Chapitre 24 : Le larcin


Lorelaï pénétra avec une assurance solennelle dans l'enceinte de cet établissement au charme sobre et distingué. Les murs, revêtus d'un élégant habillage de boiseries foncées, exsudaient une aura de dignité discrète. L'architecture, empreinte de classicisme, se déployait en un délicat équilibre entre lignes droites et courbes délicates, conférant une majesté feutrée au bâtiment. 

Pourtant, dissimulée derrière cette apparente et cependant trompeuse respectabilité, se trouvait une menace latente bien cachée dans ses murs . En ce lieux froid se tapissait une organisation implacable, avide de la destruction de la jeune femme et de celle de ses semblables.

Le seul indice, ténu mais révélateur, trahissant la véritable nature de cet endroit sinistre, fut la sécurité qui s'y trouvait omniprésente. 

Une odeur d'aseptisant flottait dans l'air, conférant au lieu une atmosphère dépouillée et désincarnée. Les narines de Lorelaï étaient assaillies par ce parfum chimique, mélange de désinfectant et de métal poli, qui imprégnait l'atmosphère d'une note froide et clinique.

Alors qu'elle s'enfonçait dans ce lieu, elle fut accueillie par le regard scrutateur d'un garde austère et imposant. Sa stature imposante et sa carrure robuste suggéraient une présence intimidante, tandis que son visage impassible révélait un professionnalisme intransigeant.

Elle avança d'un pas décidé vers le poste de sécurité, son visage arborait une expression de confiance naturelle, comme si elle était en terrain connu. Son regard perçant, glacé, renforçait cette impression d'assurance. Lorsqu'elle s'adressa au garde, sa voix résonna avec une froideur implacable, presque impitoyable.

« Veuillez patienter, mademoiselle... » interpella le garde d'une voix grave, accentuant l'impression de solennité qui émanait de lui.

Lorelaï, prête à jouer le rôle qui lui était dévolu pour s'infiltrer, lui répliqua d'un ton tranchant, sans une once de compromis :

« J'ai entrepris un voyage épuisant de quinze heures sur ordre catégorique de Monsieur Bierko en personne, m'ordonnant de me présenter sans délai pour recevoir ma nouvelle affectation. Si vous me le permettez, je n'ai guère le temps de m'attarder à respecter votre prétendu protocole de sécurité ! »

Son élocution était incisive, chaque mot prononcé avec une précision calculée. Sa voix, froide et cinglante, ne tolérait aucune contestation. Un silence électrique s'installa, brisé seulement par le murmure distant des activités se déroulant au sein de l'établissement. 

Son regard, chargé d'une assurance insolente, soutenait celui du garde, défiant toute contestation. Les secondes s'écoulaient dans un silence tendu, lequel fut brisé par un soupir résigné du gardien qui finit par céder à l'audace et à l'impertinence de la jeune femme.

Lorelaï qui semblait parfaitement sereine en apparence, retenait son souffle intérieurement. C'était le moment de vérité, soit son culot et sa stratégie allaient payer et elle allait réussir à berner ce garde. Soit, il aurait vu clair en elle et aurait donné l'alerte après avoir démasqué la supercherie. Si la seconde hypothèse venait à se vérifier, elle serait sans aucun doute constituée prisonnière et cette fois-ci une évasion serait beaucoup plus difficile pour ne pas dire impossible.

Le garde qui la fixait toujours, semblait moins confiant qu'au début de leurs échanges. Il finit par reprendre la parole.

« Oh... Je vous prie de bien vouloir m'excuser, vous devez être... »

« Némésis, en effet. » Le coupa Lorelaï d'une voix glaciale.

Ce pseudonyme était le nom de code qu'elle avait appris lors de sa rencontre avec la  redoutable tueuse professionnelle à la solde des Hantā. Poursuivant sur sa lancée, elle fit un geste de la main devant elle, demandant la permission de poursuivre son chemin.

« Puis-je ? » Demanda la jeune femme, son ton arrogant et ses yeux cruels pétillant d'un défi insidieux, lançant une invitation lugubre à contredire, aux risques et périls de son interlocuteur.

« Oui, oui, allez-y ! » Avait bafouillé le garde désormais terrifié par Lorelaï.

Il semblait rempli de terreur à la simple évocation du nom prononcé plus tôt par la jeune femme. Lorelaï, qui avait vu les souvenirs de la véritable Némésis, ne pouvait que comprendre la réaction de celui-ci. En effet le hasard avait voulu qu'elle revête le rôle de la plus cruelle, prolifique et efficace des tueuses de cette organisation.

Tous connaissaient la réputation sinistre de celle-ci mais peu, en dehors de ses infortunées victimes, connaissait son identité. Si ce garde avait été moins effrayé par cette femme et plus perspicace, il aurait aisément pu supposer qu'il était inconcevable que le spectre de cette organisation dévoile ainsi son pseudonyme et plus encore son visage.

Lorelaï avait misé sur l'effet redoutable que provoquerait l'évocation de cette femme, quasiment chimérique pour la plupart des membres de l'inquisition, afin de susciter une terreur suffisante pour lui permettre de franchir les contrôles de sécurité sans avoir à justifier de son identité.

Le stratagème des plus risqués de la sorcière fonctionna. Le garde bien trop épouvanté à l'idée de contrarier la jeune femme devant lui, renonça à lui demander un quelconque laissez-passer et lui permit d'aller directement vers les ascenseurs du bâtiment. Non seulement Lorelaï avait réussi à duper ce vigile mais son plan audacieux la dispensa de renouveler ce procédé sur les autres postes de sécurité avancée.

Une fois seule, elle se retrouva face à un dédale impressionnant, un réseau de couloirs s'étendant à perte de vue, les archives de l'organisation prenant des allures labyrinthique. Les étagères s'empilaient de part et d'autre, regorgeant de documents anciens, de manuscrits jaunis par le temps, de parchemins mystérieux et de reliures précieuses. C'était un véritable trésor de connaissances, une mine d'informations secrètes, soigneusement dissimulées dans ces couloirs souterrains.

Lorelaï sentait une excitation grandissante en elle. L'envie irrésistible d'explorer chaque recoin, de déchiffrer chaque texte, de percer les mystères enfouis dans ces pages anciennes la consumait. Ses yeux brillaient d'une soif insatiable de connaissance, tandis que l'odeur enivrante des vieux livres emplissait l'air, mélangeant des notes de poussière, d'encre séchée et de papier vieilli.

Elle avança avec précaution, ses doigts effleurant les étagères tandis qu'elle lisait les titres des ouvrages, s'arrêtant parfois pour saisir un livre au hasard et en parcourir les pages de son regard avide. Les connaissances interdites, les prophéties oubliées, les secrets les plus sombres de l'organisation étaient à portée de main.

Pourtant, elle se rappela soudainement de l'urgence de sa mission. Sa curiosité dévorante devait temporairement céder la place à l'objectif primordial qui l'avait menée ici. Elle retrouva sa détermination et se concentra sur la recherche de la prophétie tant convoitée.

Finalement, après un temps qui lui sembla à la fois interminable et fugace, elle la découvrit. Un manuscrit vénérable, enseveli sous une épaisse couche de poussière, enfermait les révélations tant attendues. Avec précaution, elle le saisit, ressentant l'énergie qui émanait de ses pages séculaires, et le glissa délicatement dans son sac.

La tentation de tout explorer et de tout lire persistait en elle, mais elle savait que l'heure n'était pas venue. Elle devait d'abord remplir sa mission, puis, peut-être, reviendrait-elle un jour pour satisfaire sa soif insatiable de savoir.

Alors qu'elle s'apprêtait à quitter la pièce, son regard fut happé par un ouvrage imposant, sur lequel un unique mot était inscrit en lettres majestueuses : "Boleign". Ce même nom qui résonnait dans sa mémoire, rappelant les paroles de Timothy à l'hôtel, lorsqu'il lui avait révélé la tragique vérité sur la mort de son arrière-grand-mère, Catleen. "C'était la dernière sorcière active de la famille Boleign..." lui avait-il alors dit.

C'était l'histoire de toute sa famille consignée au fur et à mesure des siècles. Bien qu'il fût écrit du point de vue partial de l'Inquisition et certainement dépourvu d'objectivité, elle n'hésita pas une seconde et le mit également dans son sac. Ce voyage au-delà des lignes ennemies se révélait extrêmement fructueux, songea-t-elle. Décidant cependant de ne pas provoquer sa chance plus longtemps, elle sortit de la salle satisfaite mais néanmoins déçue que le temps lui manqua.

À ces yeux, il était plus que temps de tirer sa révérence. Alors qu'elle s'apprêtait à quitter enfin le bâtiment, le garde qu'elle avait croisé plus tôt l'interpella une fois de plus.

« Excusez-moi de vous déranger une nouvelle fois madame, mais monsieur Bierko vient d'arriver ; il fallait qu'il se rende au plus vite dans la salle des archives. Il m'a demandé de vous envoyer là-bas, le rejoindre. Il voulait s'entretenir avec vous sur un sujet de la plus haute importance.»

S'il se rendait de manière si pressée dans cette salle, cela ne pouvait signifier qu'une seule chose, il avait finalement dû faire le rapprochement entre la prophétie et elle. Plus grave encore, l'écrit qu'il cherchait se trouvait actuellement dans son sac. Il allait de ce fait, très rapidement se rendre compte de son absence, en déduire qu'une personne l'avait volé et finalement donner l'alerte.

En résumé, il devenait plus qu'urgent qu'elle sorte d'ici. Il lui fallait au plus vite trouver un subterfuge efficace et cohérent pour la tirer de ce mauvais pas. Pressée par le temps elle ne finit par déclarer :

« Très bien, j'irais le rejoindre dès que possible mais je vais profiter de ces quelques minutes d'accalmie où il est d'ores et déjà occupé, pour sortir faire une petite pause syndicale, si vous voyez ce que je veux dire... »

Lorelaï essayait tant bien que mal de paraître la plus naturelle et détendue possible. Elle ne voulait surtout pas montrer sa nervosité, mais elle pouvait sentir les yeux du garde sur elle, scrutant chacun de ses gestes et chacune de ses paroles. Il sembla de plus en plus soupçonneux

« Vous ne désirez pas le voir au préalable ? » Lui demanda-t-il, haussant un sourcil, circonspect et méfiant de la nonchalance de son interlocutrice. 

Elle lui répondit immédiatement sur un ton qui se voulait volontairement excédé, claquant sa langue de mécontentement et fronçant les sourcils d'irritation.

« Écoutez, comme je vous l'ai déjà dit plus tôt, j'ai un vol de quinze heures dans les jambes, alors je pense donc que je peux bien me permettre de sortir cinq petites minutes pour me détendre et fumer une cigarette ! Et qui plus est, ce n'est certainement pas un larbin de seconde zone tel que vous, qui allez remettre en cause mon autorité ! Vous ne croyez pas ? »

Elle le toisa avec insistance, le regard dédaigneux et emplit de sombres promesses de représailles. Bien que suspicieux, le garde n'insista pas davantage, sans doute de peur des retombées possibles et la laissa partir.

« Bien madame... Je vais prévenir monsieur Bierko. » Ajouta-t-il à l'adresse de la jeune femme.

« Faites donc cela ! » Rétorqua-t-elle avec véhémence.

Sur cette dernière réplique cinglante, elle quitta d'un pas calme le bâtiment. Sentant enfin la douce caresse libératrice de la brise sur son visage, elle héla un taxi qui passait devant celui-ci. Au moment où la voiture démarrait, elle aperçut Timothy qui sortait en trombe de l'immeuble qu'elle venait tout juste de quitter. 

L'homme était en proie à la panique. Il scrutait frénétiquement la foule, cherchant désespérément quelqu'un. Ses yeux s'agitaient, balayant les environs dans toutes les directions possibles. La tension se lisait sur son visage, ses sourcils froncés trahissant son inquiétude grandissante. Quand finalement son regard vint se poser sur la sorcière, la reconnaissance mêlée à une profonde incompréhension traversa son visage, provoquant une série de réactions physiques incontrôlées. Ses pupilles se dilatèrent en un instant, ses lèvres s'entrouvrirent de surprise, et son souffle se coupa brièvement. Comment diable était-ce possible ? Que faisait-elle ici, à ce moment précis ? Un frisson glacial remonta le long de sa colonne vertébrale sous la compréhension. L'horreur s'était emparé de lui lorsqu'il avait finalement réalisé l'impensable : Lorelaï était celle qu'il cherchait avec tant d'ardeur. 

Dans ce moment de confrontation silencieuse, Lorelaï, se mit à sourire, triomphante. Elle lui adressa alors, un clin d'œil insolent et un petit geste de la main qui se voulait plein de défis résonnant comme une gifle silencieuse sur la joue de Timothy. Ce simple mouvement de poignet au paroxysme de l'arrogance exacerbant encore davantage la colère montante qui se lisait sur le visage de l'homme que Lorelaï toisait en cet instant. Avant de remonter la vitre de la voiture, elle ressentit une immense satisfaction, pouvant lire la rage indicible qui émanait de cet homme. Ce dernier ne pouvait rien faire hormis regarder, impuissant, le véhicule s'éloigner de plus en plus. Elle avait réussi. Non seulement elle avait pu récupérer ce qu'elle était venue chercher, mais plus satisfaisant encore elle était parvenue à prendre l'avantage. Pour la première fois depuis leurs rencontre elle avait battu cet homme, l'humiliant sur son propre terrain. Un sentiment de jubilation intense s'empara d'elle.

Une fois rentrée à son hôtel, Lorelaï réunit rapidement ses affaires, les chargea dans sa voiture et repartit le plus vite possible direction Hollow Creek. Elle prit soin d'avertir, les autorités de la présence de sa prisonnière dans sa chambre non sans avoir au préalable effacé toutes traces de son passage en ces lieux. Les différents dossiers et armes, que cette tueuse de sang-froid avait sur elle, constituant des preuves plus que suffisantes de ses méfaits, permettraient son arrestation et sa mise hors d'état de nuire. Elle avait gagné une belle bataille aujourd'hui mais certainement pas la guerre. Elle savait pertinemment qu'il y aurait des représailles. C'est pourquoi elle partit en toute hâte et ce sans même jeter un dernier regard derrière elle.

Plus la distance entre elle et sa maison diminuait, plus son angoisse augmentait. Elle était partie une semaine sans dire un mot à qui que ce soit. Elle aurait quelques explications, ainsi que des excuses à fournir. Elle n'était pourtant pas pressée, les ennuis qu'elle avait laissés derrière elle était plus que jamais présents. C'était même pire qu'en partant pensa-t-elle. Cependant cette victoire tant attendue sur Timothy l'avait revigoré, du moins suffisamment pour qu'elle ait le courage de revenir la tête haute.

Elle sentit malgré tout sa témérité vaciller fortement à la vue du panneau annonçant son entrée dans la ville. Ce n'était pas le moment de reculer, pensa-t-elle. Elle décida d'aller en premier lieu chez elle. Il était une heure du matin quand elle franchit sur la pointe des pieds le pas de la porte d'entrée. Son arrivée ne fut pas aussi discrète qu'elle ne l'aurait espéré, une fois encore son frère était là pour lui rendre les choses bien plus difficiles.

Il dégageait de son aîné une telle fureur, qu'elle sentit ses jambes flageoler à sa simple vue.

« UNE SEMAINE ! TU TE RENDS COMPTE ??? UNE SEMAINE ET AUCUNE NOUVELLE ! ON T'A CRU MORTE ! » Hurla-t-il à l'adresse de sa cadette.

La voix puissante de Gabriel fit sursauter la jeune femme, la forçant à reculer d'un pas.

« Je suis désolé Gab... » Déclara-t-elle en baissant la tête, honteuse d'avoir été une telle source d'inquiétude pour son aîné.

« TU ES DESOLEE ? OH NON TU NE T'EN SORTIRAS PAS AUSSI FACILEMENT, TU PEUX ME CROIRE ! » Le jeune homme pris une grande inspiration pour reprendre une contenance. C'est la voix plus posée qu'il reprit la parole. « Où étais-tu ? »

« J'avais besoin de changer d'air... » Souffla Lorelaï contrite.

« Quand on veut changer d'air, on disparait quelques heures, pas une semaine entière ! » Rétorqua Gabriel, sentant une fois encore la colère gronder dangereusement en son for intérieur.  Ses yeux d'un bleu intense étaient emplis d'une lueur de déception, et son front se plissait légèrement, trahissant sa frustration.

La pièce était empreinte d'un silence lourd, seulement perturbé par le souffle étouffé des respirations s'entremêlant. L'atmosphère était lourde de tension, les silences chargés de non-dits et les soupirs porteurs d'un épuisement émotionnel. Les regards échangés entre Lorelaï et son frère étaient empreints d'une dynamique complexe, mélange de reproche, d'amour et d'une profonde inquiétude.

« Je sais et j'en suis vraiment désolé. J'avais beaucoup de chose à régler... » Balbutia la sorcière, ne pouvant se résoudre à en dire davantage.

Elle s'était tue. Les mots de Lorelaï s'étaient fait hésitants, presque inaudibles, échappant difficilement des lèvres de la jeune femme qui, submergée par un tourbillon d'émotions, n'était pas parvenue à exprimer pleinement sa détresse.

Sachant pertinemment que sa cadette avait depuis son initiation vécue un véritable enfer, dont il avait conscience d'ignorer toute l'ampleur ; l'humeur de Gabriel s'adoucit légèrement. Cependant le souvenir persistant de cette semaine écoulée, le renvoya directement dans le cœur de la tourmente, ravivant en lui le feu dévorant du ressentiment. Durant de longs jours d'angoisse, il avait été plongé dans les méandres de l'incertitude, ignorant où se trouvait sa jeune sœur et si elle était saine et sauve. 

Les heures s'étaient écoulées, rythmées par des tentatives désespérées de la contacter, des appels restés sans réponse, des messages ayant pour seul écho un silence étouffant. Une anxiété grandissante avait serré son cœur, telle une étreinte de glace, le plongeant dans l'ombre d'une peur incommensurable. Alors, lorsqu'enfin elle avait franchi le seuil de leur demeure, un flot de soulagement s'était déversé en lui, mais il avait rapidement été submergé par une colère mêlée d'une inquiétude dévorante.

« Ça t'aurait tuée d'envoyer un texto ? Un simple signe de vie ? Non parce qu'au cas tu aurais oublié, les membres de notre famille ont légère tendance à mourir tragiquement et jeune ! Bon maintenant c'est très simple jeune fille, tu es consignée et ce jusqu'à nouvel ordre ! » Répondit Gabriel. Le ton de sa voix était rauque, presque étranglé, comme s'il cherchait à retenir une émotion trop forte pour être exprimée.

Un silence suivit cette dernière réplique. Gabriel et Lorelaï se toisèrent quelques instants, avant d'exploser de rire à l'unisson. Dans cet éclat de bonheur partagé, Gabriel et Lorelaï retrouvaient un lien précieux, une connexion qui transcendait les mots. Ils échangeaient des regards complices emplis de reconnaissance et d'amour fraternel. Les fardeaux semblaient s'envoler, les soucis se dissiper, tandis que leur rire résonnait, purifiant leur âme et dissipant les ombres qui les tourmentaient l'un comme l'autre.

« Jeune fille ? Sérieusement ? » Dit Lorelaï en essuyant des larmes de joie qui s'était formée au coin de se yeux pétillant d'allégresse.

« Ça me paraissait plutôt approprié... Je t'avoue que ça sonnait différemment dans ma tête ! » Confessa-t-il, gêné et amusé de sa propre déclaration.

« On aurait dit... »

« Papa ! » Dirent Lorelaï et Gabriel en chœur d'une seule voix.

Après quelques minutes d'excuses supplémentaires et d'explications nécessaires, Lorelaï monta finalement dans sa chambre. La jeune femme avait tue sa rencontre avec les membres disparues de sa famille. Elle sentait le poids d'un tel secret sur ses épaules mais elle n'avait pas su trouver les mots pour aborder un tel sujet. Voulant profiter un peu encore de cette douce accalmie, elle chassa ses remords de ses pensées, comme à l'accoutumé d'un mouvement de tête. Elle décida qu'elle irait seulement le lendemain à l'entrepôt, qu'elle avait quitté furibonde quelques jours plutôt ; ne pouvant supporter l'éventualité d'une autre confrontation. Elle sortit donc ses prises de guerre, s'allongea sur son lit et se lança dans la lecture de la fameuse prophétie.

Elle qui était galvaniser du fait d'avoir repris une arme aussi précieuse des mains de l'inquisition, se décomposa au fur et à mesure qu'elle avançait dans la lecture de celle-ci. Quand elle eût fini une seule et unique chose lui paraissait alors évidente.

Des jours très sombres s'annonçaient.

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