Chapitre 17 : L'instructeur


Lorelaï passa lentement sa main dans ses cheveux tout en soupirant de frustration. Dans une volonté impérieuse de se sentir à nouveau en contrôle, elle rabattit sa couette et alla se doucher. Elle avait espéré que l'eau puisse effacer les traces de la nuit et emporter avec elle tout souvenir de celle-ci, malheureusement elle se sentait toujours autant souillée. La facilité avec laquelle elle avait succombé au vampire lui était insupportable. Bien sûr l'emprise délirante qu'il avait sur elle pouvait l'expliquer, mais cela ne lui rendait pas la chose plus acceptable. Elle sentait les réminiscences des sensations extatiques de la veille l'accabler de remord. Le spectre des délicieuses émotions indécentes tournoyant sans répits dans son esprit. Les caresses, les baisers du vampire la hantait et sa réaction à ceux-ci, bien plus encore. Incapable d'affronter plus avant les ombres obsédantes de cette soirée, elle secoua fermement sa tête. Repoussant de toutes ses forces les vestiges de sa nuit avec Liam.  

Elle décida que le mieux pour ne pas ressasser sans cesse les évènements de la vieille était encore d'aller en cours. Elle s'habilla donc rapidement et descendit dans la cuisine. En entrant dans la pièce elle prit la tasse de café que lui tendait son frère soucieux de la morosité et fatigue évidente de sa cadette.

"Tiens, tu sembles avoir bien besoin d'un remontant, tu as une mine affreuse !" Déclara le jeune homme, les sourcils froncés d'inquiétude.

"Merci beaucoup, que c'est agréable d'entendre de tel compliment de bon matin... Non franchement fallait pas !" Marmonna-t-elle bougonne de l'évidence de son état.

"Je t'ai fait ton café, c'est déjà bien !" La taquina-t-il dans le but de la voir arborer ce sourire qu'il aimait tant.

"C'est mieux que rien, je suppose! Je sais qu'il ne faut pas trop t'en demander." Rétorqua-t-elle, le regard rieur.

Elle lui souriait narquoisement ; puis en regardant sa montre elle déclara :

"Si je continue comme ça je risque d'être en retard, je file..."

Elle avala son café d'une traite, embrassa tendrement son aîné sur la joue et partit en courant de la maison.

Durant le premier cours Lorelaï fit le récit détaillé, via leurs connexions uniques, de ses dernières mésaventures à son amie la plus proche.

-J'hallucine, il n'a pas osé ? Déclara Keiko, interloquée.

-On parle de Liam là, bien sûr qu'il a osé ! Avait rétorqué Lorelaï furibonde.

-Écoute en attendant de trouver une solution plus durable, t'as qu'à venir chez moi... Proposa Keiko.

-Juste pour cette nuit cela me reposera de passer un peu de temps sans avoir cet empêcheur de tourner en rond dans les pattes !

-Par contre j'ai mon nouvel instructeur qui doit me donner une leçon. Cela ne devrait pas être trop long...

-Un instructeur? Ja wohl mein Kommandant! Tu m'as cachée que t'était entrée dans l'armée? Répondit Lorelaï, taquine.

-C'est quasiment ça, mon oncle me l'a imposé en disant je cite qu'il fallait que je me reprenne en main pour réussir à accomplir mon destin... Répondit Keiko, blasée.

-Je vois le genre...

À la fin des cours Keiko, qui devait passer au bureau du dit oncle, laissa Lorelaï seule. Cette dernière décida d'aller boire un verre sur une terrasse pour passer le temps. Elle laissait la douce caresse du vent apaiser les turpitudes de son âme tourmentée, la réconfortante étreinte du soleil l'enlacer. Elle ferma les yeux appréciant le bruit environnant lui donnant un sentiment d'appartenance à la réalité. Les odeurs fascinantes et revigorantes typique de cette douce après-midi hivernale l'emportant dans un tourbillon de cannelle et de marrons grillés, la submergeait.

Cela faisait à peine quelques secondes que son chocolat chaud lui avait été servie, que la jeune femme aperçue Samuel, le frère cadet de Liam. Il l'avait vu lui aussi et s'arrêta pour la saluer.

"Bonjour Lorelaï cela fait plaisir de te voir!" Déclara chaleureusement le vampire en inclinant légèrement la tête devant elle à la manière d'un gentleman.

"Le plaisir est partagé !" Répondit-elle avec un sourire franc sur le visage.

Elle appréciait sincèrement Samuel. Il était le parfait opposé de Liam. Ils étaient tels les deux faces d'une même pièce, diamétralement antinomiques et pourtant intrinsèquement liés. Liam était goguenard, effronté et impulsif. Samuel quant à lui était l'archétype du gentil homme: respectueux, courtois et mesuré.

"Joins-toi à-moi si le cœur t'en dit !" Avait-elle proposé, désignant d'une main le siège libre à sa table.

"Bien volontiers !" Déclara-t-il en s'asseyant. "Alors comment vas-tu ?"

"J'ai connu mieux à dire vrai..." Dit Lorelaï en soupirant.

"Mon frère te mène la vie dure?" Demanda le vampire avec une inquiétude évident ancrée sur le visage.

"Tu n'as pas idée..." Répondit-elle lasse, le regard triste.

Lorelaï ne voulait pas particulièrement évoquer une nouvelle fois les détails embarrassants de sa soirée. Elle savait qu'elle était en partie responsable de ce qui s'était passé, elle n'avait cessé de provoquer Liam. Si elle n'avait pas été aussi arrogante, il n'aurait pas pris tout cela comme une invitation irrésistible à relever le défi. Le comportement de la jeune femme avait été puéril et dangereux.  Aujourd'hui elle payait douloureusement pour sa fierté démesurée. Samuel la sondait du regard conscient que quelque chose de malsain se tramait.

"Mais encore?" La questionna-t-il en fronçant les sourcils.

"Je..." Balbutia-elle, le visage rougissant de honte.

Elle était contrite, le sentiment d'humiliation la submergeant de plus belle ne pouvant se résigner à lui répondre. Samuel n'avait pas eu besoin de plus d'information pour voir ses craintes confirmées. La gêne évidente de la jeune femme suffisant à elle seule à les étayer. Il souffla, en secouant la tête d'indignation.

"Qu'a-t-il fait ?"

Il la fixait maintenant du regard. Il connaissait que trop bien les travers de son frère. La malignité dont il pouvait faire preuve, sa malice ne lui étaient malheureusement que trop familières et il en avait fait les frais que trop souvent par le passé.

"Je t'en prie Lorelaï, raconte-moi. Quoi qu'il se soit passé je ne te jugerais pas." La supplia-t-il.

"Ça ne va pas te plaire..." Répondit-elle en baissant la tête, penaude.

Il la regarda avec insistance ne se dérobant pas à la promesse d'une déplaisante discussion à venir, la poussant à poursuive.

"Comme tu veux... Je t'en prie n'en parle pas à Caleb, je ne sais pas ce qu'il ferait s'il venait à l'apprendre."

Elle avait beau avoir chassé sans ménagement le vampire de sa vie, il était toujours bien présent dans son esprit. Elle se souciait encore sincèrement de son sort. L'inavouable vérité était qu'elle ne tenait plus du tout celui-ci responsable de l'enfer qu'elle avait traversé. Elle comprenait pourquoi le jeune homme ne lui avait pas avoué sa nature et avait une conscience pesante que l'accablement qu'elle avait infligé à Caleb était injuste et surtout intolérable. 

"Je t'en fais la promesse ! Dis-moi tout maintenant..."

Elle inspira profondément pour s'armer du courage nécessaire avant de reprendre la parole.

"J'ai été stupide ! Je n'ai cessé de le provoquer encore et encore. J'avais conscience que je ne le laissais pas indifférent et j'avais besoin de reprendre une certaine forme de contrôle après tout ce qui c'était passé ! Je voulais me venger et je crois que d'une certaine manière je tenais Caleb responsable de ce qui m'était arrivé et plus généralement votre espèce..."

Lorelaï, sentit une larme solitaire couler le long de sa joue rougit par l'embarras. Elle venait de passer la dernière étape du deuil de celle qu'elle était avant cette soirée qui l'avait marquée jusque dans les tréfonds de son être : l'acceptation.  

Samuel écoutait attentivement le récit de la jeune femme, peinée par sa détresse évidente. Il posa simplement sa main sur la sienne en signe de soutien, mais l'interrompit pas.

"Je savais que Liam serait frustré et qu'il prendrait cela comme un challenge à relever. Pourtant j'ai poussé de plus en plus loin mes bravades absurdes... Je pensais naïvement que comme il était incapable de m'hypnotiser, j'étais immunisée à tout autre pouvoir qu'il aurait pu avoir ! J'ai été tellement idiote !" Elle tapa du poing sur la table. "Après tout que pouvait-il me faire ? Il était bloqué dehors !" Déclara la jeune femme en ricanant de sa propre candeur. "Hier soir, alors que j'avais une fois de plus tout fait pour le faire enrager, j'ai fait un rêve... Celui-ci me paraissait tellement réel... Ton frère était là avec moi."

Elle fit une pause, malheureusement Samuel n'eut pas besoin de plus pour supposer de la suite des évènements, mais la laissa continuer malgré tout.

"Bien que mon instinct me hurlait de ne pas le faire, je l'ai invité à entrer. Arrogante que je suis, je ne voyais pas ce que je pouvais risquer ! GRRRRR" Grogna-t-elle furieuse contre elle-même. "Il était charmant, séducteur... J'ai baissé ma garde, ce n'était qu'un rêve après tout !" Elle se massait les tempes. "C'est alors qu'il... Qu'il m'a mordu."

Elle serra les poings avec force et ferma les yeux à ces mots. Samuel ayant bien compris les implications du rêve de la jeune femme et surtout les conséquences de ladite morsure ne put retenir sa colère davantage.

"Je vais le tuer !" Vociféra le vampire, perdant toute contenance face au comportement inadmissible de son aîné.

"C'est ce que je voulais faire également au départ mais ensuite j'ai été prise d'une furieuse envie de lui arracher tous ces vêtements... Ce qui constitue un léger handicap je dois bien l'admettre !"

"Je le savais ! Putain..." Souffla-t-il à lui-même. "Je le savais que ça allait finir de la sorte... Je l'ai su quand je t'ai vu le soir-là dans le bar ! Sa réaction quand il t'a aperçu..."

Tout en disant cela, Samuel se souvînt avec une parfaite exactitude de la lueur malicieuse qu'il avait aperçut dans les yeux de son frère. Il ne savait que trop bien ce que cette étincelle inquiétante et prédatrice dans son regard pouvait signifier : la chasse était ouverte. 

"Comment ça ?" Demanda-t-elle, intriguée par ses propos.

"Tu es totalement son type de femme, belle, sauvage et inaccessible à la fois ! De plus il y a Caleb..."

"Qu'est-ce que Caleb vient faire là-dedans ?" Le coupa-t-elle circonspecte.

"Malheureusement, il n'y a rien que Liam aime plus que la chasse et s'il y a de la compétition c'est mieux encore... Mon frère ne peut résister à un défi, le fait que tu lui ais préféré, quelqu'un de droit comme Caleb, en plus du reste, n'a fait qu'attiser son envie de te corrompre! Son désir de te posséder par tout les moyens !"

"Ce n'est qu'un jeu en somme !" Déclara Lorelaï, sentant la colère l'envahir.

"Exactement..."

"JE NE SUIS PAS UN PUTAIN DE PRIX !" Hurla la jeune femme, la mâchoire serrée pour atténuer le bruit et ne pas attirer encore davantage l'attention sur eux. Elle inspira profondément pour tenter de se calmer. "Et à la fin du jeu il se passe quoi ?" Demanda-t-elle, connaissant d'ors et déjà la réponse.

"Rien de bon !" Répondit le vampire le regard emplit d'une sinistre promesse.

"C'est ce que je craignais..." Dit-elle en soupirant, lasse du poids du fardeau sur ses épaules s'alourdissant encore d'avantage. "Qu'est-ce que je peux faire ? Je t'en prie aide-moi Samuel !"

Des larmes de frustration commencèrent à envahir son visage. Samuel était désemparé face à l'impuissance de la jeune femme.

"Je vais essayer de le convaincre, de le dissuader... Mais Lorelaï, cette obsession malsaine qu'il a pour toi, cette fascination dévorante... Je ne l'ai jamais vu comme ça !" Dit-il le regard triste, avant de reprendre avec une voix pleine de conviction. "Tu es forte, bien plus que tu ne le crois, tu dois combattre cette pulsion, repousse-la de toutes tes forces ! Utilise ta colère, focalise toi sur cette émotion."

"Merci Samuel, je vais essayer..." Elle lui souriait faiblement, fatiguée que sa vie ne soit qu'une succession de batailles éreintantes. "Bon faut que je rentre pour prendre quelques affaires chez moi, je vais dormir chez Keiko vu que ton frère peut rentrer dans ma maison à sa guise ! J'ai besoin de temps et de calme pour réfléchir à ce que je vais faire..."

"Je vais t'accompagner. Si mon dégénéré de frère arrive, je saurai le retenir ! Enfin si tu es d'accord bien entendue..."

"Oui c'est une bonne idée, je te remercie !"

"Je t'en prie, vraiment, c'est le moins que je puisse faire !"

Un quart d'heure plus tard, Lorelaï passait le pas de sa porte. Samuel attendait dehors comme il l'avait dit pour intercepter son frère, s'il venait à se montrer. Quand la jeune femme arriva dans sa chambre, elle eut la mauvaise surprise de tomber sur Liam qui l'attendait, appuyé nonchalamment contre son bureau comme il l'avait fait la veille.

"Fais comme chez toi je t'en prie !" Lui lança Lorelaï avec véhémence, les yeux assombrit d'une sourde colère.

"De mauvaise humeur mon ange, mal dormie peut-être ?" Demanda le vampire faussement inquiet, un demi sourire narquois pendu aux lèvres.

"Attends que je réfléchisse... Un importun a parasité mes rêves pour s'y incruster, m'a mordue sans aucune retenu et m'a ensuite empêché de dormir toute la nuit... Ah oui et enfin je retrouve ce même type arrogant et sans-gêne encore en train de squatter chez moi quand je reviens. Alors d'après toi, ma mauvaise humeur n'est-elle pas justifiée?"

Aux mots de la jeune femme, un changement notoire dans l'attitude, jusque-là badine, s'opéra chez le vampire. Il se redressa de toute sa hauteur. Son aura devînt imposante emplit d'une menace écrasante faisant frissonner Lorelaï.   

"Ne joue pas les mortifiée avec moi ! tu as tout fait pour que cela arrive !" Déclara-t-il, la voix empreinte d'une vérité implacable.

Le poids de la véracité de l'affirmation du vampire prit de cours la jeune femme. Elle sentit sa gorge se serrer de culpabilité, la privant de la parole momentanément. La pertinence de l'accusation de Liam lui ayant ravît sa voix, tant cette attaque était d'une justesse affligeante. 

"Et puis, depuis hier, c'est un peu chez moi aussi..." Affirma le vampire narguant ostensiblement la jeune femme du regard.

"En quel honneur ?" Répondit-elle, interloquée par la déclaration audacieuse de Liam.

"Tu ne l'as pas encore compris mon ange ? Que tu le veuille ou non, tu es désormais mienne. Et de ce fait ce qui t'appartient, m'appartient également."

"Tu rêves éveillé ! Je ne suis et ne serai jamais la propriété de personne... Morsure ou non au mieux tu es un invité imposé !" Vociféra la jeune femme, la respiration lourde.

"On se rebelle mon ange ?" Lui répondit-il narquoisement.

Comme il l'avait fait la veille, il s'approcha d'elle lentement. L'air entre eux s'alourdit, crépitant d'une tension pesante. Les mouvements de Liam, fluides et calculés, acculèrent à nouveau Lorelaï. Elle se concentra pour rester tant bien que mal maître d'elle-même, sentant à mesure que leurs proximités grandissaient, le désir croitre également. Réunissant toute sa volonté pour résister aux pulsions qui l'assaillaient de toutes part.

"Non, tu crois ?" Souffla-t-elle avec dédain entre ses dents serrées.

"Défi moi !" Ordonna Liam une lueur diabolique dans le regard. "Plus tu le fais, plus j'ai envie de te dresser ! Cette fougue, cette impétuosité, c'est tellement enivrant ! Je vais me faire une joie de te dompter mon ange. Résiste-moi autant que tu veux, fait le de toutes tes forces, ça n'en sera que plus gratifiant pour moi quand je t'aurai disciplinée !"

"JE NE SUIS PAS UN PUTAIN DE CHEVAL! Un vulgaire animal que tu peux marquer et domestiquer à ta guise!" Hurla-t-elle tremblante de rage, ne pouvant tolérer les propos du vampire.

"Tu comprendras très vite que la réalité est simple: tu. Es. Désormais. À. Moi !"

À ces mots insupportable pour elle, Lorelaï lui envoya un crochet du droit avec toute la fureur qui l'habitait. Malgré sa nature vampire, Liam sentit le coup passer. En dépit de la puissance de la frappe de la sorcière, le vampire semblait extatique.

"Repousse-moi tant que tu veux j'adore ça!" Dit-il en se massant sa mâchoire endolorie un sourire aux lèvres.

Lorelaï avait les yeux écarquillés devant ce spectacle improbable. L'attitude extrême, à la limite de la folie de son interlocuteur, la décontenançait au plus haut point. 

"T'es un grand malade !"

Quand elle essaya de lui en renvoyer un deuxième coup, cette fois-ci, il l'intercepta, la ramenant dos contre lui. Elle lui envoya donc son coude en plein visage mais là encore il arrêta son geste. Il saisit son poignet, maintenant le corps de la jeune femme collée face à lui, en lui coinçant le bras dans le dos. Lorelaï n'avait cependant pas dit son dernier mot. À l'aide d'un habile croche pied, elle l'entraîna au sol avec lui et après quelques minutes elle se retrouva à califourchon au-dessus de lui.

"Tu abandonnes ?" Lança-t-elle, resserrant sa prise sur Liam.

"Bien au contraire, c'est beaucoup trop distrayant !" Il riait aux éclats tant la situation était à ses yeux amusante. "Après si on fait la même chose sans nos vêtements je te laisse volontiers gagner..." Déclara le jeune homme le regard bien plus sombre.

Dans le but d'illustrer ses propos outrageant, Liam gigotait sous la jeune femme lui faisant sentir l'ampleur de son excitation grandissante. Lorelaï déglutît péniblement,  ses paupières papillonnaient sous l'effet de la délicieuse torture des mouvements indécents du vampire. Elle due réprimer avec difficulté une nouvelle vague de désir se propageant de son bas ventre.

"Dans tes rêves !" Réussit-elle à déclarer entre deux halètements.

Sans trop de difficulté, Liam renversa la situation. Il la domina aisément, se frottant à elle avec ferveur. Il se pencha pour humer l'odeur enivrante que son corps pleins de besoin dégageait et lui susurra à l'oreille, la voix grave :

"Rend toi mon ange..."

"JAMAIS !" Vociféra-t-elle.

Il sourit à pleine dent, les yeux pétillants de malice. Il prenait le refus catégorique de la jeune femme comme un nouveau défi à relever.

"Tu connais l'adage mon ange, ne jamais dire jamais..." Déclara-t-il, le regard assombrit par la lubricité.

À ces mots il rapprocha son visage du sien, tout en continuant la friction de ses hanches contre l'intimité de la jeune femme. Il embrassa Lorelaï. Leurs baiser était enivrant, punitif. Il enroula une des jambes de la sorcière autours de sa hanche, tout en insérant sa langue dans sa bouche. Elle ne put réprimer un gémissement en sentant sa dureté appuyer avec insistance sur son centre en manque. Ne supportant pas l'effet qu'il avait sur elle, elle décida de mordre la lèvre inférieure du vampire férocement.

"Aaaaah !" S'exclama Liam tant la douleur mêlée au plaisir qu'il ressentait étant entêtante.

Ne voulant pas céder comme la veille à l'appel de la luxure, elle supposa que le meilleur moyen de s'extirper de cette situation était de distraire le vampire.

"Non pas que je m'ennuie mais ton frère est là et il m'attend donc..." Lança-t-elle avec désinvolture, tentant le tout pour le tout.

La manœuvre avait marché au-delà de ses espérances, car à ces mots le vampire se redressa, la  toisant avec incrédulité.

"Samuel est là ?"

Son expression avait radicalement changé, il semblait désormais furieux.

"Depuis quand tu le fréquentes ?" Ajouta Liam sans attendre la réponse à sa précédente question.

"Tu étais là quand je l'ai rencontré je te rappelle..."

"Je n'ai pas envie de rire !"

Son regard était glacial la transperçant durement. Sa respiration était lourde. Il lui tenait fermement les poignets. Lorelaï ne comprit pas immédiatement sa réaction, elle savait que cela ne lui plairait pas, mais de là à ce qu'il soit hors de lui cela l'étonnait. Il y avait une animosité évidente entre eux, cependant elle n'avait pas envisager qu'elle fut si puissante. La seule explication était au-delà de la simple rivalité fraternelle: il était possessif.

Liam était furibond de l'intrusion inopportune de son cadet. Il était aveuglé par ses émotions, assujettis entièrement à l'intensité de celles-ci.  

"Chouette un vampire jaloux, mais c'est de mieux en mieux!" Déclara Lorelaï en levant les yeux au ciel, blasée.

Liam, n'avait même pas écouté les propos de la jeune femme, il avait filé à toute allure dehors avec sa rapidité vampirique. Quand la sorcière sorti à son tour, après avoir pris ses affaires, elle trouva Samuel et Liam en train de se disputer sévèrement. 

"Mêle toi de ce qui te regarde Samuel ! Je ne t'ai pas demandé ton avis !" Déclara Liam la voix dédaigneuse et le ton sec.

"C'est bien là le problème, Liam, tu fais fit des avis de chacun ! Tu impose ta volonté aux autres. Le pire c'est que tu le fais sciemment ! Tu savais très bien que Lorelaï se refuserait catégoriquement à toi, cela t'était insupportable... Donc quoi, tous les moyens sont bons pour arriver à tes fins? Duperie, manipulation. Tu as dû t'incruster dans ses rêves et la mordre pour obtenir une version fade de ce que tu voulais d'elle ! Tu es tombé bien bas. J'ai honte de la personne que tu es !" Répondit Samuel, accusateur. 

Liam tremblait de fureur. Non pas parce que les mots de son cadet l'atteignaient, il n'en avait que faire de l'opinion dégoulinante de noblesse de celui-ci. Il était un prédateur, ce qu'il voulait, il le prenait. Lorelaï ne faisait pas exception. Non ce qui le mettait hors de lui, bien au-delà des mots était que l'objet de sa convoitise, se soit confié à Samuel. Elle n'avait pas le droit de lui préférer cet être faible, ce personnage désuet appartenant à des temps révolu. 

Liam, bien que persuadé de la véracité des pensées l'habitant, fut effrayé. Son irrationnelle possessivité vis à vis de la sorcière, ne lui ressemblait pas. Elle n'était rien de plus qu'un jeu pour lui, alors pourquoi était-il si contrarié ? Pourquoi avait-il un sentiment malaisant qui s'insinuait en lui ? Il n'arrivait même pas à identifier celui-ci. Était est-ce de la gêne ? Du mal-être? Non c'était plus profond que cela. Il avait le vague souvenir d'avoir déjà ressenti cette torture émotionnelle. Il était alors humain. Mais il n'arrivait plus à se remémorer dans quelle circonstance il avait pu ressentir pareils affres. Cela le tourmentait. Non cela était impossible. Il était en accord avec sa nature et ce depuis des siècles. Pourtant un simple coup d'œil à la morsure trônant dans le cou de Lorelaï, le força à baisser les yeux. Il écarquilla les yeux sous la réalisation du reliquat d'humanité ayant investi son esprit : culpabilité. Non, il s'y refusait; ne pouvant se résoudre à admettre pareille vérité. 

Sans ajouter un mot, Liam s'en alla, renvoyant ce spectre du passé dans les abymes d'où il était sortit.

Quelques minutes après l'échauffourée des deux frères, Lorelaï se rendit directement au domicile de son amie. Quand elle arriva enfin chez Keiko, cette dernière lui ouvrit la porte en l'accueillant avec un verre de vin à la main.

"Merci j'en avais bien besoin..." Déclara la sorcière, les yeux plein de gratitude.

"Je m'en doutais un peu. Vu le temps que tu as mis j'en ai déduit que tu étais tombé sur Liam."

"Tu ne crois pas si bien dire, je dirais même au sens littéral du terme !"

Quand elles furent dans le salon de Keiko Lorelaï se tut. Elle était subjuguée de découvrir la collection de katana de la jeune femme. Elle fut tout particulièrement intriguée par une des armes exposées comme envoutée par celui-ci. C'était une pièce unique, de toutes évidences ancienne. Elle était ornée de petites pierres noire, l'une d'elles était manquante. Remarquant la convoitise de son amie, Keiko dit:

"T'as l'air de beaucoup l'apprécier..."

"Il est magnifique..." Dit-elle en l'effleurant du bout des doigts.

Elle était complètement subjugué par cette arme. Voyant la fascination de son amie pour celle-ci, Keiko décrocha l'arme du mur et la lui tendit avec un sourire sincère.

"Je te l'offre!"

"Je ne peux pas accepter, c'est beaucoup trop..."

"J'insiste..." Déclara Keiko, la voix ferme avec un sourire bienveillant sur les lèvres.

Voyant la résignation de son amie, Lorelaï finit par céder et lui répondit les yeux pétillants de gratitude et brillant d'émotions sincères:

"D'accord mais à une condition... Tu m'apprends comment m'en servir !"

Durant les deux heures qui suivirent Keiko apprit donc à Lorelaï l'art du combat au Katana, elle trouvait d'ailleurs les capacités et la rapidité d'assimilation de celle-ci impressionnantes.

Keiko avait été formée depuis son plus jeune âge et était de surcroît une excellente combattante, pourtant Lorelaï semblait être aussi forte et habile qu'elle. Le bruit des armes s'entrechoquant, les rendaient euphoriques, elles s'affrontaient inlassablement.

Le bruit de la sonnette retentit, les faisant sursauter toutes deux, tellement elles étaient absorbées par leur combat. Elles avaient l'une comme l'autre perdu toute notion du temps et oublié que Keiko attendait de la visite. Après s'être excusée auprès de Lorelaï, Keiko alla ouvrir la porte à son mystérieux instructeur. Lorelaï n'eut pas besoin de voir cet homme pour comprendre de qui il s'agissait. Elle se sentait subitement faible et ses forces la quitter, désertant son corps désormais sans volonté. Ce n'est pas possible se dit la jeune femme, mais qu'est-ce qu'il pouvait bien faire ici? Pensa-t-elle, avant d'entendre la voix menaçante du nouvel arrivant.

"Tiens, tiens, tiens... Mais c'est ma sorcière bien-aimée !"

Timothy venait de passait le pas de la porte du salon, un sourire mauvais aux lèvres.

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