Partie 32 - Chapitre 7 : (2/6) Les données


LE COMBAT DES HOMMES


Tempéra est réveillé en sursaut par les pleures de Gaëlle au beau milieu de la nuit. D'abord, il croit qu'il s'agit d'un autre de ses fameux cauchemars et il ne réagit pas tout de suite. Gisant à la manière d'un cadavre, lourd et inerte sur son lit, il contemple les cris de sa fille qui ont pleuré pour lui dans son rêve. Puis, il l'entend gémir à nouveau. Elle l'appelle. 

Alarmé, il saute de son matelas pour se diriger vers la chambre de l'enfant. Leur appartement est très petit ; en quelques pas il a déjà traversé sa chambre et le corridor qui sépare sa chambre de celle de Gaëlle. Il allume la lumière et il la voit se courber de douleur dans son sommeil, le visage en sueur, quelques traces de sang sur son oreiller. Le père se penche vers elle pour la calmer. 

D'où vient le sang ? Sa peau, sa bouche, son nez, ses oreilles, il inspecte chaque orifice de son visage pour déterminer d'où elle a saigné. Ses yeux ? Pourquoi les yeux ? Se demande-t-il tandis qu'il passe en revue dans sa tête toutes les explications plausibles. 

Il doit demander de l'aide. Il prend la fillette dans ses bras pour la poser doucement sur son épaule. Il sent un liquide chaud dégouliner sur son dos nu. L'enfant vient de lui vomir dessus, mais elle s'est calmée. Son petit corps épuisé repose tel un sac de sable sur l'épaule de Tempéra qui se précipite vers la porte d'entrée pour aller chercher de l'aide, mais où ? Athéna !

« Athéna ! » s'écrie-t-il en s'arrêtant net devant la porte.

L'hologramme apparaît aussitôt devant lui.

« Justement professeur Akheeli, je m'apprêtais à vous appeler, » déclare l'intelligence artificielle d'une voix calme. « C'est la Déesse suprême... »

« Ma fille est malade, » coupe le père dans un souffle.

« Je sais, » rétorque Athéna toujours aussi calmement. « La Déesse suprême aussi, ainsi que trois autres membres de l'équipe. »

À ces mots, Tempéra sent un grand frisson le traverser tout le corps.

« Laisse-moi me changer rapidement, » fait-il comme un instrument obéissant. Son rôle consiste à servir et répondre aux besoins des autres, pas les siens.

Il retourne dans sa chambre, pose sur son lit Gaëlle qui semble profondément endormie ; il se rend dans la salle de bain pour essuyer à toute vitesse le coulis de vomis sur son dos avec une serviette mouillée. Ensuite, il enfile un pantalon, une veste et sa blouse blanche. Il met ses chaussettes et ses chaussures de travail. 

Il agrippe une large serviette propre qu'il pose sur son épaule, puis il essuie les lèvres de la fillette avec un mouchoir en papier avant de la reprendre sur la serviette sur son épaule le plus doucement possible pour ne pas la réveiller. Il retourne vers la porte d'entrée avec l'allure déterminée et triste d'un soldat qui part au combat.


***

Tempéra franchit la première porte métallique qui donne accès à celles vitrées du laboratoire. Suivie de près par Athéna, il trouve l'équipe debout en cercle à plusieurs mètres les uns des autres, le regard grave, pour certains rouge, la mine endurcie par ce qu'ils viennent de découvrir. Ils portent tous un masque de chirurgien recouvrant toute la partie inférieure de leur visage. 

En une fraction de seconde, le scientifique a déjà tout compris : Ils soupçonnent une contamination virale suite à l'implantation du gène chez la Déesse suprême. Certains, mais peut-être pas tous, ont déjà été contaminés. Le laboratoire et tous ceux qui y ont travaillé pendant l'opération doivent être mis sous quarantaine sans plus attendre.

« Comment allez-vous professeur Akheeli ? » interroge l'un de ses coéquipiers en le voyant arriver. Sa voix masculine résonne sous son masque comme à l'intérieur d'une cave.

« Moi, ça va, c'est ma fille, » répond son interlocuteur en continuant de s'approcher.

« Ne bougez pas ! » continue l'homme en faisant un geste de la main pour l'arrêter dans sa lancée.

« Athéna, ordonne la fermeture des portes du labo et ne les ouvre sous aucun prétexte jusqu'à nouvel ordre, » commence le même homme d'une voix grave sans le quitter des yeux. 

« Informe les Aînées ainsi que tous nos quartiers généraux dans le monde qu'ils nous aident à trouver un antidote le plus vite possible. On aura besoin de nourriture, matelas, draps et couvertures, serviettes pour nous accommoder le temps de la quarantaine, » finit-il s'addressant au petit cercle de scientifiques derrière lui avant de se retourner vers Tempéra qui reste planté la bouche bée. Son cœur se met à battre à toute allure alors qu'il sent ses jambes se dérober.



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