Chapitre 10 : Mauvaise rencontre
C'était le week-end précédent la rentrée des vacances de noël, Lorelaï allait enfin pouvoir reprendre les cours. Plus de deux mois s'était écoulés depuis le fameux soir où elle avait appris qu'elle était une sorcière. Tellement de choses s'étaient passées depuis ce jour-là. Tout d'abord, une terrible dispute entre sa mère et sa grand-mère avait éclaté à la suite de son initiation.
***
À peine l'initiation de Lorelaï terminée, sa grand-mère lui dit :
« Bon ben maintenant on a du pain sur la planche, tu as beaucoup de retard à rattraper... »
Lorelaï était surexcitée, elle voulait en apprendre plus maintenant qu'elle la croyait enfin. Elle était avide de savoirs et de connaissances. Elle n'avait jamais montré pareil engouement concernant ses études, trouvant celle-ci ennuyeuse et ne présentant aucun challenge pour la jeune femme.
« Donc maintenant j'ai des pouvoirs ? Quels genres de pouvoirs ? Dis-moi tout grand-mère ! » Demanda-t-elle avec avidité.
La grand-mère de Lorelaï rit devant l'enthousiasme de la jeune femme, mais décida de la recadrer gentiment.
« Deux minutes papillon, il te faut apprendre à marcher avant de savoir courir ! Tes pouvoirs apparaîtront au fur-et-à-mesure de ton apprentissage. L'acquisition de tel ou tel pouvoir, dépendra uniquement de toi, de tes choix de vie, de ton caractère et des épreuves que tu rencontreras... Je vais tout t'expliquer. »
Durant des heures elles parlèrent de ce qui allait désormais constituer une grande partie de la vie de Lorelaï. Elles ne virent pas le temps passer et furent plus qu'étonnées de voir la mère de Lorelaï arriver.
« Maman ? Mais qu'est-ce que ... » Commença-t-elle, mais quand elle aperçut le matériel magique derrière sa mère et sa fille, elle ouvrit la bouche stupéfaite. « Tu n'as pas osé ! Tu l'as initiée ? Sans me demander mon avis ? Non mais je rêve là ! »
« C'est désagréable, hein ? D'être tenue comme ça à l'écart ? C'est comme d'apprendre plus d'un an après, la mort de son gendre, ça aussi c'est déplaisant ! »
***
Lorelaï se souvînt qu'elle s'était disputée ainsi durant des heures, mais étaient finalement tombés d'accord. Sa grand-mère avait emménagé pour l'aider à se parfaire en sorcellerie. Pour rattraper le retard qu'avait provoqué son initiation tardive elle avait manqué les deux derniers mois d'école. Malgré tous ces efforts, Lorelaï n'avait senti aucun changement notoire, aucun pouvoir n'était apparu. Même ses capacités physiques, qui étaient déjà bien au-dessus de la moyenne, n'avaient pas évolué. Elle était on ne peut plus frustrée.
Elle s'était également faite une vraie amie dans ce même lapse de temps, en la personne de Keiko, la petite brunette dont elle avait pris la défense contre Victoria le jour de son arrivée. Elles s'étaient toutes deux retrouvées à l'Eden par hasard un soir et avaient sympathisé. Elles ne s'étaient depuis cette nuit-là plus quittées. Tous les week-ends elles se retrouvaient pour sortir, discuter, rigoler ; cela dépendait de leurs humeurs du jour.
Autre changement de taille, elle voyait depuis plusieurs semaines quelqu'un. Ce n'était pas Chris avec qui elle avait fini par avoir une explication.
***
Le lendemain de son initiation, elle alla en cours, principalement pour prévenir ses professeurs et l'administration de son absence prolongée qui prenait effet le jour même.
La directrice avait demandé à Lorelaï d'en informer ses professeurs personnellement et de ce fait elle avait décidé qu'il serait plus opportun de le faire en tête à tête pour ce qui était de Chris.
Après le cours de littérature, c'est la gorge serrée qu'elle alla trouver son professeur. Les autres élèves sortant les uns après les autres, elle se décida d'attendre qu'ils soient seuls. Il était plongé, le nez dans des copies à les corriger et n'avait pas remarqué la jeune femme. Une fois le dernier élève sortit, elle inspira profondément pour se donner du courage et dit :
« Monsieur ? »
Il n'avait eu aucune réaction.
« Monsieur Mulrey ? » Insista-t-elle.
Il leva enfin la tête vers elle, mais ne répondit pas. Le regard qu'il lui lançait était froid et distant. Devant son indifférence, elle reprit la parole une nouvelle fois :
« Puis-je vous parler quelques instants ? S'il vous plaît ? » Demanda-t-elle, le regard suppliant.
« Très bien, veuillez fermer la porte je vous prie... » Dit-il avec un ton glacial.
Elle s'exécuta, mais à peine avait-elle fermé la porte qu'il lui dit avec véhémence :
« Alors maintenant tu veux me parler ? C'est nouveau ! »
« Chris, je t'en prie... » Commença-t-elle à dire, mais il ne la laissa pas continuer et lui coupa la parole, furieux.
« C'est monsieur Mulrey ! Puisqu'apparemment il ne s'est jamais rien passé... C'est bien ce que disais ton texto, non ? »
« Je pensais que cela serait plus simple ainsi, pour toi... Pour nous. » Dit-elle en baissant la tête, honteuse.
« Et me demander mon avis ne t'as pas traversé l'esprit, je suppose ? » Souffla-t-il.
« Je... Je... » Balbutia-t-elle prise de court par la question de son ancien amant.
Considérant son incapacité à lui répondre comme un aveu de culpabilité, il s'énerva, se leva, le corps penché en avant, les mains appuyées sur son bureau et dit :
« C'est bien ça le problème, tu n'as pensé qu'à toi quand tu as pris toutes les décisions toute seule ! Celle de ne pas me dire ton âge... Celle de m'éviter... Ou encore celle de mettre un point final sans même me consulter et ce par texto ? Je ne méritais même pas la considération d'une conversation en face à face ? Apparemment non, je ne suis qu'un chapitre de plus dans tes histoires d'un soir ! »
Il la dévisagea pendant de longues secondes, durant lesquelles Lorelaï le regardait, horrifiée, qu'il pense qu'il n'avait rien représenté pour elle. Il avait raison sur le fait qu'elle avait manqué d'honnêteté concernant son âge et d'égard sur sa manière de gérer les évènements, mais sur le reste ses propos était cruel. C'était loin d'être une habitude pour elle d'être aussi intime avec un homme et encore moins aussi rapidement. Cependant entre la journée éprouvante qu'elle avait eue et leur alchimie indéniable, elle s'était laissé aller en faisant fi de ses principes. Il lui plaisait sincèrement et si la situation avait été différente, elle aurait adoré entamer une vraie relation avec lui, mais il était son professeur, qu'était-elle supposée faire ?
Chris la coupa dans son introspection en prenant une nouvelle fois la parole.
« Et bien dis quelques choses, réagis ! Tu voulais me parler non ? Quoi la grande Lorelaï McKey n'a plus de répliques cinglantes en stock ? Elle n'a plus rien à dire ? »
Cette fois elle était furieuse. Non seulement ses mots étaient durs mais en plus il était injuste et semblait plus intéressé par le fait de se défouler sur elle que d'écouter ce qu'elle pouvait avoir à dire. Elle comprenait sa colère, elle était justifiée mais elle aussi subissait les conséquences de cette nuit-là et en souffrait.
« Si, je venais juste te prévenir que je serais absente pendant deux mois. Cela a été vue avec la direction, ils sont d'accord, cependant je dois prévenir moi-même tous mes professeurs, en ce qui te concerne c'est chose faite. » Lui dit-elle sèchement, se levant à son tour.
« Tu plaisante là ? Tu es seulement venue pour ça ? »
« Au départ non, mais je vois que tu as déjà ton opinion toute faite, donc à quoi bon tergiverser. »
« Et la faute à qui ? Tu aurais pu au moins venir me parler hier, non ? C'était trop demandé ? »
« Que tu le croies ou non, s'était pour te protéger que je ne suis pas venue te parler tout de suite ! »
« Ne m'insulte pas en me sortant ce genre d'excuse à la con ! »
« C'est la stricte vérité ! Castiel a remarqué le malaise qu'il y a eu entre nous deux et il m'a suivi en sortant de ta classe. Il voulait savoir si on se connaissait... Mais bon vu que tu n'es qu'un des nombreux chapitres de mes histoires sans lendemain, je ne vois pas pourquoi je m'évertue à t'expliquer tout cela... Donc si tu veux bien m'excuser j'ai beaucoup d'autres personnes à voir ! »
Elle était sortie de la salle, en claquant la porte sans lui donner la moindre chance de répondre.
***
Ce n'était pas non plus Ethan qui, depuis qu'il était au courant de la fin tragique du père de Lorelaï, la traitait comme une petite chose fragile. Comme si à tout moment, elle allait s'effondrer et elle détestait qu'on puisse la considérer de cette manière.
Quant à Castiel, et bien, il jouait les courants d'airs depuis qu'il avait embrassé la jeune femme. Considérant avoir passé l'âge de jouer à cache-cache, elle avait laissé les choses en suspend entre eux. Il était de toute manière bien trop taciturne et lunatique à ces yeux.
Celui qu'elle fréquentait, était un homme d'un mètre quatre-vingts. Il avait vingt-quatre ans et était un avocat de renom. Ses cheveux étaient bruns, court et en bataille ; il avait de magnifiques yeux bleus. Il possédait un petit nez en trompette surplombant des lèvres charnues parfaitement dessinées. Sa mâchoire était carrée et son menton fin.
Il s'appelait Caleb. Elle l'avait rencontré un soir où elles étaient à l'Eden avec Keiko. Tout en se préparant pour un rendez-vous avec cet homme qu'elle appréciait de plus en plus, elle repensa à leurs rencontres.
À peine les deux jeunes filles étaient-elles entrées dans le bar ce soir-là, qu'elles avaient immédiatement repéré un groupe d'hommes assis au fond de la salle. Ils étaient quatre, mais un seul avait attiré l'attention de Lorelaï. Keiko, quant à elle semblait beaucoup apprécier Amadeo, l'homme qui était assis à la gauche de Caleb.
Comme s'ils l'avaient su, les deux hommes en question s'étaient levés et dirigés vers elles. Ils avaient beaucoup ri, beaucoup dansé et bu ce soir-là. Enfin une soirée qui ne tournait pas en drame pensa-t-elle. Elle se regarda dans le miroir. Parfait jugea la jeune femme en constatant le résultat. Les préparatifs pour son rendez-vous avec Caleb étaient terminés.
Une heure plus tard, le jeune homme et elle dégustaient une bonne bière dans un pub irlandais en vogue. Ils s'amusaient bien, jusqu'à ce qu'un groupe d'hommes, trouvant Lorelaï à leurs goûts, ne gâchent la soirée. En effet, elle avait déjà remarqué que Caleb était quelqu'un de jaloux, mais ce soir-là il fulminait et semblait à deux doigts de leurs arracher la tête. Ne voulant pas que cela dégénère, Lorelaï avait entraîné son petit-ami hors du pub.
« Ils n'en valent pas la peine ! Allons ailleurs... » Le supplia-t-elle.
« Et c'est tout ? Ils étaient à la limite de te tripoter et toi tu veux qu'on s'en aille sans rien dire ? »
« Ta réaction est un peu exagérée, non ? »
« C'est surtout la tienne qui est trop gentille. À moins que cela te plaise d'être courtisée grossièrement. Si tel est le cas, tu n'as qu'à y retourner ! »
« Pfff c'est puéril comme réflexion... Ce n'était pas grand-chose non plus. Je ne vois pas pourquoi tu es dans un tel état franchement ! Cela ne te ressemble vraiment pas. On devrait rentrer tout simplement. »
« Vu que je suis immature, je vais rentrer mais sans toi, tu sembles t'amuser tellement ici ! Tu es beaucoup trop naïve... Tu n'as pas la moindre idée de ce que ces mecs pensaient à ton propos ! »
« Toi non plus je te signale ! Effectivement vaut mieux que tu rentres chez toi ! Je n'ai plus du tout envie de te voir ce soir. Salut ! »
Caleb énervé au possible, monta dans sa voiture et démarra en trombe. Quelques minutes plus tard, il était rentré chez lui ; mais à peine avait-il passé le pas de sa porte, qu'il regrettait déjà le comportement qu'il avait eu plus tôt. Il essaya d'appeler Lorelaï mais celle-ci ne répondit pas. Elle devait être toujours furieuse après lui, supposa-t-il. Il réessaierait de la joindre un peu plus tard.
Pendant ce temps Lorelaï s'était assise sur banc dans un parc situé non loin du pub. Alors qu'elle essayait en vain de se calmer, elle entendit des bruits suspects venant des buissons situés non loin d'elle. Elle se leva intriguée et dit :
« Il y a quelqu'un ? » Elle n'eut aucune réponse, mais ses sens en alertes et son instinct la persuadèrent du fait qu'elle n'était effectivement pas seule. « Je sais qu'il y a quelqu'un, sortez de là maintenant... »
Un individu apparut derrière elle, un sourire aux lèvres. C'était un homme brun, le teint clair d'une petite trentaine d'année, il était grand avec une prestance imposante. Il semblait dégager une aura empreinte d'une malignité malaisante. Il émanait de lui une force indéniable et il se déplaçait avec une démarche assurée. La musculature de son corps était évidente bien que cachée par des vêtements simples mais élégants. Son regard dur était vif. La douceur de son visage ovale aux traits fins était éclipsée par la rudesse de ses yeux. Ils étaient d'un bleu clair et en amande, la fixant avec férocité. Sous son nez droit trônait une barbe légère et entretenue. Ses lèvres étaient fines et s'étiraient en un sourire narquois et mauvais. Tout dans l'attitude de cet homme se voulait hostile. Lorelaï reprit :
« Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ? »
« Je m'appelle Timothy. Je serais ton juge, ton jury et ton bourreau... »
Elle était interloquée par les propos dérangés de l'homme qui se rapprochait ostensiblement d'elle. Sa soirée n'avait pas été brillante et elle était agacée de devoir faire face à un nouveau désagrément.
« Géniale encore un illuminé ! Tu t'en prends à la mauvaise personne. Va dire tes conneries ailleurs... »
« Oh non je ne m'en prends pas à la mauvaise personne, petite sorcière ! »
Il fit un signe de la main et cinq autres hommes sortirent à leurs tours et encerclèrent la jeune femme.
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