Chapitre 3 : Passé & présent
Avertissement, ce chapitre contient une ou plusieurs scènes choquantes pouvant heurter la sensibilité.
L'hilarité provoquée par cette scène était telle qu'il leur fallut quelques minutes pour calmer les soubresauts qui parcouraient leurs corps. Lorelaï se tenait les côtes douloureuses tant elle avait ri. Castiel, quant à lui, avait le haut de son corps plié vers l'avant, ses deux mains sur ses genoux. Il tentait tant bien que mal de retrouver son souffle.
Une fois qu'ils furent remis de leurs émotions, Castiel essuya les larmes de ses yeux et dit :
« Le moins que l'on puisse dire, c'est que tu sais soigner tes entrées ! Je dois admettre que je suis ravi de ne pas avoir séché les cours pour une fois. »
« Cela aurait été dommage que tu rates ça ! » Répondit Lorelaï en lui adressant un clin d'œil complice.
« En effet ! » Affirma-t-il avec sincérité.
« En tout cas, j'avoue être assez fière de mon effet. Je pense qu'à l'avenir ça dissuadera ce cher monsieur Fisher d'embarrasser les nouveaux élèves. »
« Ah pour le coup, je pense que tu l'as vacciné pour longtemps ! » Il rendit le clin d'œil de Lorelaï. « Puisqu'on en est aux aveux, je dois dire que j'ai particulièrement aimé ta présentation, surtout tes hobbies ! » Ajouta-t-il, le regard pétillant, les yeux pleins de malice.
« Tu m'en diras tant ! Je me demande bien pourquoi tu as retenu cette partie spécifiquement. »
Elle explosa de rire et secoua la tête, en levant les yeux au ciel pour la deuxième fois de la journée, amusée par la prévisibilité de cette remarque.
« Tu sais tu n'avais pas besoin d'aller aussi loin pour attirer mon attention. » Lança-t-il avec un regard taquin et un demi-sourire envoutant.
Les mots empreint d'arrogance du jeune homme, amusèrent Lorelaï. Elle, chez qui l'espièglerie était des plus prononcé. Elle le regarda donc avec effrois, telle une enfant en faute, la main posée dramatiquement sur sa poitrine.
« Oh non... Tu m'as percée à jour ! Oui, j'ai fait tout ça pour toi ! Je... Je t'aime Castiel ! Attends, c'est bien Castiel au fait ? »
Il ne répondit pas, vexé. Face à la réaction du jeune homme, elle explosa de rire.
« Susceptible le garçon, non ? » Dit-elle moqueuse.
« Absolument pas ! » Répondit sèchement le jeune homme, refusant d'admettre qu'elle eût pu la blesser de quelque manière que ce soit.
« Oh, ne fais pas la tête ! Désolée, mais tu m'as tendu la perche et je n'ai tout simplement pas pu résister... »
"Mouais." Se contenta de répondre Castiel, le regard sévère.
« Bon, ben vu que tu boudes, je te laisse. Je m'en vais, d'autant que le plus intéressant de la journée en ce qui concerne le lycée est passé... » Elle n'eut pas longtemps à patienter pour obtenir la réaction escomptée.
« Qu'est-ce que tu proposes ? » La questionna-t-il soudainement intrigué par les propos de son interlocutrice.
« Eh bien puisque tu le demandes, je n'ai pas l'intention d'aller voir notre chère directrice, donc je pensais plutôt m'évader d'ici et profiter de la journée ! » Répondit-elle avec un grand sourire.
« Décidément tu es pleine de surprise ! Je dois bien avouer que tu commences à m'intéresser... »
« Je commence seulement ? » Lança-t-elle avec les yeux rieurs, en guise de réponse il lui sourit et Lorelaï aurait juré qu'il rougissait légèrement.
Durant le chemin qui les séparaient de la sortie ils ne cessèrent de se taquiner l'un l'autre, riant à l'unisson. Juste avant qu'ils ne passent la porte, une voix derrière eux lança :
« Rory ? »
Cette voix, issus d'un passé que Lorelaï pensait révolu depuis longtemps, avait pourtant des airs de familiarité rassurante. Elle se retourna instantanément pour faire face à Ethan, se retrouvant complètement prise au dépourvue et sans voix de voir un fantôme de son passé se tenir là devant elle. Castiel reprit le dialogue, le regard interrogatif :
« Rory ? »
Lorelaï mit quelques secondes pour sortir de sa torpeur et répondit à l'adresse de Castiel :
« C'est mon surnom... »
Puis elle s'adressa enfin à celui qui semblait avoir appartenu à une autre vie.
« Ethan ? Mais qu'est-ce que... »
Sa question mourut dans sa gorge et la jeune femme se tut une nouvelle fois sous le choc provoqué par cette rencontre fortuite. Il lui fallut plusieurs secondes pour reprendre contenance, temps durant lequel Lorelaï se rendit compte qu'il était tout à fait logique de se retrouver face à lui.
Tout prit sens rapidement. Après tout c'est dans cette ville qu'elle avait connue Ethan, même si cela semblait très lointain, tenant presque plus de la chimère que du souvenir. Avec tout ce qui s'était passé ces trois dernières années, elle n'avait plus repensé à lui depuis ce qui lui paraissait être une éternité. Il n'avait pas l'air d'avoir tant changé que cela pensa-t-elle. Il avait certes grandi et prit une certaine maturité physique mais ce qui semblait émaner du jeune homme était identique à ce que lui renvoyait sa mémoire.
Il se dégageait de lui quelque chose de coutumier et rassurant. C'était un jeune homme blond, les cheveux en bataille avec le visage long et fin. Ses yeux légèrement tombant étaient d'un bleu foncé profond envoûtant. Son nez était quant à lui long et droit surplombant des lèvres charnues et un menton large avec une légère fossette. Sa mâchoire quant à elle était carré allant de pair avec le sérieux que renvoyait son aura. Tandis que Lorelaï détaillait les changements corporels de celui qu'elle avait autrefois connu ; Ethan, tel un écho, lui rendait la pareille en explorant chaque trait de son visage avec la même minutie. Leur regard se croisait, comme deux miroirs se reflétant l'un l'autre, révélant ainsi la nature profonde de leur lien retrouvé. Il détaillait celle lui faisant face avec cette douceur dans le regard qui le caractérisait autrefois. Il arborait un sourire radieux et communicatif.
« Je ne pensais pas te revoir un jour. » Déclara-t-il tandis que ses bras vinrent s'enrouler autour du corps de la jeune femme dans une étreinte douce et réconfortante. « Mais je dois admettre que c'est une excellente surprise ! » Ajouta le jeune homme dans un murmure au creux de son oreille.
« Tu m'enlève les mots de la bouche ! » Lui répondit-elle simplement détachant son corps du sien, encore incapable de réaliser que c'était bien Ethan avec qui elle se trouvait nez-à-nez.
Castiel, qui jusqu'alors était demeuré silencieux et n'avait été qu'un spectateur passif, finit par intervenir et coupa court à ces chaleureuses retrouvailles et ne pouvant dire autre chose que :
« Mais... Mais vous vous connaissez ? »
Bien que la réponse à sa question fût évidente, il n'avait pu retenir ces mots. Il était ébranlé par la proximité indéniable entre Lorelaï et Ethan. Il vouait une haine sans borne à l'adresse de ce dernier et le sentiment était réciproque. Cette inimitié dépassait largement le cadre des querelles ordinaires d'adolescents et ne résidait pas sur la base d'une simple divergence d'opinion ou d'un problème de compatibilité de caractère.
Il n'en avait pas toujours été ainsi. Bien que leurs personnalités respectives soient aux antipodes l'une de l'autre, ils avaient été amis durant plusieurs années. Période durant laquelle leurs affections sincères s'était traduite par un soutien indéfectible et une confiance absolue. Leur relation s'était profondément dégradée jusqu'à se transformer en une aversion féroce à la suite d'un enchainement d'évènements funestes.
****
Castiel avait eu une enfance des plus difficiles. En plus d'être issus d'une famille aux ressources limitées, il n'avait pas grandi dans un cadre aimant ou même serein au sein duquel tout enfant devrait pouvoir s'épanouir. Son père était un homme violent et aigrie, qui passait la frustration de ses échecs personnels à coup de poing sur ses proches, les maltraitants et tyrannisant à la moindre occasion.
Quand ils avaient 15 ans, Ethan très conscient des difficultés évidentes que rencontraient celui qu'il considérait alors comme son frère, avait voulu intervenir dans une volonté de lui venir en aide. Il avait dénoncé les abus constants du patriarche aux autorités compétentes, ce qui déclencha une enquête officielle. Malheureusement ils n'avaient non seulement pas arrangé la situation de Castiel et de sa famille, mais au contraire la résultante avait été pire qu'avant leurs interventions. Au cours des semaines qui suivirent, la mère de Castiel l'abandonna lui ainsi que sa petite sœur alors âgée de 6 ans, ne supportant plus les sévices que lui faisant subir quotidiennement son mari. À partir de cet instant tout avait été de mal en pis. Durant l'année de ses 16 ans, le père de Castiel qui noyait de plus en plus ses tourments dans l'alcool avait eu vent de la dénonciation de l'ami de son fils par l'intermédiaire d'une connaissance qui travaillait au sein de la police.
Ce soir-là, il but plus que de raison alimentant sa rancune et son mépris pour un fils qui ne lui avait causé que déception et problèmes. Il le tenait responsable de la situation précaire dans laquelle ils se trouvaient. La rage qui l'habitait en cet instant était meurtrière, si bien que quand Castiel rentra du lycée la plupart des meubles de ce qui constituait leur maison avaient été détruits. Dans un coin de la pièce se tenait le père du jeune homme, il avait le teint blafard et les yeux injectés de sang. Dans une de ses mains il tenait une bouteille de bourbon bon marché et dans l'autre une cigarette à moitié consumée. Il toisait son fils avec dédain. Quand Castiel croisa son regard il ne pût réprimer un mouvement de recul tant la folie qui émanait de son géniteur était terrifiante.
« Alors comme ça on va se plaindre auprès de ses petits camarades ? » Avait demandé son père la voie déformée par le dégoût non dissimulé qu'il éprouvait pour Castiel.
« De quoi parles-tu ? »
À ces mots l'homme aveuglée par sa démence et les sens embués par l'alcool lança la bouteille qu'il tenait avec force contre le mur à quelques centimètres à côté de la tête de Castiel. Ce dernier mis ses mains autours de son visage pour se protéger des éclats suites aux fracas du verre contre la surface dure.
« En plus de pas savoir fermer ta gueule tu es un idiot ! » Siffla-t-il avec véhémence.
Castiel ne comprenant sincèrement pas ce qui avait provoqué la fureur de l'homme méconnaissable qui se tenait face à lui, ne dit mot. Face au mutisme de son fils qu'il associa à de la lâcheté, il s'avança jusqu'à lui et le gifla avec force. La puissance de son geste fit s'effondrer au sol le jeune homme, dont la joue rougissait à vue d'œil. Castiel porta sa main tremblotante à son visage meurtri. Il sentait le sang pulser avec vigueur sous sa paume, la douleur lancinante chauffant sa chair. Il regarda avec épouvante celui qui n'avait était qu'un tortionnaire depuis son premier souffle. Il demeurait cependant silencieux. D'une part car sa bouche était bien trop sèche pour que le moindre mot ne puisse franchir le pas de ses lèvres frémissantes, d'autre part du fait qu'il avait pleinement conscience de la dangerosité de répondre de quelques manières que ce soit à son bourreau. Il était évident qu'en cet instant il serait inutile de palabrer avec cet être terrifiant le menaçant de toute sa hauteur, pire cela serait perçu comme une provocation de sa part. Sa situation étant déjà précaire, il choisit donc de garder ses lèvres closes.
« Laisse-moi te rafraîchir la mémoire "fils"... Je te parle du fait que tu as été bavé auprès de ton petit copain le gosse de riche ! »
À ces mots, un frisson parcourût le corps de Castiel. La voix du patriarche était inhumaine et tenait plus du râle, tant celle-ci était altérée par ses démons intérieurs.
Il lui attrapa le col de son t-shirt miteux, le déchirant au passage et le releva durement. Castiel écarquilla les yeux. Il ne savait pas pourquoi son père avait pu penser qu'il avait été raconté quoique ce soit à Ethan. Il avait toujours fait de son mieux pour cacher les sévices dont il était victime tant il avait honte d'admettre ce qu'il subissait.
« C'est ce petit con prétentieux qui a cru bon de se mêler de ce qui ne le regardait pas ! »
Un flot continu de coups assaillirent le visage de Castiel accompagné d'injures en tout genre de la part de son agresseur. Il tomba pitoyablement au sol une fois encore. Son père lui cracha au visage et se détourna de lui quelques instants. Ce dernier avait atteint le point de non-retour et était incapable de raisonner. Il abhorrait l'être faible et minable qui gisait à ses pieds, crachant du sang et gémissant. Quand il aperçût le marteau sur le comptoir de la cuisine, la résolution d'achever celui-là même qu'il n'avait été qu'un poids depuis le jour de sa naissance, s'imposa à son esprit irrationnel. Il se saisit de l'outil et s'avança vers son misérable fils le surplombant de toute sa hauteur. Il leva le marteau au-dessus de sa tête. Castiel était allongé là, affalé tel un pantin désarticulé. Les paupières du jeune homme étaient lourdes, celui-ci frôlant l'inconscience tant les coups qu'il avait reçus l'avait mis à mal et n'avait pas connaissance de la situation mortelle dans laquelle il se trouvait.
C'est à ce moment précis que la petite sœur du jeune homme rentra de l'école. Elle était une fillette douce et candide, surtout avec son grand frère qui prenait soin d'elle et l'aimait depuis sa naissance comme si elle avait sa fille et non sa cadette. Il l'avait même protégée des excès de rage de leur père, lui cachant la noirceur qui habitait celui-ci.
« Cassy ? » S'exclama la petite fille.
Tout se passa en un instant. Castiel n'eut pas le temps de comprendre, ni de réaliser ce qui se déroulait sous ses yeux mi-clos. La petite fille n'ayant aucunement conscience du danger dans lequel son aîné se trouvait, s'était précipité devant lui ; se retrouvant de ce fait entre celui-ci et l'arme mortelle que son père brandissait. Castiel, ne comprenant que trop tard ce qui était en train de se dérouler devant lui, regarda avec effroi la scène macabre se dérouler sous ses yeux impuissants. Un bruit sourd et terrifiant retentit. Le corps mou de la petite fille s'écroula au sol à la suite de Castiel.
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