C h a p i t r e 9
Nous discutions déjà depuis plusieurs heures avec les préfets des autres maisons. Nous étions plus là pour superviser qu'autre chose. Nous prenions les décisions finales en somme et nous devions impérativement faire un rapport à la directrice d'ici la fin de la journée. Avant, j'aurais été enchantée de m'occuper d'un tel projet, pour faire changement des entraînements pour la guerre. Mais c'était une époque révolue. Je trouvais cela tellement futile. Un bal pour la Saint-Valentin et puis quoi encore? Des mariages arrangés avec ça? Cela devait avoir pour but de rapprocher les maisons entre elles. Il était un peu tard pour tenter des rapprochements il me semble. Ça aurait évité toute une guerre, si cela avait été fait avant. Mais ce n'était que mon avis.
J'ai reçu un coup de pied en dessous de la table. J'ai levé les yeux vers Malefoy. Il me faisait signe d'écouter. J'ai soupiré et j'ai reporté mon attention sur les quatre préfets. Je ne savais même pas sur quoi portait leur discussion mais j'en avais déjà marre.
Tous étaient en plus assez froid avec mon homologue. Surtout le préfet de Gryffondor, un grand brun se croyant tout permis. Il réfutait toutes les idées proposées et coupait la parole au blond à toutes les fois qu'il tentait de parler. Il a tenté de l'ignorer pour ne pas créer de dispute inutile et j'étais impressionnée par tant de maturité de sa part. Ce n'était pas dans ses habitudes d'être aussi patient avec ce genre de personne. Cette qualité m'avait quitté depuis déjà cinq bonnes minutes.
— Je pense qu'un bal masqué est une bonne..., a soudainement commencé le blond.
— On ne t'a pas demandé ton avis sale mangemort, a dit le Gryffondor, effronté.
Rouge de colère, je me suis levée en serrant les poings.
— Tu iras remettre ton insigne à la directrice, nous n'aurons plus besoin de toi en tant que préfet. Mon ton était autoritaire et sans appel. Le manque de respect n'est pas quelque chose que je vais tolérer des petits prétentieux et surtout pas de gens venant de ma maison.
Il était devenu livide et n'avait pas bougé encore.
— Qu'est-ce que tu fais encore là? Dégage!
Il a détalé aussi vite qu'il pouvait sans oublier de me traiter de traîtresse. J'allais m'en occuper plus tard. Je me suis tournée vers les autres et je leur ai demandé si quelqu'un d'autre voulait ajouter quoi que se soit. Ils ont secoué la tête négativement et se sont immédiatement replongés dans leur discussion en incluant mon homologue. Je tentais de me calmer en inspirant profondément. Je me suis assise en face du blond pour terminer la première réunion de ce satané bal.
Nous venions de sortir du bureau de la directrice où nous lui avions donné nos première directives pour le bal. Celui-ci aurait lieu le 14 février, soit dans 1 mois et demi environ. Ce qui nous laissait amplement le temps de tout préparer. Une affiche serait affichée dans toutes les salles communes d'ici la fin de janvier. Une fois où nous aurions plus de détails en main. Pour l'heure, elle allait se mettre à la recherche d'un nouveau préfet pour remplacer celui que je venais de virer.
Nous sommes montés à nos appartements sans un mot. J'avais envie de m'enrouler dans une couverture et ne plus sortir de mon lit. J'étais complètement vidée. Malefoy a prononcé le mot de passe et nous sommes rentrés dans notre salle commune. Il a allumé un feu dans la cheminée alors que je me suis assise sur le sofa. Il est venu s'installer à mes côtés et a sorti une boîte de ses poches. Je l'ai regardé tourner dans ses mains. Elle était entourée d'un joli ruban vert. Il semblait anxieux. Il a pris la parole.
— J'ai quelque chose pour toi. Il me la tendu. Je voulais te l'offrir à Noël, mais je n'ai pas trouvé le courage.
J'ai levé les yeux de surprise. Il m'avait fait un cadeau. J'ai tiré délicatement sur le ruban et j'ai soulevé le couvercle. Mon coeur battait si vite. Il y avait là un magnifique pendentif. Cela avait dû coûter une fortune. La chaine était visiblement en or blanc et de petits diamants entouraient une pierre précieuse noire.
— C'est de l'hématite noire, a précisé le blond devant moi. On dit que c'est une pierre particulièrement efficace pour protéger.
— Je... c'est un très beau cadeau! Merci, ai-je bafouillé. Tu n'étais pas obligé tu sais.
— Je.. si je t'offre ça, c'est pour me faire pardonner pour toutes ses années et pour... Bellatrix. Je sais que ce n'est pas suffisant. Il a baissé la tête avec tristesse. Ça me hante, ça me rend fou. Je n'arrive pas à me défaire de ces images. Je me sens tellement coupable ne pas avoir intervenu. J'aurais dû.
Étonnée de ces révélations, je me suis approchée de lui. C'était la chose la plus gentille qu'il avait pu me dire en sept ans. J'ai posé ma main sur sa joue et j'ai caressé la barbe naissante qui s'y trouvait. Il a fermé les yeux à mon contact.
— Je ne t'en veux pas, ai-je murmuré. Tu ne pouvais pas, nous serions morts tous les deux si tu avait osé t'opposer à elle.
— J'ai l'impression de mourir à chaque fois que je ferme les yeux, a-t-il chuchoté. À chaque fois, je te vois hurler de douleur. Je n'arrive pas à oublier.
Il s'était détaché de moi et serrait les poings. Je pouvais ressentir toute sa douleur. Nous étions si semblables tout d'un coup. Je me suis approchée de lui et l'ai serré contre moi. Surpris de mon audace, il s'est raidi à mon contact. Il n'en avait pas l'habitude. Il a mis quelque minutes avant de m'entourer de ses bras.
— Il ne t'arrivera plus rien, m'a-t-il promis. J'ai compris ton intérêt pour la magie noire. Tu veux te venger et je vais t'aider.
— Mais tu ne seras pas toujours là. Je dois apprendre à me défendre toute seule.
— Je pourrais toujours être là grâce au pendentif et au sort du fusion des âmes, le Alligant animas.
Je me suis séparée de lui. Il me semble que j'avais déjà lu quelque chose à ce sujet. Cela restait assez flou par contre. Je lui ai demandé de m'en dire plus.
— Le sortilège Alligant animas est un rituel d'échange de sang entre deux personnes afin de lier leur âme, m'a-t-il expliqué. C'est de la magie noire. Ça agit un peu sur le même principe que la légilimencie. Ça permet aux deux personnes liées de ressentir les sentiments, les émotions de l'autre en tout temps. Surtout quand l'autre est en danger. Ça rend aussi possible le transfert d'énergie, la fusion des pouvoirs des deux êtres afin de ne former qu'un. C'est un sort très puissant.
J'ai réfléchi le plus vite que je pouvais. Il voulait m'aider à me venger de Bellatrix et il m'offrait de lier nos âmes? C'était une bonne idée, enfin je croyais.
— Comment on procède?, ai-je demandé avide d'en savoir plus. Il doit bien y avoir des effets indésirables?
— Tous les sorts de magie noire en ont. Le livre disait que bien entendu, l'un ne peut vivre sans l'autre. Il en est de même pour les blessures, mais nous serons deux pour guérir. Ça augmente notre puissance et notre temps de guérison est réduit de moitié.
J'ai hoché la tête.
— Pour la procédure, il suffit de nous couper l'intérieur de la main avec un couteau et les presser ensemble. Nous devons faire couler notre sang sur deux pendentifs ayant une pierre de sang, l'hématite noire. Nos sangs vont se mélanger, nous prononçons la formule et nos âmes seront liés.
— Et pourquoi, tu ferais ça pour moi?, l'ai-je questionné plutôt abasourdie.
Il a soupiré et a passé une main dans ses cheveux. Ceux-ci étaient en bataille au dessus de sa tête. J'aimais quand il les laissait de cette façon. Sa barbe naissante sur ses joues et sur son menton lui donnait un air différent, plus vieux. Ça le rendait beaucoup plus beau. Ses traits étaient tirés, il avait l'air fatigué. Il avait des cernes en dessous des yeux trahissant son manque de sommeil.
Il m'a enlevé la boite des mains et il m'a regardé dans les yeux.
— Entre dans mon esprit. Utilise la légilimencie sur moi. Ce sera la seule façon pour toi de voir et de comprendre pourquoi je ferais cela, a-t-il murmué.
J'ai secoué la tête. Je ne pouvais pas entrer dans son esprit et dans l'intimité de ses souvenirs. Même s'il était consentant. En réalité, j'avais peur d'y découvrir des trucs horrifiants. Des choses dont je n'arriverai pas à me remettre. Après tout, c'est un fils de mangemort et il porte lui même la marque des ténèbres.
C'était hors de question. Je refusais catégoriquement de m'introduire dans ses pensées. Il a pris mes mains doucement me forçant à lui faire face.
— Granger, s'il te plait. Tu connais le sort. Tu dois le faire. Il faut que tu saches. Tu comprendras.
Il m'implorait de le faire. J'ai dégluti. Je n'avais jamais pratiqué ce sort sur personne auparavant.
— Tu dois me regarder dans les yeux et ne jamais couper le contact, m'a-t-il rappelé. Tu dois vouloir voir ce qu'il y a dans mon esprit. Sois concentrée le plus possible. Ne sois pas surprise, tu vas voir beaucoup de souvenirs par flash, concentre toi seulement sur ce que tu veux voir, c'est-à-dire mon enfance avec Bellatrix et mon père d'accord. Aie confiance Granger, j'ai confiance.
Il parlait d'une voix douce, il tentait de me rassurer. J'ai pris une grande respiration et j'ai attrapé ma baguette. Je l'ai pointé timidement sur sa tête et j'ai pensé à ce qu'il m'a dit. Je voulais voir son enfance avec sa famille. Je voulais comprendre pourquoi Drago était ce qu'il était.
— Legilimens.
À la minute où j'ai prononcé le sort, j'ai eu la désagréable sensation d'être arrachée à mon corps. Comme il m'avait prévenu, je voyais des dizaines et des dizaines de souvenirs se bousculer sous mes yeux. Le blond avec son premier balai, notre première rencontre dans le Poudlard express...
— Concentre toi, a-t-il grogné.
Puis j'ai vu. Mes yeux se sont écarquillés d'horreur. Il devait avoir tout au plus six ans. Il était recroquevillé par terre le corps en sang. Sa tante et son père étaient au dessus de lui, avec un sourire mauvais sur leur visage. Leurs baguettes étaient pointées en sa direction. Mon ventre s'est contracté et un autre souvenir m'est apparu.
« — J'ai rencontré une jolie fille dans le train maman, dit Drago qui devait avoir 11 ans tout au plus. Elle n'est pas à Serpentard mais elle est gentille. Elle s'appelle Hermione Granger.
Ses parents ont échangé un tel regard d'horreur. Sa mère a eu un haut le coeur et s'est mise à pleurer silencieusement Il continuait de parler de moi tout en mangeant son assiette avec appétit. Il était visiblement très heureux. Quand son père l'a attrapé par la cravate pour le trainer jusqu'au salon. Il l'a lâché par terre sans ménagement et a pointé sa baguette sur lui.
— Qu'est-ce que je t'ai enseigné Drago? Tu as déjà tout oublié dans cette école de débile? Tu ne dois pas parler aux Sang-de-Bourbes. Ils ne sont pas tes égaux. Tu es supérieur à eux, a-t-il craché devant le regard apeuré de son fils. Tu me déçois, tu n'es pas digne de porter le nom des Malefoy. Tu salis notre réputation partout où tu vas. Je vais t'apprendre. ENDOLORIS!!!
— NOOOON!, ai-je hurlé. J'étais incapable de faire la différence entre la réalité et les souvenirs de Drago.
Le jeune Malefoy s'est mis à se tordre de douleur sur le plancher du salon. Des larmes de douleur perlaient au coin de ses yeux. Son père avait lancé son sort avec une telle colère.
— Combien de fois devrais-je te rappeler qu'un vrai Malefoy ne PLEURE PAS. ENDOLORIS!!!, a hurlé son monstre de père. »
Les larmes coulaient sur mes joues. Je n'ai pas eu le temps de cligner des yeux qu'un autre souvenir plus récent est apparu.
« — Il est hors de question que je porte cette marque Père. Je ne me joindrai pas aux Mangemorts, a commencé le blond confiant.
Bellatrix et Lucius lui faisaient face, baguettes pointées sur lui. Ils abhorraient le même sourire mauvais. Sans un avertissement, le jeune Serpentard a reçu de plein fouet Endoloris sur Endoloris, jusqu'à être inconscient. »
Je n'en pouvais plus. Je me suis expulsée de sa tête. J'avais l'impression qu'un étau se resserrait autour de mon cœur. Je manquais d'air, la tête me tournait. Je me suis effondrée par terre en pleurant toutes les larmes de mon corps. Je me suis cachée la tête entre mes mains. Comment on pouvait faire ça à un enfant, son enfant? Drago avait vécu l'horreur, réellement. Je n'arrivais pas à m'enlever les images de la tête. Des bras puissants m'ont entouré. Je tremblais de tout mon être.
— Je suis désolée, tellement désolée. Je répétais cela sans cesse.
Il m'a bercé contre lui en me serrant très fort. Il arrivait à me calmer, alors que je n'y parvenais pas moi-même. Il a pris la parole tout en me gardant contre lui.
— Toute ma vie, on a attendu de moi que je sois parfait, que je suive les traces de mon père. J'aurais tout fait pour qu'il soit fier de moi. Comme tu l'as vu, je n'ai pas eu une enfance très heureuse. Mes seuls amis à l'époque étaient les livres de magie noire. J'y ai appris tout ce que je devais apprendre. Si je n'acheminais pas les leçons assez rapidement, ils me torturaient tous les deux. Mon propre père et ma tante Bellatrix ont testé mille et un sorts de magie noire sur moi. Le Sectumsempra et le Doloris étaient leurs préférés. Ils ont essayé de tester mon endurance à ses sorts d'ailleurs pendant plusieurs années. J'ai ouvert la bouche de stupéfaction. C'était donc ça les cicatrices. Ça venait du Sectumsempra. Ils m'ont inculqué la suprématie des sangs purs. Mes moindres faits et gestes étaient rapportés à mon père par Goyle et Crabbe. Je me dégoutais. Je n'ai pas voulu devenir Mangemort. Jamais. Le soir où j'ai été marqué, je n'étais pas consentant, je n'étais même pas conscient d'ailleurs. Ils ont lancé des Doloris à répétition jusqu'à ce que je sois inconscient. Puis, ils l'ont fait. Le soir où j'ai atterri chez toi, je me faisais torturer par Bellatrix. Encore. J'avais prévu de fuir, mais elle m'a attrapé avant que je sorte de la maison. J'ai demandé très fort un endroit où je pourrais être en sécurité. Je ne sais pas comment s'est arrivé.
Je ne m'étais même pas rendue compte que je retenais mon souffle. Toutes ses révélations m'ont tellement bouleversée. Je ne m'attendais pas à ça. Mais j'ai réalisé une chose.
Drago Malefoy et moi avions le même but.
Le même objectif.
Nous nous vengerons.
Ensemble.
Bellatrix Lestrange allait payer pour tout ce qu'elle nous avait fait.
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