Partie 15 - Chapitre 3 : (6/6) Les mystères de la vie
LA DÉCISION
Le lendemain, Tempéra attend son avocat assis sur la chaise de sa cellule. L'homme devrait arriver d'un moment à l'autre pour prendre compte de la décision du professeur. Ce dernier a tourné la question dans sa tête toute la nuit et il est sûr qu'il s'apprête à prendre la moins pire. Puisqu'il doit choisir entre le superflu et l'essentiel dans sa vie, il a choisi d'emporter avec lui l'essentiel.
La porte de la cellule s'ouvre lentement pour laisser entrer l'avocat alors qu'une voix électronique annonce son entrée dans la pièce.
« Bonjour professeur Akheeli, » commence l'avocat d'un ton grave. L'homme le dévisage comme s'il ne doute pas que le professeur ait pris la décision qui les arrange tous. « Alors, que décidez-vous ? » demande-t-il après une longue minute de silence.
« Est-ce que les Karim sont revenus vers vous ? » interroge le scientifique, ses yeux fixés droit dans ceux de son avocat.
« Non, mais je m'en doutais, » répond ce dernier sans cacher son impatience.
« En combien de temps cette dame peut-elle me sortir d'ici ? »
Le visage de l'avocat s'illumine avant de répondre :
« Une semaine tout au plus ; à partir du moment où le juge le sait et que l'intégralité de la caution a été reçue. »
« Vous êtes sûr qu'ils ne réclameront pas de jugement ? »
« Si le tribunal voulait s'assurer d'un jugement, il n'aurait pas posé de caution. Mais, je ne peux vous le garantir à 100% »
« Vous savez que ma femme est la fille du président du Togo, » ajoute le professeur a le regard toujours braqué sur son avocat.
« Et cette dame a elle aussi des connaissances très hautes placées dans plusieurs pays d'après ce que j'ai compris. »
« Alors, j'accepte son offre, mais, elle doit d'abord m'aider, » fait Tempéra avant de se lever de sa chaise pour affirmer : « Je ne partirai pas sans ma fille. »
***
Gaëlle joue sur sa tablette en chantonnant assise à côté d'un groupe de camarades qui attendent eux aussi leurs parents la tête plongée avec leur appareil. La fillette lève les yeux un instant vers la porte. Sa maman ne devrait pas tarder à venir la chercher.
« Gaëlle, on y va, » fait une voix féminine.
L'enfant saute de son siège en s'écriant :
« Maman ! ».
Gaëlle agrippe son sac à dos avant de courir vers la femme qui lui sourit son regard dans le vide. Elle la prend par la main et la guide vers la sortie silencieusement tandis que le personnel leur sourit au passage.
Sur le chemin de la sortie, la fillette raconte sa journée à sa mère comme à l'accoutumée, mais contrairement à son habitude, cette dernière ne lui pose pas de question. La main de la femme semble froide et molle dans la sienne ; Aujourd'hui, elle est distante, fatiguée et elle n'est pas intéressée par ce qui se passe dans sa vie ; ça arrive assez souvent ces temps-ci comme Gaëlle l'a déjà remarqué.
Sans un mot ni un regard vers sa fille, Isabelle continue de marcher vers la sortie de l'école. Une fois sortie du bâtiment, elle tourne à gauche, s'arrête une fraction de seconde avant de continuer en direction de sa voiture stationnée sur le côté. L'enfant est intriguée par la façon inhabituelle de sa mère de bouger, mais bon... les adultes sont parfois un peu bizarre.
Au même moment, assise à la table d'un petit salon, le visage inquiet, Isabelle fixe la statuette placée devant elle sans la voir. Et si tout ce que dit son père depuis des années était vrai ? Elle s'est mariée à un apprenti sorcier sans morale et sans scrupule. Elle n'a jamais osé questionner son mari sur son travail ni ses absences.
C'était tellement plus rassurant de ne pas savoir et de prétendre ne rien remarquer d'inquiétant. Les complices sont censés savoir et se taire tandis que les innocents ne savent rien tout simplement.
Isabelle secoue la tête comme pour chasser ses pensées avant de vérifier l'heure sur son appareil. Elle sursaute, puis elle se lève en toute vitesse pour prendre son sac suspendu à une chaise. Elle se dirige à pas précipités vers la porte. Avec toute cette histoire, elle allait oublier d'aller chercher Gaëlle à l'école.
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