Partie 44 - Chapitre 9 : (4/4) Le crépuscule


L'HYMNE À LA VIE


Jeremy marche le long d'un édifice en balayant l'espace à ses pieds avec sa canne. Il s'arrête net lorsqu'il touche ce qui sonne comme l'entrée d'une porte fermée. Assise à une table à l'intérieur du café à côté de la vitre, Sarah l'observe souriante et curieuse alors qu'il passe de l'autre côté de la vitre. Il entre dans le café alors qu'une voix robotique lui demande d'utiliser immédiatement le petit lavabo automatique situé à sa gauche. 

Avant de s'exécuter il cherche de ses mains les lingettes généralement placées auprès de ces lavabos pour les personnes, qui à son instar, utilisent une canne ou une chaise roulante. Il essuie le manche de sa canne avec grand soin, puis il la maintient entre ses jambes. Il se lave les mains, se les sèche. Ensuite, il les glisse sous le détecteur au-dessus du bassin. « Aucun virus détecté, » s'exclame l'appareil.

Un serveur vient l'accueillir.

« Vous avez réservé ? » questionne le serveur d'une voix chaleureuse.

« Non, mais j'attends quelqu'un, » répond-il au serveur sans lever les yeux vers lui. Il porte de petites lunettes noires.

À peine a-t-il répondu au serveur qu'il entend un sifflement provenant de sa droite à la manière du chant d'un oiseau, une espèce qui n'existe plus à cette époque. Il sourit et ajoute au serveur : 

« Je crois que la personne que j'attends est déjà là. »

Puis, il commence à se diriger de sa canne en direction du petit sifflement qui continue comme pour encourager chacun de ses pas. La canne de Jeremy heurte le pied d'une personne.

« Sarah ? » interroge-t-il en souriant, impatient et curieux.

La jeune femme fait un dernier petit sifflement pour acquiescer. Elle pose tranquillement ses mains sur la table, puis elle les traîne doucement sur la surface pour mieux se lever. Le tissu de sa robe semble aussi léger que l'air qui les entoure. Elle avance vers lui et s'arrête face à lui souffle contre souffle.

« Tu es beaucoup mieux avec des cheveux ! » s'exclame-t-elle en lui souriant tandis qu'il éclate de rire.

Elle se met à rigoler aussi.

« Et moi, est-ce que tu peux me laisser te voir ? » demande-il après un court silence.

Elle agrippe doucement sa canne pour la placer contre la table avant de s'approcher davantage de lui. Puis, elle prend les deux mains du jeune homme pour les amener lentement vers son visage et les poser sur ses joues rondes et chaudes. Ses mains se promènent sur le paysage du visage de la jeune femme. 

Il ne se trouve pas en terre étrangère, il connaît bien ces collines et ces vallées pour les avoir contemplées longuement lorsqu'il avait encore son appareil. Tel un artiste inspiré par la création divine, il sculpte de ses mains agiles les traits de Sarah : ses joues, son nez, le contour de ses lèvres, son menton, le contour de son visage.

L'expression du jeune homme s'assombrit lorsque ses doigts survolent deux longues cicatrices sur les joues de la jeune femme.

« Mes médailles de guerre avec les enfants de Dieu, » s'exclame-t-elle avec un petit sourire au coin des lèvres. « J'ai tenu à les garder pour me rappeler, » ajoute-elle plus sérieusement. « Et puis, Stephan n'en a pas donc on se distingue encore mieux comme ça, » finit-elle par dire d'un ton moqueur.

Jeremy sourit tendrement aux paroles de la jeune femme amusé par ce dernier commentaire. Il arrive enfin à la frontière du front de la jeune femme à la limite entre sa figure et sa chevelure. Intrigué, il laisse ses mains s'aventurer par-delà la frontière pour atteindre l'océan de la chevelure. 

Cette dernière, courte et bouclée, se répand telles des vagues téméraires roulant inlassablement contre le visage de Sarah. Le jeune homme n'a pas de mots pour décrire la nouvelle merveille au bout de ses doigts. Il se contente de sourire bêtement. Ensuite, il l'entraîne contre lui pour la serrer très fort dans ses bras.

La chaleur de la vie tout contre la sienne ; le rythme de la vie tout contre le sien. Ils sont la vie l'un comme l'autre. Ils n'ont aucune raison d'avoir peur de ne pas pouvoir passer de l'autre côté des portes où ils se trouvent maintenant. Ils savent qu'il n'y a jamais eu de porte de toute façon, ni entre eux, ni entre personne.


Fin


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