Chapitre 8

Elle avait quitté l'homme l'ayant remercié de sa bonté, tandis que le garçon continuait de la suivre dans ce lieu regorgeant de cultures et traditions diverses. Leur trajet se passa dans un silence que seul le chant délicat de quelques oiseaux brisait.

L'observation du monde les entourant était la seule évasion inconsciente pouvant la plonger dans un état si second. Elle s'était perdu, et seulement une dizaine de minutes passées, réalisa qu'elle se trouvait dans un bus.

Elle était assise, là. Au milieu de ce présent semblant s'être arrêté le temps de quelques secondes.

Son visage glissait sur chacune des personnes aussi proche d'elle qu'éloignée psychologiquement. Une femme qu'elle apercevait régulièrement en ce lieu pourtant insolite, en compagnie de ses deux enfants. Une petite fille, blonde comme sa maman, et très certainement albinos, juste devant Alice, qui contait sa passionnante journée à l'école, certainement la dernière qu'elle avait eu. Elle était adorable, et le regard attendrie d'Alice veillait à chaque petite mimique formée par ce visage si innocent. Mais en réalité, elle éprouvait aussi de la pitié. Une pitié due à ce que la pauvre enfant endurait déjà, et ce depuis sa naissance.
Elle avait de petites lunettes rondes, habituelles à son âge. Sûrement une hypermétropie, mais ce n'était pas tout. Son œil gauche était presque clos. Pourtant, le sourire de cette petite fille ne trahissait rien du sentiment qu'elle pourrait ressentir. Elle semblait heureuse, tellement innocente encore...
La femme portait aussi un petit nourrisson au creux de ses bras. Il serait très probablement blond lui aussi. Seulement, le même blond que la fillette et sa mère, un blond presque blanc.

Alice trouva injuste alors, que la nature punisse de si petites créatures dès la naissance, leur interdise une vie simple. Et d'un autre côté... peut-être était-ce pour les pousser à accomplir de belles choses, changer le présent et l'avenir ?
Nul ne savait, et nul ne saurait. Il ne restait donc qu'une chose : croire.

Un sourire camoufle parfois la plus sombre des choses, et d'autres cette flamme d'espoir chassant toutes ténèbres.

Un esprit divaguant,
Dans cette chair d'enfant,
Et un destin tracé,
Pourtant à graver.

Elle s'installa confortablement sur son siège, gigotant légèrement, et sa main serra celle de son voisin. Un ancien réflexe, du temps où il était là. La main chaude qu'elle tenait désormais était douce. Le jeune homme la tenait fermement. Il avait certainement compris que la lâcher serait comme abandonner Alice dans cette aventure qu'est la vie, en la laissant seule afin qu'elle trouve sans aide aucune son chemin. Ils avaient tous deux besoin de ce contact, car il leur apportait ce qu'il leur manquait à eux-deux : de l'affection et du réconfort.

Ces deux petites choses lui manquait à lui aussi terriblement, car même avec une famille, entouré d'une multitude de personnes, il se sentait seul. Une solitude intérieur qu'il n'exprimait à personne, par crainte de l'incompréhension. Il conservait tous ses sentiments au fond de son être, et parfois, dans un recoin de sa maison, s'abandonnait à ses larmes.

C'est pourquoi, à travers ce contact, il se sentait réconforté. Tout comme Alice.

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