient dit. Que ce tragique accident était survenu des suites de violences domestiques.

« Mon père avait bu comme à son habitude. Il avait appris plus tôt dans la journée que l'enquête le concernant avait été déclenchée suite à TON témoignage. Il en a déduit que JE t'en avais parlé. Quand je suis rentré, Il m'a tabassé, insulté... Il a voulu me tuer. C'est à ce moment-là qu'Aria... »

Il se tut quelques instants, une unique larme coula le long de sa joue à l'évocation de sa sœur et de la suite tragique des évènements de ce jour-là.

« Elle a voulu m'aider sans comprendre ce qui se passait... Elle s'est, sans le vouloir, interposé entre mon père et moi. »

La réalisation de ce qu'impliquait les mots que venaient d'entendre Ethan lui brisa le cœur. Il en eut le souffle coupé. Des larmes de culpabilité et de compassion envers la détresse de Castiel coulèrent le long de ses joues. Il comprenait enfin la réaction de ce dernier. Il aurait voulu le réconforter mais en réalité il était la source de ses tourments

« Je suis dé... » Commença Ethan.

L'entendre s'excuser était au-dessus des forces de Castiel, il lui coupa la parole, lui assénant un coup de poing en plein visage. Il y avait mis toute sa force, tout son ressentiment, tout son désespoir. Ethan se retrouva au sol, le regard hagard sur son ami, les yeux écarquillés. Le père d'Ethan qui l'avait accompagné à l'enterrement, avait jusqu'à présent suivi la scène en retrait, ne voulant pas acculer d'avantage celui qu'il considérer comme son propre fils. Voyant les évènements dérapés dangereusement il se décida à intervenir, s'avança doucement de Castiel et dit :

« Je comprends ta douleur mon garçon... Mais ce que tu fais ne la soulagera pas bien au contraire. La violence, la colère ne sont pas la solution. »

Considérant mériter ce déferlement de haine de la part de Castiel et dans le but de soulager un peu sa conscience désormais lourde Ethan regarda son père et dit :

« Papa je t'en prie reste en dehors de ça ! »

Bien que les mots de celui qui fut plus un père pour lui que celui qui en portait le titre l'eut légèrement apaisé, la voix d'Ethan renvoya Castiel au fond des abîmes. Il se jeta sur lui et le frappa encore et encore.

« JE TE HAIS ! » Hurla Castiel à l'adresse d'Ethan. « JE VOUDRAIS QUE TU MEURES ! »

Bien qu'il pensa chaque mot qu'il venait de prononcer, il se mit à trembler face à leurs violences. Il était comme ce monstre qui lui avait donné la vie, comme ce géniteur qui l'avait tant fait souffrir. Il était habité de la même noirceur et était à l'instar de cet homme méprisable, capable d'ôter la vie à quelqu'un qu'il avait autrefois chéri.

Cette constatation lui fit perdre l'équilibre. Son souffle était court et laborieux. La douleur l'acculait. Il mit ses mains sur sa tête, comme pour en contenir les idées noires qui déferlaient dans son esprit menaçant de rompre à tout instant.

L'intensité de la colère qui l'habitait le terrifiait. Il ne savait plus qui il était, ne se reconnaissant plus. Il avait honte de lui, de ses actes, de ses pensées. Il ne pouvait rester là. Il devait partir loin de celui qui déclenchait sa fureur. Il se leva et s'enfuit. Le père d'Ethan courut à sa suite, craignant que le jeune homme n'en vienne à se faire du mal.

Il était trop pris dans la tourmente pour se soucier de ce qui l'entourait, de ce fait il traversa sans même s'en rendre compte une route fréquentée. Un bruit de klaxon le fit revenir à la réalité et il se figea sur place. Une voiture fonçait droit sur lui, elle était bien trop proche pour réussir à s'arrêter à temps ou même l'éviter.

« CASTIEL ATTENTION ! » Hurla le père d'Ethan.

L'on dit que lorsque nous mourrons, nous voyons notre vie défiler, la vérité c'est que l'on fait un constat rapide sous forme de flash de nos regrets, nos joies, nos peines et en cet instant Castiel était en paix. Le calvaire qu'avait été sa courte vie allait prendre fin. Il allait pouvoir rejoindre Aria où qu'elle soit. Il ferma les yeux et soupira de soulagement faisant face avec calme à sa fin.

Mais alors que Castiel accueillait la mort avec sérénité et quiétude, il sentit son corps projeté sur le bas-côté. Il rouvrit les yeux de surprise. Le père d'Ethan l'avait sauvé in extrémis d'une mort certaine, mais avait pris sa place face au véhicule se faisant percuter violemment par celui-ci.

La scène se déroulait sous les regards horrifiés et impuissants de Castiel et d'Ethan qui les avait rejoints quelques secondes auparavant.

« PAPAAAAAAAAAAAAA ! »

Il était mort sur le coup tant l'impact avait été violent. Ethan s'était précipité sur son corps inanimé et pleurait le serrant dans ses bras. Les larmes inondaient également les joues de Castiel, il avait donné sa vie pour lui. Il aurait dû le laisser mourir pensa-t-il. Pourquoi vouloir se sacrifier de la sorte pour quelqu'un d'aussi brisé et enclin à mourir qu'il l'était. Cela n'avait aucun sens.

Castiel s'approcha prudemment de celui qui fut quelques jours auparavant son ami ainsi que du cadavre de ce père de substitution qui avait offert sa vie pour sauver la sienne sans hésiter. Mais alors qu'il était désormais à quelques pas d'eux, Ethan vociféra avec haine :

« RESTE OÙ TU ES ! »

« Je... Je ne voulais pas... » Répondit tristement Castiel.

Ethan se retrouvait envahi de fureur face aux paroles émanant de celui qui était directement lié à la tragique disparition de son père. Il était submergé par une douleur si profonde qu'il ne pouvait envisager que la perte de son père ne soit qu'un malheureux concours de circonstances. Pour lui, il était impensable d'accepter que sa vie puisse être privée de l'affection de celui qui l'avait accompagné tout au long de sa brève existence. Il avait besoin d'un responsable, quelqu'un à blâmer pour son chagrin dévastateur menaçant de le submerger complètement, au point de le plonger dans la démence.

« À cause de moi tu as perdu ta sœur donc tu me prends mon père ? Lui qui t'aimait comme un fils. Tu es monstrueux. »

Castiel n'avait rien voulu de tout ça mais les paroles d'Ethan faisaient écho à la culpabilité qu'il ressentait en cet instant. Sans lui, son père serait bien portant. Sans lui il serait en vie.

« Tu es un assassin comme l'abomination qui te sers de père ! DÉGAGE ! »

À ces mots cruels Castiel s'enfuit une nouvelle fois, ceux-ci étant trop durs à entendre et sonnant comme une implacable vérité.

***

Les mois qui suivirent n'adoucirent en rien le ressentiment qu'ils éprouvaient l'un envers l'autre. La culpabilité mêlée à la colère qu'ils éprouvaient à l'égard de l'autre alimentant celui-ci. Depuis ce jour funeste, leur amitié fraternelle avait disparu, remplacée par une aversion sans borne.

C'est pour cela que Castiel fut si choqué de voir la complicité évidente entre Ethan et Lorelaï. Il lui était impensable qu'ils puissent tout deux apprécier la même femme. Rien qu'envisager qu'ils puissent avoir quelques similitudes que ce soient étaient tout bonnement impensable. Ethan se tut l'air satisfait de voir son ennemi si décontenancé par la présente situation. Rory finit par briser ce silence pesant et dit simplement :

« Oui on se connait... On est sorti un moment ensemble. »

Un nouveau silence encore plus lourd que le précédent s'en suivi, Castiel les yeux écarquillés et bouche bée semblait devoir demander confirmation face à la déclaration de la jeune femme.

« C'est... C'est ton Ex ? »

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top