Chapitre 33 : Épiphanie


Au bout d'une semaine, le quotidien avait retrouvé une apparence de normalité. Celle-ci n'était pourtant qu'une façade friable, qu'une simple secousse pourrait réduire à néant en un instant. Les jours s'écoulaient dans une routine feinte, mais une tension palpable flottait dans l'air alourdissant l'atmosphère. Les regards échangés entre Lorelaï et certains membres masculins du groupe étaient chargés d'une froideur et d'une retenue à son égard qui trahissait l'étendue des blessures infligées pendant cette période funeste. 

Malgré la compréhension de Castiel quant à l'emprise de la bague sur la sorcière, un inconfort persistait entre eux, figeant chacune de leurs interactions dans une atmosphère glaciale. Les gestes jadis empreints de chaleur et de complicité étaient désormais teintés d'une distance prudente. Les regards autrefois enflammés évitaient dorénavant soigneusement de se croiser, les mots étaient choisis avec précaution, et un silence lourd pesait sur chaque rare conversation qu'ils partageaient. La méfiance planait dans l'air, le lycan se demandant toujours si les mots de Lorelaï qui l'avaient tant fait souffrir n'avait vraiment été que le fruit du bijou ou si une part d'elle n'en avait pas pensé chaque syllabe. Après tout pourquoi cette femme si courtisée partagerait-elle les sentiments qui ne cessaient de le torturer ? Pourquoi le choisirait-elle, lui dont les propres parents ne l'avaient pas désirés ? Pourquoi voudrait-elle gratter au-delà de son masque austère, le fidèle et féroce Cerbère de son cœur éprouvé ? Cet apparent détachement  qui lui servait depuis son enfance à maintenir les autres loin de lui; ceux-ci n'ayant toujours été qu'une source de souffrance pour le jeune homme. Non, il était bien trop écorché et abimé par la vie, pour qu'elle puisse souhaiter pareille chose.   

Castiel n'était pas le seul dont le comportement envers la sorcière avait changé. Tous restaient à l'écart de Lorelaï, comme si elle avait été un ornement fragile qu'on osait approcher de peur de le briser au moindre contact. La jeune femme ressentait le poids de cette distance grandissante, un fardeau émotionnel qui semblait s'alourdir chaque jour davantage. Elle se sentait isolée, une étrangère parmi ceux qui avaient été autrefois ses amis les plus proches. Chaque geste, chaque mot, chaque regard était scruté avec méfiance, comme si elle devait prouver constamment sa sincérité et plus encore sa force. Pourtant, bien que cela soit une source de souffrance pour elle, la sorcière choisissait d'elle même de se couper des autres et d'entretenir ce status quo aux allures d'ostracisation. Ce n'était pas pour elle qu'elle refusait de renouer les liens effilochés de ses relations, bien au contraire. Elle, qui c'était toujours refusé de se voir comme une victime, était elle-même devenu bourreau dont il fallait protéger à tous prix les autres. La tristesse et la résignation se mêlaient dans le regard de Lorelaï, son expression portant le fardeau d'un cœur envahit par les ténèbres et d'une âme en pièce. Elle regrettait chaque acte commis sous l'influence de la bague, chaque mot prononcé qui avait blessé ceux qu'elle aimait. Son désir ardent de rédemption était accompagné d'une pointe de désespoir, car elle comprenait que certains liens pourraient être irrémédiablement endommagés.

Liam, quant à lui, bien que trop fier pour l'admettre, souffrait de n'avoir pas su comprendre ce qui accablait la jeune femme. Pire encore, il était celui qui avait nourri l'obsession de luxure de Lorelaï et ce à de maintes reprises. Le poids de la culpabilité lui coupa le souffle.  Chaque respiration était entrecoupée, un mélange de colère et de confusion s'insinuant dans ses poumons, semblant l'étouffer de l'intérieur. Il abhorrait cette sensation qui imprégnait chaque fibre de son être. Pourquoi devrait-il se soucier des tourments de la sorcière ? Elle n'était rien pour lui, si ce n'est sa distraction du moment. Et puis ce n'était aucunement sa faute à lui si celle-ci avait succombé à l'inquisiteur ?

Pourtant, à mesure que les jours passaient et qu'il observait les conséquences de ses choix sur Lorelaï, une fissure se forma dans l'armure du vampire. Ses gestes devenaient moins assurés, ses mots moins tranchants. Il se surprenait à s'inquiéter pour elle, à ressentir une certaine culpabilité pour les chaînes invisibles qu'il avait contribué à tisser autour d'elle. Une étincelle d'empathie se frayait un chemin à travers le mur de son orgueil, ébranlant sa certitude d'être au-dessus de toute responsabilité. Peut-être aurait-elle eut suffisamment de lucidité pour s'y soustraire s'il n'avait pas alimenté encore et encore l'emprise de la bague sur elle ? Au plus profond de lui, il se répétait sans cesse que les émotions de Lorelaï ne représentaient qu'une faiblesse, une manifestation temporaire de désir qui s'effacerait avec le temps.

Liam, pris au piège de sa dualité, ressentait comme une fragmentation de son être. Il avait l'impression d'être deux êtres distincts en un seul corps, chacun luttant pour prendre le dessus, son cœur et son esprit jouant leurs propres notes d'une mélodie dissonante. D'un côté, il y avait le Liam froid, calculateur, un prédateur impitoyable qui régnait en maître dans son esprit. Il était le reflet de sa nature vampirique, une force implacable dépourvue de compassion.

Mais en son sein, il sentait une autre présence, plus faible et pourtant plus humaine. C'était un Liam qui résidait dans son cœur autrefois asséché, un être vulnérable qui découvrait les émotions avec une avidité presque effrayante. Ce Liam-là était l'écho de sa propre humanité, de ce qu'il avait autrefois rejeté et renié.

Ces deux aspects de lui-même s'affrontaient sans relâche, se disputant le contrôle de son être tout en menaçant de le consumer entièrement, le rendant plus humain que jamais.

Il se sentait pris au piège, partagé entre la tentation d'embrasser pleinement cette humanité renaissante et le désir de la réprimer, de l'enfermer dans les ténèbres de son âme vampirique. Chaque émotion ressentie, chaque soupçon de fragilité, l'enrageait et le poussait à s'endurcir contre toute forme de vulnérabilité.  Dans ses moments les plus sombres, Liam maudissait le lien qui l'unissait à Lorelaï, regrettant la faiblesse qu'elle avait insuffler en lui. Il luttait pour garder le contrôle, pour se convaincre que les émotions étaient une entrave à sa force.

Depuis ces évènements, la jeune sorcière semblait avoir perdu son pouvoir d'hyper-cognition et n'avait plus eu aucune vision. Bien que celles-ci n'aient été qu'une source de tourment, elle devait admettre qu'aujourd'hui plus jamais, pouvoir percer le voile d'un avenir incertain aurait été salvateur. Bien que cela l'inquiète grandement de voir son seul pouvoir individuel disparaître de la sorte, une autre chose la tourmentait, elle se sentait épiée en permanence. Une présence oppressante, invisible et omniprésente, la hantait à chaque instant. Où qu'elle aille, quoi qu'elle fasse, ce sentiment étouffant ne la quittait jamais. Elle doutait, cependant, que l'inquisition en soit à l'origine. N'ayant jusque lors, jamais ressenti leur présence de manière si évidente, si tangible ; il était peu probable que cette sensation leur soit imputable. Non, cela devait être autre chose ; elle le savait. Elle le sentait.

Toutefois, l'esprit de la jeune femme était accaparé par un fait, qu'elle trouvait bien plus alarmant que le reste. Les menaces de Timothy, sur l'éventuel dégradation de l'état de santé de Keiko du fait de sa pratique de la magie avec la jeune femme, c'était finalement avérée exacte. À mesure que Lorelaï gagnait en puissance, l'énergie vitale de son amie s'étiolait, comme aspirée par une force invisible et inéluctable. L'urgence de trouver une solution se faisait de plus en plus pressante, agitant son cœur de sentiments de culpabilité et de responsabilité. Chaque regard posé sur le visage affaibli de Keiko était une lame qui transperçait son âme, la poussant à rechercher désespérément une réponse, un moyen de briser cette funeste destinée. Le poids de cette situation, mêlé à ses propres tourments intérieurs, pesait sur elle comme un fardeau insupportable, lui rappelant sa vulnérabilité et son impuissance face aux conséquences de ses actes.

Les jours qui suivirent ce terrible constat, Lorelaï se lança dans une quête frénétique de connaissances, épluchant tous les livres, grimoires et parchemins qu'elle pouvait dénicher. Les heures s'étiraient en une boucle interminable de recherches éreintantes. Assise à sa table, les yeux rougis par des heures de lecture assidue, elle dévorait les pages d'un ouvrage ancien après l'autre, les lettres s'agitant devant ses yeux fatigués.

Lorelaï dévora les pages jaunies de tous les grimoires anciens qu'elle avait put trouver, ressentant la texture rêche des parchemins sous ses doigts fébriles. L'odeur de vieux cuir et d'encre imprégnait l'atmosphère, emplissant ses sens d'une étrange nostalgie. Elle scrutait chaque diagramme, chaque formule, espérant trouver le remède, la clé qui sauverait Keiko de la fatalité qui semblait constituer son avenir. Les heures s'écoulaient, la lumière de la chandelle vacillante se reflétait dans ses yeux concentrés, tandis qu'elle murmurait des incantations oubliées, essayant désespérément de déchiffrer les secrets ancestraux dissimulés dans ces pages sacrées.

Chaque battement de son cœur était une pulsation vibrante, portant toutes ses aspirations de trouver une issue dans cette sombre réalité. Une lueur d'espoir brûlait encore dans ses yeux, même si les ombres menaçantes de l'incertitude et du remords tournoyaient tout autour d'elle. Dans cette course contre la montre, elle puisait une énergie insoupçonnée, ignorant les signes de fatigue qui se dessinaient sur son visage pâli. Alors qu'elle s'immergeait à corps perdu dans cette quête désespérée, elle pouvait presque sentir l'énergie magique s'agiter autour d'elle, chatouillant sa peau, témoignant de l'intensité de son engagement. Rien ne l'arrêterait dans sa recherche d'une solution, dans sa volonté farouche de sauver son amie. 

Elle s'attela ensuite à la lecture de l'épais volume volé au siège de l'inquisition, qui retraçait l'histoire de sa famille. Les émotions tumultueuses traversaient son être, de l'espoir à la frustration, de l'excitation à la déception. Chaque mot lu, chaque ligne parcourue, creusait davantage le fossé entre ce qu'elle savait d'elle-même et la vision distordue que l'inquisition avait distillée dans ses écrits. L'amertume se mêlant à son dégoût, tandis qu'elle découvrait comment ils dépeignaient son ancienne vie en tant qu'Amélia Boleign dans une version diabolique et déformée de son existence antérieure. 

La rage monta en elle, une colère brûlante face à cette distorsion odieuse de son passé, de sa véritable essence. Chaque ligne lue était une déchirure supplémentaire, une trahison de sa propre identité. Elle s'efforçait de rester lucide, de ne pas se laisser emporter par la fureur qui bouillonnait en elle, mais il était difficile de contenir cette tempête intérieure qui menaçait de tout emporter sur son passage.  Les mots insidieux et cruels semblaient danser devant ses yeux, la narguant et lui rappelant avec implacabilité que son héritage était accompagné d'un lourd tribut. La tension nouait ses muscles, tandis qu'une nouvelle vague de colère et de détermination montait en elle. Elle ne serait pas réduite à cette image fallacieuse qu'on tentait de lui imposer.

Lorelaï sentait l'amertume lui serrer la gorge, comme une bile brûlante qui menaçait de l'étouffer. Les souvenirs douloureux, gravés dans sa mémoire, prenaient vie devant ses yeux, tels des spectres qui hantaient ses pensées. Chaque image était comme un coup de poignard dans son cœur, ravivant la douleur et la trahison qu'elle avait endurées.

Les mots de l'inquisition, écrits avec une cruauté délibérée, semblaient résonner dans sa tête, faisant écho aux murmures sinistres du passé. Elle pouvait presque sentir l'ombre glaciale de Kira planer autour d'elle, comme une présence invisible qui ne la quittait jamais, elle pouvait encore ressentir la morsure froide et implacable du katana de la jeune femme dans sa poitrine. Instinctivement, Lorelaï porta sa main tremblante à l'endroit où la lame avait transpercée Amélia. Un frisson parcourait sa colonne vertébrale, les poils de ses bras se dressant en signe de répulsion. La vision de sa propre mort violente, son regard se voilant dans un dernier éclat de terreur, la hantait encore et encore.

La pièce était plongée dans une semi-obscurité, la lueur pâle de la lune filtrant à travers les carreaux de l'entrepôt. L'air était lourd, chargé de tout le ressentiment d'Amelia lors de ces derniers instant, comme si l'énergie du passé imprégnait les murs. L'odeur de vieux parchemins et de poussière emplissait ses narines, un parfum mélancolique qui transportait Lorelaï dans une époque révolue. Les pages craquaient sous ses doigts, le son sec et feutré de leur mouvement résonnait dans le silence.

Mais parmi les mots emplis de mépris et de calomnies, il y avait un répit dans la tourmente. L'absence de mention de Luna, la fille d'Amelia, dans ces écrits maudits, apportait une lueur d'espoir dans l'obscurité de ses pensées. Un sourire fragile étirait les lèvres de Lorelaï, un mélange d'apaisement et de gratitude envers le destin qui semblait avoir préservé l'identité de son enfant ; conservant celle-ci hors de portée de l'inquisition. Les battements de son cœur s'apaisaient légèrement, offrant un court répit à son esprit orageux. Cela lui procurait un réconfort fragile, une bouffée d'air dans cet océan de mensonges et de trahisons.

Puis, ses yeux se posèrent sur l'arbre généalogique soigneusement tracé, exposant les liens de parenté de la famille Boleign selon l'inquisition. Les noms se déroulaient devant ses yeux, chaque branche et chaque rameau dévoilant les relations tissées au fil des générations. Sa propre lignée s'étendait sur le parchemin, reliant son passé à celui de ces ancêtres. Une onde de soulagement la traversa lorsqu'elle constata qu'elle était une descendante d'une branche cousine d'Amélia, et non de la lignée directe de Thomas, l'ancienne incarnation de Timothy. Elle ne supportait pas l'idée d'avoir une connexion aussi sombre avec lui. Durant un bref instant, Lorelaï se sentit en paix. La quiétude ne fut cependant de courte durée, la gravité de la situation de Keiko se rappelant sans-cesse à son esprit.

Le temps semblait s'étirer et se comprimer à la fois, créant une atmosphère étouffante dans laquelle l'urgence et la peur se mêlaient. Chaque instant lui rappelait cruellement l'importance de trouver une solution, de briser le lien destructeur qui rongeait la vitalité de Keiko. Des perles de sueur se formaient sur son front, témoignant de l'intensité de ses efforts. Son esprit était en ébullition, explorant toutes les voies possibles, cherchant un moyen de conjurer le sort qui s'acharnait sur son amie.

Elle poussa un soupir empreint de frustration, envoyant valser l'épais volume qui trônait devant elle. La sérénité qui l'avait envahie quelques instants plus tôt avait totalement disparu. Son souffle lourd et chargé exprimait sa déception profonde, s'échappant de ses lèvres entre-ouvertes. L'objet massif et dense rebondit contre le sol, émettant un bruit sourd et étouffé.

« Grrrrrrrr... Tout cela ne sert à rien. » Grogna Lorelaï, accablée. Sa voix trahissait une profonde lassitude et un découragement palpable, comme si chaque mot prononcé ajoutait un poids supplémentaire sur ses épaules.

Laissant sa tête tomber sur ses bras, elle émit un gémissement plaintif et bruyant, complètement abattue. Les bras reposant sur la table, elle pouvait sentir la surface lisse et froide contre sa peau. Le contact avec le bois rugueux rappelait la réalité tangible de son échec. Elle resta ainsi pendant de longues minutes, perdue dans ses pensées tourbillonnantes, jusqu'à ce qu'une voix s'élève de l'entrée de la pièce.

« Tu devrais essayer le yoga, histoire de relâcher la pression, plutôt que de t'en prendre à des pauvres livres innocents ! » La voix était légèrement taquine, mais empreinte d'une affection protectrice.

Lorelaï releva la tête en frottant ses yeux fatigués. Ses paupières lourdes et endolories témoignaient des heures passées à lire. Les traits de son visage trahissaient son épuisement mental. Ses yeux, dépourvus de l'éclat habituel, semblaient ternes, tandis que des cernes sombres soulignaient leur contour. Sa chevelure, d'ordinaire soigneusement coiffée, était maintenant en désordre, des mèches ébouriffées encadrant son visage las. 

Face à elle se tenait Liam, nonchalamment appuyé sur l'embrasure de la porte. Son attitude détendue contrastait avec l'agitation qui régnait dans la pièce. Ses yeux d'un bleu profond brillaient d'une lueur espiègle, tandis qu'un sourire provocant étirait ses lèvres. De grande stature, il dégageait une prestance naturelle qui captivait le regard.

« Après si tu as certaines tensions à évacuer mon ange, j'aurais des suggestions plus ludiques à te faire ! » Déclara le vampire, un sourire en biais sur les lèvres, le regard plein de convoitise. Sa voix était douce et veloutée, portant une promesse de plaisirs et de distractions.

Lorelaï sentit son pouls s'accélérer légèrement en réponse aux paroles taquines de Liam. Son corps réagissait à sa présence magnétique, oscillant entre irritation et une attraction qu'elle préférait ignorer. Ses doigts, inconsciemment, se serrèrent autour du rebord de la table, cherchant un ancrage dans cette mer d'émotions contradictoires. Une tension palpable flottait dans l'air, créant une atmosphère électrique. Chacun des mots du vampire résonnait, teintée d'une pointe de défi, exacerbant l'agacement de Lorelaï. Un silence tendu s'installa, durant lequel leurs regards s'affrontèrent.

« Mais c'est qu'il me parle ! Ravie de voir que tu as finalement retrouver l'usage de ta langue ! » Le taquina-t-elle. Son ton était empreint d'une ironie amusée, un léger sourire en coin jouant sur ses lèvres.

« T'aurait-elle manqué mon ange ? » Demanda le vampire avec effronterie, accompagnant sa question d'un clin d'œil complice.

Lorelaï leva les yeux au ciel, agacée par les sous-entendus salaces de son interlocuteur, mais un léger sourire s'esquissa sur ses lèvres. Malgré les propos déplacés de Liam, elle ne pouvait s'empêcher de ressentir un soupçon de soulagement. Les échanges taquins et souvent irritants entre eux étaient un signe que leur relation retrouvait une certaine normalité. Cela voulait dire qu'il avait enfin assimilé toute l'histoire de la bague et les conséquences qui en découlaient.

Cependant, elle soupçonnait que passer outre cet incident malheureux avec Castiel ne serait pas aussi simple. Celui-ci s'était absenté depuis plusieurs jours pour s'entraîner avec Eden, une manière détournée de dire qu'il l'évitait soigneusement. Cette pensée fit instantanément disparaître le sourire de Lorelaï. Elle savait pertinemment qu'elle n'avait pas le droit d'être jalouse du temps qu'Eden passait avec son disciple, mais elle ne pouvait malheureusement pas s'en empêcher. Un sentiment de lourdeur s'installa dans sa poitrine, comme si un poids invisible comprimait son cœur. Le regard de Lorelaï se perdit dans le lointain, se concentrant sur un point invisible. Elle passa une main dans ses cheveux, essayant de rassembler ses pensées dispersées. Le toucher de ses doigts dans sa chevelure lui procurait une légère sensation de réconfort, un geste familier qui l'aidait à retrouver un certain équilibre.

Liam observa attentivement Lorelaï, ses yeux d'un vert émeraude intense ne se détournant pas d'elle alors qu'elle était perdue dans ses pensées tourmentées. Chaque ligne de son visage était parcourue d'émotions, trahissant l'intensité de ses préoccupations. Il pouvait ressentir chacun des affres qui parcouraient le cœur de la jeune femme comme s'ils avaient siens. Ses traits se contractèrent légèrement, soulignant son mécontentement face aux tourments de Lorelaï, mais plus encore face à leur origine : Castiel. Un sentiment insidieux et ô combien familier s'insinua en lui, même s'il s'efforçait de la refouler, refusant de l'admettre, même à lui-même. Son froncement de sourcils et son expression renfrognée étaient autant de signes visibles qui ramenèrent Lorelaï à la réalité présente.

Un grondement instinctif, presque animal, s'échappa de la gorge de Liam, résonnant dans la pièce et brisant le silence pesant qui l'envahissait. Ce son primal était irrépressible, témoignant de l'émotion bouillonnante qui l'habitait. Le grognement involontaire du vampire résonna dans la pièce, brisant le silence pesant qui l'envahissait. Lorelaï, faisant face à l'expression renfrognée de Liam, tenta de détendre l'atmosphère avec une pointe de taquinerie.

« Oh ne boude pas ! » Déclara-t-elle avec une lueur espiègle dans les yeux, sa voix empreinte d'une légère moquerie. « Et sinon, hormis pour me parler de ta langue, y a-t-il un but précis à ta visite ? »

Le vampire arqua un sourcil, son regard perçant toujours fixé sur Lorelaï, tandis qu'il répondait d'un ton provocateur.

« J'ai besoin d'une raison pour te parler maintenant ? » Grogna le vampire de plus belle.

Un rire léger mais sincère s'échappa des lèvres de Lorelaï. Tout en discernant une étincelle d'amusement dans les yeux fatigués de la jeune femme Liam eut une pensée aussi fugace qu'horrifiante. Avait-elle conscience de l'effet que la présence de Castiel dans les pensée de la sorcière avait sur lui? Se rendait-elle seulement compte de la jalousie grandissante et dévorante qui le rongeait en cet instant? Refusant d'admettre que de tels sentiments puissent l'animer, le vampire les refoula, les renvoyant dans le néant d'où ils étaient sortis.

« Disons qu'en ce qui te concerne, l'on n'est jamais trop prudent ! » Déclara Lorelaï, ignorante de l'émoi actuel du vampire.

Liam ne pouvant s'empêcher de détourner habilement la conversation vers un autre sujet bien moins dangereux, cherchant à dissimuler ses émotions tant à lui-même qu'à la sorcière sous une façade de curiosité détachée, ne répondit pas à la jeune femme.

« Qu'est-ce que tu cherches dans tous ces bouquins ? » Demanda-t-il en ignorant sciemment la remarque précédente de la sorcière.

« Pour faire simple, j'essaie de trouver une solution au problème de compatibilité entre Keiko et la magie. » Lui répondit-elle d'une voix empreinte de tristesse.

Liam s'assit avec nonchalance sur le bureau, où les ouvrages occultes étaient disposés en un amas désordonné. Ses yeux parcouraient les pages du livre qu'il avait attrapé au hasard, comme s'il cherchait distraitement quelque chose qui captiverait son attention. Les doigts agiles du vampire feuilletaient les pages avec une aisance naturelle, caressant les mots et les symboles imprimés sur le papier jauni. Mais avant qu'il ne puisse plonger davantage dans sa lecture, Lorelaï lui retira le livre des mains d'un geste sec, exprimant sa frustration par un soupir bruyant qui perça l'air lourd de la pièce. D'un simple mouvement de la main, elle lui fit signe de se relever.

Le vampire acquiesça silencieusement et se leva du bureau, contournant les ouvrages disséminés. Il se positionna derrière Lorelaï, sentant l'énergie tendue qui émanait d'elle. Les mots doux et réconfortants qui s'échappèrent de sa bouche se mêlèrent à la douceur de ses mains lorsqu'il les posa sur ses épaules.

« Je te trouve vraiment tendue mon ange. » Lui susurra-t-il à l'oreille.

Sous le contact de ces mains expertes, Lorelaï sentit instantanément une onde de soulagement traverser son corps tendu. Les muscles crispés se relâchèrent peu à peu, libérant la tension accumulée. Les doigts de Liam se déplaçaient avec une assurance rassurante, exerçant des pressions légères qui semblaient effacer les soucis qui pesaient sur elle. Une chaleur bienfaisante se diffusa à partir des points de contact, enveloppant son corps d'une douce caresse. Fermant les yeux, Lorelaï se laissa emporter par ce sentiment apaisant. Chaque mouvement de Liam, chaque frôlement de ses doigts, était ressenti intensément, amplifiant les frissons qui parcouraient sa peau. Elle se laissa porter par cette intimité éphémère, s'abandonnant à la magie de cet instant fugace.

Mais cette sensation intense ne tarda pas à être remplacée par une réalité brutale. L'instant fugace de réconfort se dissipa alors que Lorelaï reconnaissait les conséquences de la morsure et surtout la manière odieuse que le vampire avait employé pour l'obtenir. Elle se leva brusquement, écartant vivement ses épaules de ses mains, rompant le lien physique qui les avait brièvement unis.

« Je... Arrête je t'en prie, je ne peux pas... » Bafouilla-t-elle d'une voix tremblante, cherchant à reprendre contenance face à l'effet troublant que le contact avec le vampire avait provoqué en elle.

Les paumes moites, elle sentait encore la chaleur des mains de Liam brûler sur ses épaules, laissant une sensation de picotement électrisant sur sa peau. Les battements frénétiques de son cœur résonnaient dans sa poitrine, témoignant de son trouble intérieur. Chaque fibre de son être lui criait de céder à la tentation, de se laisser aller à l'attraction irrésistible qu'elle ressentait pour lui mais comment pourrait-elle un jour discerner si ces émotions était réellement les siennes ou celles de suscitait par la morsure ?

Liam était blessé au-delà des mots, d'être ainsi rejeté par l'objet de sa convoitise. Le spectre des émotions s'insinuait une nouvelle fois dans son être. Il était incapable de gérer l'intensité de la tempête qui parcourait son corps se sentant déchiré de toute part, il refoula de toutes ses forces cet élan d'humanité dans les méandres de sa conscience et se jeta dans les bras de ses vieux démons, choisissant de redevenir le prédateur pour ne plus souffrir. Ses yeux, habituellement pétillant, se voilèrent d'une lueur sombre et menaçante.

« Tu étais plus marrante avant... » Affirma-t-il d'une voix empreinte d'amertume, son regard dur transmettant sa propre frustration et sa blessure intérieure. 

Un silence tendu s'installa entre eux, chargé d'une électricité palpable. Les mots restaient en suspens, flottant dans l'air chargé de tension, attendant d'être prononcés ou effacés à jamais.

« Avant quoi Liam ? Avant que je mette cette foutue bague ou que je l'enlève ? » Demanda Lorelaï, furibonde. Ses mots étaient portés par une voix tremblante, empreinte d'une colère brûlante.

Liam sentit son cœur se serrer à l'entente de ces paroles cinglantes. Le visage de Lorelaï était marqué par l'indignation, ses sourcils froncés formant une ligne profonde au-dessus de ses yeux emplis de détermination. Sa respiration était haletante, comme si elle peinait à contenir toute la rage qui bouillonnait en elle. Les mots de Lorelaï résonnèrent dans l'air, créant une atmosphère lourde et chargée. Liam sentit son cœur se serrer davantage, sa poitrine se remplissant d'un mélange de chagrin et de remords. La détresse de la jeune femme était palpable, et il se sentit submergé par un sentiment de compassion. Il se rappelait que trop bien des conséquences qu'avaient eut l'objet sur la sorcière et il devait lui-même faire face à ses propres répercussions. Il se souvenait encore de la souffrance qu'il avait ressenti lorsqu'il avait comprit que Lorelaï n'avait jamais pleinement choisit les moments qu'ils avaient partagés. Sentant son cœur s'emballer, Liam ferma les yeux. Ne pouvant faire face à ce tourbillon qui menaçait de le balayer, le vampire se braqua.

« Est-ce vraiment utile de revenir là-dessus ? » 

« C'est toi qui as ramené le sujet je te signale avec ton allusion désobligeante ! Excuse-moi d'avoir une légère baisse de libido après avoir couché avec mon violeur ! » 

 Les paroles de Lorelaï étaient empreintes d'une amertume incommensurable, accompagnées d'un mélange de tristesse et de colère. Sa voix tremblait légèrement, trahissant la profondeur de ses émotions.

« Ne me parle pas de lui ! » Fulmina Liam d'une voix rauque, les mots s'échappant de ses lèvres avec une intensité presque animale. Sa mâchoire se crispa, ses poings se serrèrent instinctivement, révélant la frustration et la colère refoulées qui bouillonnaient en lui.

La tension entre eux augmentait de façon exponentielle à mesure que les secondes s'écoulaient. L'air semblait chargé d'électricité, prêt à s'enflammer à la moindre étincelle. Liam était envahi par un mélange de jalousie et de profonde culpabilité. La jalousie lui mordait les entrailles, tandis que la culpabilité le rongeait de l'intérieur, lui rappelant son insouciance passée et les conséquences désastreuses qui en découlaient.

De son côté, Lorelaï était transit par une colère brûlante. Chaque fibre de son être semblait irradier de rage. La fureur qui la submergeait était si puissante qu'elle semblait prête à se matérialiser, à s'échapper de son corps tremblant. Une vague d'énergie intense parcourut tout son être, vibrant dans ses veines, faisant brûler sa peau.

Finissant par saisir la douleur évidente qui accablait Lorelaï face à tout cela, Liam essaya de désamorcer la situation en lui lançant un regard doux et compatissant. Lorelaï avait cependant d'ors-et-déjà passé le point de non-retour. Elle sentait chaque cellule de son corps irradiait de rage. Cette fureur semblait pouvoir se matérialiser à tout moment, comme si elle essayait de s'échapper du corps tremblant de la jeune femme. Cette dernière ressenti une puissante vague d'énergie parcourir tout son être. Quand elle fit un geste sec à Liam pour faire signe à celui-ci de partir, la chaise qui se trouvait dans la continuité de son bras et sur laquelle elle était assise quelques instants plus tôt, vola dans les airs se fracassant en plusieurs morceaux quand elle s'écrasa contre le mur. Les yeux écarquillés et bouche bée, Liam et Lorelaï se fixèrent, tous deux surpris par la violence de cette manifestation.

« T'as tué la chaise ! » Déclara Liam, incapable de contenir un rire sincère qui explosa en lui, un éclat libérateur face à l'absurdité de la situation qui résonnait dans la pièce, offrant un bref répit à la tension qui les avait étreints.

L'attitude arrogante de Liam agaça Lorelaï. Sa colère, qui s'était légèrement apaisée grâce à la distraction provoquée par la destruction de la chaise, gronda à nouveau en elle. Une nouvelle vague d'émotions tumultueuses menaçait de déferler. Soudain, attiré par le bruit, Castiel qui venait tout juste de rentrer, se précipita dans la pièce, le visage empreint d'inquiétude et d'incompréhension.

« C'était quoi ce bruit ? » Demanda-t-il, son regard paniqué scrutant la pièce.

Il semblait essoufflé, ayant accouru dans le but de parer à n'importe quelle menace éventuelle le plus rapidement possible. Il observa Liam dont le torse se soulevait au rythme de son rire incontrôlable, puis Lorelaï, qui semblait prête à se jeter sur le vampire. Ses yeux se posèrent sur les débris de la chaise dispersés sur le sol. Son regard passa de l'un à l'autre, jusqu'à ce que Liam, s'essuyant les larmes qui s'étaient accumulées aux coins de ses yeux, lui réponde.

« Rien de grave ! C'était juste Lorelaï qui a assassinée une pauvre chaise sans défense ! »

Castiel fronça les sourcils d'incompréhension suite à la déclaration incongrue du vampire.

« Qu'est-ce que tu peux m'énerver toi ! » Dit Lorelaï entre ses mâchoires serrées d'exaspération.

Suite à un nouveau geste de la jeune femme, ce fut cette fois-ci le bureau qui vint percuter le mur violemment, manquant de toucher Castiel de peu. Il eut à peine le temps d'éviter le projectile, sautant sur le côté pour se mettre hors de danger. Il restait ahuri face à la scène qui venait de se dérouler sous ses yeux, les battements de son cœur s'accélérant sous l'effet de l'adrénaline.

« Attention Castiel, c'est une tueuse de meuble en série ! » Commenta Liam maintenant hilare.

Ayant compris le fonctionnement de son nouveau pouvoir et dans le but évident de donner une leçon à l'horripilant vampire qui avait provoqué son fiel, Lorelaï fit un mouvement de la main avec détermination vers lui. Sa posture était droite, ses épaules carrées témoignant de sa résolution. Ses prunelles émeraudes brillaient d'une intensité saisissante, témoignant de la rage contenue qui brûlait en elle.

À l'instar des meubles, Liam fut violemment éjecté contre le mur, suspendu dans les airs à un mètre du sol. La surprise se peignit sur son visage, ses yeux s'écarquillant sous l'effet de l'inattendu. Sa mâchoire se crispa, trahissant son mécontentement. Tout sourire avait désormais disparu, remplacé par une grimace empreinte de colère et de frustration. Les muscles de son corps se tendirent, prêts à l'action, tandis que son regard sombre se verrouillait sur Lorelaï. Le retournement de situation provoqua cette fois-ci l'hilarité de Castiel, qui ne put retenir un rire joyeux face à cette situation rocambolesque. Son rire résonna dans la pièce, vibrant avec une légèreté libératrice.

« Bah Liam, tu n'as plus envie de rire ? » Le défia Lorelaï d'un ton narquois, sa voix teintée d'une satisfaction perverse.

Un éclat de défi mêlé d'amusement dansait dans les prunelles de Castiel, qui assistait à la scène avec un mélange d'étonnement et de divertissement. Il était captivé par cette confrontation inattendue, ses sens en éveil devant l'aura électrique qui régnait dans la pièce.

Liam lança un regard noir à la jeune femme impudente qui lui faisait face, ses yeux d'un vert ténébreux étincelant d'une menace silencieuse. Il semblait prêt à bondir, à riposter avec la férocité d'un prédateur blessé.

« Fais-moi descendre ! » Lui ordonna-t-il d'une voix rauque, l'intonation trahissant sa colère refoulée.

Un sourire plein de malice s'étira sur les lèvres de Lorelaï, reflétant son plaisir de tenir le dessus dans cette confrontation.

« Comme tu veux ! »

Lorelaï déploya sa magie une fois de plus, dissipant la force invisible qui maintenait Liam en l'air. Le vampire chuta lourdement sur le sol, avec une pointe de douleur traversant son expression en même temps que son corps. Il se releva rapidement, tentant de masquer son humiliation et sa rage. Sans un mot, il quitta la pièce d'un pas furieux, claquant la porte derrière lui.

« Aucun humour ce garçon ! » Déclara Lorelaï d'un ton taquin, l'excitation de sa victoire toujours présente dans sa voix. Un sourire triomphant étira ses lèvres, illuminant son visage d'une aura espiègle.

La raillerie de Lorelaï provoqua un rire aux éclats chez Castiel, brisant brièvement la tension ambiante. Les éclats de rire résonnèrent dans la pièce, vibrant avec une note de légèreté qui apporta un bref répit à l'atmosphère chargée. Cependant, l'instant de complicité entre Castiel et Lorelaï fut de courte durée. Après avoir repris son souffle, Castiel sembla se refermer, son expression se voilant de nouveau. Il esquissa un sourire gêné, puis se détourna et quitta le bureau, laissant Lorelaï seule avec les traces de sa manifestation télékinétique.

Ne se laissant pas abattre par cette tentative de réconciliation ratée avec Castiel, Lorelaï s'accroupit pour commencer à ramasser les livres éparpillés au sol. Elle sentait encore les résidus d'électricité dans l'air, témoins de l'énergie qu'elle avait déchaînée. Elle inspira profondément, cherchant à calmer son esprit tourmenté par les événements récents.

C'est à ce moment-là qu'Eden entra dans la pièce. Elle observa l'état du bureau, les livres abandonnés et les débris de la chaise brisée. Son regard perçant se posa sur Lorelaï, dégageant une aura protectrice et attentionnée. Elle s'approcha de la jeune femme et lui demanda d'une voix douce :

« Tu t'es battu avec quelqu'un ? »

Lorelaï haussa simplement les épaules, incapable de trouver les mots pour expliquer la complexité des sentiments qui l'avaient envahie.

Eden prit alors la parole à nouveau, sa voix douce résonnant dans le silence.

« Si tu as vraiment besoin de te défouler, laisse-moi te faire une suggestion : Liam ferait, à mon avis, un très bon punching-ball ! »

Aux mots d'Eden, Lorelaï esquissa un sourire timide, ses lèvres se courbant légèrement avant de s'effacer rapidement du visage de la jeune femme soucieuse. Une ombre passa dans son regard, trahissant une inquiétude profonde. La capacité de la louve à déchiffrer les émotions d'autrui lui permettait de lire entre les lignes et de saisir les subtilités des situations. Elle était capable d'interpréter et d'appréhender les émotions qui animaient les personnes autour d'elle avec justesse.

De ce fait, elle comprit aisément ce qui provoquait la réaction froide de la jeune sorcière en cet instant. Eden, qui avait développé une appréciation particulière pour Lorelaï, sentit le besoin de la rassurer. Elle se pencha pour ramasser l'épais volume que Lorelaï avait parcouru quelques minutes plus tôt, sentant son poids entre ses mains et l'odeur caractéristique des vieux livres flotter autour d'elle.

« Laisse-lui un peu de temps... » déclara-t-elle d'une voix douce empreinte de compassion.

Lorelaï releva la tête vers son interlocutrice, arquant un sourcil avec une expression de doute. Son regard scrutait celui d'Eden, cherchant à comprendre les paroles réconfortantes qui venaient de lui être adressées. Voyant la réaction perplexe de la jeune femme, la louve reprit d'un ton plus assuré :

« Castiel... Il faut qu'il digère tout ce qui s'est passé. Il en a énormément souffert. Il ne l'avouera pas, il essaiera de le cacher autant que possible, mais toute cette histoire lui a causé une grande douleur. Je commence à bien le connaître, et je t'avouerai que je suis même étonnée qu'il soit encore là, qu'il continue de te soutenir. Cela témoigne de l'attachement profond qu'il ressent envers toi... »

Lorelaï ne connaissait que trop bien l'impact des propos odieux qu'elle avait eu à l'encontre du Lycan. Elle revivait en mémoire les expressions de peine démesurée qui avaient envahi le visage de Castiel lorsqu'elle l'avait repoussé avec tant de froideur. Les larmes retenues dans ses yeux, les lignes de tristesse tracées sur son front... Tout cela était gravé dans sa mémoire. Elle avait été celle qui avait le plus profondément blessé le Lycan lors de la période où elle était sous l'emprise de la bague. Le souvenir de son comportement inhumain lui rappelait constamment la souffrance qu'elle avait infligée à cet homme auquel elle tenait profondément. La culpabilité la tourmentait sans relâche, créant une pression étouffante sur sa poitrine. Son cœur se serra douloureusement sous le poids écrasant de la responsabilité.

Dans un geste instinctif, elle ferma les yeux, cherchant à échapper aux images pénibles qui envahissaient son esprit tourmenté. Un soupir profond s'échappa de ses lèvres, porteur de tristesse et de regrets. Les sons ambiants semblaient s'estomper tandis qu'elle se repliait sur elle-même, submergée par ses émotions tumultueuses.

Cependant, la présence réconfortante d'Eden se fit sentir. Sa main chaude et apaisante se posa avec tendresse sur celle de Lorelaï, créant un contact tangible qui lui rappelait qu'elle n'était pas seule dans son tourment.

« Excuse-moi, je ne voulais pas être indiscrète, ni t'accabler davantage... » Murmura Eden d'une voix douce, empreinte de compréhension.

Le toucher réconfortant d'Eden et sa voix empreinte de compassion vinrent apaiser quelque peu la détresse de Lorelaï. Une vague de reconnaissance et de gratitude parcourut la jeune femme, lui offrant un répit fugace dans sa douleur intérieure. Elle ouvrit lentement les yeux, plongeant son regard dans celui d'Eden, reconnaissante de sa présence réconfortante et de sa volonté de l'aider à traverser cette épreuve.

« Il n'y a pas de mal, ne t'inquiète pas. » Lui assura Lorelaï, sa voix tremblante d'émotion. avec un sourire triste.

À ces mots, toutes deux se turent et replongèrent dans leurs lectures respectives, absorbées par les mots imprimés sur les pages qui s'étendaient devant elles. Le silence emplit la pièce, seulement interrompu par le bruissement des feuilles et les légers froissements des parchemins entre leurs doigts.

Quelques minutes plus tard, Eden brisa à nouveau le calme, rompant le fil de leurs pensées immergées dans les récits qu'elles découvraient. Sa voix résonna doucement, cherchant à apporter une note de réconfort à Lorelaï.

« Si cela peut te rassurer, tu n'es pas la seule sorcière à souffrir de malchance ! » Déclara-t-elle.

Le regard perplexe de Lorelaï en réponse à cette affirmation incita Eden à expliquer davantage sa pensée.

« Je viens de lire le récit de la vie d'une jeune sorcière qui a eu la malheureuse idée de tomber amoureuse d'un membre de l'Inquisition, pour finir trahie et assassinée par sa propre confidente. Si ça ce n'est pas du manque de chance ! »

Les mots d'Eden semblaient résonner dans l'air, créant une ambiance teintée d'amertume et de destinée funeste. Lorelaï saisit l'allusion et comprit immédiatement qu'Eden faisait référence à la vie tragique d'Amélia, une de ses ancêtres.

« Je sais, c'est dans nos gènes... » Murmura Lorelaï, consciente des revers de fortune qui semblaient suivre sa famille depuis des générations.

Eden, cherchant à comprendre davantage, questionna la jeune sorcière sur ces propos énigmatiques.

« Comment ça ? Chez les sorcières, tu veux dire ? »

Lorelaï précisa ses paroles, révélant une partie de son histoire familiale.

« Dans ma famille, plus spécifiquement ! » Confia-t-elle.

Perplexe, Eden chercha à saisir le sens caché des paroles de Lorelaï. Devant son expression interrogative, la sorcière ajouta des éléments supplémentaires pour éclairer sa pensée.

« Le nom d'origine de ma famille est Boleign. »

Comprenant finalement les propos tenus plus tôt par la jeune femme, Eden écarquilla les yeux.

« Je parlais donc d'une de tes ancêtres. Je suis désolée, je l'ignorais. »

Lorelaï acquiesça légèrement, reconnaissant que ses paroles avaient été obscures jusqu'à présent.

« À dire vrai, elle n'est pas seulement une de mes aïeuls... »

« Que veux-tu dire ? » Demanda Eden, une nouvelle fois perdue.

« Est-ce que tu crois en la réincarnation ? »

« Absolument, mais pourquoi tu me demandes... Attend un peu, tu veux dire qu'Amélia... » Commença Eden, réalisant enfin la raison de la question de Lorelaï.

Lorelaï hocha la tête pour confirmer les supputations de la louve.

« Je retire ce que j'ai dit plus tôt ! Tu as vraiment une poisse incroyable ! »

« Et encore, tu n'as pas idée à quel point ! Amélia Boleign est non seulement tombé éperdument amoureuse d'un membre de l'inquisition, qui soit dit en passant était une vie antérieure de Timothy, mais en plus elle en est tombée enceinte. »

« Tu... Elle... Enfin bref, Amélia a eu un enfant avec cet homme ? »

« Yep ! » Confirma Lorelaï avec un sourire teinté d'ironie.

« Un enfant issu de l'union d'une sorcière et d'un membre de l'Inquisition... Vraiment un héritage génétique hors du commun ! On devrait interdire ce genre d'union... » murmura Eden, secouant la tête face à cette révélation.

Aux mots d'Eden, les yeux de Lorelaï s'écarquillèrent, réalisant soudainement l'importance de ce qu'elle venait de dire.

« Attends une seconde... Mais bien sûr ! Tu es un génie, Eden ! » s'exclama-t-elle, une étincelle d'espoir illuminant son regard.

Un éclair de lucidité venait de la traverser, mettant les pièces du puzzle en place. Elle tenait enfin la solution.

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