Au creux des vagues (One Shot)
L'air qui s'engouffrait par la fenêtre de la voiture était chaud et chargé de sel, accompagné par le bruit des vagues et du moteur qui ronronnait au plus grand plaisir de la blondinette qui regardait le paysage, émerveillée.
"On est bientôt arrivé ?" demanda-t-elle en s'accrochant au siège du conducteur.
"Oui Zoé, laisse moi juste le temps de trouver une place pour garer la voiture," répondit gentiment sa mère en scrutant les parages.
"Contente d'être arrivées les filles ?" demanda leur père en se retournant, un bras autour du repose tête.
Aux côtés de Zoé qui hochait la tête avec ferveur, sa soeur à moitié cachée derrière sa frange trop longue fit un petit sourire.
"Vous attendez qu'on vous mettes de la crème avant de partir à l'eau, d'accord ?" rappela leur mère en entamant un créneau pour garer la voiture.
Les deux filles hochèrent une nouvelle fois la tête tout en réunissant les affaires qu'elles avaient éparpillé sur la banquette arrière lors du trajet. Un petit seau rouge entre les mains, Zoé interpela sa soeur.
"Valentine, tu me construira un château de sable ?"
L'aînée, qui ramassait une pelle et un râteau en plastique qui avaient glissé sous son siège, se redressa avec un sourire éblouissant. Elle adorait faire des châteaux de sables, elle était même très douée ! Le souvenir de la médaille en plastique qu'elle avait gagné l'été précédent et qu'elle avait accroché au dessus de son lit agrandit encore son sourire.
"Le plus beau château de sable de la plage !" répondit-elle avec assurance.
"Avant de t'improviser architecte, viens nous aider à sortir les affaires Valentine !" l'appela sa mère qui venait d'ouvrir le coffre.
L'adolescente marmonna dans sa barbe avant de s'extirper de la voiture et d'ignorer le sac de serviettes que lui tendait sa génitrice pour se saisir de la lourde glacière que son père allait attraper.
"C'est trop lourd pour toi, pose ça !"
"Je gère !" assura la jeune fille cachant sa grimace face au poids de l'objet.
Le soupir de ses parents ne lui échappa guère et comme pour leur prouver qu'elle était plus que capable, elle attrapa en plus le premier sac que sa mère lui avait tendu et prit le chemin de la plage. Sa petite soeur arriva au pas de course, la natte de plage coincée sous le bras, toute contente d'être enfin sortie de la voiture.
La petite famille s'installa loin du rivage afin de ne pas se coller au reste des vacanciers mais suffisamment prêt pour que les parents puissent surveiller leurs filles depuis les serviettes. Zoé fit la grimace lorsque sa mère sorti de l'un des sacs le tube de crème solaire afin de l'en barbouiller copieusement.
"Pourquoi Valentine elle met pas de crème soleil ?" marmonna la plus jeune, boudeuse.
Seul le regard narquois de sa sœur, cachée derrière son lycra long et sa casquette, lui répondit avant de lui même disparaître derrière une paire de lunette de soleil.
"Valentine aussi va mettre de la crème solaire," intervint leur mère en lançant un regard entendu à l'aînée.
Le sourire de l'adolescente disparu alors qu'elle attrapait la crème solaire et en étalait une noisette sur l'arête de son nez.
"Allez, c'est bon. Vous pouvez y aller," finit par lâcher leur père en sortant un livre de l'un des sac et en s'allongeant confortablement.
Les deux filles ne se le firent pas dire une deuxième et elles partirent en courant vers la rive. Il ne fallut pas longtemps pour que Valentine déniche un endroit pour poser les bases du futur château. Avec l'aide de Zoé, elle érigea plusieurs tours, construit des remparts et décora les murs de sable de petits coquillages. Sous ses doigts et quelques heures, apparu un gigantesque château de sable, pour le plus grand plaisir de sa petite sœur qui se tenait debout au milieu des tours.
"Il est super grand ! Plus grand que Versailles !" s'exclama la plus jeune.
"Il va falloir un peu plus de sable pour égaler Versailles..." souligna Valentine en remontant ses lunettes de soleil sur son nez.
"Dis tu crois qu'il y a une princesse qui habite dans ce château ?"
"Bien sur ! Et puis un roi, une reine et tout plein de soldats pour les protéger. Même que la commandante des gardes, c'est la meilleure amie de la princesse !"
Zoé pencha un peu la tête pour faire comme si elle regardait à l'intérieur du palais avant de se redresser vers sa soeur.
"Et elles font quoi dans le château ?"
"Tu veux que je te raconte ? rigola l'aînée en s'asseyant en tailleur pour consolider un rempart qui montrait des signes de faiblesses.
"Oui !"
"Et bien... La princesse passe beaucoup de temps dans la plus haute tour du château, parce que c'est là qu'elle apprend à diriger le royaume pour quand elle devra prendre la place de ses parents. Mais depuis la tour, elle a une vue plongeante sur la mer alors elle se déconcentre super vite. Du coup, son professeur la reprend tout le temps en disant :"
"Princesse, vous n'êtes pas concentrée !" tonna le professeur en tapant dans ses mains pour récupérer l'attention de son élève.
La princesse sursauta, et son regard quitta l'étendue turquoise qui s'étendait sous ses yeux pour revenir se fixer sur l'adulte en face d'elle. Un peu embarrassée de s'être encore fait attraper à rêvasser, elle baissa les yeux sur son livre. Son professeur secoua la tête, il essaya de continuer son cours quelques minutes avant de finalement renvoyer la jeune fille en voyant qu'elle ne parvenait plus à se concentrer.
Une fois dans le couloir, la princesse prit la direction de ses appartements. Ses pieds s'enfonçaient dans le sable chaud des couloirs alors qu'elle flânait dans les couloirs. Rêveuse, elle s'accouda à l'une des fenêtres et admira les vagues qui venaient s'écraser contre les remparts que les soldats du palais construisaient en permanence. Depuis la création du bâtiment, ils n'avaient jamais faillit à leur tâche.
Perdue dans ses pensées, la princesse n'entendit pas que quelqu'un s'approchait et elle sursauta violemment quand on s'appuya contre la colonne à côté d'elle. Le visage gentiment moqueur de la commandante apparu dans son champ de vision et lui fit pousser un petit cris de joie.
"Tu es revenue !"
"Je n'allais pas rester éternellement sur les remparts !"
"Tu restera un peu cette fois ?" demanda la princesse avec espoir.
"Et bien, on a repéré des troupes de crabes à l'est du château, si ils font preuve d'hostilité il faudra que j'aille diriger mes soldats pour les repousser... Mais en attendant, je vais rester ici."
"Je suis si contente !" s'écria la plus jeune en l'étreignant. "J'aimerais que nous puissions rester ensemble pour toujours !"
"Les filles ! On rentre !" appela quelqu'un.
Les deux enfants relevèrent la tête de leur construction de sable vers leur père qui leur faisait de grand signe depuis sa serviette.
Valentine cligna des yeux et remarqua qu'effectivement, le soleil était déjà bas dans le ciel. Elles avaient joué plus longtemps qu'elle ne l'aurait cru. Toujours assise au centre de son château, Zoé serra les poings en criant.
"Je veux pas rentrer ! Je veux qu'on continue de jouer !"
"Dix minutes pas plus !"
Les deux filles se regardèrent avec malice et reprirent immédiatement leur histoire.
"Dis, tu m'emmènera en dehors du château un jour ?" demanda la princesse.
"C'est trop dangereux dehors..."
"S'il te plaît !" chouina la plus jeune.
"... D'accord, je t'emmenerais... un jour."
"Et la commandante avait dit qu'elle ferait voir l'extérieur à la princesse ! Tu te rappelles ?" demanda Zoé en s'agitant sur son siège.
Sa grande sœur la regarda, interloquée.
"Comment est-ce que tu fais pour te rappeler aussi bien d'une histoire que je t'ai raconté l'année dernière ?"
A l'avant de la voiture, leurs parents les écoutaient distraitement. Avec le temps, ils commençaient à s'habituer à l'énergie de la plus jeune à chaque fois qu'ils allaient passer des vacances à la mer. Une énergie et une joie compréhensible après avoir passé une année dans la banlieue parisienne !
"Je ne sais même pas si je pourrais refaire le même château que la dernière fois !"
"Moi je me souviens ! Je te dirais !" s'exclama Zoé avec un large sourire auquel il manquait une dent.
Une grande première pour la petite fille qui ferait sa rentrée en école primaire à la fin des vacances ! Une nouvelle aventure qui ne l'effrayait pas le moins du monde par rapport à Valentine qui redoutait déjà l'année à venir.
Celle qui venait de s'écouler avait été mise à mal par l'arrivée de nouvelles matières comme l'espagnol mais aussi par des programmes plus compliqués que ceux de l'année d'avant. Ses notes avaient beaucoup chuté et malgré les encouragements de ses parents, le brevet à venir lui faisait déjà peur.
Mais aujourd'hui n'était pas le jour pour se morfondre sur des problèmes aussi lointain. Et puis qui sait ? Peut-être que les profs de l'année prochaine arriverait à lui faire comprendre ses cours de maths...
A peine le matériel de plage avait-il été installé que Zoé tira Valentine jusqu'à l'endroit ou elles avaient érigé leur précédent château et l'adolescente se mit immédiatement au travail. Encore une fois, ces mains firent des merveilles. Mais au grand désespoir de la cadette, le travail allait lentement. En grande partie parce que Valentine se déconcentrait régulièrement et fixait pendant de longues minutes la bande de jeunes qui surfait un peu plus loin. Elle aurait bien aimé en faire elle aussi... Peut-être que si elle avait son brevet avec une mention, ses parents seraient d'accord pour l'inscrire dans un stage l'année prochaine !
Cette idée lui donne une énergie nouvelle et elle reprit la construction de son château de sable en se jurant de tout mettre en œuvre pour y arriver.
Une fois les fondations du château en place, Zoé ne mit pas longtemps à finir le travail à coup de coquillages et autres décorations.
"Il est encore plus beau que celui de l'année dernière !!!" cria la petite devant le travail terminé.
"C'est vrai qu'il est très réussi." approuva Valentine en reculant pour mieux voir l'ensemble.
"Du coup tu racontes la suite de l'histoire ?"
"Alors... La commandante en chef venait de promettre qu'elle emmenerait la princesse en dehors du palais, mais pas tout de suite !"
"Quoi ?" s'indigna la princesse en reculant, presque trahie par les paroles de son amie.
La commandante eu un sourire un peu moqueur avant d'expliquer la raison de ce report.
"Je préfère attendre que tu saches nager correctement ! C'est dangereux pour une princesse !
La cadette fit la moue en regardant par la fenêtre du palais.
"Mais c'est si beau la mer... Ça ne peut pas être si dangereux !"
"Pas si on sait bien nager ! Mais ce n'est pas ton cas ! Et puis, en ce moment, la mer est particulièrement déchainée et les vagues sont hautes..." répondit l'aînée en s'accoudant à son tour au rebord de la fenêtre.
Son regard se perdit sur l'immensité turquoise et ses pensées divaguèrent. Un peu trop aux yeux de la plus jeune qui interrompit brusquement ses réflexions.
"Valentine ! Tu rêves !"
La plus âgée sursauta en entendant Zoé l'appeler. Sans s'en rendre compte, ses yeux avaient dérivés vers la mer et le groupe de jeunes surfeurs qu'elle avait commencé à observer lors de la construction de leur château de sable.
"Désolée Zoé... J'ai plus trop la tête à jouer dans le sable... Continue toute seule d'accord ? Moi je vais aller me baigner un peu." lâcha-t-elle en se levant et en essuyant le sable qui s'était collé à ses tibias.
Puis sans attendre de réponse, elle parti vers la mer. L'année prochaine, elle ferait du surf... Elle en avait tellement envie...
Elle allait en faire...
Elle allait en faire !
Valentine n'y croyait toujours pas, assise sur la banquette arrière de leur voiture, elle trépignait d'impatience. Son brevet, elle l'avait eu haut la main et son passage en seconde générale était validé ! Elle avait travaillé tellement dur pour y arriver que ses notes avaient connues une remontée miraculeuse et ses parents, tellement fiers de ses résultats, avaient accepté de lui offrir le stage de surf dont elle n'avait fait que parler depuis leur dernier retour de vacances.
A côté d'elle, Zoé était moins enjouée... Pourquoi Valentine était si heureuse de faire ce stage débile ? A cause de ça, elle n'allait pas pouvoir continuer l'histoire de la princesse et de la commandante...
"Moi, je préférerais mieux que tu restes avec moi pour faire des châteaux de sables plutôt que d'aller faire du surf..."
"Zoé, soit contente pour ta sœur au lieu de bouder. Elle va faire des activités avec des jeunes de son âge et c'est très bien. Pourquoi tu n'en profiterais pas pour te faire de nouveaux amis toi aussi ?" intervint leur père en se tournant vers elles.
"Et puis, à sept ans, on peut faire de beaux châteaux de sable, même toute seule tu sais ?"
"Oui mais c'est moins drôle si c'est pas toi qui les fait..."
Valentine roula des yeux face à l'obstination de sa petite sœur mais ne laissa pas sa mauvaise humeur prendre le dessus sur son excitation. A peine furent-ils garé qu'elle entraîna sa mère derrière elle pour aller s'inscrire dans le club de surf de la plage où ils venaient tous les ans. Zoé se retrouva seule avec son père et après que ce dernier l'ai barbouillé de crème solaire, elle retourna à l'endroit où Valentine construisait le château tous les ans.
Elle se laissa tomber sur le sable et commença a bâtir les fondations en s'efforçant d'imiter les gestes de sa grande sœur. Mais les tours n'étaient pas aussi solides, les remparts paraissaient plus fins, moins stables,les créneaux étaient irréguliers et la porte d'entrée du château tenait mal.
Puis l'eau montait plus haut que l'été précédent... Les vagues venaient lécher le bas des murailles. A moins qu'elle ne l'ai construit plus bas que Valentine ? Est-ce qu'elle aurait du le faire quelques pas plus haut ?
A l'intérieur, la princesse courait au milieu des couloirs qui s'effondraient sur eux-même. D'inquiétantes fissures lézardaient les murs et de l'eau s'infiltrait à travers les fenêtres. Ses pieds s'enfonçaient dans le sable humide et ralentissait sa progression. Elle était désemparée. Qu'est-ce qu'il s'était passé ? Tout allait bien, tout était à sa place et la vie était simple... Où était son amie ? Était-elle partie sans elle ? Mais elle avait dit qu'elle l'emmenerait !
Des larmes aussi salée que l'eau qui ruisselait tout autour d'elle se mirent à dévaler ses joues et sa bouche s'ouvrit dans un cri sans bruit.
Le mur à sa droite se mit à tanguer dangereusement sous ses yeux exorbités et alors qu'elle les fermait pour se protéger, le mur ne s'effondra jamais. Surprise, elle les rouvrit et découvrit avec soulagement son amie de toujours, appuyée sur le mur pour le retenir. D'une poigne ferme, elle le remit en place et le consolida avec une poignée de sable sec.
"Tu es revenue !" cria Zoé alors que Valentine retapait la ruine que sa sœur avait essayé de construire.
"Je ne reste pas, je ne fais que passer." expliqua rapidement l'aînée en redressant l'une des tours.
La princesse recula d'un pas sous le choc.
"Mais pourquoi ?" demanda-t-elle à la commandante.
"On m'attend dehors !" sourit la plus âgées en reculant pour vérifier que le mur ne bougerait plus.
"Pourquoi tu dois y retourner !!!" cria Zoé depuis la banquette arrière de la voiture. "Tu y a passé tout l'été l'année dernière ! Cette année je veux que tu viennes avec moi !"
"Zoé ne fais pas de caprice ! Ta soeur va surfer avec ses amis cette année. Tu dois comprendre qu'elle grandit et toi aussi ! Vous ne serez pas toujours ensemble !"
"Puis faut que je teste ma planche." renchérit la plus âgée en passant un bras par la fenêtre pour toucher l'objet en question qui était ficelé sur le toit de la voiture.
"Alors moi aussi je veux faire du surf !"
"Tu es trop jeune Zoé !" intervint leur mère.
"Je m'en fiche !"
Valentine soupira face au caprice de sa sœur. Elle l'adorait mais là, la petite commençait à lui courir sur le haricot comme disait leur grand-mère. Elle, elle n'avait qu'une envie : retrouver les amis qu'elle s'était fait l'année dernière pour enfin surfer librement avec eux !
Lorsqu'ils descendirent de la voiture, elle s'empressa de récupérer sa planche flambe en neuf et courut vers la plage. Elle avait échanger des textos avec ses amis lorsqu'elle était dans la voiture et elle savait qu'ils étaient déjà sur l'eau.
Dans son dos, Zoé boudait encore. Toujours de mauvaise grâce, elle laissa sa mère lui mettre de la crème solaire sur le visage. Les années avaient beau passer, elle n'aimait toujours pas ça...
Elle se traîna jusqu'à son endroit attitré mais la motivation n'y était pas. Ce château de sable, c'était le leur, à elle et Valentine. A quoi ça servait de continuer à leur faire sortir de terre si elle était seule à l'animer ? Elle jeta un coup d'œil au groupe d'enfants qui jouaient au ballon un peu plus loin. Et si ses parents avaient raison ? Peut-être qu'il fallait qu'elle joue plus avec des enfants de son âge...
Un autre coup d'œil vers le large lui montra sa sœur rejoindre ses amis sur sa planche et elle prit une grande inspiration. Oui, elle irait se faire des amis... Mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui, elle clôturerait l'histoire du château de sable et ce soir, en partant, elle le fera disparaître pour ne plus jamais le reconstruire.
Le château reprit forme, plus solide, plus grand que la dernière fois. Comme si il voulait se faire plus majestueux pour sa dernière apparition.
A l'intérieur, la princesse se promenait pour la dernière fois le long des couloirs. Ses doigts effleuraient les murs, décrochant au passage, quelques grains dorés. Les coquillages qui servaient de décoration étaient placés avec tellement de minutie qu'elle avait peur d'en déplacer un par mégarde.
Son amie n'était peut-être pas là, mais pour une fois, elle ne se sentait pas triste. Demain serait un nouveau commencement.
Elle s'approcha de sa fenêtre préférée, celle à laquelle elle s'accoudait avec son aînée pour regarder la mer. Depuis ce point de vue, elle avait une vue imprenable sur toute la mer autour du château. Alors elle se mit à chercher la commandante du regard. Ses yeux balayèrent la surface de l'eau une première fois sans la voir. Elle fronça les sourcils et recommença l'opération, une fois, deux fois, trois fois... A chaque fois que ses yeux touchaient l'eau, les vagues apparaissaient et devenaient de plus en plus violentes. A l'horizon, le ciel se couvrait de nuages et elle n'arrivait toujours pas à trouver son amie.
Une douleur profonde naquit dans sa poitrine sans qu'elle ne sache l'expliquer. Pourtant son esprit lui hurlait que quelque chose n'allait pas, qu'il fallait fuir. Mais elle n'eut pas le temps de réagir. Les vagues étaient maintenant tellement hautes qu'elles lui bouchaient totalement la vue et bientôt, elles vinrent s'écraser contre les murs du palais.
La bâtisse toute entière se mit à trembler, projetant la princesse au sol. Ses mains s'enfoncèrent dans le sol, l'empêchant de se relever. Les murs se fissurèrent encore une fois et l'espoir de voir arriver son amie refit surface. Elle l'avait déjà sauver l'année dernière, exactement de la même manière ! Elle allait arriver, elle finissait toujours par arriver. Elle était même peut-être déjà en route !
Sa bouche s'ouvrit et elle cria, elle l'appela de toutes ses forces. Mais les minutes passaient et personne n'apparaissait au bout du couloir. Les murs qui semblaient avoir retenu leur souffle jusqu'à l'arrivée de l'aînée étaient arrivé au bout de leur capacité. Ce fut d'abord le pan extérieur du palais qui s'écroula, exposant la princesse aux vagues en furie. Et aussi vite que l'espoir de voir arriver la commandante était né, il mourut en un instant.
Pourquoi est-ce qu'elle n'était pas là ? Elle venait toujours la sauver...
Ses mains étaient toujours coincées dans le sable mouillé et plus elle se débattait pour s'en extirper, plus il l'emprisonnait. Une vague, plus haute que les autres l'ensevelit et l'emporta, elle et le pan du sol où ses mains étaient coincées.
L'eau réussit à la soustraire à l'étreinte du sable mais ne l'a délivra pas pour autant. Son corps roula dans les vagues, ses poumons se contractèrent de douleur alors qu'ils arrivaient au bout de leur résistance. Ses larmes se mêlèrent aux vagues alors qu'elle pensait que la douleur qui pulsait dans sa poitrine serait celle qui finirait par avoir sa peau. Pourtant, les vagues la ramenèrent vers l'air libre. Elle creva la surface des flots et prit une profonde inspiration. Alors qu'elle se maintenait sur le sommet des vagues et que sa respiration se faisait plus calme, la douleur dans sa poitrine ne se calmait pas. Même la main qu'elle avait plaqué dessus n'arrivait pas à la soulager.
La princesse ne sut pas vraiment combien de temps elle resta dans l'eau avant qu'une vague ne la pousse sur le rivage. Elle aurait vouloir s'asseoir, s'allonger, ne pas bouger en attendant que son amie vienne la chercher... Mais elle n'était pas venue la sauver tout à l'heure, lorsqu'elle était aux prises avec les vagues, elle ne viendra pas maintenant.
Alors la princesse resta debout et se mit à marcher pour s'éloigner de la côte. Elle marcha longtemps, jusqu'à ce que sous ses pieds, le sable laisse la place à la terre. Jusqu'à ce que la mer disparaisse de son champ de vision. Elle ne se retourna que sur la dernière butte, juste un instant pour regarder une dernière fois l'endroit où s'était tenu leur château pendant si longtemps...
Elle reviendrait... Peut-être. Quand ? Quand la douleur dans sa poitrine se sera atténuée... Dans des mois, ou des années... Qu'importe. Quand elle irait mieux.
"Et donc tu n'es jamais retournée à la mer après ça ?"
"Non... pas avant aujourd'hui..." murmura Zoé en jouant avec le sable à côté de sa serviette.
"Je comprend pourquoi tu as mis tellement de temps avant d'accepter de venir à la plage avec nous... Avec Nico et Fred qui font du surf, ça doit pas être facile à gérer..."
Zoé acquiesça en regardant les deux jeunes hommes dans leur combinaison entrain de s'amuser sur les vagues. A chaque fois que l'un d'eux tombait de sa planche, c'était sa sœur et sa combinaison rouge qu'elle voyait tomber.
Elle cligna des yeux et secoua la tête avant de revenir à son amie qui la regardait avec tristesse.
"Mes parents ont eu beaucoup de mal eux aussi, ça pas aider à ce que je retourne à la mer..." expliqua Zoé, la main sur la poitrine.
La douleur avait beau s'être atténuée avec les années, elle était toujours là quand elle en parlait. Pourtant, le souvenir de Valentine avait commencé à s'atténuer. Si elle n'avait pas un album photo de sa soeur, elle aurait eu beaucoup de mal à se la représenter. Après tout, elle était encore très jeune lorsque son aînée n'était pas revenue du surf... Il ne lui restait plus grand chose d'elle à part...
"Je peux peut-être pas aller nager avec toi..." commença Zoé avec un petit sourire à l'intention de son amie. "Mais si tu veux, je peux te montrer comment on fait un super château de sable !"
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top