LE GÈNE DE BABEL

Plus communément connu sous le nom de « gène du survivant », le gène de Babel a été découvert par un professeur Sud-africain du même nom quelques années après que le réchauffement de la planète causa la destruction des trois-quarts de ses ressources naturelles, l'extinction de milliers d'espèces animales, et la mort de plusieurs millions de personnes. 

Contrairement aux dires des propagandes alarmistes des années 2020, le réchauffement climatique n'eut rien d'apocalyptique, ni de soudain. Il arriva comme prévu avant la colonisation des populations riches par l'intelligence artificielle, disparut complètement de la surface de la planète pendant les quinze années de colonisation pour finalement resurgir aussitôt après la libération des pays riches. 

À l'époque, personne ne cherchait à comprendre l'inévitable transformation physique, biologique et psychologique que venait de subir l'humanité toute entière en l'espace d'une vingtaine d'années. Pourtant, il devenait de plus en plus évident que l'homme de la seconde moitié du 21ème siècle d'un continent à l'autre n'était plus du tout le même. 

C'est le professeur Babel qui a finalement constaté que les individus de descendances africaines étaient porteurs d'un gène qui leur permettait de mieux s'adapter aux nouvelles conditions rigoureuses de la planète. Plus que la mélanine ou la pigmentation de leur peau, ce gène transformait complètement le système immunitaire de l'individu pour lui permettre de survivre.

Depuis la découverte du fameux gène au début des années 2060, le continent africain est devenu particulièrement stricts en ce qui concerne la recherche sur cette mutation qu'il voit d'un très mauvais œil ; la porte ouverte à l'exploitation de leur population même lorsque leur passé de misère et de guerres est maintenant bel et bien derrière eux depuis une cinquantaine d'années. Plus solides et soudés que jamais grâce à des organisations communes, les pays africains semblent narguer le reste de la population mondiale avec leur succès économique et leur gène magique. 

Avant les événements récemment survenus sur Mars, les Africains ont eux-aussi brièvement considéré investir sur la planète rouge pour envoyer une colonie s'y installer. Malheureusement, d'après les dires de son beau-père, Mars ne représente plus une option étant donné le sort tragique qui attend désormais les premières colonies. Il n'y a vraiment plus d'échappatoire. Ils savent maintenant que si la planète Terre doit s'éteindre, ils y passeront aussi comme tout le monde.

Les pays riches qui avaient gardé ses médicaments hors de prix pendant plusieurs siècles peuvent les envier aujourd'hui ; ce n'est pas l'exclusivité génétique que les Africains veulent protéger aujourd'hui mais, leur singularité humaine. 

La découverte et la nouvelle du gène de Babel ont transformé à jamais la physiologie des différentes populations de la planète. Les peuples caucasiens et asiatiques qui avaient dénigré pendant plusieurs siècles la mélanine et ses dégradés de teints à l'intérieur de leurs propres communautés furent contraints et forcés d'accepter l'avantage incontestable qu'ils donnaient du fait des nouvelles conditions de la planète. 

L'homme noir dont la popularité avait déjà entamé un essor au début du 21ème siècle avec la naissance de la culture Pop, s'est vu propulser pratiquement du jour au lendemain au statut d'homme le plus prisé. 

Le gène de Babel fit ressortir chez la femme tout comme chez l'homme soi-disant modernes, les instincts les plus primaires. Le voile du romantisme et ses mensonges d'amour pur, éternel et inconditionnel tomba tel un masque de carnaval, révélant aux uns, aux autres, ainsi qu'à eux-mêmes, leur vrai visage de mortel. Les mœurs, les goûts et les choix amoureux de l'élite aussi bien de ceux des gens ordinaires passèrent du plus clair au plus sombre en un éclair. 

Cependant, ce n'est que beaucoup plus tard que les successeurs du professeur Babel firent une autre importante découverte sur le gène du survivant. Bien que les hommes soient aussi porteurs de la mutation, seules les femmes peuvent la transmettre. Visiblement, Dame nature s'amusait à jouer des tours à l'espèce humaine qui croyait toujours mieux faire qu'elle. 

L'humanité pensait pouvoir la duper, mais il s'agissait bien une fois de plus de la victoire de cette dernière sur l'avarice de cette première. Depuis sa découverte, la science n'a eu de cesse de pouvoir contrôler le fameux gène. La naissance artificielle plus particulièrement, constitue une pratique très courante dans la recherche dans ce domaine pour tenter de le recréer artificiellement et l'implanter à d'autres populations.

Plusieurs scientifiques et philosophes ont essayé d'expliquer d'une façon ou d'une autre l'essence du gène de Babel : pourquoi ces peuples et pourquoi maintenant ? Selon Tempéra, ces questions n'ont plus aucune importance à l'heure qu'il est, car cette mutation ne représente qu'une simple évolution de l'espèce, comme celle survenue il y a des milliards d'années avant ça. 

D'après lui, le gène sera tôt ou tard partagé par l'intégralité des habitants de la planète. Néanmoins, l'humanité aura-t-elle la patience d'attendre sagement jusque-là reste la véritable question. Avec les multiples demandes de clientes à travers le monde entier qui remplissent son calendrier chaque année, Tempéra en doute fortement.